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Deux errances qui se cherchent à travers la forêt immense de Millevaux. Un jeu de rôle en duo par SMS ou réseaux sociaux !
Comptes-rendus par l'auteur :
1. Le fardeau
La notion de famille prend un sacré coup dans l'aile pour ce premier test de Mycorhizes aux thèmes plutôt lourds, joué ici par SMS ! Avec en prime, une belle louche d'oubli et de vertige logique.
2. Avoir un bon copain
Une partie jouée par Messenger sur un mois, marquant le rapprochement entre un misanthrope désabusé et un clochard pratiquant l'hédonisme de l'errance.
Comptes-rendus sans l'auteur :
1. Jacques et Anatole
Une aventure textuelle autour d’un fils et d’un père à la recherche d’eux-mêmes dans un Millevaux qui se boucle, pour une expérience des plus poétiques ! Une copie de l’échange par Claude Féry.
2. Les trois mains de la porte
Une partie textuelle à trois personnes pour une convergence de mort et de spiritualité. Un rapport par Damien Lagauzère. (temps de lecture : 20 min)
crédits image : Ali Eminov, Oregon Caves, cc-by-nc, Claire Munier, par courtoisie, mpujals, Thomas Munier, domaine public
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LE FARDEAU
La notion de famille prend un sacré coup dans l'aile pour ce premier test de Mycorhizes aux thèmes plutôt lourds, joué ici par SMS ! Avec en prime, une belle louche d'oubli et de vertige logique.
Le jeu : Mycorhizes, jeu de rôle textuel (SMS ou réseaux sociaux) à deux dans l'univers de Millevaux
Joué par SMS du 06/06/19 au 28/06/19
Personnages : Gaelle, Crochecorce
Note : Je reproduis ici notre échange. J'ai simplement rajouté de la ponctuation, converti le langage en SMS en "bon français" et corrigé quelques coquilles. J'ai également supprimé quelques messages HRP.
Avertissement : contenu sensible (voir détail après illustration)
Rachid H, cc-by-nc, sur flickr.com
Contenu sensible : infanticide, viol, inceste, mariage forcé, abandon d'enfant, exploitation d'enfant, fratricide, parricide...
L'histoire :
Thomas : Salut, comment vas-tu aujourd’hui ? C’est parti pour notre aventure de Mycorhizes. Veux-tu créer ton perso en premier ou en deuxième ?
Joueuse / Gaelle : Hello oui ça va. Dis-moi j’ai une idée pour mon perso : ref 12/01 (oubli). J’avais pensé à Gaelle (princesse en celtique) comme nom. Objectif de jonction : se débarrasser de son fardeau. Est-ce que ça te paraît plausible / jouable ?
Thomas / Crochecorce : HRP C’est parfait. Donc tu es une Corax ? FIN HRP Je m’appelle Crochecorce et je cherche une grosse somme d’argent pour guérir ma famille du champignon. Mon objectif : récupérer ton fardeau de souvenirs et les revendre à prix d’or.
Gaelle : HRP Super
Crochecorce : J’ai pris mon baluchon, dit au revoir à ma famille souffrante et suis parti dans la noire forêt. ll Êtes-vous toujours d’accord pour me livrer votre fardeau, Gaelle ? ll Ton père corax te demande pourquoi tu quittes le nid, on dirait qu’il se doute de quelque chose.
Gaelle : HRP Je voulais me barrer en douce, zut alors. FIN HRP ll oui ll Je ne le quitte pas, j’ai besoin d’être un peu seule avec mes pensées dans le silence.
Crochecorce : Alors ton père dit : « Médite un temps si tu veux, mais ensuite il serait temps que tu fasses un œuf avec ce promis que nous t’avons trouvé, pour transmettre ta mémoire et la nôtre dans ton enfant. »
Gaelle : « Oui, père, à mon retour de méditation ! » Cachée de tous par cet immense arbre, je suis décidée à donner mon héritage à ce… traqueur ? Hors de question de perpétuer cette tradition incestueuse ! Je prends ma forme animale et m’envole droit vers la rivière avec espoir.
Crochecorce : HRP Pense aussi à faire des actions de décor / figurants vers moi ? FIN HRP Alors que tu t’apprêtes à traverser la rivière, qu’est-ce que tu regrettes d’abandonner derrière toi ?
Gaelle : HRP T’inquiètes. Aujourd’hui c’est la folie, je te fais ça dès que possible. FIN HRP
Crochecorce : En partant, je n’avais qu’une crainte : être loin trop longtemps et oublier ma famille. La forêt semblait aspirer tout. ll Ne tardons point à faire la jonction, l’oubli fait que le temps m’est compté ll
Gaelle : Dans les ténèbres de cette forêt, un chaman se tient au milieu du chemin marécageux. Il reste immobile face à toi en te fixant du regard. Il semble t’attendre. Tu sens comme une présence autour de toi derrière les arbres noirs… Plus tu approches du chamane, plus tu ressens comme une infime partie de toi qui s’évapore tout en ayant l’impression d’être suivi par… tu ne sais pas. Mais cette impression est présente depuis que tu as entamé ton voyage. HRP Je rattrape mon retard, on arrive à la jonction. Fin HRP Le chaman te dit : « Et bien mon ami, vous êtes en retard ! ».
« Papa ! » (Une petite voix tout près de toi)
Tu ne vois rien mais reconnais cette présence qui te suit depuis ton départ… Une petite brume à tes jambes… Le chaman te dit en souriant que la vie a un coût.
Crochecorce : « Ainsi donc, maudit chamane, tu m’as pris mon fils cadet pour que j’ai le privilège de sauver les autres ? Qu’il en soit ainsi ! Mais tu ne l’emporteras pas au paradis, salopard ! » Je l’étrangle jusqu’à ce qu’il meure, puis je pleure de tristesse et de colère. HRP Il me semble qu’on avait dit que la jonction aurait lieu à la fin du mois, donc on est pas si pressés ! FIN HRP
Gaelle : Une racine à ta cheville s'enroule et te transmet le message suivant : "Crochecorce, RDV à la clairière du doyen.". J'ai changé de cap et me suis enfoncée dans la forêt sous forme humaine. Je les entends, ils me poursuivent...
Crochecorce : Pour les semer, tu te réfugies dans les ruines maudites. Tu y rencontres une créature avec des morceaux humains et des morceaux de corbeau qui marmonne : "J'ai tout - kraa - oublié..." Je me dirige vers la clairière du doyen, suivi par la brume qui a la voix de mon enfant. J'ai peur de ce fantôme.
Gaelle : Tu entends une voix rocailleuse : "Tu as peur, c'est bien et ce n'est que le début, va falloir t'y habituer ! Ah ah ah !" (rire sadique).
