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#1 15 Nov 2024 14:27

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

[La Trace] Comptes-rendus de partie

Le jeu : La Trace, par Yaakab Multiversalis, un jeu de rôle solo onirique et introspectif qui plonge au cœur de vos cauchemars dans la forêt de Millevaux

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Comptes-rendus de partie par l'auteur :

Comptes-rendus de partie sans l'auteur :

1. Touche noire, touche blanche
Une jeune pianiste virtuose qui se fait avaler par la forêt et l'oubli, et autres histoires... Un récit de partie par par Maowlmad ! (temps de lecture : 2 min)


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

Hors ligne

#2 15 Nov 2024 14:27

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [La Trace] Comptes-rendus de partie

TOUCHE NOIRE, TOUCHE BLANCHE

Une jeune pianiste virtuose qui se fait avaler par la forêt et l'oubli, et autres histoires... Un récit de partie par par Maowlmad !

(temps de lecture : 7 min)


Avertissement de contenu : voir après la photo


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Fujoshi Bijou, cc-by-nc-nd


Contenu sensible : drogue, pendaison


Joué en solo le 13/03/2022

Le jeu : La Trace, par Yaakab Multiversalis, un jeu de rôle solo onirique et introspectif qui plonge au cœur de vos cauchemars dans la forêt de Millevaux


Maowlmad :

J'y ai joué avec le Cthulhu Dark Arts Tarot, chaque carte mesure 85x165mm. Il y en avait dans toute la pièce ! C'était sombre, angoissant, terrifiant. Absolument génial !


Retour de Yaakab :

Merci beaucoup pour ce retour  !

Aurais tu des remarques, critiques à faire concernant la mécanique, l'équilibrage, ou est-ce que c'est suffisamment bien huilé ?

J'aurais beaucoup aimé voir ça ! Des photos une prochaine fois bcwink


Maowlmad :

Je referai une partie avec des photos si tu veux.


Yaakab :

oui je veux bien, reporte surtout les éventuels points à améliorer stp. Merci bcsmile


Maowlmad :


Je viens de finir une partie à l'instant et de me faire dévorer par cette étrange forêt, après que ma pauvre Clarisse, jeune pianiste virtuose et grande amatrice de Liszt, a fini par oublier toutes les personnes qui comptaient pour elle, ce qui a rendu sa quête impossible et son âme perdue...

Ce jeu ne vous laisse pas indemne ! C'est très sombre et cruel. On se fait bouffer tout le temps. Un petit coup de pouce serait bienvenu parfois. Je pense par exemple lorsqu'on parvient à vaincre un horla, la récompense ne serait-elle pas un peu maigre ?

J'ai joué deux parties, avec des personnages totalement différents et ça part systématiquement dans du gros gothique de la mort ! C'est vraiment impressionnant.

Je n'ai pas grand chose à dire, je trouve ce jeu très bon. Le seul truc qui m'embête un peu, c'est le nom de Shub-Niggurath. On est sur du Millevaux, pas du Cthulhu... D'autant plus que pour désigner le Diable, ce ne sont pas les noms qui manquent...

Bravo en tout cas !


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Voici les scans du journal de Maowlmad si vous avez envie de découvrir au format manuscrit. Si vous préférez, la version numérique suit ces scans.

54143680295_61c35a36c7_h.jpg

54143680320_95a5e7501d_h.jpg

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Création de personnage :

Clarisse Larousse

Lieux

Sa maison
Église
Prairie
Conservatoire
Bibliothèque
Cimetière

Personnes

Parents
Ennemies
Amoureux
Amie
Prof de piano
Liszt


Objets

Piano
Bague de fiançailles
Clefs
Journal
Casque
Livre

Actes

Jouer du piano
Écouter de la musique
Lire
Prier
Se cacher
Faire l’amour

Quête : Jouer pour ses parents sur le piano de l’église.


