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#1 13 Jan 2023 11:49

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

[Les ForĂȘts Limbiques] Comptes-rendus de partie

Le jeu : Les ForĂȘts Limbiques, par Thomas Munier, un jeu de rĂŽle d'errance dans le domaine des rĂȘves, de la mĂ©moire, des morts et des horlas


* : partie enregistrée
** : partie enregistrée, sans récit écrit
(V) : vidéo

Comptes-rendus de partie par l'auteur :

1. Ciao l'artiste (V) **
Un test solo pour une aventure courte mais intense oĂč la mort et l'amour se donnent rendez-vous. Temps de visionnage : 12 mn

2. Aux abords des forĂȘts limbiques
Une fuite en avant qui plonge dans l'inconnu, oĂč deux ĂȘtres dĂ©glinguĂ©s et fĂ©roces s'aventurent dans la plus hallucinĂ©e des forĂȘts. Un RP textuel Ă  quatre mains. (temps de lecture : 23 min)


Comptes-rendus de partie sans l'auteur :

1. PremiĂšre incursion dans les forĂȘts limbiques
Des amitiĂ©s trĂšs fortes qui cachent de grands crimes et de grandes peurs. Telles sont les rĂ©vĂ©lations qui attendent les personnes qui explorent les forĂȘts limbiques. Un rĂ©cit par Milloupe ! (temps de lecture : 10 min)


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double : zanzo, cc-by-nc


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie crĂ©ative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

Hors ligne

#2 28 Aug 2024 08:47

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Les ForĂȘts Limbiques] Comptes-rendus de partie

PREMIÈRE INCURSION DANS LES FORÊTS LIMBIQUES

Des amitiĂ©s trĂšs fortes qui cachent de grands crimes et de grandes peurs. Telles sont les rĂ©vĂ©lations qui attendent les personnes qui explorent les forĂȘts limbiques. Un rĂ©cit par Milloupe !

(temps de lecture : 10 min)

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Kay Nielsen, domaine public

Joué le : 11/06/2022

Le jeu : Les ForĂȘts Limbiques, par Thomas Munier, un jeu de rĂŽle d'errance dans le domaine des rĂȘves, de la mĂ©moire, des morts et des horlas

Univers : la forĂȘt de Millevaux


Création des personnages :

3 joueuses, chacune a créé 2 personnages avec la création de personnages de Millevaux courte.

Billy joue Cascade, Masque d’Or divinatrice voulant Ă©radiquer l’oubli et la souffrance (Loge Bleue : Les Masques d’Or doivent guider les humains).

Cascade est accompagnĂ©e de Fourpierre, son ami imaginaire goupil loquace, terrifiĂ© Ă  l’idĂ©e qu’un jour Cascade l’oublie et qu’il disparaisse. Tout le monde le voit, peu de personnes sentent sa nature rĂ©elle.

Psum joue Martre, horsain dĂ©vorĂ© par l’emprise qui vĂ©gĂ©talise son corps. Sa peau devient Ă©corce, son sang est sĂšve. Il cherche Ă  Ă©chapper Ă  cette malĂ©diction qui le fait souffrir Ă  chaque instant.

Psum joue aussi Saugrenuche, horsaine s’occupant de Martre tout en jouissant secrùtement de sa douleur. Elle se perd dans ce double-jeu qui la divise.

Mil joue Chiquaude, Corax troubadour qui explore la forĂȘt en quĂȘte d’histoires et d’harmonie avec la nature (voie du Cercle Noir : maĂźtrise d’une magie animale innĂ©e). Elle est presque tout le temps sous sa forme corbeau.

Chiquaude est accompagnĂ©e d’ÉternitĂ©, humaine herboriste particuliĂšrement soumise Ă  l’influence de l’ÉgrĂ©gore. Ses peurs se manifestent de maniĂšre rĂ©elle et dĂ©sastreuse. Elle cherche Ă  les affronter pour Ă©chapper Ă  cette malĂ©diction.


Situation initiale :

Cascade a conseillĂ© Ă  ÉternitĂ© et Martre d’aller dans les forĂȘts limbiques pour y accomplir leur souhait/destin. Elle-mĂȘme veut y aller pour en savoir plus sur l’ÉgrĂ©gore et l’origine de l’oubli. Fourpierre, Chiquaude et Saugrenuche accompagnent leurs ami·e·s respectifs.


L'histoire :

Nous demandons autour de nous, dans les enclaves que nous traversons, si quelqu’un sait comment se rendre dans les forĂȘts limbiques.

Des gens dĂ©sespĂ©rĂ©s nous rĂ©pondent qu’ils n’en savent rien mais que des cultistes ont effectuĂ© un rituel qui a invoquĂ© la Mort, puis ont cachĂ© la clĂ© du rituel dans les forĂȘts limbiques. DrapĂ©e de son linceul, campĂ©e sur ses longues jambes squelettiques, cette Mort marche depuis dans la forĂȘt, lentement mais inexorablement, vers leur enclave. Cascade s’engage en traçant une rune de sang Ă  retrouver la clĂ© de ce rituel et Ă  la dĂ©truire. ÉternitĂ© y voit une peur Ă  affronter, Ă  surmonter, elle veut aller droit vers la Mort. Elle s’éclipse de nuit mais les autres se rĂ©veillent et l’arrĂȘtent Ă  temps, alors qu’on peut voir au loin, sur une colline proche, le rougeoiement de l’aura de la Mort.

Dans l’enclave suivante, une prĂ©dicatrice enjoint les personnes prĂ©sentes Ă  lui acheter des priĂšres pour que leurs Ăąmes ne se retrouvent pas piĂ©gĂ©es dans les forĂȘts limbiques. Fourpierre et Chiquaude dĂ©cident de lui voler sa bourse, Ă  la nuit tombĂ©e, pour rendre leur argent Ă  ces pauvres naĂŻfs. Mais iels se font prendre, et subissent une empreinte, qui se manifestera plus tard.

Enfin, nous trouvons Astrale, sorte de horla Ă  apparence humaine coincĂ©e entre les forĂȘts limbiques et notre monde, faisant sans cesse l’aller-retour et s’encombrant souvent de passagers. Elle connaĂźt donc trĂšs bien le chemin, mais son comportement peut ĂȘtre assez Ă©nigmatique. Sa nature horla nous apparaĂźt quand elle nous parle spontanĂ©ment en langue putride, mais cela ne surprend pas grand monde et ne choque personne.

Les empreintes de Chiquaude et Fourpierre se rĂ©vĂšlent au moment oĂč nous allons passer dans les forĂȘts limbiques . Chiquaude : de l’autre cĂŽtĂ©, elle ne pourra plus ĂȘtre sous sa forme corbeau et se percher sur l’épaule d’ÉternitĂ© comme elle en a l’habitude. Fourpierre : il perd le lien mental permanent qu’il avait avec Cascade, le rendant trĂšs anxieux de disparaĂźtre.

Une fois dans les forĂȘts limbiques, Astrale et nous sĂ©parons nos chemins.

Nous dĂ©couvrons une clairiĂšre oĂč sont attroupĂ©s plusieurs Ăąmes de personnes dĂ©cĂ©dĂ©es. La plupart voudraient pouvoir voyager jusqu’à la forĂȘt des Morts, mais un d’entre elles, LibertĂ©, est persuadĂ© d’ĂȘtre encore vivant, et refuse si fort d’accepter son destin que sa conviction se manifeste comme une bulle emprisonnant toutes les personnes dans cette clairiĂšre. Nous dĂ©cidons d’y entrer pour en savoir plus. Martre, dĂ©jĂ  Ă©puisĂ© du voyage, s’assoie lourdement par terre. Nous dĂ©couvrons Questionne, manifestation de la volontĂ© des prisonnier·e·s de s’en aller, qui harcĂšle LibertĂ© de questions pour le forcer Ă  reconnaĂźtre qu’il est mort. Nous finissons par comprendre que la plupart des personnes prĂ©sentes sont celles qui ont effectuĂ© le rituel invoquant la Mort, et que LibertĂ© n’est qu’une victime collatĂ©rale. En cherchant dans la clairiĂšre, nous trouvons la clĂ© du rituel, un crĂąne. ÉternitĂ© le ramasse, voit un instant par les yeux de la Mort Ă  quelle point cette derniĂšre s’est rapprochĂ©e de l’enclave. Elle le tend Ă  LibertĂ©, qui comprend enfin ce qui lui est arrivĂ© et accepte son sort. Le crĂąne se dissout, le rituel est dĂ©truit, la clairiĂšre-prison disparaĂźt avec les Ăąmes qu’elle enfermait.