Crochecorce : Tant pis, je retourne vers la brume qui a la voix de mon enfant. Je lui demande : "Si tu es vraiment mon petit, dis-moi comment allaient les autres quand tu les as quittés." (Bien sûr j'ai peur que ça soit un monstre.)
Gaelle : C'est pas un monstre XD
Crochecorce : Ne voyant pas où tu mets les pieds, tu tombes dans un trou. Une sorte de puits sans eau au sol visqueux et mouvant. Cela dit, il n'est pas très profond. Ses parois sont de terre et de racines. Tout est silencieux et levant la tête, tu peux voir la forêt sombre, la même que celle du début. Quant à moi, je me faufile discrètement derrière les ruines. Les corbeaux sont dans les arbres... Soudain, une volée se rue sur la créature en la déchiquetant de partout, les yeux en premier, puis la chair, jusqu'à ce que mort s'en suive.
Crochecorce : Je cherche du sens dans tout ça. Je veux localiser la voix de mon fils. Je creuse au fond du puits pour savoir ce que ça cache. A les tête des corbeaux qui ont déchiqueté l'hybride : ton père. "Voilà ce qui arrive aux Corax qui abdiquent leur mémoire !", croasse-t-il. "Gaelle, il est encore temps de te montrer et de renoncer à la fuite !"
Gaelle : Je me cache dans les noirs buissons pour m'enfoncer au plus profond de la forêt. La terre visqueuse du fond du puits arrive à tes genoux en t'immobilisant. Au-dessus de toi, ton frère te tend une branche et dit : "Mais qu'est-ce que tu fais encore là ? Cela fait des jours qu'on te croit parti !"
Crochecorce : Dans ces tréfonds branchus, un hybride propose de te cacher en s'enfonçant dans de profondes galeries sous l'humus... Je réponds à mon frère : "Je suis victime des diableries de la forêt qui me fait tourner en rond ! Si tu as une idée pour me sortir de ce maléfice, dis-la moi !" HRP : Pense à me poser des questions gênantes de temps en temps :) FIN HRP
Gaelle : J'accepte la proposition mais reste sur mes gardes...
Au crépuscule, ton frère te sort de là , tes jambes sont recouvertes d'excréments et de sang. Il te dit avec la peur dans les yeux : "Mais tu es fou ! Qu'est-ce qu'il t'a pris ? Tu n'aurais jamais dû revenir ! Je ne vais rien dire, ne pas les prévenir pour cette fois, uniquement parce que tu es mon frère. Regarde ce qui t'attend." Tu vois en effet une estrade en bois avec un tronc posé au bord et un paniel au sol...
Ton frère : "Tu me dégoûtes, me répugnes, tu es mort pour moi, tu n'existes plus. Assassin meurtrier..."
Tu comprends alors que le trou contient les restes de ta famille. Tu l'as massacrée entièrement avant de partir. Comment t'y es-tu pris ? Par qui as-tu commencé pour les réduire en bouillie ? Qui t'a donné le plus de difficulté ? Le seul souvenir que tu as, c'est d'avoir étranglé un chaman...
Crochecorce : HRP Quand tu poses des questions gĂŞnantes, tu n'y vas pas avec le dos de la cuiller XD FIN HRP
Gaelle : HRP Désolée, vieille habitude de la criminelle XD FIN HRP
Crochecorce : Cela me revient maintenant... La maladie avait fait d'eux des monstres... J'ai pas eu le choix... Je les ai tués avec la pelle qui m'a servi à creuser ce trou... Bien sûr, c'est mon jeune fils qui m'a donné le plus de difficultés... Car je le voyais encore comme un petit enfant innocent...
L'hybride t'entraîne dans une vasière pleine d'un dangereux pétrole mystique.
Gaelle : HRP Je te rappelle que j'ai fait droit à la Sorbonne : pénal, correctionnelle, option criminologie, sociologie et anthropologie... Je vais y aller mollo la prochaine fois. FIN HRP
Crochecorce : HRP Ah non du tout, c'est OK :) Te censure pas, c'est cool. FIN HRP
Gaelle : "Humm, dis-je à l'hybride, ça m'a l'air dangereux par ici. Ecoutez, je vous remercie infiniment pour votre aide, mais je pense que c'est bon maintenant. Désolée du dérangement. Comment puis-je vous remercier ?" Tu retournes dans la forêt mais par un autre chemin, on te la fait pas, hein.
Crochecorce : L'hybride te dit : "Remercie-moi en me donnant ton meilleur ou ton pire souvenir... J'ai soif de souvenirs..." De mon côté, je me presse dans la forêt mais les dogues du village sont déjà à mes trousses. Mon frère m'a-t-il dénoncé ?
Gaelle : "Très bien, je te donne le souvenir qui est la raison de mon départ, à savoir la vérité sur mon promis (un de mes frères) et la condamnation à mort du père de l'enfant que je porte. Tout s'est passé le même jour, l'exécution et les fiançailles." Tu t'enfonces dans la forêt encore enneigée par endroits. Tu te réfugie en contrebas dans une sorte de petite grotte cachée. Ton frère ne t'a pas dénoncé à proprement parler, mais étant un des chasseurs, les chiens ont senti ton odeur ainsi que celle du sang... Du coup, les autres ont emprisonné ton frère pour trahison et complicité. Il sera éxécuté sans procès à l'aube. Ils sont effectivement partis à ta recherche avec la meute de limiers.
Crochecorce : Je m'enduis avec des crottes d'ours que je trouve dans la grotte pour masquer mon odeur, puis je retourne au village en catimini. Je n'ai pas l'espoir de sauver mon frère de la mort mais j'espère récupérer ses sels élémentaires comme j'ai fait avec le reste de ma famille. ll Je suis désolé, Gaelle. Je suis contraint à des allers et retours permanents, mais il me tarde de vous retrouver pour me payer avec l'argent de vos souvenirs de quoi ressusciter ma famille à partir de leurs sels élémentaires.ll Tu as pris congé de l'hybride et tu es partie dans les grands taillis de ronces. Une forme noire dans le ciel : Ton frère te cherche. Courir dans les ronces pour lui échapper ou emprunter cet arbre creux qui conduit aux mystérieuses forêts limbiques ?
Gaelle : ll Crochecorce, j'emprunte le passage pour les forêts limbiques. Je comprends mais je suis aussi recherchée. ll
Crochecorce : A l'intérieur des forêts limbiques, tout est en noir et blanc. Tu débarques dans le souvenir du pire jour de ta vie. Est-ce au moment de l'éxécution de ton amant ou de tes fiançailles avec ton frère ?
