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#1 07 Feb 2019 15:57

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

[Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

UNE DENT POUR CHAQUE BAISER

Le premier roleplay solo joué avec Bois-Saule pour une histoire de romances impossibles et noires

Le jeu : Bois-Saule, jeu de rôle pour errer dans les ténèbres sauvages de la forêt de Millevaux


Avertissement : j'aborde des sujets assez sensibles dans ce roleplay solo, autour de l'aphrodisme, du handicap, de la romance et de la sensualité au féminin, et des différences en terme corporel et en terme d'attirance. J'ai prévu de jouer avec sincérité, avec un attachement pour mon personnage, et avec respect pour les personnes qui pourraient se sentir concernées par les problématiques abordées. Néanmoins, si jamais vous sentez une gêne à la lecture du contenu, je suis à l'écoute de mes remarques sur comment opérer un traitement qui soit des plus respectueux.

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crédit : Martin Peterdamm Photography, licence cc-by-nc, galerie sur flickr.com

Aujourd'hui : la création de personnage

1. L'album d'inspiration

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Null & Void, par 0, du black metal dépressif cristallin et mélodique pour la plainte éternelle d'un corbeau dans la tempête.

2. Mon destin fatal

Une personne en trompe une autre avec un animal de la forêt.

3. Chasser et se faire chasser

Je suis prise en chasse par une ancienne amante à qui j'ai brisé le coeur.

Je suis en chasse de personnes à aimer

4. Une question et une certitude

Ma question : Ai-je commis une faute par le passé qui explique ma condition ?

Ma certitude : Plus personne ne pourra m'aimer depuis que j'ai perdu mes dents

5. Une croyance

J'ai une sorte d'aura qui attire les personnes aimables à moi, mais aujourd'hui, je ne suis plus sûre de pouvoir les séduire une fois qu'elles sont là.

6. Une vertu et une vice

Ma vertu : je suis prête à me donner corps et âme.

Mon vice : mon amertume peut me pousser à commettre des choses désastreuses.

7. Un souvenir qui me hante

Un baiser échangé avec une stryge (créature avec une tête de corbeau)

8. Ma quête

Trouver une âme-soeur

9. Mes deux symboles

Les dents ; la beauté

10. Qui m'accompagne

Je suis au sein d'une enclave humaine réduite

11. Ma description

beauté fanée, joues creuses depuis la perte de mes dents

12. Le commencement

C'était depuis des jours que la caravane progressait à travers la forêt. Noire. Humide.

C'était une belle histoire que j'avais entamée avec Silence. Son beau visage muet m'apaisait. Je ne pensais presque plus à Sérène, que j'avais blessée et abandonnée sur le chemin. Je ne pensais presque plus aux sentiments que j'avais pour elle, ni aux raisons qui m'ont poussée à la laisser. Je ne pensais presque plus avec ce baiser furtif échangé avec la stryge, à son corps au torse nu, à sa tête de corbeau, à mes lèvres et mon visage enfouis dans son bec, à la recherche d'une langue, ni aux frissons qui me parcourent quand j'y repense.

Je ne pensais plus à tout ça quand je suis allé chercher de l'eau dans ce vieux puits au pied de cet orme gibbeux et pansu.

Je ne sais pas comment je me suis assoupie ni comment j'ai réussi à me réveiller. Je vois juste le seau par terre, et le bruit qui monte du puits, et la terre noire et huileuse de toute cette eau. Je vois mon visage dans toutes ces flaques et je ne me trouve plus si belle qu'avant.

Je vois ce qui flotte dans les flaques, et je ramasse ces choses. J'ai perdu toutes mes dents.

Je me regarde dans l'eau du puits, et je ne me reconnais plus !

Silence ne pourra plus jamais me regarder, j'en suis persuadée.

Alors je rentre dans ma roulotte en me faisant discrète. J'entends les gens de la caravane parler dans leur langage de pierre. Et je fais mon baluchon.


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

Hors ligne

#2 08 Feb 2019 15:12

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

Huit de Merdier

Contexte

Le lieu : un lieu sacré OK

Le moment : la nuit OK

Le climat : une tempête OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : la soif OK

Inspirations

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux du jour : les horlas ou les créatures OK

L'historiette du jour : "Pile je mange le truc noir, face je peux boire la boue. On fait comme ça ?" OK

Le détail forestier du jour : Chauve-Souris OK

Le coeur de la journée

L'album du jour :

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Liminoid Lifeforms, par Aidan Baker, ambient, post-rock et orchestre de chambre pour une nuit sans lune, sans fin et sans but sous la caresse des branches.

Ce qui m'attend :

Quand j'ai fait mon baluchon, je me suis attendue à ce que Silence pénètre dans ma roulotte pour m'en empêcher. Et que je l'ai embrassé avant qu'il ne puisse voir mon visage, que j'ai caché sous mes cheveux dès qu'il a ouvert la porte. J'ai passé ma langue sur son palais avec délice. Silence n'a pas de langue et j'avoue que c'est une sensation incomparable. Curieusement, j'ai atttendu qu'il passe sa langue sur mes gencives à nu [symbole = dents] et ce n'est pas arrivé, ça ne pouvait pas arriver. Après je me suis attendue à fuir en courant au milieu des arbres noirs et trempés, et d'échouer dans un lieu sacré d'un culte inconnu, où je n'allais peut-être pas trouver de réconfort mais des réponses.

Mon aventure :

[Le tirage donne : Péripétie / Une interaction sociale épineuse avec un être sentient]

C'était la nuit noire et profonde d'un monde qui semblait ne plus jamais connaître le jour. [moment = nuit]. J'avais couru à perdre haleine sans m'arrêter, pour que ni Silence ni les autres nomades ne retrouvent ma trace, et j'espérais de tout coeur que derrière moi la boue ait avalé mes traces. Je tournais autour de moi, désorientée. Un temple [lieu = lieu sacré] aux colonnes de bois rugueux, des baches plastiques qui claquent au vent, d'autres gonflées par les trombes d'eau qui crèvent à intervalle réguliers, déversant le pus de la tempête [climat = tempête].

Je n'avais jamais vu, de moins de mémoire d'oublieuse, un tel édifice, et je frémis à l'idée que ce n'était pas une construction humaine. Qui donc avait pu ériger en plein milieu de la forêt un tel monument de bric et de broc aux fonctions obscures ? Mais je devais m'abriter, j'étais trempée et transie. Alors je me suis enfoncée sous les baches. Des ficelles et des lianes pendaient de partout, avec des pattes et des griffes accrochées à leurs extrémités, qui s'entrechoquaient et s'emmêlaient à mes cheveux. Un système de rigoles dans les baches déversait de l'eau dans un bidon de plastique au milieu. Et, sans doute ai-je eu tort, j'ai bu au filet de cette eau car elle me semblait pure, comme filtrée. Elle avait un drôle de goût, comme un goût de culpabilité. Et j'ai léché mes gencives pour en enlever le goût, mais ça ne partait pas. J'ai machinalement sorti mes dents de ma poche, et j'ai pris certaines des ficelles pour m'en faire un collier.

C'est alors que cette chose est entrée au coeur du temple, me faisant sursauter. Elle s'était enfilée dans le dédale des bâches et je ne l'avais ni vu, ni senti arriver.

Elle se tenait debout et drapait ses grandes ailes noires et membraneuses sur sa gueule, de sorte que je ne savais à quoi elle ressemblait. Son torse était un amas de plastique et de poils, et elle sentait le mazout, une odeur si forte qu'elle me faisait chavirer. [élément de millevaux = horlas et créatures] [Détail forestier = chauve-souris]

Et elle m'a demandé ce que je faisais dans ce temple sacré et pourquoi j'avais osé boire à la coupe de l'eau.

J'ai dit que j'étais désolée, je reculais, j'avais très peur et en même temps cette créature me fascinait. Elle me rappelait de façon lancinante ma rencontre avec la stryge et notre baiser interdit.

Elle m'a dit d'une voix caverneuse pleine de malice que puisque j'avais profané ce temple, je devais expier. Elle a ouvert une de ses griffes et de la boue en a jailli. Elle a ouvert une autre griffe et une chose noire comme de la terre vivante avec sa faune à l'intérieur en a sorti. Elle voulait que je boive l'une ou que je mange l'autre. [L'historiette du jour = Pile je mange le truc noir, face je peux boire la boue. On fait comme ça ?]