Nous atteignons alors la forĂȘt des Horlas, ou plutĂŽt son entrĂ©e. Nous nous rendons compte que Fourpierre a disparu, depuis quelques temps dĂ©jĂ  (son Empreinte se manifeste). Il est encore lĂ , en rĂ©alitĂ©, mais nous ne l’entendons ni le voyons plus, la pire de ses peurs est en train de se rĂ©aliser. TerrifiĂ©, Fourpierre essaie de hurler, de s’agripper Ă  Cascade de toutes ses forces, mais celle-ci ne sent rien. C’est Saugrenuche qui finit par sentir l’aura de souffrance qui Ă©mane de Fourpierre et, instinctivement, tend la main vers lui. Elle arrive Ă  le rendre Ă  nouveau visible, et il se jette dans les bras de Cascade.

Alors nous entrons dans la forĂȘts des horlas, traversant une zone oĂč l’air autour de nous est brouillĂ©, comme par un amas de mĂ©duses translucides. Le groupe s’y retrouve sĂ©parĂ© 2 par 2. Fourpierre et Cascade le traversent en premier, tellement rassurĂ©s de se retrouver qu’iels ne prĂȘtent attention Ă  rien d’autre. Chiquaude et ÉternitĂ© revivent le souvenir de leur rencontre, Chiquaude chantant devant une assemblĂ©e improvisĂ©e. Sauf que contrairement Ă  leur passĂ© rĂ©el, cette fois-ci, personne ne vient disperser la foule et demander Ă  Chiquaude de foutre le camp, et ÉternitĂ© ne va pas Ă  sa rencontre pour lui demander oĂč elle a appris ces chansons. Dans cette vision, elles ne se rencontrent pas. Enfin, Martre voit soudain son mal disparaĂźtre. Sa peau redevient peau, son sang redevient sang, il peut Ă  nouveau se tenir droit sans souffrance et sans fatigue. Mais Ă  ses cĂŽtĂ©s, il dĂ©couvre le regard Ă©cƓurĂ©, trahi de Saugrenuche, qui est dĂ©goĂ»tĂ©e de ce rĂ©tablissement soudain. Quelque chose se brise entre elleux.

Nous nous retrouvons toutes les six dans la forĂȘt des Horlas. L’amas Ă©trange de mĂ©duses-rĂȘves que nous venons de traverser est encore lĂ . Martre dĂ©cide de s’y replonger, corps et Ăąme, et se sent complĂštement et dĂ©finitivement guĂ©ri. Mais cela lĂšve aussi le voile sur les fausses bonnes intentions de Saugrenuche, qui a profitĂ© de lui tout ce temps. Il ressort, haineux, des mĂ©duses, et se dirige droit vers Saugrenuche, les poings serrĂ©s. Cette derniĂšre voit sa haine, sent qu’il va devenir violent, et sort un couteau qu’elle utilise pour lui trancher la gorge. Elle se prend le flachebacque de tous les moments passĂ©s ensembles, tous les souvenirs de Martre, qui l’aimait sincĂšrement et avait vraiment confiance en elle. Elle dĂ©couvre sans voile la noirceur de ses actes.

Ce sang versĂ© appelle Ă  nous la forĂȘt des morts, qui nous enveloppe soudainement. Le corps gisant de Martre se dissout dans son humus glacial, et Saugrenuche se lĂšve doucement, portant en elle autant les souvenirs de son ami que les siens. Elle trouve le LĂ©thĂ©, fleuve de l’oubli infini, et s’y jette, avant que quiconque puisse rĂ©agir.

Alors Chiquaude chante la chanson de Martre et Saugrenuche, tandis que la forĂȘt des morts se dissout et que nous nous retrouvons Ă  nouveau dans la forĂȘt des horlas. Un cerf dont les bois sont des bras entrelacĂ©s brame au loin. Chiquaude y voit le symbole de l’union de la nature et de l’humain, et cherche Ă  le rejoindre. Quand il se met Ă  cavaler, ne pouvant se transformer en corbeau, elle prend une forme mi-humaine mi-cerf, une sorte de Wendigo courant Ă  travers les bois. Cascade, Fourpierre et ÉternitĂ© les suivent tant bien que mal.

Le cerf nous amĂšne dans la forĂȘt des rĂȘves. Aux abords d’une ruine, avec un arbre poussant en son centre. Le visage de Martre est gravĂ© dans l’écorce. Nous comprenons que nous sommes dans le dernier rĂȘve de Martre. Alors que certaines d’entre nous essaie en vain de lui parler, Chiquaude, Ă  nouveau humaine, dĂ©couvre entre deux pierres de la ruine un chemin menant ailleurs. Les odeurs et les bruits du monde rĂ©el s’en Ă©chappe. N’y tenant plus, elle s’y jette. Devant les protestations d’ÉternitĂ©, elle lui suggĂšre que la solitude fait partie des peurs qu’elle doit affronter. Alors elle disparaĂźt entre les pierres. Le cerf brame, un corbeau rĂ©pond. ÉternitĂ© est prise d’une peur panique, sa solitude se manifeste directement, sous la forme d’une prison de racine qui l’enserre. Elle entend les autres mais ne peut plus parler, ni les voir. Fourpierre, qui comprend trĂšs personnellement ce qu’elle ressent, appose lentement les mains sur la cage de racine, faisant se dissoudre la vision, et la forĂȘt des rĂȘves en mĂȘme temps.

Dans la forĂȘt des horlas Ă  nouveau, nous croisons enfin des ours limbiques, symboles antiques du pouvoir des Masques d’Or. Ils demandent Ă  Cascade de les accompagner. Fourpierre et ÉternitĂ© suivent.

Cascade est menĂ©e dans la forĂȘt de mĂ©moire, oĂč elle revit un souvenir qu’elle avait entiĂšrement oubliĂ©. Lors d’un rituel chamanique oĂč elle Ă©tait en transe, elle a tuĂ© et dĂ©vorĂ© son meilleur ami. À son rĂ©veil, le refoulement complet de ce souvenir a crĂ©Ă© Fourpierre, qui est venu remplacer son ami mort. Ce dernier le comprend, et est tout aussi pĂ©trifiĂ© que Cascade face Ă  cette rĂ©vĂ©lation. ÉternitĂ© s’approche d’elleux et les fait se prendre la main. Cascade accepte son passĂ© irrĂ©parable, et Fourpierre disparaĂźt.

Alors ÉternitĂ© et Cascade fuient les forĂȘts limbiques, et restent ensemble. ÉternitĂ© a le sentiment d’avoir accompli une partie de sa quĂȘte, s’étant beaucoup endurcie. Cascade en a appris beaucoup, peut-ĂȘtre trop, et devra retourner dans les forĂȘts limbiques une autre fois.

FIN


DĂ©briefing :

(UnanimitĂ©) Ça dĂ©chire, cette formule. Le descendant de la Reine modulaire ça fait vraiment des Ă©tincelles.

(Billy) J’aurais aimĂ© passer plus de temps peut-ĂȘtre sur la mort de Martre et Saugrenuche, on l’a passĂ© un peu vite. Mais on a rĂ©ussi Ă  tout interconnecter et utiliser, c’était super.

(Psum) J’ai l’impression qu’on a eu Ă©normĂ©ment de « chances », les scĂšnes s’enchaĂźnaient trĂšs bien, se rĂ©pondaient malgrĂ© le hasard.

(Mil) * happy narrativiste noises *


Informations supplémentaires :

DurĂ©e de la partie : on a Ă©tĂ© ensemble de 17h Ă  23h. Entre temps, en plus de la partie, on a discutĂ©, Ă©tĂ© chercher des pizzas, mangé  La crĂ©ation de perso a pris moins d’1h, tout compris, donc on est sur bien 3h30 de jeu mis bout Ă  bout. Et jamais aucun·e d’entre nous ne s’est senti·e si peu fatigué·e aprĂšs une partie si longue ! On n’en revenait pas.

Presque toute la progression du module a Ă©tĂ© faite via les tables de Chartopia, Ă  part la prĂ©paration/Ă©pilogue pour lesquelles on a utilisĂ© le pdf. On n’a pas utilisĂ© la Jauge des Emmerdes du tout, parce qu’on proposait nous-mĂȘmes nos consĂ©quences nĂ©gatives. Les personnages voulaient entrer dans les forĂȘts limbiques et en sont sortis normalement donc on n’a pas utilisĂ© « se perdre dans les forĂȘts limbiques », ni le Repoussoir.