Gaelle : Voyant que j'y reviens (matin : éxécution), je fais demi-tour, repasse par où je suis passée. Le laisse me prendre dans ses bras. Lui mets un coup de genou bien placé. Il tombe de douleur. Ramasse une grosse pierre et lui tape sur la tête avec pour le faire taire. Je disparais dans les limbes, dans ce souvenir qui, je pense, ne sera pas le dernier. Je suis déterminée à accomplir cette promesse par tous les moyens. Pour moi, je n'ai plus de famille.
Crochecorce : Donc, tu es retournée dans le réel tuer ton frère ou le laisser pour mort. Puis tu es retournée dans les forêts limbiques. Ton amant était-il un humain, un corbeau, un Corax ou autre ?
Gaelle : Un Corax aussi [note de Thomas : suite à un oubli de ma part, je démentirai cette information par la suite]. Pour mon frère, j'ai frappé avec la pierre jusqu'à ce que son cerveau ne soit plus utilisable : réduit en bouillie et camouflé par la terre et les feuilles.
Crochecorce : L'enfant que tu as eu avec un Corax, il est à naître ? Si oui, tu le portes dans ton ventre ou dans un oeuf ?
Gaelle : HRP C'est ça le souci. Quand je suis humaine, il est bien dans mon ventre... Le problème, c'est que je ne sais pas en tant que Corax comment ça fonctionne XD FIN HRP L'idée de départ, c'est que c'est récent, d'où l'éxécution qui aurait dû amener à la destruction du futur Corax. Chose à laquelle j'ai pas tenu parole à mon père, mais lui ne le sait pas XD. En tout cas, l'enfant est à naître. L'éxécution s'est faite il y a une quinzaine.
Crochecorce : J'arrive au village. Je suppose qu'il en est déjà fini de mon pauvre frère.
Gaelle : Non, ils ont organisé une battue. Ils sont tous dans la forêt. Tu as encore la possibilité de sauver ton frère si tu veux, bien sûr, tu lui expliques tout ton plan.
Crochecorce : HRP Les sels élémentaires sont extraits de la cendre ou de la bouillie d'un mort, donc en fait j'espérais que mon frère soit déjà mort pour extraire ses sels et le ressusciter plus tard avec l'argent de tes souvenirs ! Sachant ça, est-ce que tu maintiens ton dernier message ? FIN HRP
Gaelle : HRP Oui :) FIN HRP
Crochecorce : Je rattrappe mon frère et lui explique tout et nous fuyons ensemble. Mais un chiuen nous rattrappe et arrache la moitié de la jambe de mon frère avant qu'on ait pu le tuer. De ton côté, en fait tu es enceinte même quand tu es sous forme corbeau (oui bizarre et pas très secure). Tu retournes donc dans les forêts limbiques mais là -bas, le temps a passé et tu arrives au moment où ton amant va se faire exécuter (c'est un souvenir, une réplique, mais tu peux agir).
Gaelle : Je continue mon chemin discrètement, j'avance sans me retourner, tel un fantôme. Tu tues le limier et ton frère te demande de l'achever à condition que tu prennes assez de sels pour le ressusciter lui aussi. Il préfère mourir plutôt que d'être infirme.
Crochecorce : A un moment, il te semble que ton amant a regardé dans ta direction (difficile de savoir s'il t'a vu), quelle a été ta réaction ? De mon côté, j'achève mon frère, la mort dans l'âme, puis je gratte son corps silencieusement avec mon couteau pour en faire de la bouillie et recueillir ses sels, auxquelles se mêlent mes larmes. ll Je n'ai plus personne, mais j'ai encore espoir de retrouver ma famille. Et vous, qu'est-ce qui vous restera ? ll
Gaelle : Je me fige un instant puis me remets en route, c'est juste un cauchemar. ll Bientôt, je l'espère pour vous. Ne vous inquiétez pas pour moi. Ce qui me restera ? Rien, comme prévu. C'est aussi bien comme ça.
Crochecorce : HRP A ce stade du jeu pourraient émerger des thèmes très lourds (avortement, infanticide, inceste, viol, zoophilie...). Est-ce que ça te paraît OK ou est-ce que tu préférerais éviter ? Sachant que ça me dérange absolument pas d'esquiver ces sujet, je trouverai bien autre chose à dire. FIN HRP
Gaelle : HRP L'inceste y est au départ... Mon perso est le fruit d'un inceste XD, sûrement d'un viol aussi. La tradition familiale - qu'elle fuit, il est vrai - que j'ai évoquée. L'avortement, le fratricide aussi. En ce qui cocnerne ton perso, tous les codes XD Infanticide, fratricide, matricide... Je crois que ce côté-là , on a bien chargé. Après, la zoophilie, tout dépend sous quelle forme l'enfant-Corax a été conçu XD. Mais oui, on peut aller sur autre chose. FIN HRP
Crochecorce : HRP "On peut aller sur autre chose" = tu veux qu'on limite les thèmes lourds à l'avenir (sachant que de mon côté je suis OK pour les aborder) ou est-ce que tu es OK pour les aborder encore ? FIN HRP
Gaelle : HRP Why not. FIN HRP
Gaelle : HRP Page blanche... C'te grosse panne d'inspiration... FIN HRP
Crochecorce : HRP OK je vais driver le temps que l'inspiration te revienne. Pense à utiliser l'Almanach, ça pourra peut-être te débloquer. FIN HRP. Tu sors enfin des forêts limbiques par un grand terrier de blaireau. Mais là , quelqu'un te capture, il te cloue avec les becs de tes ancêtres. C'est ton père : "Puisque tu as tué ton promis, c'est moi qui vais devoir te transmettre ma lignée, mon enfant terrible. Mais avant, je vais crever ton ventre avec mon bec pour faire mourir ton bâtard."
De mon côté, j'ai pu échapper aux limiers car ils se sont concentrés sur les restes de mon frère. J'arrive dans les ruines de l'église où je m'étais marié avec ma défunte femme. Les ronces ont tout envahi. Je dépose des fleurs séchées sur l'autel. J'ai peur d'oublier ces moments.
ll Je sens que vous ĂŞtes en danger mais je ne sais pas quoi faire pour vous aider ! ll
HRP T'as accepté les thèmes sensibles mais je te rappelle l'existence de l'outil "Revisitation" qui te permet de réécrire un de mes messages si problème de contenu. FIN HRP
Gaelle : HRP Oui, dès le départ, j'ai révisé Millevaux. No soucy pour les thèmes. FIN HRP
ll Je sais pas non plus ce que vous pouvez faire, mais sachez que mon père veut tuer l'enfant qui vous est destiné comme promis pour sauver votre famille. ll
Tu empruntes le mĂŞme passage que moi dans les forĂŞts limbiques, tu revois ton mariage.
Quant à moi, je me débat bec et ongles pour me libérer des griffes de mon père. J'appelle à l'aide. je pense à la créature.
J'attrappe une ronce et frappe mon père avec. "Père, c'est vous le bâtard infâme !"