Je voudrais tellement que cette chose-souris me laisse partir sans que j'ai à goûter l'une ou l'autre de ces immondes nourritures ! [J'ai senti que si je mangeais la terre noire, ce serait la pire chose à faire. Comme si une sorte de terreau de cimetière allait germer dans mon ventre, que je deviendrais une morte-vivante. Alors, je serais acceptée parmi les horlas, mais sans doute perdrais-je à jamais la confiance des humains. Quant à la boue, je pense que ça ne me ferait rien sur le coup, mais je crains des conséquences à long terme. [Définis également ce qui va se passer si tu n’atteins pas ton but. Ceci a des conséquences négatives mais il se pourrait aussi que ce soit un mal pour un bien.]

Je touche les ailes membraneuses du horla, elles sont étonnamment douces. "Pitié, j'ignorais que j'enfreignais un tabou, je suis seule, perdu et désorientée. J'implore votre clémence." J'ai passé mes bras sous ses ailes, et j'ai senti un corps qui grouillait dessous, qui était très chaud, et l'espace d'un instant je me suis complètement abandonnée, comme si j'avais le fol espoir que cette étreinte puisse déboucher vers une fin heureuse [Je lance le dé pour atteindre mon but, avec un bonus de 1 pour ma quête : "trouver l'âme soeur", car j'entrevois la possibilité d'avoir une romance avec cette créature]

Alors la chose a laissé tomber la boue et la terre. Elle a agrippé mes flancs avec ces griffes et glissé ma tête sous ses ailes, et j'en embrassé son visage, sans que je puisse voir à quoi il pouvait bien ressemblé, j'ai seulement senti autour de ma langue et contre mes joues des surfaces qui n'étaient pas humaines, et une haleine de plastique fondu. [résultat 6 = j'échappe au choix mortel et j'obtiens un avantage inespéré = la chose est attirée par moi]

Nous tombons à genoux et une bâche crève, nous inondant de la marée de la tempête, et sous cette cascade d'eau colérique, nous nous embrassons encore, et j'oublie, sans doute un peu trop longtemps, le froid, le deuil de ma communauté, le deuil de l'amour et la peur. [scène de réconfort]

Alors, la bête me pousse et je me laisse faire, et je bascule contre le bidon, et nous tombons tous les deux, et le bidon déverse sur nous toute son eau, et aussi ce qu'il contenait [Fin de la journée : un coup de théâtre] :

une tête ruisselante

celle de Silence


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
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#3 09 Feb 2019 10:13

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

NEUF DE MERDIER

Le contexte

Le lieu : une vision de ton destin fatal OK

Le moment : la nuit OK

Le climat : un orage OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : un trouble mental OK


Inspirations

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux du jour : L'oubli ou la mémoire OK

L'historiette du jour : Il porte dans sa gueule torve le fruit de nos péchés. C'est très désagréable à
regarder mon ami hein ? OK

Le détail forestier : bécasse / moineau OK


Le cœur de la journée

L'album du jour

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Arrow and Orb, par Bad Braids, un chant féminin folk, intime et wiccan.

Ce qui m'attend

Je pense que j'ai dû m'enfuir, et j'ignore pourquoi, la chose-souris m'a laissée faire. J'ai couru dans les champs de ronces détrempées et mollies par l'orage, et la nuit suivante [moment = la nuit] j'ai vu les éclairs d'orages blanchir la forêt, et la pluie se déverser en trombes comme si le monde entier était furieux contre moi [climat = orage]. Je pense que j'ai dû perdre, sinon connaissance, du moins conscience, dans la majeure partie des heures qui ont suivi ma fuite. J'avais des flashes où je me voyais à un endroit puis à un autre [Ce qui me tiraille = un trouble mental], et enfin j'ai dû arriver à cet endroit qui n'est pas vraiment un endroit, mais plutôt un futur que je redoute.

Celui où je suis de nouveau avec Sérène, celui où cette fois-ci c'est elle qui va me faire du mal.

Mon aventure

[le tirage donne une péripétie = Un événement inattendu]

J'ignore par quel trésor de pardon de sa part ou par quel effort de culpabilité de la mienne, Sérène s'est remise avec moi, et j'ignore ce que nous tenons comme chose dans les bras. J'ai vraiment du mal à percevoir sa tête sur mon épaule comme sincère, et le calme dans la forêt qui nous entoure est trop beau pour être honnête.

Et voilà que je reviens à notre campement avec du bois mort, le bois me déchire les mains, et cette douleur rend ce futur bien plus présent que je ne voudrais. J'ai dû revenir plus tôt que prévu car je n'étais pas censée voir ce que j'ai vu. Sérène et la créature à tête de corbeau, bouche à bec. [Le lieu = une vision de mon destin fatal = Une personne en trompe une autre avec un animal de la forêt.]

J'ai crié, j'ai crié d'effroi et de jalousie et en tombant à mes pieds le bois mort a fait comme un bruit de parpaings. J'ai dû comme vriller la réalité car j'ai sombré, comme si l'humus s'effondrait sous mes pieds, comme un vortex de feuilles mortes et de racines puantes, et maintenant j'étais allongée, percluse de douleurs, et Sérène tenait dans ses bras une chose vivante qui venait de naître. [Péripétie = un événement inattendu] [Historiette du jour = Il porte dans sa gueule torve le fruit de nos péchés. C'est très désagréable à
regarder mon ami hein ?].

Un bébé. Un bébé à tête de bécasse. Il s'est tourné vers moi, couvert de sang et de placenta, les plumes de sa tête dégoulinantes, et il a crié, une sorte de gloussement strident [Détail forestier = Bécasse ou moineau].

J'ai a tout pris voulu regarder le visage de Sérène et je ne l'ai pas vu, non je ne l'ai pas trouvé [élément de Millevaux = l'oubli ou la mémoire, car je situe cet événement a priori dans le passé]. Et sans doute préférais-je ne pas en savoir plus sur sa réaction. [Ce que je veux atteindre : connaître la réaction de Sérène face à cette naissance]

Je dois quand même à tout prix savoir car après tout Sérène, c'est peut-être elle mon grand amour, c'était peut-être notre destin malgré tout, et maintenant que j'ai perdu Silence, maintenant que j'ai tout perdu, et alors que je suis en train d'accoucher de la chose-bécasse, je perds mes dents en même temps, une à une, mon dieu, que vais-je perdre ensuite... [j'investis ma quête (trouver l'âme soeur) pour avoir un bonus de 1] [symbole = dents]

Sérène berce la chose bécasse, l'oiseaumme, le fruit de nos péchés. Et elle sourit. Elle me sourit. Elle n'a jamais été, elle ne sera jamais aussi radieuse. Maintenant je regarde ses cheveux. Ils sont noirs comme cette nuit de vision et d'orage. [J'obtiens un 7 = j'obtiens ce que je veux, et un avantage inespéré, aussi choisis-je une expression faciale perçue comme positive]

Un réconfort

Je m'allonge dans l'humus, dans le lit de feuilles mortes qui est le seul couchage que m'offre la nature, la pluie se déverse sur moi sans discontinuer, la forêt est plus blanche que noir comme si le monde était sur le point de céder, et moi je suis bien, je ne sens plus rien, et je tiens un oiseaumme invisible dans mes bras, et j'esquisse le geste d'une caresse. Dans ces cheveux noirs.