Les Muses&Oracles ont été utilisées, notamment les Oui/Mais/Et/Non pour quelques résolutions fines.

La crĂ©ation des personnages s’est faite avec la CrĂ©ation de personnages de Millevaux courte. Les prisonnier·e·s de la clairiĂšre (LibertĂ© et Questionne) ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s avec la crĂ©ation de Figurants Millevaux.

On a aussi tirĂ© un souvenir, et quelques questions d’Oriente avec Astrale.

Musiques Ă©coutĂ©es pendant la partie : Dahlia’s Tears ; Beyond the Ghost.


Commentaires de Thomas :

Un grand merci pour ce retour d'expĂ©rience ! Cela me fait trĂšs plaisir de voir que Les ForĂȘts Limbiques sont jouĂ©es !

A. A priori, les Masques d'Or ne souffrent pas de l'oubli et donc Cascade ne pourrait pas oublier Fourpierre, mais c'est pas grave, on peut bricoler :)

B. « Mais iels se font prendre, et subissent une empreinte, qui se manifestera plus tard. »
J'y vois une influence du jeu L'Empreinte :)

C. « Fourpierre : il perd le lien mental permanent qu’il avait avec Cascade, le rendant trĂšs anxieux de disparaĂźtre. »
Intéressante utilisation du lien mental des goupils :)

D. « Cette derniĂšre voit sa haine, sent qu’il va devenir violent, et sort un couteau qu’elle utilise pour lui trancher la gorge. Elle se prend le flachebacque de tous les moments passĂ©s ensembles, tous les souvenirs de Martre, qui l’aimait sincĂšrement et avait vraiment confiance en elle. Elle dĂ©couvre sans voile la noirceur de ses actes. »
Super utilisation du souvenir obtenu quand on tue.

E. « (Psum) J’ai l’impression qu’on a eu Ă©normĂ©ment de « chances », les scĂšnes s’enchaĂźnaient trĂšs bien, se rĂ©pondaient malgrĂ© le hasard. »
C'est peut-ĂȘtre dĂ» Ă  ma technique de rĂ©daction qui implique l'utilisation rĂ©currente d'un petit nombre de thĂšmes

F. C'est intéressant que tu aies utilisé un systÚme de résolution (Muses & Oracles), ça me prouve que c'est possible ailleurs qu'à ma table, et j'ai le sentiment que l'emploi d'un systÚme de résolution est synonyme de plus de roleplay et de jeu au temps présent.

G. C'est intĂ©ressant qu'Astrale se sĂ©pare des PJ dĂšs l'entrĂ©e des forĂȘts limbiques. De mĂ©moire, c'est en effet possible et vu votre abondance de PNJ, c'Ă©tait sans doute mieux.

H. Si la formule de descended from the queen modulaire vous a plu, vous pouvez éventuellement tester Psilozone (un peu moins modulaire certes). [Note de 2024, et bien sûr les autres scénarios-mondes de Biomasse, en développement].

I. C'est trÚs intéressant que vous soulignez le fait que la partie a été reposante. Ce n'était donc pas trop technique de naviguer entre les différents liens hypertextes proposés par Chartopia ?


RĂ©ponse de Milloupe :

A. J'ai certes oubliĂ© que les Masques d'or Ă©taient mnĂ©siques, mais ce qui nous a inspirĂ© ça c'est que la Mission de vie de Fourpierre Ă©tait Image, c'est-Ă -dire ĂȘtre l'ami imaginaire de quelqu'un. Ça se combinait bien avec le goupil, en plus.
B. À la fois de L'Empreinte, de son utilisation dans Dans le mufle des Vosges, mais aussi du concept de choc en retour plus gĂ©nĂ©ral dans Millevaux
E. Probablement, ça et notre volonté de ne pas « perdre » d'éléments en route. Mais c'est vrai qu'à au moins 2 reprises, on a eu des trÚs bonnes coïncidences, des cartes qui répondaient à la narration qu'on venait de faire
F. Depuis que j'ai les Muses & Oracles, je m'en sers tout le temps. Surtout les Muses pour la crĂ©ativitĂ©, mais les Oracles permettent effectivement de sĂ©parer la construction de l'obstacle et sa rĂ©solution, ce qui permet d'avoir tout le monde occupĂ© Ă  raconter plutĂŽt qu'une personne soit occupĂ©e Ă  gĂ©rer la difficultĂ© (le fameux principe de Czege, selon lequel on peut pas dĂ©crire un obstacle et le rĂ©soudre en mĂȘme temps). Pour moi c'est que du bonus
G. On avait effectivement dĂ©jĂ  pas mal de monde, dont une personne qui s'en mĂ©fiait ouvertement (Chiquaude), et une personne pour qui c'Ă©tait clairement pas le problĂšme principal (Fourpierre qui venait de perdre son lien mental). On a fait 2 questions d'Oriente et on est passĂ© Ă  la suite, un peu comme avec toutes les tables des ForĂȘts Limbiques finalement
H. Le thÚme de Psilozone me rebute un peu hélas, ce n'est pas dans ma ToDo list actuelle ^^ (contrairement à L'Empreinte, par exemple)
I. J’étais respo Chartopia, c'est moi aussi qui ai sorti les autres tables pour tirer des horlas ou des souvenirs sur Nervure, notamment. Personnellement je trouve l'application intuitive donc ça m'a pas fait peur. AprĂšs, on avait le pdf Ă  cĂŽtĂ© pour vĂ©rifier quelques trucs, par exemple parce qu'il y a souvent des phrases d'intro aux modules qui viennent avant les questions, et c'est plus clair avec le pdf


Thomas :

H. Pas de souci, tu es libre comme un oiseau. En thĂ©orie, maintenant que ma formule est rodĂ©e, beaucoup de modules Biomasse verront le jour...  un jour :) [Note du 28/08/2024 : la rĂ©daction est achevĂ©e aux deux tiers !]


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie crĂ©ative. Univers artisanaux.
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#3 Aujourd'hui 08:23

Thomas Munier
un jeu par mois, tranquille
Inscription : 05 Feb 2008

Re : [Les ForĂȘts Limbiques] Comptes-rendus de partie

AUX ABORDS DES FORÊTS LIMBIQUES

Une fuite en avant qui plonge dans l'inconnu, oĂč deux ĂȘtres dĂ©glinguĂ©s et fĂ©roces s'aventurent dans la plus hallucinĂ©e des forĂȘts. Un RP textuel Ă  quatre mains.

(temps de lecture : 23 min)

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Gabriele Negri, cc-by-nc-nd


Le jeu : Les ForĂȘts Limbiques, par Thomas Munier, un jeu de rĂŽle d'errance dans le domaine des rĂȘves, de la mĂ©moire, des morts et des horlas

Joué en textuel du 26/12/2022 au 14/07/2023

Le contexte :

Ce RP textuel a été réalisé dans le forum dédié aux RP textuels Millevaux (encore un grand merci à Milloupe et Psum pour cette création). Il s'étale de décembre 2022 à juillet 2023, ce qui doit vous illustrer le fait qu'on a eu énormément de difficultés à se mettre en route.
J'y vois plusieurs explications. L'Ă©vident manque de disponibilitĂ© de chaque participant.e, y compris moi-mĂȘme, en premier lieu. Je pense que le dispositif est Ă©galement en cause. Les rĂšgles du forum Ă©taient minimalistes, puisque la seule rĂšgle Ă©tait de crĂ©er son personnage par questionnaire (Ă  valider par l'admin) et ensuite de faire des posts de 350 mots minimum (ce qui reprĂ©sente 20 minutes d'Ă©criture pour une personne expĂ©rimentĂ©e qui ne prend pas forcĂ©ment la peine de se relire). Je pense que ces deux rĂšgles ont Ă©tĂ© un gros frein Ă  l'engagement, il eut Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rable de pouvoir RP avec une crĂ©ation de perso minimale et sans limite basse de taille pour les posts. Par ailleurs, je pense que nous avons Ă©galement pĂąti de l'absence de rĂšgles pour cadrer la narration. J'avais proposĂ© Les ForĂȘts Mentales qui est ma rĂ©ponse aux carences naturelles du RP textuel, mais ça n'a pas Ă©tĂ© retenu. Enfin, le fait de devoir se rendre sur un forum Ă©tait un autre frein. Nous aurions, je pense, eu plus de succĂšs avec un discord (ironie du sort, un discord Ă©tait d'ailleurs associĂ© Ă  ce forum pour centraliser les discussions mĂ©ta).
Le jeu Ă©tait divisĂ© en plusieurs zones (Les Enclaves, la ForĂȘt, les Chemins de Compostelle, les ForĂȘts Limbiques) et j'ai dĂ©cidĂ© de commencer mon RP dans les ForĂȘts Limbiques. Je me suis pour cela appuyĂ© sur le jeu Les ForĂȘts Limbiques, enfreignant la contrainte du sans-rĂšgle car j'avais besoin d'appui et de pouvoir relancer mĂȘme quand personne ne me donnait la rĂ©plique.