Crochecorce : ll Voulez-vous dire que les souvenirs que vous comptez m'offrir sont dans votre enfant ? Arg, j'aurais dû m'en douter. ll Puisque je revois mon mariage, je ne peux m'empêcher d'aller danser avec ma femme sous les saulées, entourés des convives qui chantent. J'ai envie de soulever son voile... Ton père se débat, tu lui as crevé l'oeil, il te laboure le corps de ses serres, tu as réussi à sauver l'enfant dans ton ventre, mais tu es grièvement blessée. Ton père est hors de combat pour un temps. Tu pourrais t'enfuir. Il croasse : "Sale traînée ! Je te retrouverai, je tuerai ton bâtard et puis je te couvrirai pour perpétuer notre lignée mémorielle sans mélange !!!"
Gaelle : ll Imbécile ! C'est pas le moment de batifoler ! ll Je cours à travers la forêt. Je me fonds dans une foule de gens sautant et bougeant la tête. Au loin, une scène de guitaristes...
Crochecorce : Les gens te couvrent de liannes et de lierre, c'est la fête du printemps. Sur l'estrade, un guitariste, c'est celui qui deviendra ton amant. Tu as dû repasser par les forêts limbiques, tu es dans un souvenir, quand tu t'étais aventurée dans le monde des hommes.
Gaelle : Je mets mes mains en porte-voix et crie : Crochecorce ! En espérant que tu l'entendes.
Crochecorce : Crochecorce t'entend et se tourne vers toi, mais ce n'est pas le Crochecorce du temps présent, c'est le Crochecorce du passé, le joueur de guitare rencontré dans cette fête du village, qui est devenu ton amant.
Gaelle : HRP J'ai du louper un épisode. Mon amant est mort mais Crochecorce est vivant et avait une famille. ça peut pas être le même, si ? FIN HRP
Crochecorce : Prenant compte de l'avertissement de Gaelle, je m'arrête en plein élan et fuis le souvenir sans retirer le voile, sous les huées des convives. Je sors des forêts limbiques, j'arrive dans une futaie brunâtre grêlée de champignons. Je m'arrête pour souffler. Mes vêtements ont été déchirés par les ronces et du coup, je vois mon ventre. Plissé et sans nombril. La marque d'une résurrection à partir des sels élémentaires. Tout me revient d'un coup. J'avais bien une famille, mais Gaelle est devenue ma maîtresse et les Corax m'ont exécuté pour ça. HRP Voilà l'explication. Si c'est trop tiré par les cheveux, redis-moi et on fera Revisitation :) FIN HRP
Gaelle : HRP J'ai bien compris que c'est un souvenir FIN HRP Je me fais toute petite... Genre, c'est pas moi qui crie... Et me barre Ă la cool, ni vue ni connue vers la sortie de cette forĂŞt. C'te honte XD
Crochecorce : Juste à la lisière de la forêt limbique, tu as le temps de voir ton père faire irruption dans la fête, en forme humaine à tête de corbeau, toujours borgne. Il transperce le coeur de Crochecorce avec son bec : "Gaelle, je veux que tu le voies mourir dans toutes les réalités possibles, que ça reste gravé dans ta mémoire et celle de notre lignée !"
Gaelle : Une douleur foudroyante te transperce le coeur. Le sang s'écoule en filet à travers ta chemise. Tu titubes en essayant de t'accrocher à n'importe quoi. Les ronces te laminent les mains. Tu les préfères aux champignons. Tu t'agenouilles et aperçois une silhouette. La mienne livide, venant vers toi.
Crochecorce : Un instant, tu as cru que ton père avait frappé le Crochecorce du passé, mais c'est bien le Crochecorce du présent, qui s'était perdu dans les souvenirs des forêts limbiques. Est-ce que tu vas laisser ton père l'achever ou est-ce que tu vas laisser ton père l'achever ou est-ce que tu vas réagir ?
Gaelle : Je me faufile à travers la foule de façon à être derrière mon père. Je me sers d'une des lianes sur moi pour lui enserrer le cou, en le penchant vers moi afin de lui couper le souffle jusqu'à l'asphyxie totale. Je fais signe des yeux à Crochecorce de s'écarter. Tu ouvres grand tes yeux, surpris. Je te réponds que ce n'est pas mon premier meurtre et tout ça, c'est de ta faute. "Faut que tu arrêtes de te mettre en danger constamment ! J'applique mon genou sur le dos de mon père tout en serrant et tirant plus fort jusqu'à ce que je sente son corps se relâcher. "Crochecorce, aide-moi, veux-tu ! C'est pas une question, porte-le jusqu'à cet arbre-là ." Je fais plusieurs tours autour du cou de mon père, puis balance le reste des lianes en faisant un noeud sur une haute branche. Je veux que tous le voient pendu !
Crochecorce : Je m'exécute, complètement sonné. Les gens s'indignent et nous donnent la chasse. Nous sommes obligés de fuir et nous revoilà hors des forêts limbiques, dans un chaos rocheux grêlé d'arbres maigres et baignant dans un humus chiasseux. "Gaelle, tu m'as forcé à prendre part à tes sales affaires de Corax et le je suis toujours mourant..."
Gaelle : "Puis-je te rappeler le nombre de personnes que tu as tuées ? Ta famille entière, un chaman, celui qui devait te guider et te protéger, et ne serait-ce pas ton frère le dernier, par hasard ? Maintenant, si tu me reproches de t'avoir encore sauvé la vie, vas-y, retourne là -bas mais ça ne ressuscitera pas tes proches." Je m'asseois sur l'un des rochers, pensant que tu es quand même gonflé : j'ai tout fait pour lui et sa famille et monsieur est outré. Je te regarde, furax.
Crochecorce : "On peut peut-être mettre de côté nos querelles éthiques. Je vais mourir si tu ne m'aides pas."
Gaelle : "Bouge pas de là et ne fais pas de bêtises surtout. Je reviens. Faut que je prépare de quoi nous soigner et nous restaurer."
Crochecorce : Sur le chemin, tu croises une nuée de corbeaux. A leur langage, tu sais que ce sont de vrais corbeaux. Pas des Corax. Peut-être sont-ils en attente d'un mort à dépecer. De mon côté, je ne bouge pas. J'en suis d'ailleurs incapable. Je prie pour que tu ne m'abandonnes pas. ll Désolé pour ce que j'ai dit sous le coup de la souffrance. Tu sais bien que je t'aime. ll
Gaelle : ll Pas grave. ll Je reviens avec tout un tas de choses. J'essaye tant bien que mal de te soulager de cette blessure. Te rassures que ce sont de vrais corbeaux, rien d'alarmant. Mais vaudrait mieux ne pas trop traîner ici. On ne sait jamais ! "Dis-moi, combien de fois es-tu revenu ?"