La fin de la journée

Et j'embrasse le petit bec effilé de l'enfant-bécasse, et je sens son odeur. La même odeur de peau et de fiente que la stryge. La créature-corbeau dont j'ai porté l'enfant. [6 = une révélation]


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

Hors ligne

#4 10 Feb 2019 14:12

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

DIX DE MERDIER

Trigger warning : nécrophilie

Le contexte

Le lieu

Un lieu sacré OK

Le moment

La nuit OK

Le climat

La tempête OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui

La faim OK

Inspirations

Mes symboles

dents, beauté OK

L'élément de Millevaux du jour

L'égrégore ou la superstition OK

L'historiette du jour

Sur son corps démembré, les volutes de fumée disparaissaient peu à peu.
Ne laissant que cendre et chaos en guise de réconfort OK

Le détail forestier du jour

Scolopendre / Mille-pattes / Serpent OK


Le cœur de la journée

L'album du jour

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Corpo Mente, par Corpo Mente, entre opéra baroque et musique zeuhl, la bande-son d'un conte de Grimm macabre en perruque poudrée

Ce qui m'attend

Je pense qu'une fois que j'ai repris mes esprits, j'ai bravé la tempête [climat] et suis retournée sur mes pas. Silence avait perdu sa vie en essayant de me retrouver, je me devais d'en savoir plus. J'ai dû trouver son corps sans tête quelque part aux abords du temple horla de bâches plastiques, et je l'ai traîné, face au vent, dans les bourrasques et dans l'écume qui ployait la forêt sous son bras, vers cet endroit dans la forêt où l'on érige les bûchers funéraires [lieu sacré + historiette : "Sur son corps démembré, les volutes de fumée disparaissaient peu à peu. Ne laissant que cendre et chaos en guise de réconfort"].

Et je me demande si au dernier moment, je n'ai pas été tentée de le manger [ce qui me tiraille : la faim] ou de lui faire l'amour, parce qu'après tout Silence était une personne tellement spéciale pour moi, je pense qu'au-delà de la mort, j'éprouve pour lui du désir et un besoin maladif de lui rendre hommage. Et puis, j'ai tellement faim...

Péripétie du jour = Introspection

Je me suis agenouillée au milieu des bûchers funéraires, macabres pilotis de bois carbonisé. Ici, l'endroit était a peu près à l'abri des intempéries, mais on entendait le vent mugir et j'ai compris que les esprits des morts étaient tous là [l'élément de Millevaux = égrégore ou superstition] Le corps de Silence était à mes côtés dans les feuilles mortes et dans la cendre. J'allumai tranquillement le feu, et toute à la contemplation des escarboucles que formaient les braises, mon esprit se mit à vagabonder. Et je n'avais toujours rien mangé, et pour tout dire je n'avais aucune idée de comment faire maintenant que j'avais perdu mes dents. [Symbole = dents].

Je caresse le visage et les bras de Silence, raides, froids, visqueux et blancs. Je repense à Sérène. Est-elle à ma recherche pour me venger ? Malgré mon souvenir de la veille, je pense qu'elle m'en veut d'avoir embrassé la créature-corbeau. Je m'estime heureuse que l'enfant-bécasse soit de lui, et tout en y pensant, notre étreinte me revient, et se ravive dans ton mon corps comme une caresse toxique.

[Je renonce au réconfort et je fais deux tirages sur la table des émotions : le dégoût et la tristesse. Je vais opter pour le dégoût.]

Je m'allonge dans les bras de Silence pour oublier Sérène, pour oublier la mort de Silence même. Je déchire ses vêtements et je glisse sur lui. Qu'est-ce qui me prend ? Peut-être qu'un peu de chaleur humaine pourrait lui rendre vie ? Peut-être que j'ai besoin de chaleur humaine ? Je refais plusieurs tentatives, mais c'est plus fort, c'est mon corps même qui se refuse à cette union charnelle.

Et dans le vent et le battement frénétique des branches et de l'armature du bûcher, les esprits hurlent.

Alors j'essaye de le manger, parce que ce serait lui rendre hommage que de garder une partie de lui en moi, mais ma bouche mutilée ne peut que happer, et la peau de Silence est atrocement aigre, et ça ressemble trop à un baiser, et c'est trop érotique pour que j'en supporte davantage, alors je m'éloigne brutalement de son corps et je vomis de la bile.

Et dans le vent les esprits des morts m'insultent. Je me dégoûte moi-même au plus haut point.

Alors que les flammes commencent à prendre, je monte Silence sur le bûcher, mais je n'arrive pas à le faire avec déférence, ce n'est plus qu'un fardeau dont je me veux me défaire, et quand les flammes le dévorent, écartant la nuit d'une aura rouge [le moment = la nuit], je n'ose pas regarder.

Je reste à genoux, lui tournant le dos, priant. C'est alors que je vois, éclairé par l'holocauste, un scolopendre grouiller dans le terreau à mes pieds. Alors je fais les choses sans plus du tout y réfléchir, j'attrappe la bestiole avec une rapidité que je m'ignorais et je le fais entrer de force dans ma bouche, je l'avale sans mâcher, je sens ses pattes qui grouillent le long de mon oesophage. Voilà ce qui constitue mon premier repas depuis ma fuite. [Détail forestier : Scolopendre / Mille-pattes / Serpent]

Je reste à genoux, l'incendie me chauffe le dos, j'ai la main sur ma bouche pour m'empêcher de vomir.

Quand enfin la chose cesse de bouger dans mon ventre, j'enlève ma main et je veux crier. Mais rien ne sort. Les rafales me fouettent le visage, pleine des cendres de Silence.

Voilà ce que j'ai hérité de lui. Je suis désormais muette ! [transformation physique héritée de l'introspection]

Me voilà plus démunie que jamais, et je sens que maintenant le moment est proche... ou Sérène me remettra le grappin dessus pour me faire payer [fin de la journée : anticipation d'événements à venir]


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

Hors ligne

#5 11 Feb 2019 11:11

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

ONZE DE MERDIER

Le contexte

Le lieu : Un futur que j'imagine OK

Le moment : Le jour OK

Le climat : la tempête OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : un trouble mental OK


Inspirations :

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux du jour : l'oubli ou la mémoire

L'historiette du jour : Derrière ces cages de corps, cadavre souriants. Il y avait une perle qui attendait
d’être cueillie.
Kinder, mon chasseur de fée.

Le détail forestier : Branches / Rejets OK


Le cœur de la journée :

L'album du jour :

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Une belle journée, par Nicolas Dick, de l'ambient riches en nappes, en bourdons et en élégies, un long assouplissement d'un seul et même monde dans son dernier soupir.

Ce qui m'attend :

Je me suis réveillée au milieu des cendres fumantes. Comment ai-je pu dormir au milieu du fracas de la tempête et des hurlements des morts ? [climat : tempête] Seule ma très grande fatigue physique et morale peuvent l'expliquer. [Ce qui me tiraille : un trouble mental].
Le corps de Silence, sur son frêle pilotis noir, est carbonisé maintenant. Les rafales de vent en ont chassé toute odeur de mort ou de brûlé. Dans la valse frénétique des feuilles mortes et la plainte des arbres ployés, je me surprends à trouver de la beauté. [symbole : beauté]

Je dessine rêveusement des spirales dans la cendre que le vent emporte aussitôt. Je fais des tours et des détours dans ma pensée. Je fuis le présent et je m'aventures dans des temps qui auraient pu être ou qui ne seront jamais.

J'imagine un futur heureux, et j'ai vraiment envie de m'y perdre et de ne plus jamais revenir. Un futur où j'aurai enfin trouvé mon âme soeur, et cette personne s'appellera : Kinder, le chasseur de fées. [L'historiette du jour : Derrière ces cages de corps, cadavre souriants. Il y avait une perle qui attendait
d’être cueillie. Kinder, mon chasseur de fée.]

Mon aventure :

[J'ai tiré l'exploration]

Nous sommes dans une vaste clairière encadrée d'arbres aux feuilles d'or, venus d'un éternel automne. Notre maison est une modeste cahute de branchages. La brise fait cliqueter les dizaines de cages suspendues aux chênes des alentours [Détail forestier = branches]. A l'intérieur, des petits êtres aux ailes de libellule, de papier journal ou de papillon de nuit, tous souriants, certains bien en vie pépient comme des oiseaux, d'autres agonisent dans un chuintement, les derniers sont déjà momifiés, mais tous arborent un sourire hermétique.

"Je suis revenu". C'est lui, c'est Kinder. Il est petit et on voit dans ses yeux qu'il est à moitié fée. Il a aussi ce même sourire qui tour à tour peut exprimer la bonté, la farce ou la cruauté. Il porte tout son attirail de chasseur, filets à papillons, collets, cages et poudre d'or.