L'histoire :

Je m’appelle Clarisse. Mes parents sont morts il y a un an dans un accident de train. Ce dernier aurait déraillé après avoir foncé dans quelque chose qui traversait la voie. La chose aurait disparu aussitôt. Quel mensonge.
Je vis seule dans cette sombre maison de pierre qui m’appartient désormais. Je suis étudiante dans une petite école de musique que certaines personnes préfèrent appeler conservatoire.
Je joue du piano et j’aime cela. Je suis une grande amatrice de la musique de Liszt. Je la trouve vivante, envoûtante et tellement humaine. Cette musique est importante pour moi. Elle exprime mes peurs, mes désirs, ma solitude.
Je vis pour elle. Je vis à travers elle. Chaque jour qui passe, je la joue à la perfection. Mes parents auraient été si fiers de moi. Iels aimaient également ce compositeur.
J’aimerais leur offrir un dernier hommage en leur dédiant un récital sur le piano de l’église du village. Je voulais que cela soit parfait. Mais je ne puis donner cette performance. Quelqu’un m’en empêche.
Il s’agit de mon toxicomane de fiancé, qui n’a rien trouvé de mieux que de ne faire avaler une de ses saloperies. Il m’a dit que ça me ferait du bien, que cela m’aiderait à « oublier ». L’ennui, c'est qu’après plusieurs jours, non seulement il m'a abandonné, mais en plus, je ne suis toujours pas redescendue.
À l’heure où j’écris ces mots, je me sens à peu près normale, mais je sais qu’il y aura une rechute dans quelques minutes. C’est horrible. Je me mets à rêver, à avoir des hallucinations. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Et je ne sais pas s’il reviendra un jour...

Mais déjà mon âme s’égare à nouveau...
Dans un sentiment de plénitude, j'en viens vite à oublier mes ennemies. Celles qui sont jalouses de moi, m'ont fait du tort, sont irrémédiablement balayées sur-le-champ. Même ma meilleure amie qui n’est pas venue me voir. Elle ne vaut guère mieux que les autres. Que qui déjà ? Aucune importance. Je dois me concentrer sur ma quête pour sortir de ce calvaire.

Je me trouve désormais dans une forêt qui semble s’étendre de manière infinie.
Une femme se dresse devant moi et me supplie de capituler devant toutes ses filles jalouses. Elles sont plus fortes que moi. Je ne suis rien. Je ne peux rien contre elles. Cette femme odieuse, ridée, mijote une potion étrange et me regarde d’un air condescendant. Elle a déjà une prise sur mon âme terrorisée.
Je ne peux que subir et fuir...

De rage, je décide de jeter ma bague de fiançailles.
Pour me rassurer, face à cette angoissante force, je pense à l’église, le seul endroit où je me sens en sécurité. J’y mets tout mon cœur afin de ne jamais l'oublier.

J’aperçois tout à coup cette prairie que j’aimais tant, là où je jouais quand j’étais petite fille. Ce n’est plus qu’un désert de cendres et de désolation.

Ma mémoire se consume... La bibliothèque où j’avais l’habitude de me réfugier, car j’étais sûre de ne jamais être dérangée, est devenue un champ de ruines où voltigent des essaims de pages calcinées. Que s’est-il passé ici ?

Au milieu des décombres, un piano reluisant, intact, qui n’attend que moi.
Je joue La Lugubre Gondole de Liszt, en me jurant de ne jamais oublier la moindre note, en me concentrant de toutes mes forces sur mes doigts pressant les touches.
J’y parviens.
Je vois, tout en jouant, les livres brûler. Tous ces livres que j’ai lus, que j’ai aimés ou détestés. Toutes ces histoires me quittent, les unes après les autres.
Je les oublie sans scrupule et sans regret. Elle n’ont désormais plus d’importance, puisque j’ai un piano.
Mon fiancé est là devant moi. Il me tient la main. Si cruel...
Je ne la prends pas. Je ne souhaite pas m'arrĂŞter de jouer.

Plutôt m’offrir tout de suite à cette forêt dévorante, dévastatrice. Il m'a quittée. Il m'a perdue.
Mon âme se vide, se déleste.
Mais je sens déjà mourir ce qui me reste, ce qui m’est cher. Il semble que je n’ai pas assez payé. Je ne me souviens plus de cette femme merveilleuse qui m'a enseigné tout ce que je sais.
Ma prof de piano, qui était-ce ? C’est si cruel.
Pourtant, je sais toujours jouer, et je joue mĂŞme merveilleusement bien.
Mais qu’importe...
Je ne dois pas m’arrêter.