Crochecorce : "Combien de fois suis-je revenu ? Je ne comprends pas la question."
Gaelle : "Revenu Ă la vie."
Crochecorce : "Une seule fois... Cela coûte très cher... J'avais dû laisser un paquet de mes souvenirs en gage pour cette assurance-résurrection. En fait, j'avais cédé tous mes souvenirs, sauf ceux qui avaient trait à ma famille, aux sels et à toi...
Cela me fait drĂ´le de te dire que tu fais partie des rares personnes dont je me rappelle."
Tu as réussi à stopper l'hémorragie. Sans toi, j'étais cuit !
HRP Jonction demain :) FIN HRP
Gaelle : HRP Oui :) FIN HRP Je te propose de ne pas courir de risque inutile et rester là à l'abri des rochers pour la nuit. Un refuge improvisé entre deux rochers avec des branchages.
Crochecorce : Le temps de la jonction est venu. Essaies-tu de me tuer ? Maintiens-tu ton objectif de jonction (me livrer ton enfant) ou changes-tu d'objectif ? Continues-tu ensuite la route avec moi ?
Gaelle : Non, je ne te tues pas, et toi ? Oui, je maintiens mon objectif, et toi ? Non, je ne continues pas la route avec toi. HRP J'ai un truc en tête. Faut-il que je te décrive / dise quoi ? FIN HRP Je ne puis te tuer car je suis déjà partie, mais j'ai honoré notre deal, il y a un oeuf Corax à tes côtés. Je suis définitivement sous forme corbeau.
Crochecorce : Je ne te tues pas et je maintiens mon objectif. Je vendrai ton oeuf pour payer la résurrection de ma famille. HRP Tu peux dire le truc que tu as en tête, si ce n'est déjà fait, ou attendre comme tu veux. FIN HRP
Gaelle : J'ai repris ma forme animale et me suis introduite dans la volée de vrais corbeaux. Je ne peux pas te suivre.
Crochecorce : Bien, tu as accompli ton objectif puisque tu m'as laissé ton oeuf (notre oeuf) et que je l'ai accepté. C'est à toi de statuer : parviens-je à accomplir mon objectif, c'est-à -dire vendre notre oeufant pour payer la résurrection de ma famille ?
Gaelle : Oui, mais c'est un sacrifice. Comment tu le sens d'ailleurs, ce sacrifice d'un de tes enfants pour retrouver ta famille ainsi que ton frère ?
Crochecorce : Ma famille est plus importante que lui, je me rappelle d'eux et j'ai donc un affect à leur égard : cet oeuf, je n'ai pas d'histoire avec lui. Ses souvenirs, et donc les tiens et ceux de ta lignée dont il a hérité à la naissance, serviront de marchandises pour faire revenir mes proches. Tu dois me prendre pour un salaud, mais si je n'avais pas frayé avec toi et ainsi attiré le courroux de ton espèce, je pense que je n'en serais pas là .
Gaelle : HRP J'en attendais pas moins XD FIN HRP
Crochecorce : HRP Mon perso est un peu chié, désolé :) FIN HRP
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JACQUES ET ANATOLE
Une aventure textuelle autour d’un fils et d’un père à la recherche d’eux-mêmes dans un Millevaux qui se boucle, pour une expérience des plus poétiques ! Une copie de l’échange par Claude Féry.
Le jeu : Mycorhizes, jeu de rôle textuel (SMS ou réseaux sociaux) à deux dans l'univers de Millevaux
Joué par SMS du 06/06/19 au 30/06/19
Personnages : Jacques, Anatole
smilla4, cc-by-nc, sur flickr
L’histoire :
Jacques
6 de Chien
“Je ne crains ni la faim, ni le froid, ni ces bois , ni les horlas qui les hantent.
Millevaux n'existe pas.
Ce n'est qu'une épreuve pour ma foi.”
Je m'Ă©veille en ce lieu inconnu. Je suis Jacques. Je cherche mon chemin, je cherche ma voie.
ll Je te cherche Anatole. Je te cherche pour ĂŞtre mon guide. ll
Anatole
Autour de toi, dans les fourrés, les ombres dansent la danse sombre des forêts.
Mon fils, bientĂ´t le temps des hommes qui menacent le monde finira.
En vérité, ils s'assemblent en nuées voraces, ces incultes pour souiller la précieuse vie de nos bois.
Bientôt l'amertume des tanins les plus sombres remontera avec la Sève jusqu'aux feuilles de nos amis arbres. Tous les animaux fuiront ces hommes honnis, ces hygiénistes. Sans précipitation, mais hâte-toi et emporte avec toi un rejeton vigoureux de Saule avec sa robe d'humus et suit la cohorte de prévoyantes fourmis. Je danse dans l'ombre des Vénérables pour saluer l'éclosion de Fleur.
Moi le vieil arboriste Anatole je confie ces fétus de mots contre les maux des hommes aux bons soins des vents d'égrégore.
Hâte-toi mon fils, car les hommes honnis sont sur tes traces et leur cœur est plein de haine.
Jacques
Je hume l'humus, son odeur âcre m'est familière, comme un vestige d'un temps passé, comme une bribe d'un monde brisé. Sur le sol et sous lui grouillent mille créatures ; des fourmis sûrement mais aussi les horlas. Les racines du Saule les entendent venir et frémissent déjà .
Je t'entends Anatole, et j'entends ton conseil qui m'est Ă©nigmatique et me parle pourtant.
Les ombres sont sur toi et l'oubli sur tes pas, qui fus-tu autrefois avant que d'être ici un arboriste ? N'étais-tu toi aussi de ces nuées voraces, de ces hommes honnis ?
Anatole
ll Je fus une souris égarée dans les laboratoires hygiénistes. Ma spécialité fut l'étude des cycles de sporulation. Assidu et méticuleux je fus. Besogneux, tout entier pénétré de la science égarée de mes devanciers.
Un passé, un trouble, une nuisance au monde. Désormais je vis mon sacerdoce au nœud ligneux des vénérables Saules. Hors de l'asepsie qui les préserve de ce qu'ils considèrent être les graines des horlas.
En vérité je te le dis le temps de ces "hommes" finira.
Le bois est notre eau vive, la Sève à laquelle je m'abreuve désormais... ll
Je glisse mes pas sur l'humus noir du cœur du bois . Je me traîne péniblement dans une coulée fangeuse qui mène à une trouée ou le soleil poudroie autour de mon crâne déformé et chauve. Mon crâne luit. Devant moi se tient Fleur, frêle, frissonnant dans la nuit éternelle de la Forêt Noire.
Des bruits étranges et itératifs retentissent à ton oreille, ouatés par la distance, alors que tu quittes le creux de ton saule.
Des cris, des voix, autour de toi le monde.