Il jette tout cela à terre et court vers moi et prend mes jambes dans ses bras. Son visage est contre mon pubis et je passe ma main dans ses cheveux pour y récolter les insectes et les rêves qui y traînent. Kinder m'aime parce qu'il voit au travers de moi et mon apparence n'a aucune importance pour lui.

Je le soulève dans mes bras. Il ne pèse rien, il ne pèse même pas ce qu'il a l'air de peser. J'entre dans la cahute alors qu'il me chantonne des vers en langue putride. Je suis bien consciente d'être dans le futur, et je suis tiraillée entre l'envie absolue de profiter de l'instant, et le besoin de trouver des indices qui me conduiraient à accomplir ce futur.

Je sens que le temps m'est compté car déjà j'entends la tempête poindre et les branchages de la cabane trembler : le présent, impérieux, ne veut pas se laisser évincer longtemps.

[Je n'émets pas de spéculation sur le lieu, je lance donc un seul dé pour en percer le mystère. J'obtiens 1 : le grand mystère des lieux m'est révélé]

A l'intérieur de la cabane, KInder me pousse dans notre couche de paille, de plumes et de paillettes métalliques, et nous nous déshabillons sans davantage nous parler, il met sa longue main dans ma bouche et je lèche ses griffes, et moi je parcours son corps, il parcourt le mien, et nous faisons l'amour à la manière du peuple-fée, et c'est quelque chose d'incomparable, mais je suis distraite car je suis en train de scruter tout l'intérieur de la cabane. Il y a ici les plus grands trophées de Kinder, ceux qu'il ne veut pas revendre car ils sont trop précieux. Des branchages tombent de la structure, alors que les bourrasques venues du présent se font de plus en plus fortes. La réponse est dans les trophées. Le sexe avec Kinder est si invasif et en même temps porteur d'un infini et constant respect du consentement que j'ai vraiment du mal à me concentrer sur eux. C'est au milieu de l'orgasme que la cabane s'effondre, et c'est dans ses décombres que je vois Kinder mettre la main sur un corps momifié pour le protéger des intempéries.

Le corps de mon enfant-bécasse. Ce fut lui le prix de notre amour.

Kinder se doute de quelque chose. Il veut me prendre dans ses bras mais l'ouragan m'arrache à lui. Je m'accroche aux branches d'un des arbres de la clairière, je ne touche plus terre. Kinder est soulevé comme un fétu de paille. J'essaye de m'accrocher à quelque chose d'autre, je m’agrippe à une cage sans réfléchir. Et je suis happée avec elle dans le présent.

Je reprends connaissance au milieu des cendres. A cause du vent, j'ai dû heurter le pilotis et la structure s'est effondrée. Le corps noir de Silence gît à mes côtés, au milieu des volutes de cendres.

Je pourrais penser que j'ai rêvé tout ça, que ce n'est pas arrivé ou que ça n'arrivera jamais, mais dans ma main je tenais encore fermement une cage, avec à l'intérieur un être frêle, une fée au visage de trèfle à quatre feuille et de grains de raisin, aux ailes toutes fêtes de pensée, avec des perles serties sur chaque ongle, et qui murmurait dans son langage de feuille, et bon gré mal gré, j'ai redressé la cage, et j'ai décidé d'en faire une amie qui peut-être pourrait me guider jusqu'à Kinder, même si c'était sûrement une erreur que cette fée se vengerait de moi d'une façon ou d'une autre. [Une association très tentante, mais qui aura des conséquences dramatiques].

Et j'essaye de toutes mes forces de me souvenir de ce futur, dans tous ses délices et tous ses indices, mais alors que je serre cette réminiscence de Kinder dans mes bras, je suis déjà en train d'oublier l'essentiel, j'oublie tous les petits détails qui ont son importance, j'oublie que le chasseur de fées est profondément malfaisant, et il ne me reste plus que l'amour. [L'élément du jour : l'oubli ou la mémoire]

Un réconfort :

A genoux, je me penche sur la cage que j'ai posée entre deux pilotis effondrés pour la protéger du vent. Et je touche les doigts sertis de perles de la fée, et je tente de la rassurer, elle me répond dans son langage de feuille, qui devrait être imperceptible dans le vacarme ambiant, et que pourtant j'ai la sensation de comprendre. Et pour une fois, je souris sans me soucier de ce que çà peut bien faire sur mon visage déformé.

La fin de la journée :
[La journée s'arrête en plein milieu de la journée ou même d'une phrase]

"Tikeli-Tireli-Ti... Pour soigner ton trouble mental... Tireli-Tinkeli-Bling... Frrrr... Mon amie.... Frrrr... Tu dois..."


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#6 12 Feb 2019 10:00

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
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Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

DOUZE DE MERDIER

Trigger warning : fantasmagorie, agression, trauma

Contexte

Le lieu : Ma forêt mentale (le reflet de ton inconscient) OK

Le moment : la nuit OK

Le climat : le vent OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : la faim OK


Inspirations

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux du jour : la ruine ou les ruines

L'historiette du jour :
L'idée que jadis les hommes étaient davantage que des bêtes n'est qu'un fantasme.
Tout le monde doit survivre, ouvrez les yeux.

Le détail forestier du jour : Scolopendre / Mille-pattes / Serpent OK


Le cœur de la journée :

L'album du jour :
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Des veines à l'eau creuse, par Enord, un dark-ambient drone avec des cuivres rituels, mantras caverneux et prières insectoïdes, marécageux et incantatoire.

Ce que je m'attends à trouver :

Mon trouble mental a littéralement pris possession de moi, et le scolopendre n'a pas suffi longtemps à me rassasier. Je voulais fuir, mais j'en fus incapable, je suis restée prostrée dans les cendres et la fumée, à veiller ce qui restait du corps de Silence, alors que j'aurais tellement dû fuir, car la chose-souris n'est pas loin, et Sérène est sûrement à ma recherche.

J'ai voulu me réfugier en moi-même et je crois que la fée m'y a aidé. Sans doute parce qu'elle pensait que ça ne me ferait pas du bien. Depuis sa cage, elle m'a fixé avec ses yeux aux paupières de trèfle à quatre feuilles et m'a hypnotisée. J'ai senti chacun de me mes membres se raidir les uns après les autres. A la fin, seuls mes yeux pouvaient bouger et je voyais des mouches nécrophages se déplacer sur mon corps, sans sentir le frottement de leurs pattes. J'ai compris que je m'enfonçais dans ma forêt mentale, et j'ignore si je peux avoir un effort de retour, ni si je vais trouver là-bas le réconfort ou la folie.

Mon aventure :

[Introspection]

Je suis toujours dans la suie, mais je retrouve peu à peu l'usage de mes membres. Je crache. Une dent tombe de ma bouche. Puis une autre. Je vomis. Des dizaines de dents. [Symbole = dents]. Il y a toujours le corps carbonisé de Silence près du bûcher effondré, mais il y a aussi sa tête, près du bidon de plastique renversé. Je la ramasse, je la serre contre moi et je pleure.

La fée est avec moi aussi. Elle n'est pas dans sa cage. Elle fredonne des choses à mes oreilles dans son langage de feuille et je sens qu'elle veut me manipuler et mon corps est parcouru de picotements, devient hypersensible. J'enlève mes chaussures et je foule la cendre. La tempête s'est calmée, l'obscurité règne de nouveau mais curieusement j'y vois clair comme dans une fantasmagorie. [moment = nuit]

Le vent s'engouffre dans des tunnels d'arbres en bordure de la clairière. Des passages vers d'autres tanières de ma forêt mentale.

Je m'aventure dans l'une d'elle, je porte la tête de Silence et curieusement elle devient chaude.

Je m'aventure dans la tanière de Sélène, une grotte à la voûte ornée de toiles d'araignées qui forment comme un ornement de chapelle. Des choses-araignées rampent et certaines se glissent dans mon dos, sous mes vêtements. Sérène est assise sur notre lit rapiécé, et elle pleure. Je pose mes mains sur ses épaules, je veux la rassurer mais en même temps, je sais que c'est moi qui lui ai fait du mal, et quelque part, ça me fait plaisir de la voir aussi triste, cela relève de la jouissance coupable d'avoir brisé quelque chose de beau et d'innocent, ou d'avoir fendu la carapace d'une armure. Elle se tourne vers moi, et je m'attend à ce que son visage est furieux, car dans la réalité il était furieux, j'en suis sûr, mais elle a ce sourire qu'elle avait à la naissance de l'oiseaumme. Je vomis des dents et elle ne relève pas. Je veux dire quelques mots pour m'excuser puisqu'après tout à l'époque je parlais, mais aucun son ne sort, et j'en suis bouleversée.