Telle est ma quĂŞte. Il ne reste plus beaucoup de monde autour de moi.
La mort se trouve lĂ  et me barre le chemin.
Elle a pris la forme d’un homme dévêtu, tenant un sablier d’une main, sa tête de l’autre. La tête me parle et m’ordonne de mourir.
Je refuse, m'accrochant à ce qui me reste d’énergie. La mort disparaît dans un nuage de poussière. Mais alors qu'un sourire de satisfaction se lit sur mon visage, une voix de femme retentit. C'est Une sentence. Je suis accusée d’avoir commis l’irréparable et d’avoir nui à la forêt. Je suis donc condamnée à errer dans les profondeurs de ce cauchemar glacé.
Qu'Ă  cela ne tienne !

Je mourrai ici !
Mais j'irai jusqu'au bout !

Ma maison est là-bas. Je suis chez moi ! Je suis de retour ! Mais il m’est impossible de franchir le seuil.
J’aperçois alors une famille par la fenêtre du salon.

Les enfants et les parents regardent tranquillement la télévision. Personne ne me voit.
Je frappe à la fenêtre, mais on ne m’entend pas.
Je ne suis plus chez moi. Je n'ai plus de chez moi.

Heureusement qu’il y a l’église. Le curé du village est assis près de moi. Il me dit des choses étranges. Il n’a jamais parlé comme ça. Il me dit qu’il sait mieux que moi ce qui est bon pour moi, et que je dois me soumettre à la volonté de la forêt.
J’envoie paître cet usurpateur sans me laisser baratiner. Je refuse en bloc de me soumettre et de suivre ses instructions.

Il disparaît à jamais.

Mais je m’alourdis à mesure que mon âme se fait aspirer.
J’ignore si j’y arriverai. Désormais, c’est le conservatoire qui part en fumée. Quelle tristesse.
Je me trouve actuellement dans le clocher de mon église, admirant ce spectacle fascinant de désolation.

Soudain, une voix semblant venir des murs me demande de sauter. Les flammes montent et me gagnent peu Ă  peu. Je saute et retombe dans la forĂŞt. Encore. Telle est ma demeure.
Mais ma chute est interrompue par une corde qui vient s’enrouler contre mon cou. Quelqu’un veut-il me sauver ? Alors que je me balance pendue au clocher de l’église, un autre pendu tombe et se balance près de moi. Il rit, plaisante, me fait des blagues, tout en crachant du sang, les yeux exorbités
Je suis terrifiée et ne parviens pas à émettre le moindre son.

Pourtant, mĂŞme morte, une partie de moi continue de jouer.
Je joue toujours ! J’ai complètement oublié le nom de ce compositeur que j'aime tant.
Mais j'en connais chaque note. Est-ce moi ? Est-ce toujours moi ? Ce n’est plus moi qui joue. Mon âme ne m’appartient plus.
Je ne suis plus pour qui était dédié ce morceau.
Mais qu'ai-je fait ? Suis-je endormie ?
Il fait si noir ici. J’ai froid.
Je ne sais plus qui je suis.

Aidez-moi.

FIN


Yaakab :

Merci Maowlmad pour ce retour complet.

Le choix du nom Shub-Niggurath ne m'appartient pas. C'est le nom donné à cet antagoniste dans l'univers sombre de Millevaux, et c'est dans cet univers que j'ai souhaité ancrer ce jeu. Alors pourquoi ce nom tiré de l'univers de HP Lovecraft ? Bonne question.

Je prends en note la remarque sur l'équilibrage en défaveur du joueur, qui je l'avoue est un peu volontaire. Peut-être en effet devrais-je le réajuster un chouïa.


Note de Thomas :

Au départ, Millevaux était un supplément maison pour L'Appel de Cthulhu. J'avais en réalité essentiellement conservé deux entités du Mythe de Cthulhu (et je les ai toujours conservées), Shub-Niggurath qui incarne bien la dimension nature sauvage et sorcellerie présente dans Millevaux et le Roi en Jaune (une création initiale de Chambers) qui symbolise une sorte de présence extraterrestre qui plonge le monde dans la folie et le chaos.


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

Hors ligne

#3 16 Nov 2024 11:14

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [La Trace] Comptes-rendus de partie

TOUCHE NOIRE, TOUCHE BLANCHE : LE MANUSCRIT RETROUVÉ

Maowlmad nous a exhumé le texte intégral de son solo de La Trace résumé hier!