Il n'y a eu que deux RP sur ce forum : ce dernier et un autre que je diffuserai prochainement. Depuis le forum est inactif. Ceci dit, l'outil demeure et n'attend plus que vous pour renaĂźtre :)

Et merci beaucoup à la personne qui jouait Trouvée pour m'avoir donné la réplique.


Les personnages :

Anthrax, botteur.euse de culs, malade et sexy

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NOM : Anthrax
GENRE : ambigu. Pronoms : iel, ou alternance entre il et elle
ÂGE : 25 ans
ESPÈCE : humain.e
SURNOM : mauvais-cul
ORIENTATION SEXUELLE : pansexuel.le
LIEU(X) D'ATTACHE : Anthrax ne reste jamais trĂšs longtemps au mĂȘme endroit, mais a du faire partie de communautĂ©s par le passĂ©, pacifiques comme agressives, sĂ©dentaires comme nomades.
HANDICAP : Anthrax souffre de la sévencre, une maladie qui parfois lea booste et parfois la met en dessous de tout, physiquement comme psychiquement
MORPHOLOGIE : Anthrax est musclĂ©.e sec. Indiscutablement sexy mĂȘme quand les enracinements de sĂ©vencre pointe sur sa peau
VISAGE : joues creuses, front volontaires, yeux dans l'ombre, lĂšvres noires, quelques piercings (arcade, nez, lĂšvres, oreilles).
STYLE VESTIMENTAIRE : débardeur, baggy, bretelles, rangeos, des poches pour ranger un peu de matos.
SIGNES DISTINCTIFS : une épée-fusil à pompe pour se faire respecter en ces temps difficiles.

ThĂšmes

QUÊTE : trouver un remĂšde Ă  la maladie de la sĂ©vencre, pourtant rĂ©putĂ©e incurable et mortelle.
SYMBOLES : colÚre, désir

Fléaux

Anthrax est surtout frappé.e par l'emprise, via cette maladie de la sévencre qui la transforme parfois en berzerker, parfois en loque agonisante. Elle doit soit trouver un moyen de vivre avec cette fluctuation, soit trouver un remÚde. Les circonstances dans lesquelles Anthrax a attrapé la maladie sont derriÚre le voile de l'oubli.

Anthrax est plutÎt préservé.e de la ruine. Comme iel est particuliÚrement mauvais-cul, iel arrive à survivre au milieu de cette guérilla permanente qu'est devenue l'humanité. Mais si le cÎté négatif de la sévencre devrait prendre trop souvent le dessus, iel deviendrait une victime à son tour.

HISTOIRE

Anthrax se rappelle peu de son histoire mais ça se voit dans ses yeux qu'elle a beaucoup vécu.

Il a dĂ» faire tous un tas de mĂ©tiers, mercenaire, garde du corps, pillarde, bĂ»cheronne, ouvrier, peut-ĂȘtre mĂȘme cheffe de bande.

Elle est actuellement en solitaire mais il a un fort instinct de couple, inconsciemment toujours à la recherche d'une personne à protéger ou d'un.e amant.e à baiser et plus si affinités.

Il sera toujours du cÎté des figures d'innocence mais sera sans pitié pour qui la trahit.

Anthrax a dû connaßtre son lot de traumatismes et de sévices, mais sa résilience est grande et l'oubli fait le reste. De reste, elle s'est toujours vengée au prix fort.

Anthrax fait partie des tueurs, ces personnes qui ne ressentent pas le choc mental* quand elles tuent des humains, des monstres ou des animaux. C'est pour cela qu'on l'envoie souvent botter des culs, mais cela l'a aussi amenĂ©e Ă  ĂȘtre recrutĂ©e de grĂ© ou de force dans des conflits armĂ©s pas toujours reluisants.

Tout ceci fait d'Anthrax quelqu'un de trÚs dur à cuire, mais sa maladie de la sévencre progressant, ses phases berzerk comme ses phrases de souffrance augmentent en intensité, et cela pourrait le rendre de plus en plus vulnérable.


* : le choc mental est un phénomÚne magique propre à Millevaux. Quand on n'est pas un « tueur » et qu'on tue un humain, un monstre ou un animal, on ressent un violent choc physique ou mental qui peut vous altérer ou incapacité à courte ou longue durée.

COPYRIGHT : L'image a été trouvée sur internet et trafiquée. Anthrax est un personnage que j'ai d'abord utilisé pour Apocalypse World (livret Beauté Fatale), puis que j'ai utilisé en personnage principal pour mon projet de livre-aventure Millevaux L'Auvergne de tous les dangers.



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NOM : Trouvée, ou Vée.
GENRE : FĂ©minin, elle.
ÂGE : La quarantaine
ESPÈCE : Humaine
SURNOM : VĂ©e
ORIENTATION SEXUELLE : Bisexuelle.
LIEU(X) D'ATTACHE : Elle a vécu à FougiÚres et y retourne souvent
HANDICAP : Un horla partage sa conscience, elle n'est jamais sûre que ses pensées soient les siennes.
AUTRE : C'est une sorciĂšre, elle manipule une magie nourrie par les souvenirs (les siens ou ceux des personnes Ă  qui elle rend service).
MORPHOLOGIE : Pas trÚs grande, fatiguée, plutÎt chétive.
VISAGE : Des yeux pùles cachés derriÚre des grosses lunettes abßmées, les cheveux mi-longs bruns attachés serré, des rides qui commencent à marquer le temps qui passe.
STYLE VESTIMENTAIRE : Un pantalon cargo avec plein de poches, une vieille veste en faux cuir trop grande, trĂšs souvent une Ă©charpe qui cache la ronce de son Ă©paule.
SIGNES DISTINCTIFS : Les grosses lunettes, une ronce pousse au niveau de sa clavicule gauche.

ThĂšmes

QUÊTE : Trouver un remĂšde Ă  la corruption, qui ne lui coĂ»te pas tous ses souvenirs
SYMBOLES : Magie (alimentée par les souvenirs) et Perte de contrÎle/Corruption

Fléaux

Horlas : Trouvée a frÎlé de trop prÚs le monde des horlas, et en est revenue changée. Elle n'est pas toujours sûre que ses pensées soient réellement à elle.
Emprise : Elle garde une empreinte trĂšs visible de cette rencontre : une ronce pousse entre son Ă©paule gauche et son cou. À sa base, une grande tache noire suit les racines.
ÉgrĂ©gore et Oubli : Sa magie est alimentĂ©e par les souvenirs, elle est donc encore plus frappĂ©e par l'oubli que la moyenne. Il y a quelques mois, elle a dĂ» sacrifier presque toute sa mĂ©moire pour repousser un horla.

Ruine : Elle a Ă©tĂ© relativement protĂ©gĂ©e de la ruine aux alentours de FougiĂšres, oĂč elle a ce qui se rapproche le plus d'une habitation permanente.

HISTOIRE

Je suis TrouvĂ©e. Il paraĂźt qu'on m'a donnĂ© ce nom parce qu'on m'a retrouvĂ©e dans la ForĂȘt aux Lions quand j'Ă©tais petite, mais en vrai personne ne s'en rappelle. Et moi encore moins que les autres.

Dans mon plus lointain souvenir, je suis malade, trempĂ©e de sueur et grelottante sous une couverture. Mon Ă©paule gauche me fait terriblement mal. À mon chevet, Lou, la gardienne de la crypte de FougiĂšres, s'est endormie sur une chaise. On est dans sa cabane, oĂč je loge d'habitude quand je rejoins l'enclave. Je suis Ă©puisĂ©e, et dĂ©chirĂ©e entre un sentiment d'accomplissement et une terreur sombre. Je me dis que tout va bien, qu'on va me laisser tranquille et m'expliquer ce qu'il s'est passĂ©. C'Ă©tait il y a six mois Ă  peine.