Frrrr.... Frrrr.... Frrrr...., murmure la fée

C'est plus fort que moi, je l'embrasse. Je sens sa langue passer sur mes gencives nues, repasser, avec volupté. Je sens l'enfant-bécasse pousser dans mes chairs, sortir alors que j'embrasse l'âme-soeur que j'ai trahie. Elle me couche sur le lit. Elle prend un scolopendre et le glisse dans ma bouche. Cette fois, je ne suis plus dégoûtée. Je savoure chaque sensation quand ses pattes grouillent contre mon palais, ma langue, rentrent dans ma gorge. Je sens que la bête se love dans mon estomac pour y mourir et me nourrir.

[je choisis de me garder une possibilité de réconfort, et donc je jette une seule fois les dés pour l'émotion maîtresse de cette introspection. J'obtiens : l'anticipation]

J'aime ce moment parce qu'il est absolument hors du temps et me paraît sans conséquence. Mais les choses ce compliquent à mesure que je me fais cette réflexion, et mon sentiment de culpabilité et ma crainte se liguent contre moi et se mettent à anticiper le pire, quand la vraie Sérène me retrouvera.

Frrrr.... Frrrrr... Frrrrr....

Les mains de Sérène sur mes flancs se font d'un coup plus fermes. Elle a une poigne extraordinaire. Son visage est l'expression même de la haine. Je veux me débattre mais la fée me touche à plusieurs endroit et à chaque fois paralyse un de mes membres. Sérène utilise l'enfant-bécasse, encore tout trempé de placenta et me laboure les chairs avec. La fée ramasse mes dents, et me force à les manger une à une. Je veux implorer la pitié mais je suis toujours muette. [Cette introspection tourne autour d'un élément de la feuille de personnage, la question : "Ai-je commis une faute par le passé qui explique ma condition ?"]

Le réconfort

Alors j'accepte. J'accepte le supplice car il représente ce que je mérite. J'accepte que le bec de mon enfant rentre dans ma chair, et j'accepte cette douleur comme une rédemption. Des racines poussent sur le sol de roche à la mesure de ma douleur. Je me surprends à en ressentir une forme de frisson, et ça ne me rend que plus coupable. Je m'abandonne, et en même temps c'est ainsi que je m'échappe. Je dois en passer par là pour renaître. Tout ceci n'est pas réel, tout ceci n'est pas réel. Parce que dans la vraie vie, je ne mérite pas ça, je ne mérite pas ça.

Sérène brandit la tête blême de Silence au dessus d'elle. Elle a le regard habité d'une prêtresse de la mort. Puis elle descend la tête de mon amant jusqu'à mes lèvres et je l'embrasse, et ça me fait du bien.

Le vent du monde réel fait gonfler et onduler les toiles d'araignées au dessus de moi.

La fin de la journée

[tirage = un coup de théâtre]

La fée et Sérène me transportent en travois vers un autre endroit de ma psyché. Un endroit qui est certainement un souvenir ou quelque chose de très symbolique, et qu'elles veulent porter à ma connaissance, certainement pour me punir davantage. Elles me déposent dans le hall d'un immeuble en ruines et m'y abandonnent. La plupart des planchers des étages au-dessus de ma tête ont disparu et je vois les cimes des arbres et des éclatés de pièces, ici une baignoire, là un évier ou une salle de jeux penchés au dessus de béances éventrées. Des morceaux de parpaings et de ciment et de papier peint s’effritent en permanence comme si l'immeuble se faisait grignoter par une mycose invisible. [Élément de Millevaux = la ruine ou les ruines]

Elle est dans une pièce du haut, elle sort sa gueule d'une baignoire, cette ancienne amante que j'ai voulue oublier. Elle descend le long d'une gouttière jusqu'à moi. Sa poitrine couverte de poils bat sur la même mesure que sa gueule à la langue pendante. Crègne. Elle me respire. Elle avait dit qu'elle resterait civilisée. C'était une scientifique, une protectrice. Et elle a chu. Et maintenant elle aboie !
[L'historiette du jour = L'idée que jadis les hommes étaient davantage que des bêtes n'est qu'un fantasme. Tout le monde doit survivre, ouvrez les yeux.]

Et si l'on m'a amenée jusqu'ici, c'est certainement que c'était à cause de moi.


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
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#7 13 Feb 2019 09:52

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
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Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

TREIZE DE MERDIER

Le contexte :

Le lieu : Ma forêt de mémoire, ou je peux retrouver mes derniers souvenirs OK

Le moment : Le jour OK

Le climat : climat différent, magique ou étrange OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : un trouble mental OK


Inspirations :

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément Millevaux : la ruine ou les ruines OK

L'historiette : Chariots à conneries ! J'l'ai pas buté pour la nourriture ! J'l'ai cramé pour
qu'personne mette la main dessus. OK

Le détail forestier : Buisson / Aubépine / Bruyère OK


Le coeur de la journée :

L'album du jour :
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Frjee feather EP, par Forest Swords, un post-rock dub psyché et mazouté à souhait !

Ce qui m'attend :

Après avoir fait mes adieux à Silence, j'ai repris ma route tant bien que mal. Il me fallait mettre du champ entre moi et Sérène ou la chose-souris. J'ai entamé la traversée des dunes battues par le vent. J'avais mon châle sur la bouche et mes dents étaient autour de mon cou, en collier, attachées avec la ficelle prise dans le temple horla. Je m'aidais d'une branche pour marcher et la traversée m'était pénible. Non pas que la présence des arbres, ici réduite à des bosquets rabougris, m'ait manqué, mais parce que je n'étais absolument pas en possession de tous mes moyens mentaux. J'étais désorientée et je me parlais à moi-même, mon souffle et mes lèvres déformant le châle comme une marionnette.

Des aubépines poussaient à une vitesse vertigineuse autour de moi, investissant les dunes. Les nuages du ciel formaient comme une image en négatif. Le soleil est noir [Le moment : le jour]. Plus j'avançais, plus j'avais la sensation de reculer. Je me demande si je ne suis pas prise dans une perturbation limbique [un climat différent, magique ou étrange].

Je me réfugiai dans un vaste terrier à l'abri du vent. Mais trop tard, je pense. J'avais déjà inhalé de l'air. Comment faire autrement.

Je me roule dans le sable. J'ai eu de la peine à respirer. Ma tête à tourné. Je vais me retrouver en proie au délire mémoriel. J'ai plongé dans ma forêt de mémoire, où je vais revivre mon histoire avec Crègne, la femme-chienne.

Mon aventure :

[Une exploration]

Je ferme les yeux. J'ouvre les yeux. Je ferme les yeux. J'ouvre les yeux.

Dehors, je vois des immeubles en ruine [élément : la ruine ou les ruines] émerger du sable. Ils n'étaient pas là auparavant. L'aubépine continue de progresser. Je me redresse et je me dirige à grand-peine vers les ruines. Je sais que je vais y retrouver Crègne. Je veux en savoir plus ce qu'était notre relation [le but de mon exploration = avoir des réponses à mes questions].

J'erre dans des cages d'escalier rognés par l'aubépine, j'entre dans des appartements décrépis et par le mur effondré, j'ai une vue plongeante sur les dunes et les autres immeubles. C'est difficile de me dire que ces endroits ont pu m'être familiers. Avec le sable et l'aubépine, je ne reconnais rien. Je ramasse une cafetière cabossé. Je lèche son métal pour en vérifier l'existence. C'est si réel et si intangible à la fois que c'en est douloureux.

Je me retrouve dans d'autres pièces. Dans une cave en train de réparer le groupe électrogène. Puis ailleurs, nue dans une baignoire de fortune. Je n'ai pas le souvenir de m'être déplacée, mais je me sens fourbue comme si j'avais fait des kilomètres dans ce réseau de vestiges.