(temps de lecture : 5 min)

Traumavertissement : voir détail après l'image


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Charles François Daubigny, domaine public


(Contenu sensible : drogue, pendaison)


Voici les scans du journal de Maowlmad si vous avez envie de découvrir au format manuscrit. Si vous préférez, la version numérique suit ces scans.

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Création de personnage :

Clarisse Larousse

Lieux

Sa maison
Église
Prairie
Conservatoire
Bibliothèque
Cimetière

Personnes

Parents
Ennemies
Amoureux
Amie
Prof de piano
Liszt


Objets

Piano
Bague de fiançailles
Clefs
Journal
Casque
Livre

Actes

Jouer du piano
Écouter de la musique
Lire
Prier
Se cacher
Faire l’amour

Quête : Jouer pour ses parents sur le piano de l’église.


L'histoire :

Je m’appelle Clarisse. Mes parents sont morts il y a un an dans un accident de train. Ce dernier aurait déraillé après avoir foncé dans quelque chose qui traversait la voie. La chose aurait disparu aussitôt. Quel mensonge.
Je vis seule dans cette sombre maison de pierre qui m’appartient désormais. Je suis étudiante dans une petite école de musique que certaines personnes préfèrent appeler conservatoire.
Je joue du piano et j’aime cela. Je suis une grande amatrice de la musique de Liszt. Je la trouve vivante, envoûtante et tellement humaine. Cette musique est importante pour moi. Elle exprime mes peurs, mes désirs, ma solitude.
Je vis pour elle. Je vis à travers elle. Chaque jour qui passe, je la joue à la perfection. Mes parents auraient été si fiers de moi. Iels aimaient également ce compositeur.
J’aimerais leur offrir un dernier hommage en leur dédiant un récital sur le piano de l’église du village. Je voulais que cela soit parfait. Mais je ne puis donner cette performance. Quelqu’un m’en empêche.
Il s’agit de mon toxicomane de fiancé, qui n’a rien trouvé de mieux que de ne faire avaler une de ses saloperies. Il m’a dit que ça me ferait du bien, que cela m’aiderait à « oublier ». L’ennui, c'est qu’après plusieurs jours, non seulement il m'a abandonné, mais en plus, je ne suis toujours pas redescendue.
À l’heure où j’écris ces mots, je me sens à peu près normale, mais je sais qu’il y aura une rechute dans quelques minutes. C’est horrible. Je me mets à rêver, à avoir des hallucinations. Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Et je ne sais pas s’il reviendra un jour...

Mais déjà mon âme s’égare à nouveau...
Dans un sentiment de plénitude, j'en viens vite à oublier mes ennemies. Celles qui sont jalouses de moi, m'ont fait du tort, sont irrémédiablement balayées sur-le-champ. Même ma meilleure amie qui n’est pas venue me voir. Elle ne vaut guère mieux que les autres. Que qui déjà ? Aucune importance. Je dois me concentrer sur ma quête pour sortir de ce calvaire.

Je me trouve désormais dans une forêt qui semble s’étendre de manière infinie.
Une femme se dresse devant moi et me supplie de capituler devant toutes ses filles jalouses. Elles sont plus fortes que moi. Je ne suis rien. Je ne peux rien contre elles. Cette femme odieuse, ridée, mijote une potion étrange et me regarde d’un air condescendant. Elle a déjà une prise sur mon âme terrorisée.
Je ne peux que subir et fuir...

De rage, je décide de jeter ma bague de fiançailles.
Pour me rassurer, face à cette angoissante force, je pense à l’église, le seul endroit où je me sens en sécurité. J’y mets tout mon cœur afin de ne jamais l'oublier.

J’aperçois tout à coup cette prairie que j’aimais tant, là où je jouais quand j’étais petite fille. Ce n’est plus qu’un désert de cendres et de désolation.

Ma mémoire se consume... La bibliothèque où j’avais l’habitude de me réfugier, car j’étais sûre de ne jamais être dérangée, est devenue un champ de ruines où voltigent des essaims de pages calcinées. Que s’est-il passé ici ?