Plus tard. Je suis dans la cathĂ©drale de FougiĂšres, face Ă  la Reine, je me relĂšve d'une courbette douloureuse pour mes articulations vieillissantes. Je suis encore un peu malade. La Reine a l'air sereine, quelque chose en moi me dit que c'est exceptionnel. Peut-ĂȘtre juste Ă  cause des cernes qui alourdissent son visage. Elle semble me fĂ©liciter. Elle me dit que j'ai repoussĂ© une grande menace, que ce n'est pas la premiĂšre fois, que FougiĂšres m'est reconnaissante. Elle m'appelle « ma petite ». Ses mots se perdent dans ma mĂ©moire, deviennent une bouillie flou sans intĂ©rĂȘt.

Plus tard, de retour Ă  la cabane de Lou. Je sors un gros livre aux feuilles brunies par le temps et l'humiditĂ©, couvertes de mon Ă©criture en pattes de mouche. Lou l'appelle toujours « le grimoire » pour plaisanter, mais elle sait aussi bien que moi qu'il n'a rien de magique. En feuilletant ses pages, au hasard, deux choses reviennent sans cesse. La ronce de mon Ă©paule gauche, et la perte de mes souvenirs. Aussi loin que je remonte, je les ai mentionnĂ©es encore et encore, avec toujours la mĂȘme question : pourquoi ? Comment sont-elles liĂ©es ? Ont-elles un lien entre elles, et avec ma capacitĂ© Ă  protĂ©ger FougiĂšres ?

COPYRIGHT : Avatar par Ana Esteves



L'histoire :


Anthrax :

C'Ă©tait pendant la grande vague de psychose dont le vent mauvais Ă  soufflĂ© Ă  travers toute la forĂȘt sur des lieues Ă  la ronde. Il faisait pas du tout bon vivre dans les enclaves Ă  ce moment car tout le monde pĂ©tait les plombs.

Je me suis donc taillé de Mortefontaine avec mon épée-fusil sur l'épaule et une vieille pomme à croquer.

Le mois de PĂ©ril annonçait un printemps pas trop dĂ©gueu s'il y avait pas eu cet air rempli de trouble mental. Pour le moment, je tenais bon, mais si jamais je descendais en pic bas de sĂ©vencre, je savais que j'allais pas tarder non plus Ă  dĂ©guster et Ă  cauchemarder Ă©veillĂ©e. J'ai donc cherchĂ© un refuge oĂč je pourrais me mettre en PLS sans blesser personne ni moi-mĂȘme et y'avait ces bureaux dĂ©saffectĂ©s bouffĂ©s par le cancer du bĂ©ton et le lierre anarchique.

J'ai un peu zyeuté s'il y avait quelque chose à récupérer dans ces open space remplis de chardons mais comme c'était déjà la nuit brune j'y ai vite rien vu et je ne voulais pas allumer de feu pour me faire repérer par un maraudeur random.

Je sais qu'il y a les expiatistes qui arpentent le bois. Des cinglés qui pense que l'humanité doit se suicider pour son salut éternel, et bien entendu comme personne ne veut les suivre dans leur délire, ils trucident tout le monde pour précipiter l'heure du ravissement. Non pas que leur défoncer la gueule me déplaise, mais ce soir je voulais pioncer et gérer tant bien que mal ma probable crise de psychose, alors j'avais pas envie qu'ils me tombent sur le paletot.

Orpaille s'est serrĂ© contre moi pour trouver un chaleur. Peut-ĂȘtre aurait-elle voulu davantage mais ce soir-lĂ  je voulais pas prendre de risque de dĂ©visser en plein acte, alors ça a Ă©tĂ© juste un cĂąlin et ensuite elle s'est endormie. Ma belle et naĂŻve chercheuse d'or.

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030_Rita Willaert & piphotos, cc-by-nc



Trouvée :

Je descends une par une les monstrueuses marches en pierre de l'amphithéùtre, m'aidant des branches des arbres qui ont éclaté les dalles pour pousser à travers. Un regard en arriÚre pour vérifier que personne ne m'a suivie, puis je descends la derniÚre marche en soufflant bruyamment. Mes poumons me brûlent, mais la boule d'angoisse qui m'étrangle accapare plus encore mon attention.

Pourquoi est-ce que j'ai promis d'aider ? L'Ă©tat de la Reine n'a jamais Ă©tĂ© aussi catastrophique, son esprit semble s'ĂȘtre complĂštement perdu, on a dĂ» l'enfermer. Qu'est-ce que ça a Ă  voir avec moi ? Qu'est-ce que je fous lĂ  ?

Mais alors que je peste, réticente, mes pieds m'ont déjà menée jusqu'à derriÚre l'estrade de pierre au centre de l'amphithéùtre. Je ferme les yeux un instant, refoulant loin les images cauchemardesques -

Une forĂȘt Ă©touffante de poteaux Ă©lectriques qui tissent un rĂ©seau sans fin de cĂąbles, oĂč des coucous mĂ©caniques piaillent Ă  chaque croisement, intimant leurs parents forcĂ©s de les nourrir des Ăąmes des horloges dĂ©funtes. La puanteur de plumes mouillĂ©es et de bois en putrĂ©faction, la noirceur d'une nuit malveillante oĂč mĂȘme les Ă©toiles sont obscurcies par la nasse cĂąbleuse - Je reviens Ă  moi.

Pourquoi est-ce que je me rappelle de ça mais pas des choses plus importantes ? Et pourquoi je dĂ©cide malgrĂ© tout de retourner lĂ  oĂč cette vision (ou bien pire) risque de devenir rĂ©alitĂ© ? Et si je ne revenais pas ?

Je prends une grande inspiration, face aux marches montant depuis l'arriĂšre-scĂšne sur l'estrade, et j'ouvre mon esprit. Triturant un vieux briquet vide au fond de ma poche pour tromper la panique, j'avance.

Le silence de la traversée me fait perdre l'équilibre. Je me penche sur le cÎté et vomis une douloureuse gorgée de bile dans le néant entre les mondes. Quand je me relÚve, les larmes aux yeux, je suis de l'autre cÎté.


Anthrax :

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Mass V, par Amenra, post-hardcore incantatoire scandé en l'honneur du Dieu-Corbeau.

Je pourrais aller dans les forĂȘts limbiques pour me rĂ©fugier des Expiatistes. Je sais que je pourrais y retrouver, Mahr, ce vieux grours est un ancien compagnon d'armes qui se planque d'autres menaces. Mais je sais aussi qu'il y a d'autres saloperies dans les forĂȘts limbiques, donc on va Ă©viter.

La nuit s'étire comme une graisse visqueuse. Je tremble de froid et pourtant je transpire à grosses gouttes. J'étreins mon épée-fusil compulsivement. Orpaille me regarde avec inquiétude. Elle sait que je suis en descente de sévencre. Je regarde mes mains. Elles sont parcourues de veines noires. Je devine qu'il doit aussi y en avoir sur mon front et mes tempes, et que mes yeux sont atteints de cette conjonctivite noire que je déteste.

Je les vois sortir de terre.

Les morts. Toutes les personnes que j'ai tuées.

La plupart du temps c'étaient des bùtards qui n'ont eu que ce qu'ils méritaient.

Orpaille n'a pas l'air de les voir et ce n'est pas eux qui lui font peur, mais moi.

Pourtant, elle m'Ă©treint du mieux qu'elle peut, elle me console.

Je dĂ©teste ces moments oĂč je suis Ă  la fois vulnĂ©rable et oĂč je reprĂ©sente un danger pour les personnes que j'aime.

« Prends l'épée-fusil, Orpaille. Je voudrais pas te prendre pour un zombie »

Elle doit me ligoter à un arbre le temps que ma crise de démence passe.

Cette nuit, c'est elle qui va devoir monter la garde et faire nuit blanche.

Demain matin, elle aura oublié un souvenir important, à cause de la fatigue, à cause de moi.

Il faudrait aller Ă  FougiĂšres. Y quĂ©rir TrouvĂ©e, la sorciĂšre. Elle pourrait me guĂ©rir. La psychose est passagĂšre du moment qu'on s'Ă©loigne de Mortefontaine, mais la sĂ©vencre demeure. Elle est dans mes veines depuis aussi longtemps que je me souvienne, me faisant passer entre des phases de faiblesse et de force extrĂȘme qui me sont toutes les deux insupportables juste parce que ce n'est pas moi.

Je demande Ă  Orpaille de tirer sur les zombies, selon mes instructions.