Jacques
Du Saule, je prends le rameau naissant,  rejeton nouveau dans sa robe d'humus et je suis les fourmis, suivant aussi ainsi les conseils d'Anatole. J'ignore où ils me mènent, mais c'est loin d'ici, bien loin de tous ces bruits qui m'effraient, que je fuis !
ll Me voici Anatole ! J'Ă©coute tes paroles et foulant ce sol, c'est vers toi que je vole ! ll
Dans les ombres mouvantes, des silhouettes sombres ont pris forme, sont en nombre, des formes humanoïdes bondissant près de toi. Elles sont là déjà , cadettes des horlas, elles en ont après toi.
Anatole
La mort dans l'âme, je contemple Fleur une dernière fois. Déjà , j'entends l'écho de leurs voix. Ils sont à mes trousses. J'entends les cris d'agonie de Fleur que dévorent les flammes de l'escadron de liquidateurs dépêchés sur place.
Mes larmes embuent mon regard. Je me perds dans les méandre de mon marais.
Je gis dans l'eau, immobile, où coulent mes larmes, indifférent à la chasse frénétique et confuse qui se répand dans le bois.
"Grand Saule qu'ont ils fait ?
Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'il font !"
Tu entends des murmures proches dans les sous-bois
ll Jacques tu es le bois
Tu es l'avenir.
Notre royaume sylvestre sera rongé par les fongicides des liquidateurs, mais sur ses ruines pourront croître les graines du rejeton que tu portes. ll
Jacques
J'ai couru, chassé vers l'inconnu, mû par la peur de ce qui est caché dans l'ombre. J'ai senti au plus profond de moi les cris d'agonie de la Fleur meurtrie. Des murmures, étrange mélopée, m'ont tiré de ma torpeur. Comme un chant qui ramène aux souvenirs perdus, c'est ce son que je suis maintenant, à la fois craintif et inexorablement attiré.
ll Anatole, je n'entends plus ta voix. Je n'entends que ce chant... ll
Dans les eaux sombres de l'amertume et du désespoir tu sembles te noyer, comme abandonné et résigné. Mais des griffes aqueuses te frôlant, te réveillent : ces horlas, les profonds, te tirent de ton sommeil.
Anatole
Tu suis le chant des hyènes. Le murmure crue, enfle, hors de proportions. Retentit-il dans le bois ou résonne-t-il en ton souvenir ?
Qui sont ces enfants vĂŞtus de noir autour de toi ?
Les relents qui émanent de ses hardes ruisselantes me révulsent. L'étreinte répugnante du profombre est glaciale. Mon esprit se rencoigne, se rétracte.
Je suis saisi d'un vertige et projeté flottant dans les airs saturés de pollen à contempler mon corps livide, Je sombre dans les eaux fangeuses.
ll rouge
rouge racine
Rouge rouge ll
Jacques
Est-ce la réalité ? Sont-ce les lambeaux déchirés de ce qu'il reste de ma mémoire ? Ce sont les enfants morts, les sirènes du désespoir qui par leur chant m'attirent ainsi à eux. Et moi, faible créature, je succombe et me soumets à leur appel, impuissant, car mon guide n'est plus.
ll Où es-tu Anatole ? Et que sont devenus tes précieux conseils ? Quel est ce rouge dont tu parles ? Réagis ! Réveille toi ! J'ai besoin que tu m'indiques la voie. Sans toi, je m'égare, charmé par les voix différentes qui me hantent. ll
C'est lorsqu'on a touché le fond, dit-on, que l'on peut remonter, mais au plus profond de ces eaux sombres n'est que l'ombre où tu sombres. Un rai pourtant perce soudain et vient te tirer du sommeil. Tu te réveilles sur la berge, sec. Quel est ce parfum que tu as respiré, ce pollen inhalé, pour que ton esprit ainsi voyage ? Quelle était cette Fleur hypnotique ?
Anatole
ll rouge rouge la racine rouge qui pousse au-dedans de toi. Écoute son chant, lent, majestueux, inéluctable, il est la vie au-dedans de toi. Il est à venir.
Je suis loin du cœur d'arbre. Je marche d'un pas régulier. Je suis porté par le vent, les pollens, la nécessité.
Le bourdon enfantin est dissipé par la clameur qui enfle, enfle puis éclate en une volute de feuilles.
C'Ă©tait ta voix qui tonnait rouge, rouge, rouge.
Les enfants morts se sont enfuis dans la tourbière.
De sombres nuages s'amoncellent. Un orage sec éclate. Le vacarme du tonnerre apaise les tensions. Bientôt quelque chose crépite sur l'humus, mais ce n'est pas la pluie…
Jacques
Te voici donc porté telle la frêle feuille, par des vents et parfums qui t'enivrent et te font perdre sens. Sens de tout, sens de toi.
C'est le rouge du sang qui colore mes lèvres de ces mots ruminés, de ces maux mâchouillés. C'est le goût de la mort et de la pourriture qui demeure en bouche alors que tout s'envole et que tout disparaît. C'est le bruit de Vermine qui gratte sous l'humus des feuilles succombées. Il me faut fuir de nouveau.
ll Où vas tu ? Où veux tu que j'aille ? Je ne suis plus que peur et désorientation. ll
Anatole
Je ne suis plus Anatole. Je suis Le Bois. Je suis plus qu'Anatole. Je suis Le Bois.
ll Écoute la voix du vent. La voie du ciel est en toi désormais. Écoute les murmures de la racine. S'il devient trop faible, ravive-le. Mange les ombres fugaces du temps jadis, les rejetons de l'homme déchu. Auslöschen. Oblitère le souvenir d'homme et le chant ressurgira, affermi, renouvelé, plein de promesses d'aubes nouvelles
Tu marches, hagard, te coules, là où seule la mère truie fouille son chemin mais à presque-nuit tes pas te conduisent sur la berge d'une rivière grondante. Amarrée à un ponton envahi de liserons au parfum entêtant, une vieille barque.
La nuit, le courant vous emporte dans l'immense cathédrale de Forêt.
Ton esprit sombre avec la presqu’aube...
Que découvres-tu lorsque les insectes parviennent enfin à te tirer de ta torpeur ?
ll Entends-tu Forêt ? Les ignorants nous rejettent. Nous sommes hors là . Hors leur monde étriqué. ll
Jacques
La barque m'a porté sur l'onde calme des eaux sombres ou je me suis assoupi. Naufragé de mes rêves, j'ai perdu la conscience et ne l'ai retrouvé que par ma peau piquée. Ils sont là , multitude rampante et grouillante.
|| Suis je mort pour qu' ils viennent ainsi se repaître de moi ? ||
Tu t'es laissé porter par les vents et parfums vers un lieu incertain. Tu flottes, semblable aux pollens, parmi lesquels tu te confonds. Tu es bois, certes, mais un bois fragile, un bois menacé. Un bois qu'on coupe pour l'hiver.