Je ferme les yeux. J'ouvre les yeux !

Je suis toujours dans la baignoire. Des mains savonnent mes jambes et massent mes genoux endoloris. De peur et de surprise, je gesticule, je plonge la tête sous l'eau, je remonte. C'est une femme et je sais que c'est Crègne. "Je reviens d'un long voyage mais vous avez l'air plus fourbue que moi". Le sirocco fouette ses cheveux. Elle a des mains déformées par une arthrose précoce ou par une ancienne torture. Des lunettes d'aviateur sont relevées sur son front, et tout son visage est maculé de graisse et de poussière. Elle a à ses côtés un lourd paquetage garni d'outils et d'armes.

"Est-ce que ça s'est passé comme ça ?
- Comme ça ?
- Notre rencontre.
- Je ne sais pas.
- Comment vas-tu te transformer en chienne ?
- De quoi parlez-vous ?
- Je crois qu'on s'est associées pour faire de la fouille de vestiges. Est-ce que c'était avant, après ou pendant Sérène. Je l'ignore. Je crois que c'est comme ça qu'on est tombées amoureuses. Et je dirais que tu as été mordue par un chien enragé. Une morsure qui m'était destinée." [j'émets une spéculation]

Crègne plonge toute habillée dans la baignoire. Nous avons toutes les deux la tête sous l'eau, nous nous embrassons jusqu'au bord de la noyade. Est-ce que c'est logique que ça se passe aussi vite ?

[Je lance deux dés mais j'obtiens deux fois le même résultat : "Tu es sur le point de trouver le secret du lieu mais tu préfère ne pas savoir"]

On nage sous l'eau. Dans les vestiges ensablés où l'aubépine gagne tout. Il y a cette porte et devant ce chien. Il aboie. On ne l'entend pas, mais de l'eau sort de sa gueule. Crègne me tient la main. Mais en fait, je n'en veux plus. Je ne suis pas prête à savoir. Je ne suis pas prête à la voir souffrir, surtout si elle l'a fait pour me protéger. Et je suis pas prête à savoir ce qu'est devenu notre relation après sa transformation. Je lâche sa main et je remonte à la surface.

Je ferme les yeux. J'ouvre les yeux.

Je suis dans le terrier, en position foetale. Je crois bien que la perturbation limbique est passée. Les immeubles ne sont plus que des mirages qui s'effacent. Il faut que je rassemble vite mes affaires. La fée piaille parce que l'aubépine est sur le point d'envahir sa cage, et moi même j'ai été griffée de tous côtés pendant mon inconscience.

J'en ai assez. J'en ai assez d'être une victime. Désormais, je choisis d'être forte. J'assumerai mon destin et je ne laisserai pas les autres prendre les coups à ma place. Les coups, c'est moi qui vais les donner. Je me relève dans le sirocco,  la cage à la main et je fixe l'horizon avec une détermination nouvelle, il est beau et magnifique, strié des veines limbiques d'un crépuscule inversé et là où je vais, il n'y a plus de place que pour l'espoir. Je jette le collier de dents dans le sable, et ma beauté précédente je la laisse derrière moi. Je n'aurai plus que la beauté de ma force [Symbole : la beauté]. Et je retrouverai Crègne. [J'accepte ici une transformation tentante : transformation mentale. Mais elle peut avoir des conséquences désastreuses : ici, je perds l'opportunité de récupérer mes dents.]


Le réconfort :

J'avance encore longtemps, et la nuit ne vient jamais. Je ne fléchis pas.

Frrr... Frrrr...

Je n'ai plus besoin de toi, fée.

Je pose sa cage dans le sable. Je l'ouvre.

La fée vole douloureusement jusqu'à mon visage. Elle m'embrasse dans le cou.

Frrrr... Frrrr....

Je suis tentée. Tentée de la tuer parce qu'elle cherche à se venger de moi. Tentée de la manger. Tentée de la brûler comme du papier journal. [L'historiette : Chariots à conneries ! J'l'ai pas buté pour la nourriture ! J'l'ai cramé pour qu'personne mette la main dessus.]

Mais je repousse ces pulsions. Je suis droite et j'affronte le danger. Je la laisse mordiller mon cou. Je suis fière de moi. Et je l'extrais délicatement de moi et lui fais signe de s'envoler.

Elle me regarde.

Frrrr.... Frrrr....

[Fin de la journée : la journée s'arrête en plein milieu de l'action ou même d'une phrase]


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#8 14 Feb 2019 09:53

Thomas Munier
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Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

QUATORZE DE MERDIER

Le contexte :

Le lieu : un rêve OK

Le moment : le jour OK

Le climat : l'orage OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : le manque causé par l'oubli OK


Inspirations :

Symbole : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux : L'égrégore ou la superstition OK

L'historiette du jour : Sa vue soulève de honte mon cœur, son odeur broie mon regard.
Je me tourne alors vers celui par lequel les ténèbres arrivent. OK

Le détail forestier : Hérisson / Mulot / Taupe / Écureuil / Souris / Rat OK


Le cœur de la journée :

L'album du jour :
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Pentagon Black, par Goliath Bird Eater, du psyché-drone ritualiste assez facile d'écoute, une forêt de boucles en l'honneur de déités sourdes, aveugles et arachnoïdes.

Ce qui m'attend :

J'ai enfin pu quitter les dunes avant que les aubépines ne dévorent la zone tout à fait. J'étais maintenant dans la forêt-hérisson [Détail forestier = hérisson]. Des arbres et des buissons aux houppiers garnis d'épines, palpitant comme le corps de hérissons géants. Cela a été dur de trouver un abri là-dedans, alors que l'orage était plus furieux que jamais. Des éclairs frappaient les houppiers et il en résultait une terrible odeur de chair carbonisée. Il faisait jour mais hormis quand les éclairs venaient tout recouvrir d'un flash blanc, on n'y voyait rien. Je me suis blessée aux épines des buissons-hérissons, et j'ai enfin pu trouver une grotte, fort heureusement désertée par l'ours qui avait dû y vivre à une époque.

Je me suis allongée contre la pierre, et j'ai roulé sur moi-même, en proie à la fièvre, au manque lié à l'oubli.

Frrr... Frrr....

La fée me harcelait de ses battements d'ailes de journal intime. Je l'avais libérée mais elle n'a pas voulu me quitter. Elle m'a suivie, même quand je lui jettais des pierres.

Des frissons me parcouraient en entier. J'avais très froid et je suais à grosses gouttes. Une crise de manque. Mes souvenirs me manquent. Je voudrais tellement me rappeler des détails de ma vie amoureuse avec Silence, avec Crègne... même avec Sérène...

J'ai dû délirer un moment. Puis je me suis assoupie.

J'ai senti la fée butiner mon corps, mais je n'avais pas la force de la chasser.

C'est là que j'ai dû rêver.

Mon aventure :

[Exploration]

Je suis dans une forêt. Des milliers de rubans sont accrochés aux branches. Sous mes pieds craquent les coques de fruits exotiques et colorés, certains encore durs, d'autres mûrs à point, d'autres pourris, et ensemble ils dégagent des arômes qui m'enivrent, littéralement. Je touche l'écorce des arbres et je la sens respirer. Un instant, la beauté des lieux me happe. [Symbole : beauté]

Je ne sais pas où est la fée, et son absence me fait du bien. Je titube dans la forêt, me laissant de temps à autres tomber dans les branches qui me rattrappent sans me blesser. Je veux retrouver Silence. Je suis sûre que je peux trouver ici une réminiscence de lui. J'ai le manque de lui.

[je n'émets pas de spéculation, aussi je ne lance qu'une seule fois le dé pour le résultat de mon exploration]

Je descend des talus jusqu'à une vallée où l'humus est recouvert de draps, par centaines. Des calebasses suspendues aux branches dégagent des fumées psychotropes comme des encensoirs. De la cire chaude dégouline des arbres et me marque la peau. Silence est étendu, vivant et nu.

Je vais sur lui et je veux lui dire quelque chose. Il met son doigt devant ma bouche. Ma main parcourt son visage et son sourire. J'ignore ce que nous sommes en train de faire, mais nous nous retrouvons en proie à l'extase. Son sexe est comme une grappe.