« Il n'y a rien... Rien que des feux-follets, me répond-t-elle.
- Alors, tire sur les feux-follets ! »

Elle proteste encore, mais j'insiste tellement, je hurle Ă  m'en faire Ă©clater les veines sur mon visage, qu'elle obtempĂšre, et gaspille ce qu'il nous reste de munitions Ă  tirer sur des feux-follets.

Au petit matin, une personne se présente à notre bivouac.

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019_Sophus Tromholt, cc-by-sa & Pulpolux !!!, cc-by-nc


« J'ai entendu les coups de feu. Dites-vous bien d'ailleurs que tout le monde à des lieues à la ronde les a entendus.
- Nous chassions les feux follets, je réponds, exsangue. »

Orpaille s'est écroulé de sommeil sur un des bureaux vermoulus et criblés de chardons.

« Tout est lié, dit la femme, et voici mon histoire. Je m'appelle Coralixte et je suis un peu oiseau.
- Tout est lié, je réponds, je suis Anthrax et mon histoire c'est que je viens de mettre tout le monde dans la merde. Comme vous le dites, les expiatistes ont sûrement entendu les coups de feu, et je mettrais ma main à couper qu'ils sont en train de rappliquer fissa. »

« Voici de quoi vous aider à les fuir. »
Elle me tend une angeline, c'est-Ă -dire un vĂȘtement de laine pour enfant mort-nĂ©.

Repartez tant qu'il fait encore un peu nuit. DĂšs que vous voyez les feux-follets, Ă©treignez l'angeline en pensant Ă  eux.

« Mais, et vous ? »
- Ne vous inquiétez pas, fait-elle avec un sourire hiératique. J'ai des ailes »

Je ne pose pas trop de question.

Je lui dis au revoir, je prends Orpaille sur mon épaule. Elle est légÚre du souvenir qu'elle a perdu à cause de sa veille. Je prends mon épée fusil de l'autre main, et on part dans la bouillasse du marais.

Quand je vois les feux-follets Ă©merger de la fange comme des grosses bulles de gaz, j'Ă©treins l'angeline.

C'est ainsi que nous passons dans cette partie des forĂȘts limbiques qu'on appelle la forĂȘt des morts.


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Anro, par Sachiko, de la musique tribale ritualiste pour un trip chamanique qui commence mal et qui finit complĂštement de travers.

Nous progressons dans une forĂȘt cataclysmique garnie de piliers effondrĂ©s et amollis par la moisissure.

Un air de soufre plane et nous Ă©touffe.

Je vais un peu mieux et j'ai repris l'épée-fusil. Les goules qui hantent ces lieux maudits n'ont qu'à bien se tenir.

Je sais que nous sommes dans l'antique forĂȘt des morts.

Un parfum de cÚdre brûlé et d'encens rance nous agresse.

C'est alors qu'elle surgit comme de nulle part, montée d'un puits, descendue d'un arbre, sortie d'un buisson, je ne le sais.

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zoriah, cc-by-nc

Je la reconnais. Sylpheline. Elle est encore belle malgré les ravages qu'elle a subis.

Mais je sais qu'elle est morte.

Et tatoué sur son front, elle porte la marque de son péché : l'ingratitude.


Trouvée :

Je regarde lentement autour de moi et n'aperçois d'abord que de la nuit. L'odeur de ma peur, de mes larmes et de ma gerbe font mine de me faire tourner la tĂȘte, alors que c'est mon seul repĂšre, la seule preuve que je suis en vie et pas perdue dans les limbes.

Je veux avancer d'un pas dans l'obscurité totale mais je bute contre de l'écorce. Je tùte autour de moi avec mes mains tremblantes, et suis obligée de me rendre à l'évidence : je suis enfermée dans un arbre, cercueil d'écorce hermétique large comme un gros tonneau et plus grand que ce que je peux atteindre en levant les bras. Ma respiration s'accélÚre, mes jambes tremblent, je me vois mourir de faim et de soif, lentement, dans cette prison. Le monde tourne, je m'appuie sur le mur d'écorce pour ne pas tomber.

Puis une vague de confiance étrangÚre m'envahit d'un coup et me dévore de l'intérieur. Je sens ma paume chauffer, brûler, s'enflammer. Je m'évanouis dans l'odeur de chair brûlée.

Quand je reviens Ă  moi, je suis faible, allongĂ©e Ă  terre, trempĂ©e de sueur, le bout de mes vĂȘtements roussis par le feu. Je regarde lentement autour de moi. L'air est encore vibrant de chaleur, je suis allongĂ©e sur de la roche noire de suie, dans une espĂšce de grotte, et des cadavres calcinĂ©s d'arbres m'entourent. Mes paumes sont brĂ»lĂ©es, je ne sens plus rien. Je me remets lentement debout en m'appuyant sur les coudes pour ne pas me servir de mes mains, encore tremblante de la perte de connaissance et d'un souvenir (lequel ? comment savoir ?)

L'odeur de suie et la chaleur m'Ă©touffent, alors je me dirige lentement vers l'ouverture de la grotte. De l'autre cĂŽtĂ©, je vois la mort. Je vois les goules. Des souvenirs qui ne sont pas les miens viennent inonder ma conscience, des souvenirs de lutte de souffrance de massacre et de meurtres. Des souvenirs de spectres hantant les lieux, de cadavres s'entredĂ©chirant pour l'Ă©ternitĂ©, coincĂ©s dans cette forĂȘt maudite. Je n'y tiens plus. Je hurle de terreur. Des bruissements inhumains dans les alentours rĂ©pondent Ă  mon cri. On m'a entendue. Dans un dernier sursaut de raison, je cours de toutes mes forces sans but, entre les arbres Ă  demi calcinĂ©s et la moisissure rampante.


Anthrax :

« Sylphelyne, que fais-tu là ?
- Et toi, que fais-tu lĂ  ? Je me doutais bien que tu avais une place en enfer, mais pas que ton heure Ă©tait venue. Et qui est... cette fille ?
- Ah, Ah. Je ne me rappelle pas de tout concernant notre relation, Sylpheline, mais quand mĂȘme je te reconnais bien lĂ . C'est Orpaille, et c'est une de mes amoureuses. Je n'ai jamais Ă©tĂ© dans l'exclusivitĂ©, tu devrais t'en rappeler.
- Si tu es venue pour te moquer...
- Non. Non. Je suis juste de passage. Mais tu n'as pas l'air d'aller bien.
- Non, non. Il s'est passĂ©... beaucoup de choses. Et les morts d'ici ne m'acceptent pas comme une des leurs. Ils me persĂ©cutent. Seulement, je n'ai nulle part ailleurs oĂč aller.
- Il faut qu'on bivouaque. On est crevés. Mais on reparlera de tout ça, promis. »

Cette nuit, alors que la lune brĂ»le d'un feu ardent dans le ciel embranchĂ© de la forĂȘt des morts, je dĂ©laisse Orpaille pour une fois et je vais rejoindre Sylpheline. Je sais qu'elle a besoin de rĂ©confort. Et moi, j'ai toujours la force de donner. MĂȘme si Sylpheline n'avait pas Ă©tĂ© reconnaissante Ă  une Ă©poque. Une Ă©poque rĂ©volue.

AprĂšs ce moment d'intimitĂ©, la nuit n'est pas tranquille. Il y a beaucoup de morts en vadrouille, et certains sont dangereux. Je n'ai plus de munitions, mais je pense que les dĂ©tonations en auraient attirĂ© d'autres. On n'a cependant pas non plus besoin d'en arriver au corps-Ă -corps. Je crois que les goules nous jaugent, et que cette trĂȘve sera de courte durĂ©e.

Au matin, je réalise que je me suis écroulée de sommeil, quand un profond hurlement m'en tire.

Nous découvrons une (femme ?) (créature ?) aux paumes brûlées et fumantes. Elle court vers nous.

J'ai un instant le réflexe de poser le doigt sur la gùchette de mon fusil. Flûte, c'est vrai.

Je réassure la paume sur la garde de mon épée. Il reste toujours le corps-à-corps si ça tourne mal. Donnons-lui juste une *petit chance*.


Trouvée :

Mes poumons sont prĂȘts Ă  exploser, ma vue est brouillĂ©e par la peur et l'Ă©puisement, j'en oublie presque la douleur dans mes mains brĂ»lĂ©es. Je sais que c'est dans cet Ă©tat qu'il m'arrive des choses Ă©tranges, que je commence Ă  voir les rĂ©alitĂ©s cachĂ©es derriĂšre le monde. Ici je vois la forĂȘt, presque rĂ©elle mĂȘme si je sais bien qu'elle ne l'est pas vraiment, mais j'aperçois les silhouettes de spectres furetant entre les arbres, clignotant parfois de branche en branche, s'Ă©loignant Ă  peine Ă  mon approche.