N'entends-tu point les haches qui déjà tapent en rythme ?
Anatole
Tu as éprouvé la vie grouillante et innombrable mais tes chairs t'informent que tu n'es pas charogne.
Sur les berges tu aperçois de fugaces silhouettes que le courant emporte vivement.
Tes jours,
tes nuits
plongés dans l'humide Forêt noyée.
Au loin Forêt sombre dans obscurité plus chaude, plus vive, plus épaisse, parcourue de cris d'animaux.
Derrière toi, étouffée partiellement par la grondante rivière, tu entends les bruits d'une embarcation à moteur.
Alors je souffle mon vent aigre, mon souffle auquel s'adjoint la souffrance de Fleur terrible, une perte incalculable qui me quitte pour habiter sous un voile de terreur atavique les hardis bûcherons.
Jacques
La peur, la douleur, sentiments néfastes qui néanmoins témoignent que je suis bien vivant, vivant. Le bruit du moteur m'arrache à la douceur de l'abandon. Fuir, fuir encore. Loin de l'homme, de ses chants, de ses moteurs, ...
|| L'homme est il une menace ?| |
Anatole
ll l'homme non, les liquidateurs oui ll
Tu gagnes la terre ferme, abandonnes ton esquif Ă l'abri d'un buisson Ă©pineux. Tu t'enfonces sur les sentes qui s'obstinent Ă longer les eaux.
Tu entends longtemps les moteurs et les cris des liquidateurs. Les ordres égarés dans le vacarme du bois bruissant de mille vies.
Au cœur de nuit tu reprends le chemin de l'eau. Tu t'y glisses pour un bain bienfaisant.
Quelle sensation étrange te tire de ta torpeur à presqu’aube ?
Jacques
Si le bûcheron n'abat pas l'arbre malade, si nul n'élague, ne défriche ou n'entretient, alors la forêt s'étouffera elle-même, le lierre étouffant l'arbre, les ronces les buissons, les feuilles mortes le sol, et le bois tout entier étouffant sa faune et privant d'air et de soleil sa flore la plus petite.
Tu es bois, et c'est toi-mĂŞme ta Nemesis.
Anatole
Je suis évaporé. Je suis mon sacerdoce. Je suis Le Bois. La hache de l’homme s'émoussera sur mon écorce. Mon corps ligneux abrite les champignons qui rongent les corps rongés de mes sœurs libérées par la foudre. Le temps de l'effondrement est le temps d'une vie d'if. Je suis Le saule.
ll Mon fils, souviens toi de tes charmilles et oublie la charogne des mots creux. ll
Jacques
Une caresse lisse, un frôlement dans l'obscurité des profondeurs, puis me voilà happé, et tiré par le pied vers les vases épaisses par ne sait quelle bouche.
|| J'entends et j'Ă©tends le rejeton du Saule de tout mon long jusqu'Ă la berge ||
Quels champignons toxiques empoisonnent tes racines, vaillant saule à la sève battante ?
Anatole
De grises pleurotes qu'affectionnent les Brimbeux forment une ronde autour de moi. Je sens l'odeur de menthe poivrée que tu laissais dans ton sillage.
ll Sage, es-tu auprès de moi ? ll
De petites dents carnassières entament la chair de ta cheville.
Un cœlacanthe tente de te bouffer.
Mais son heure n'est pas venue
Des enfants s'emparent de toi, t'extirpent du bourbier et l'un d'eux réduit en bouillie l'infâme créature avide.
Jacques
Enfants qui chantent et qui Ă©garent. Enfants qui sauvent et puis qui tuent sans crier gare. Enfants de l'oubli et de l'ombre. Enfants des forĂŞts et bois sombres. Les vĂ´tres je suis, des vĂ´tres je suis.
|| Je te perds Anatole, ou si c'est toi qui te perds ? ||
La menthe poivrée, la violette, le parfum de Fleur et celui d'humus. Ce sont les parfums portés par les vents qui sont ton chemin, ta vie ton élan. Tu es saule et j'en porte rameau. J'emporte rameau pour que toi puisse naître à nouveau. Il te faut mourir pour renaître. Mourir n'est rien, ou si peu. Douleur puis rien. Les horlas sont en chemin pour ce funeste destin.
Si peu ...
Anatole
Je songe temps.
Je dérobe mes propres souvenirs afin de mieux en ce qui fut.
Oublier un peu
J'ai tant oublié
Le parfum de Sage, ma fleur de gaîté
Oublier un peu plus
Renoncer à la douleur de ce souvenir qui se dérobe qui me dérobe.
ll Sage me manque mon fils ll
Quelles vos proies désormais, les enfants ?
Jacques
Je suis enfants chasseurs, cueilleurs, je suis le porte-parole de la nouvelle génération. Je traque les machinistes, les bétonneurs, les parasites de cette TERRE qui nous fait vivre. L'engrais sera rouge.
|| Je peux sentir à présent la sève dans mes veines ||
La mémoire te fuit, mais là vie te sourit. Tu es encore debout, père Saule. Et tu entends tes branchées Millevaux, couvrant les rameaux de ton ombre. Je suis de ces rameaux et je te survivrai. L'âge fera ce que les haches n'ont su faire.
Tu Ă©tends tes branches...
Ce que les haches...
Anatole
ll Rouge.. ROUGE..ll
Mes branches se brisent dans un grand fracas en heurtant le sol sous l'assaut des cognées avides des liquidateurs. J'exhale un grand cri que relaient les mycorhizes, mon cri mêlé à celui de Fleur que je fis mien, ainsi que mes souvenirs de Sage.
ll La vie est une goutte d'eau suspendue ll
Les hygiénistes ont déployé leurs cohortes autour du bois.
Les bûcherons ont tracé des sillons, ou bientôt d'autres hommes, des hygiénistes se couleront afin de répandre leur fongicide. La forêt bruisse tout autour de toi, elle gronde son rejet du projet funeste des hommes aux yeux cerclés de fer.
L'avant-garde de horsains afflue, se masse, répond à son appel...
ll Il n'est que Sève, Il n'est que Sève...
Il n'est que sangs, Il n'est que sang. ll
Tu les entends. Ils approchent, déterminés.
Tu les sens, tu sens les effluves de fongicide.
Jacques
La sève et le sang se mêlent. La vie abonde et triomphe. Moi, enfants, avance fièrement. Cohortes d'avenir.
La sève et le sang face aux fongicides.
|| Spore grand Saule ! Spore Anatole ! Bas-toi ! ||
Ils avancent, mais déjà tes pollens les étouffent, tes racines entravent leurs pieds, tes branches foutent leur gueule.