Au milieu des décombres, un piano reluisant, intact, qui n’attend que moi.
Je joue La Lugubre Gondole de Liszt, en me jurant de ne jamais oublier la moindre note, en me concentrant de toutes mes forces sur mes doigts pressant les touches.
J’y parviens.
Je vois, tout en jouant, les livres brûler. Tous ces livres que j’ai lus, que j’ai aimés ou détestés. Toutes ces histoires me quittent, les unes après les autres.
Je les oublie sans scrupule et sans regret. Elle n’ont désormais plus d’importance, puisque j’ai un piano.
Mon fiancé est là devant moi. Il me tient la main. Si cruel...
Je ne la prends pas. Je ne souhaite pas m'arrĂŞter de jouer.

Plutôt m’offrir tout de suite à cette forêt dévorante, dévastatrice. Il m'a quittée. Il m'a perdue.
Mon âme se vide, se déleste.
Mais je sens déjà mourir ce qui me reste, ce qui m’est cher. Il semble que je n’ai pas assez payé. Je ne me souviens plus de cette femme merveilleuse qui m'a enseigné tout ce que je sais.
Ma prof de piano, qui était-ce ? C’est si cruel.
Pourtant, je sais toujours jouer, et je joue mĂŞme merveilleusement bien.
Mais qu’importe...
Je ne dois pas m’arrêter.

Telle est ma quĂŞte. Il ne reste plus beaucoup de monde autour de moi.
La mort se trouve lĂ  et me barre le chemin.
Elle a pris la forme d’un homme dévêtu, tenant un sablier d’une main, sa tête de l’autre. La tête me parle et m’ordonne de mourir.
Je refuse, m'accrochant à ce qui me reste d’énergie. La mort disparaît dans un nuage de poussière. Mais alors qu'un sourire de satisfaction se lit sur mon visage, une voix de femme retentit. C'est Une sentence. Je suis accusée d’avoir commis l’irréparable et d’avoir nui à la forêt. Je suis donc condamnée à errer dans les profondeurs de ce cauchemar glacé.
Qu'Ă  cela ne tienne !

Je mourrai ici !
Mais j'irai jusqu'au bout !

Ma maison est là-bas. Je suis chez moi ! Je suis de retour ! Mais il m’est impossible de franchir le seuil.
J’aperçois alors une famille par la fenêtre du salon.

Les enfants et les parents regardent tranquillement la télévision. Personne ne me voit.
Je frappe à la fenêtre, mais on ne m’entend pas.
Je ne suis plus chez moi. Je n'ai plus de chez moi.

Heureusement qu’il y a l’église. Le curé du village est assis près de moi. Il me dit des choses étranges. Il n’a jamais parlé comme ça. Il me dit qu’il sait mieux que moi ce qui est bon pour moi, et que je dois me soumettre à la volonté de la forêt.
J’envoie paître cet usurpateur sans me laisser baratiner. Je refuse en bloc de me soumettre et de suivre ses instructions.

Il disparaît à jamais.

Mais je m’alourdis à mesure que mon âme se fait aspirer.
J’ignore si j’y arriverai. Désormais, c’est le conservatoire qui part en fumée. Quelle tristesse.
Je me trouve actuellement dans le clocher de mon église, admirant ce spectacle fascinant de désolation.

Soudain, une voix semblant venir des murs me demande de sauter. Les flammes montent et me gagnent peu Ă  peu. Je saute et retombe dans la forĂŞt. Encore. Telle est ma demeure.
Mais ma chute est interrompue par une corde qui vient s’enrouler contre mon cou. Quelqu’un veut-il me sauver ? Alors que je me balance pendue au clocher de l’église, un autre pendu tombe et se balance près de moi. Il rit, plaisante, me fait des blagues, tout en crachant du sang, les yeux exorbités
Je suis terrifiée et ne parviens pas à émettre le moindre son.

Pourtant, mĂŞme morte, une partie de moi continue de jouer.
Je joue toujours ! J’ai complètement oublié le nom de ce compositeur que j'aime tant.
Mais j'en connais chaque note. Est-ce moi ? Est-ce toujours moi ? Ce n’est plus moi qui joue. Mon âme ne m’appartient plus.
Je ne suis plus pour qui était dédié ce morceau.
Mais qu'ai-je fait ? Suis-je endormie ?
Il fait si noir ici. J’ai froid.
Je ne sais plus qui je suis.

Aidez-moi.

FIN


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie créative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

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