Puis mes jambes s'arrĂȘtent. ÉpuisĂ©e, j'arrive tout juste Ă  rester debout alors que ma tĂȘte tourne et que ma gorge brĂ»lante peine Ă  aspirer l'air assez vite. J'attends que les fourmillements dans mon champ de vision disparaissent, mais les spectres demeurent, discrets, rapides.

Quand je regarde autour de moi, je rĂ©alise que je suis observĂ©e. Trois silhouettes, un peu plus loin, entourĂ©es de spectres curieux. L'une d'entre elles me paraĂźt un peu spectrale Ă©galement, mais les deux autres sont bien rĂ©elles, au moins autant que moi. J'ai toujours la tĂȘte qui tourne, et ma vision se trouble encore un peu plus, les spectres brillent plus fort et je vois une silhouette enfler, prendre des proportions immenses. Alors qu'elle prend en main ce qui est clairement une arme, je comprends que ce qui dĂ©borde autant, ce qui la fait paraĂźtre si grande et terrifiante, c'est sa colĂšre.

Tétanisée, je fais l'effort colossal de lentement lever mes mains cramées pour signifier mes intentions pacifistes. Et malgré tout, la curiosité me gagne.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? »


Anthrax :

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Tristan Perish : Surface Plane, par Vicky Show : du piano minimaliste et funambule, comme une araignée sur la rosée.

« On a voulu Ă©chapper aux Expiatistes, rĂ©pondis-je. Mais je crois qu'on a atterri dans l'enfer oĂč ils voulaient nous amener. »

J'essaie de jauger l'inconnue du mieux que je peux. Elle n'a pas l'air agressive, mais pourrait bien avoir des pouvoirs dévastateurs.

Je remets mon épée-fusil au cÎté pour le moment.

« Vous connaissez une façon de sortir de la forĂȘt des morts ? »

Sylpheline se permet de répondre à la place de Trouvée :

« Je peux vous conduire Ă  la forĂȘt des horlas. C'est le seul passage que je connaisse si vous ne voulez pas retomber sur vos pourchassants.
- Et toi, tu vas rester lĂ  ?
- Tu doutes que je n'ai pas le choix...
- Tu aurais voulu repartir avec nous ?
- J'aurais voulu repartir avec toi.
- Tu sais, tu as eu ta chance. Je t'ai donné autant que je pouvais te donner. Mais on aurait dit à l'époque que ça ne comptait pas tant que ça. Quant il a fallu que tu choisisses un otage de ta communauté à livrer aux assiégeurs, c'est moi que tu as désignée. »

Le visage de Sylpheline s'agrandit d'un coup, frappé sur le coup de la révélation.

« Alors c'est ça... Mon péché...
- Oui, tu ne peux pas le voir car il n'y a pas de miroir dans la forĂȘt des morts. Mais c'est bien le mot « ingratitude » qui est marquĂ© sur ton front.
- Pardonne-moi, pardonne-moi... Je t'aimais tant et je n'avais pas l'impression que tu m'aimais.
- Je te l'ai déjà dit, je n'ai jamais été exclusif. Te posséder pour moi seule et ne me livrer à personne, cela n'aurait pas été de l'amour. »

Des larmes coulent sur les joues de la morte, dans les rainures de ses balafres.

« Et si...
Et si on tentait le coup quand mĂȘme ?

Allons-y, tentons de forcer le barrage qui empĂȘche les morts de quitter les Enfers. Sois mon OrphĂ©e, je serai ton Eurydice.
- Si tu acceptes que je ne sois jamais l'Orphée d'une seule personne. »

Orpaille me prend la main.

Sylpheline comprend et me sourit douloureusement. Puis elle me prend la main, et dĂ©signe les sentes tortueuses qui remontent jusqu'Ă  la forĂȘt des horlas, au-delĂ  du domaine des morts. Signe qu'elle accepte mon marchĂ©.

Orpaille sourit Ă  son tour. Ma lumiĂšre.

Je m'adresse à Trouvée :

« Et vous ? Avez-vous envie de moisir ici oĂč voulez-vous tenter l'aventure avec nous dans la forĂȘt des horlas ? »


Trouvée :


Je fais des efforts colossaux pour voir au-delĂ  de la silhouette d'ange de colĂšre qui englobe mon interlocutrice, tant que je peux encore. Son offre est intĂ©ressante, et quelque chose en moi me souffle que c'est peut-ĂȘtre lĂ -bas que j'aurais enfin des rĂ©ponses aux questions qui me taraudent. Je sens ma ronce me picoter la peau, mais refuse ce mauvais pressentiment.

Je hoche la tĂȘte, et emboĂźte le pas aux autres.

Je perds toute notion du temps qu'on passe à suivre les chemins sinuant entre les arbres. Seule la disparition progressive des spectres qui nous entourent me montre qu'on avance effectivement, qu'on ne tourne pas juste en rond. Cela fait longtemps que la douleur dans mes genoux est devenue constante quand on aperçoit la premiÚre tour en ruine.

Elle est couverte d'inscriptions indéchiffrables, marquées à la cendre sur la moindre pierre tenant encore debout. Les arbres et les ronces se tiennent étrangement à distance respectueuse, laissant visibles les amoncellements de pierres et de mortier jonchant le sol autour de la construction. L'air est vibrant d'un silence solennel, teinté d'une magie oubliée dans les profondeurs du temps. De grandes choses ont eu lieu ici, j'en ai la certitude, bien avant la premiÚre rencontre entre un humain et un horla.

Soudain, sans pour autant comprendre les glyphes de cendre, j'ai la certitude que ce sont des souvenirs qui sont inscrits, les souvenirs de vie qui ont Ă©tĂ© dĂ©truites en mĂȘme temps que cette tour. Je m'approche lentement, enjambe les gravats pour arriver tout au pied du mur lĂ©gĂšrement incurvĂ©. Je lĂšve ma main Ă  la paume brĂ»lĂ©e et la plaque contre les pierres froides et rĂȘches.


Anthrax :

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The Sachem’s Tale par Dzö-nga, du folk black metal inspirĂ© du folklore amerindien (tribu des algonquins) alternant chant fĂ©minin Ă©thĂ©rĂ© et hurlĂ© : la fragilitĂ© et la sauvagerie de la nature en plein conflit.

Les doigts de TrouvĂ©e s'enfoncent dans les anfractuositĂ©s des pierres de la tour. Elles parcourent les voussures tordues qui courent de brique en brique, dessinant de vastes motifs comme les griffures d'une bĂȘte colossale commises Ă  l'aube de sa naissance.

La langue putride.

La langue primordiale.

La langue qu'instinctivement savent parler et déchiffrer tout animal, tout horla, tout sorcier.

Et Trouvée, instinctivement aussi, reçoit l'histoire contée par la fresque.

Non pas comme lue. Mais comme violemment téléchargée dans son esprit et sans son consentement.

L'aube des temps.

Shub-Niggurath, la bĂȘte noire aux mille chevreaux.

Ses cris, ses vagissements inscrits dans les plaies de la pierre comme autant de marques primales.

Comme si l'incommensurable passé de son apparition était plus réel que notre présent.

Comme si la préhistoire originelle était plus concrÚte que cet instant.

Comme si les forĂȘts limbiques avaient plus de rĂ©alitĂ© que notre Terre matĂ©rielle.

Nous mettons du temps à nous remettre des révélations hurlées par Trouvée, et nous mettons du temps à la réconforter un peu.

Nous devons avancer, mĂȘme si ces forĂȘts ne sont peut-ĂȘtre pas moins hostile que la forĂȘt des morts.

Comme si ces tours n'Ă©taient que des guets, un avertissement.

Il nous faut pourtant passer au-delĂ .

Et c'est ainsi que nous nous enfonçons dans ce qui est le dĂ©but de la forĂȘt des horlas. À travers une friche d'Ă©ternitĂ©.

Et c'est alors qu'ils retentissent au-delĂ  de notre champ de vision.

Les hurlements de nourrissons.


Trouvée :


(Musique : A Solitary Reign - Amenra)

Merde, comme si j'avais besoin de tout ce bruit de mĂ©moire dans ma caboche percĂ©e. J'ai la gorge en feu, les mains engourdies, la tĂȘte prĂȘte Ă  exploser, et le monde tangue, tourne sans faire mine de s'arrĂȘter.