Mais toute chamboulée que je puisse être par l'émotion et le désir, je réalise que tout ceci n'est qu'un leurre. Que ça ne m'éclaire pas sur les circonstances de notre rencontre, ni même sur la vérité de ce moment. [Quelque chose d'important reste non-dit]

Le réconfort :

Silence pousse un long gémissement, c'est le seul son qu'il puisse produire. Et la fée sort de mon corps, elle s'en extrait avec langueur, comme d'une chrysalide, ainsi donc elle était là tout ce temps, et je réalise avec dégoût que mon plaisir venait aussi d'elle. Je mets la fée dans la bouche de Silence et il la malaxe de ses lèvres.

La fin de la journée :

Alors que tous mes sens vacillent, je sens les odeurs de la forêt onirique se flétrir jusqu'à devenir celles du mazout et du camphre, je sens les étreintes de Silence et de la fée devenir des griffures, et comme l'haleine sur mon visage est trop forte, je me réveille en sursaut.

Je suis dans la grotte, suspendue la tête en bas, enserrée dans des ailes membraneuses.

Je suis à la merci de la chose-souris et je sens ce qui lui tient lieu de corps faire pression sur moi.

J'ai très mal à la tête alors que tout le sang afflue dans mon crâne.

Et la tête de la chose-souris est juste devant mes yeux, à un centimètre de moi.

Je ferme les yeux car je ne veux surtout pas la voir. Mais ses griffes décollent mes paupières et je suis obligée de contempler son visage.

Celui de Silence.

[tirage de fin de journée = une révélation + L'historiette du jour : Sa vue soulève de honte mon cœur, son odeur broie mon regard.
Je me tourne alors vers celui par lequel les ténèbres arrivent.]

Car maudite suis-je qui prévois toujours le pire, car c'est alors ce qui advient [l'élément de Millevaux = l'égrégore ou la superstition].


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
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#9 15 Feb 2019 17:18

Thomas Munier
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Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

QUINZE DE MERDIER

Le contexte :

Le lieu : Un ossuaire OK

Le moment : le jour OK

Le climat : vent OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : la maladie physique OK


Inspirations

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux : L'emprise ou la transformation OK

L’historiette du jour : Ma plume saigne de te voir mourir mon amour. Alors cesse de crier et ferme moi
ces yeux. OK

Le détail forestier du jour : Buisson / Aubépine / Bruyère OK


Le cœur de la journée

L'album du jour :
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Fallow Fields, par Harrow, au croisement entre Ennio Morriconne, le post-rock et le folk black metal, une épopée mélodique et lointaine.

Ce qui m'attend :

La chose-souris m'a emporté dans son vol de cuir. Cela a duré longtemps, j'ignore si nous sommes passées par des forêts normales ou par des perturbations limbiques. Elle ne m'a jamais lâchée, quelle que soit la force avec laquelle je me suis débattue. Quand nous sommes arrivées, il faisait de nouveau jour [moment = jour] et la chose-souris m'a déposé dans un ossuaire. Il y avait tellement de fossiles qu'on ne voyait plus le sol ni les racines des arbres [lieu = ossuaire]. Le vent charriait ce qui de prime abord semblait de la neige mais s'avéra être de la poussière d'os, qui blanchissait le tronc des arbres. Des crânes et d'autres vestiges étaient accrochées aux branches avec des ficelles qui m'évoquaient celles du temple de bâches plastiques.

Il n'y avait pas un seul de ses ossements qui paraissait animal ou humain. La chose-souris m'avait entraînée dans ce que je suis obligée de qualifier de cimetière des horlas, un endroit où ces aberrations viennent mourir quand leur temps est venu. Des assemblages de chitine et d'exosquelette formaient des mausolées où s'aggrippaient parfois encore quelques touffes de fourrure. Des colonnes vertébrales et des crânes démesurés formaient comme des stèles.

Quelques buissons d'aubépine émergeaient des amoncellement d'os. Ici aussi l'invasion commençait. [Le détail forestier du jour : Buisson / Aubépine / Bruyère]

Je sens que la chose-souris n'a pas choisi ce lieu par hasard, elle a sûrement quelque chose à me faire comprendre avant de tenter de me faire du mal.

Mon aventure :

[Introspection]

Curieusement, la chose-souris me pose avec beaucoup de précautions. Je me mets à cracher à du sang. On dirait bien que j'ai avalé une aubépine. Cette chose est en train de pousser dans mon corps.

Je ne veux pas crever ici. Je ne veux pas crever aux pieds de la chose qui a volé la tête de mon amour.

Elle me fixe, et son visage - le visage de Silence - m'offre un sourire d'une grande fixité. Ses yeux ne clignent pas.

"Je t'aime, dis-moi pourquoi tu me rejettes."

Je ne peux pas répondre. C'est très déstabilisant de voir le visage de Silence en train de parler.

"Je suis prêt.e à bien des sacrifices pour que tu m'aimes. Regardes, j'ai sacrifié mon identité pour devenir celui que tu aimes. Regardes, je te fais découvrir notre cimetière sacré qui est un sacré gardé par les horlas depuis des générations, un secret qui serait terriblement convoité par les sorciers humains."

Frrrr.... Frrrrr.... La fée m'a suivi jusque là. Encore une fois, elle a renoncé à sa liberté.

"Je ne comprends pas. Moi, je n'ai fait aucun cas de ton apparence. Je n'ai fait aucun cas que ta confiance était brisée. Je t'ai embrassée et tu m'as rendu ce baiser. Alors pourquoi aujourd'hui me rejettes-tu ?"

La chose-souris a l'air de vouloir que je prenne un temps pour réfléchir.

Mais j'ai peur et je lui en veux terriblement. Je voulais trouver l'âme soeur et j'ai aujourd'hui l'impression qu'on verse plus de larmes sur les prières exaucées que sur les prières non exaucées.

[Je renonce à mon réconfort et lance deux dés : j'obtiens les émotions "confiance" et "Contrariété"]

Je lui lance un regard interrogateur.

Ce pourrait-il que cette chose m'aime ? Ce pourrait-il qu'elle fasse tout ça par amour ?

C'est un monstre. Je ne dois avoir aucun doute là-dessus. Elle a tué Silence, ça aussi j'en suis certaine. Mais j'ai besoin de quelqu'un qui soit prêt aux dernières extrémités pour me protéger, maintenant que je suis à l'agonie, maintenant que Sérène me donne la chasse depuis le passé et Kinder depuis le futur.

Suis-je prête à l'aimer ? Après tout n'a-t-il pas le plus adorable des visages ? Vais-je surmonter mon dégoût et mon désir de vengeance pour m'abandonner à ce que cette relation peut me promettre ? Si lui ne me juge pas, pourquoi devrais-je le juger ? [symbole = beauté]

Je commence à sentir que je peux en réalité me fier totalement à cette chose, car elle m'est absolument dévouée, elle a lu en moi le meilleur, elle a lu en moi ce que je suis moi même incapable de voir.

Je montre le sang qui s'écoule de ma bouche, pour demander de l'aide.
Je fais le signe d'écarter Fée de la main, pour demander de l'aide.

Alors d'un geste trop rapide pour être perçu, la griffe de la chose-souris se saisit de la fée.
Puis son autre griffe me plaque au sol, et essore le corps de la fée pour que je boive sa pulpe. Je m'attends à quelque chose d'écoeurant comme du sang, mais c'est comme boire à une rivière psychotrope, à de la chaleur maternelle, à de l'or liquide.

Et je sens déjà que l'aubépine se résorbe. [Transformation physique]

La fin de la journée :

Je m'allonge contre les ossements. J'ai besoin de ne plus agir pour guérir. Et alors que je sombre dans une semi-inconscience, j'ai une vision du futur.

Un corbeau m'apporte les lettres d'un mystérieux correspondants. Des lettres romantiques et érotiques écrites avec du sang. J'ouvre la lettre, et je ressens un mélange de crainte et d'excitation... [L’historiette du jour : Ma plume saigne de te voir mourir mon amour. Alors cesse de crier et ferme moi
ces yeux.]
Et je me demande si à ce moment, je serai encore sous l'emprise de la chose-souris, ou si je serai tout à fait passée sous l'emprise de cette nouvelle relation épistolaire... [ élément Millevaux du jour : emprise ou transformation]


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#10 16 Feb 2019 10:25

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Bois-Saule] Une dent pour chaque baiser

SEIZE DE MERDIER

Le contexte :

Le lieu : un sous-sol OK

Le moment : la nuit OK

Le climat : le vent OK

Ce qui me tiraille aujourd'hui : l'insécurité OK


Inspirations

Mes symboles : dents, beauté OK

L'élément de Millevaux du jour : les horlas ou les créatures OK

L'historiette du jour : La jeunesse éternelle ? Qu'est-ce que j'en foutrais ? Pour avoir l'opportunité de
souffrir éternellement j'ai déjà c'qui faut. OK

Le détail forestier : Mousse / Sphaigne OK


Le cœur de la journée :

L'album :
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S/T, par HKY, un post-hardcore lourd, noir, spatial, à fleur de peau : tristesse, abysse et goudron.

Ce qui m'attend :

J'ai confié à la chose-souris ma peur que Sérène me retrouve [ce qui me tiraille : l'insécurité]. J'ai toujours peur de la chose bien sûr, d'autant plus qu'elle vient maintenant de tuer la fée alors que je ne lui avais pas demandé, mais je crois qu'elle est incapable de me faire du mal, alors que Sérène si. Alors nous avons marché et volé et maintenant nous sommes dans une cache des horlas, un réseau de galeries souterraines garnies de mousses et de sphaignes [lieu : sous-sol + détail forestier : mousse et sphaignes]. De grandes cheminées naturelles laissent passer la lumière du jour dans ce que j'ai appelé des clairières souterraines [moment = le jour]. Mais cette lumière permet de voir les habitants, et ce n'est pas pour me rassurer. Choses aveugles, vitreuses ou molles. [élément du jour = créatures ou horlas]. Mais heureusement, mon amant.e semble leur inspirer une sorte de respect, donc je pense qu'elles ne s'en prendront pas à nous.

Jusqu'à quand ?

J'ai des flashes du futur et ça ne me rassure pas. Je me vois étreindre la chose-souris, conquise à mon tour. Ja la vois tenter des choses folles pour me satisfaire : me greffer des dents de monstres en pensant restaurer la beauté qui me manque [symbole : dents, beauté] ou procéder à des sacrifices ignobles pour m'offrir une immortalité dont je ne veux pas. [L'historiette du jour : La jeunesse éternelle ? Qu'est-ce que j'en foutrais ? Pour avoir l'opportunité de souffrir éternellement j'ai déjà c'qui faut.]

Mon aventure :

[Péripétie : Je découvre un passage mais il est gardé]

Durant mon séjour dans les grottes, j'ai en effet succombé aux charmes de la chose. Le vent s'engouffrait dans les cheminées et faisait flotter mes vêtements [élément : le vent]. La chose les a déchirés de ses ailes membraneuses. J'ai embrassé le visage de Silence. Une liane lui tenait lieu de langue, au début j'ai eu très peur et je me suis laissée aller. Les griffes de la chose savaient lacérer ma chair dans les endroits les plus sensibles. Je l'ai laissée me prendre devant les choses aveugles, vitreuses et molles, et je sentais mon corps heurter la pierre, et je léchais le cuir de ses ailes, je les mordais quand les sensations étaient trop fortes. Je me souviens avoir léché les sutures de racines qui reliaient son corps à sa tête, je me souviens avoir vacillé dans ses odeurs de kérozène, je me souviens avoir enfui mes mains dans des cavités improbables. Et pendant notre union, j'avais de plus en plus de flashes des choses stupides et abominables qu'il me ferait par amour, comme me greffer des dents de chien ou me faire manger le coeur de Sérène pour me rendre immortelle.

Et la chose s'est endormie. Alors, je me suis levée, nue, et j'ai tenté de fuir.

Je me suis aventurée dans les grottes, et puis j'avançais plus j'étais convainque que je me perdais pour toujours dans ses profondeurs, et le vent était de plus en plus froid sur mon corps, mais tant qu'il y avait cette brise, c'est que la surface était proche. J'ai passé plusieurs clairières souterraines où les cheminées n'offraient aucune prise pour l'escalade, je me suis surprise à vouloir crier à l'aide, mais bien sûr je ne pouvais plus crier et de toute façon ça aurait permis à la chose de me retrouver.

Et puis par miracle, j'ai trouvé une cheminée pourvue d'un rustique escalier tournant. Mais il y avait un gardien.

Un être aux dizaines de pattes agrippées aux parois. Sur son ventre large pulsait une grande bouche garnie de palpes.

Je devais passer mais je n'osai pas écarter de force ses pattes chitineuses, craignant une réaction des plus agressives. Je ne pouvais pas non plus communiquer avec lui car la créature semblait aussi muette que moi. Autour de moi, les choses aveugles, vitreuses et molles commençait à s'agglutiner.

Alors j'ai tenté le tout pour le tout. Peut-être allais-je mourir, mais j'étais prête à cette éventualité, le jeu en valait la chandelle par rapport aux risques encourus à rester dans le giron de la chose-souris.

Je mis ma tête dans sa bouche en espérant que ça me ferait entrer en communication sans finir dévorée. Les palpes commencèrent à rentrer dans mes oreilles, dans mes narines. Mon crâne était enduit de fluide salivaire et je ne voyais plus rien. Des arcs électriques ont commencé à pulser dans mon cerveau.

Les choses s'approchent.

Je suis nue et sans défense. Si j'échoue à négocier le passage, je crains le pire. La mort ou un plaisir coupable qui me fera définitivement me détester moi-même ou me fera quitter l'humanité pour une condition nouvelle et plus forte, sans limite morale ou physique. [Mon but : négocier le passage. J'ai aussi défini les conséquences négatives et positives de l'échec]

Les choses m'effleurent.

C'est ainsi, je suis en plein de commettre un acte désastreux simplement parce que je suis amère, que je ne sais plus faire confiance, que je ne veux plus transiger, que je ne veux plus me livrer, je me livre encore pourtant d'une pire façon. [pour obtenir un +1, je mets en jeu mon vice : mon amertume peut me pousser à commettre des choses désastreuses. J'obtiens 2+1 = 3 ; un prix à payer = perdre la vertu qui est sur ma feuille de personnage, en l'occurence : "je suis prête à me donner corps et âme."]

Le gardien entre dans mon esprit. C'est une intrusion aussi languide et glissante qu'insupportable. Il est prêt à me laisser passer, mais je dois lui ouvrir mon âme. Il veut tout savoir de moi. Alors pour qu'il m'ouvre sa porte, je lui ouvre la mienne. Ses palpes s'aventurent dans toute ma psyché, dans ce qu'il reste de mémoire, et même s'insinue dans le cimetière de mes souvenirs perdues, dans la forêt de mes pensées, de mes rêves et de mes espoirs, alors que les choses vitreuses, aveugles et molles glissent le long de mon corps, avides de ma chaleur. C'est une connexion absolument totale, un abandon de moi-même que je n'ai jamais connu, et il faut que ça soit avec cet immonde décipède !

Enfin son étreinte se resserre, et j'en ressors vidée, fatiguée, transie. Il rampe le long de la paroi, me laisse enfin passer. Je monte les marches bancales aussi vite que me le permettent mes jambes ramollies, les choses veulent me suivre mais elles sont encore moins rapides que moi. Plus jamais, plus jamais, je ne me livrerai à qui que ce soit. Plus jamais je n'offrirai de la sorte ni mon âme ni mon corps.

Le réconfort :

Enfin j'arrive à la surface. Le vent qui coule entre les arbres sur ma peau me fait me sentir vivante. Je m'allonge un moment. Je respire, je sens ma respiration. C'est fini. J'acceuille ce qui m'a toujours guérie : l'oubli. Je l'appelle de mes voeux, lui qui apaise mon esprit.

La fin de la journée :

Maintenant je suis libre. Ou alors ? Et si la chose-souris n'avait pas prémédité tout cela ? Si tout cette épreuve n'entrait pas dans un de ces fantasmes tordus ? Si elle m'avait laissée m'enfuir à dessein, pour le simple bonheur de me donner la chasse ?


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
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