Malgré tout. C'est donc de là que tout vient. Notre monde, notre peine, notre peur, notre haine. Je n'arrive pas à décider si le fait de connaßtre l'origine de ce monde me rassure, rationnellement, ou me donne le vertige.

Et puis je reprends doucement mon souffle, et regarde autour de moi, entre les branches qui dansent la farandole du haut des troncs millénaires. Je vois aussi mes camarades d'infortune, sonnées par mes cris, qui s'approchent doucement pour m'éloigner de la tour, me guider sur le chemin.

Ensemble, nous avançons. Nos pas irréguliers et fatigués martÚlent le sol boueux pendant que mon cerveau dilue, filtre, fait macérer toutes les informations encombrantes et corrompues qu'on vient de m'injecter.

Quand mes oreilles sifflantes captent un son. Un bruit humain, dans ce monde irréel. Un bébé, ici ?

On s'approche, lentement. Je reste en retrait.

Au milieu du chemin, un couffin de roseau, d'oĂč Ă©merge un concert de hurlements. DĂ©sagrĂ©ables, tentant de percer mes tympans endoloris, mais humains. Un bruissement me fait lever les yeux.

Des dizaines et des dizaines de corbeaux sont perchĂ©s sur les branches alentours, faisant pencher la forĂȘt vers la sente que nous suivons.

Et un unique corbeau, au pelage luisant et englué, perché sur le bord du couffin. Observant notre approche avec son regard intelligent, comme nous défiant d'avancer.


Anthrax :

« C'est juste un enfant Corax. Ils sont comme nous. Ils sont libres »

Nous continuons notre pérégrination à travers les landes désolées qui composent le domaine des horlas.

Je suis en descente de sévencre. C'est la misÚre totale. Maintenant, c'est moi qui suis à la traßne et qu'il faut tirer histoire qu'on trouve un refuge décent avant la glauque clarté qui fait ici office de nuit.

Et nous arrivons devant un arbre mort. Une personne est enfermée dans le tronc.

Elle arrive juste Ă  passer la main. Longue, maigre, sale, les ongles noirs.

« Par pitié, libérez-moi de cette prison... »

D'instinct, je braque le prisonnier avec mon épée-fusil (bon, OK, j'ai plus de munitions, donc c'est que de la gueule).

«  'Faut se mĂ©fier, que je crache entre mes dents. C'Ă©tait peut-ĂȘtre un horla, ou mĂȘme le diable. »

« Si vous me libérez... Je vous dirai quelque chose que vous devez absolument savoir. »

Je regarde les autres. Je suis trop stunned pour prendre une dĂ©cision par moi-mĂȘme. Mais si quelqu'un me dit de dĂ©couper l'arbre Ă  l'Ă©pĂ©e pour le sortir de lĂ , je le ferai.


Trouvée :

Le chemin est long, pour tout le monde. Sylpheline est la seule a avoir l'air de vaguement savoir oĂč elle se trouve, oĂč elle nous emmĂšne. Je serre les dents. Depuis quand est-ce que je me fie aussi facilement aux inconnues ?

Mais tout est diffĂ©rent ici, dans cet autre monde oĂč ne se dĂ©placent que des fantĂŽmes et des gens en passe de le devenir. Et tout est diffĂ©rent, maintenant, depuis que j'ai perdu toute ma mĂ©moire, que j'ai dĂ» accepter que tant de gens me connaissaient alors que pour moi elles n'Ă©taient que des inconnues.

Le chemin est long, surtout pour la femme au fusil, celle qui gueule plus fort que les autres, mais qui lĂ , maintenant, traĂźne les pieds en ayant l'air complĂštement perdue. J'ai un pincement au cƓur en me rappelant mon dernier passage dans ces forĂȘts irrĂ©elles, et l'Ă©tat dans lequel j'avais fini. J'aurais aimĂ© avoir quelqu'un Ă  mes cĂŽtĂ©s, Ă  ces moments, alors j'aide Orpaille Ă  guider son amie, la pousser vers l'avant.

La nuit commence à tomber, je vois des formes sombres danser au bord de ma vision et mon corps est épuisé d'avoir tout ce temps tiré ma carcasse et une partie du poids de celle d'Anthrax, quand soudain un gémissement plaintif nous ramÚne d'un coup au présent.

Avant que j'aie le temps de rĂ©agir, Anthrax est dĂ©jĂ  en posture de combat, prĂȘte Ă  tirer sur cette pauvre forme Ă  peine humaine bouffĂ©e par un arbre.

« Faut se mĂ©fier » qu'elle dit. Et je suis plutĂŽt d'accord, mais je vois ses deux compagnes essayer de la calmer, l'empĂȘcher de commettre l'irrĂ©parable.

Voyant une impasse arriver, je me rapproche lentement du tronc, faisant signe Ă  la femme au fusil de ne pas me tirer dessus, que je gĂšre.

Comme si je gérai quoique ce soit dans cet enfer étranger. Disons que j'ai besoin d'en savoir plus. Alors je regarde dans le trou du tronc, j'essaie de voir qui ou quoi s'y cache.

Le regard qui me rĂ©pond n'est pas humain. Quand mes yeux croisent les orbites noires et luisantes qui observent depuis le fond du tronc, je sens un frisson me traverser de part en part. Et aussitĂŽt, je n'ai qu'une envie, dĂ©truire cette abomination qui voulait nous tromper, brĂ»ler sa cachette et son Ăąme en mĂȘme temps.

Je sens cette force étrange monter en moi, mais mes paumes brûlées m'arrachent un hurlement de douleur quand la magie fait mine de sortir de moi. Alors je m'éloigne à toute vitesse du tronc.

« Merde merde merde »

J'arrive à nouveau au niveau d'Anthrax, son regard dur toujours braqué sur le tronc, une goutte de sueur perle à son front. La peur ne m'a pas quittée, je veux toujours à tout prix détruire le monstre. Je prends une grande inspiration en frottant mes mains l'une contre l'autre. Puis j'essaie d'avoir une voix calme qui ne laisse pas transparaßtre ma terreur.

« Bute-le. Il ne nous apportera rien. »


Anthrax :

Je suis Ă  bout de force.

Mais j'ai comme une intuition. Que l'inconnue peut nous aider, d'une façon ou d'une autre. J'ai comme une sensation de déjà-vu la concernant et je vais devoir creuser ça.

Je me penche vers le tronc. Je vois les yeux noirs qui me fixent. Ils ne sont ni inquiétants ni implorants. Juste incapables de rendre une expression. D'une certain façon, cela m'arrange.

Je plante l'Ă©pĂ©e fusil dans le creux du tronc. Je plante Ă  maintes reprises pour ĂȘtre sĂ»r d'avoir bien fait le boulot.

Quand je ressors enfin mon ùme, elle est noire d'hémolymphe, d'un sang qui n'est pas humain. Mais est-il pour autant sang de monstre ? Je n'approfondirai pas la réponse.

J'ai juste besoin de me reposer. J'ai besoin de soin et d'attention.

Sylpheline et Orpaille me portent sur les Ă©paules.

Nous repartons.

Le chemin est encore long.

Car il n'a pas de fin.

[FIN DU ROLEPLAY D'ANTHRAX]



Anthrax :

[TWIST POST-FIN]

Il y a cette chose que les autres n'ont pas besoin de savoir.

Quand j'ai tué la personne dans l'arbre, je n'ai pas ressenti de choc mental. Non. Je suis un tueur aprÚs tout. C'est dans ma nature de ne pas le ressenti, quel que soit le niveau de compassion pour ma cible.

Par contre, je ne peux pas Ă©chapper Ă  la deuxiĂšme chose qui se produit quand on tue quelqu'un.

Le souvenir.

J'ai eu cet écho de la mémoire de la prisonniÚre du tronc.

Et oui, si c'est bien un horla, ce n'était pas une mauvaise personne. Elle a juste été emprisonnée par un fanatique ennemi des horlas.

La victime, c'Ă©tait elle.

Et je l'ai tuée parce qu'elle n'avait pas un aspect humaine, parce que nous ne méfions d'elle et que nous voulions pas prendre de risques.

Mais ça, les autres n'ont pas besoin de le savoir.

Faire le sale boulot, c'est aussi mon rĂŽle. Mon rĂŽle de protecteur. Mon rĂŽle d'amante. Mon rĂŽle d'adelphe.

[VRAI FIN DU ROLEPLAY D'ANTHRAX]


Auteur de Millevaux.
Outsider. Énergie crĂ©ative. Univers artisanaux.
Ma page Tipee.

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