Anatole
Mes racines et mes branches écrasent leurs dépouilles. Tous sont morts broyés, démembrés, écrasés sous ma masse bruissant d'humus. La victoire a le goût amer de la défaite. Le nuage de fongicide se répand et tue mes amis innombrables, mes frères, mes sœurs d'humus.
Leurs masques à gaz et leurs combinaisons déchirées ont ménagé des voies pour nos pollens et nos spores. Bientôt nos enfants se nourriront de leurs cadavres.
ll Il n'est que Sève, Il n'est que Sève...
Il n'est que sangs, Il n'est que sang. ll
Tu erres avec tes compagnons d'infortune dans le bois immense de la noire forĂŞt. Les feuilles commencent Ă roussir.
Une chaleur étrange émane du cœur. Un orage gronde et enfle sans éclater depuis des jours.
Une voix bourdonne à la limite de ta conscience. Les cris du bois ont changé.
Jacques
Ce sont tes cris que j'entends et ceux de ta cour qui se meurt par le poison fongicide.
|| Tiens bon Grand Saule. Le Rameau n'est plus si loin. ||
Les chœurs de la forêts résonnent d'un chant nouveau. C'est un chant guerrier, car c'est vers une guerre que le Rameau les guide.
Anatole
Tu as mené une guerre
Combien des tiens sont tombés afin de préserver les horsains de la Forêt Noire ?
l l Soleil Ă©pais
Air lourd
Assoupis, nos corps
Alanguis, nos esprits
Reposant dans l'herbe chaude
Et la brise fraîche. ll
Je me suis dépris de mes attaches. Mon souffle s'est assoupi. Les Mycorhizes se déploient douces, soyeuses et vibrantes.
La Sève nouvelle du bois a puisé au sang caillé et chairs putréfiées des charognes.
Les saisons des hommes sont désormais mes jours, alors que de l'humus souillé je renais.
Jacques
Tant sont tombés que leur nombre restera à tout jamais tabou. Tant tomberont dont nous ignorons le nom.
|| N'y a-t-il ici que peur, douleur, mort et remord ? ||
De la terre à la terre, de la vie au trépas puis à la vie encore car il en est ainsi et la Forêt se nourrit d'elle-même, de son propre cadavre, pour renaître à nouveau. Le germe de la vie en toi n'est pas éteint. Il luit encore un peu, si peu…
Jacques
Toute la nuit les chants des enfants de Millevaux ont résonné dans la Forêt, jetant sur ta détresse les baumes de l'Oubli.
||Anatole, lève toi, nous voici, les enfants du grand Saule, tes enfants ||
Je porte le Rameau comme un serpent d'airain pour guider les enfants vers le monde nouveau et la terre promise, vers le cœur de Millevaux. Je ne cherche plus à fuir. La Forêt est mon toit, mon rempart, je suis à elle comme elle à moi.
Anatole
Mon fils innombrable tu as accompli ma quête. Tu es l'avenir du bosquet ardent Tu portes le futur. Ton destin, ton instinct, ta foi t'ont conduit aux pieds d'un immense saule recouverts de cocons de toiles d'araignées. Une étrange créature au corps de papillons et dont les ailes chenilles palpitent,
Voraces dans l'air Ă©tal.
Je suis avec toi désormais, auprès de toi, sur ton épaule. bruissement de feuilles et oscillation de mandibules
ll rouge rouge racine du ciel notre destin nous réunit ll
Jacques
Mon père je suis à toi, je suis en toi, je suis toi, Saule primaire, cœur ardent de la Forêt. Je cherchais la sortie. J'ai trouvé l'élévation. Par L'Oubli que je fuyais, je suis devenu avenir.
Tu es mort pour que je naisse. Tu es tombé pour que je m'élève. Réunis enfin nous vivons pleinement.
||Sève et sang palpitent. Battement sourd et éternel. Vie de Millevaux en ton cœur et le mien.||
Commentaires de Thomas :
A. Vous avez joué par SMS ou réseaux sociaux ?
B. Les objectifs de jonction de vos personnages sont peu définis au départ. Cela n'a pas été handicapant pour jouer ?
C. Cette partie a pris rapidement un tour poétique auquel visiblement ton partenaire s'est fait le complice. Ceci me rappelle évidemment notre partie du jeu textuel Les Forêts Mentales, L'enfant aux trois vies
D. Intéressant le détournement de langage : Jacques-MJ te confronte à des "profonds" que tu rebaptises l'air de rien "profombres" en hommage aux créatures aquatiques du jeu de rôle Millegouttes de Ric Pogan, sorte de pendant des horlas dans ce monde post-apo qui remplace la forêt par la pluie.
E. La rouge racine évoque le horla de colère qui nous possède lors des ateliers dans Les Sentes.
F. Par ta référence ici à l'Auslöschen de Little Hô-Chi-Minh-Ville, à la racine rouge et au bosquet ardent des Sentes, à la presque-nuit d'Ecorce et de Bois-Saule, aux coelacanthes de Coelacanthes, et en recoupant avec divers indices disséminés dans toute ta carrière de joueur de Millevaux, j'observe que tu fais, à l'instar de Damien Lagauzère, et sans doute du fait que les livres d'univers ne sont pas encore accessibles, un travail de cohérence et d'unification de l'univers à partir des différents jeux Millevaux, comme si chaque aspect abordé dans un jeu et censé lui être circonscrit faisant en fait système dans tout l'univers de Millevaux. C'est très intéressant. C'est également plaisant de te voir unifier tout ça avec ta frange personnelle de Millevaux (référence aux Brimbeux, à l'incantation "Rouge, rouge", notamment).
G. C'est intéressant que tu mentionnes les mycorhizes dans la fiction, ce n'est pas une chose que j'ai vraiment pensé à faire lors de mon premier test, juste on communiquait entre ll, mais sans vraiment rappeler l'existence des mycorhizes comme dispositif.
H. La fusion végétale père/fils du final achève une partie très poétique, ce dont je ne me serais jamais attendu avec Mycorhizes. Bravo à vous deux !
Hors ligne
AVOIR UN BON COPAIN
Une partie de Mycorhizes jouée par Messenger sur un mois, marquant le rapprochement entre un misanthrope désabusé et un clochard pratiquant l'hédonisme de l'errance (jouée par moi-même et je dois dire, pas mal inspiré de Bukowski). Cette partie s'est démarquée par ses thèmes sombres et une certaine crudité de langage.
Le jeu : Mycorhizes, jeu de rôle textuel (SMS ou réseaux sociaux) à deux dans l'univers de Millevaux
Joué durant le mois de Juillet 2019
Avertissement : contenu sensible (voir détail après l'image)
cleanzor & centrifuga theatrante, cc-by-nc, sur flickr
Contenu sensible : infanticide, cannibalisme
L'histoire :
Joueur d'Ange :
Mon nom: Ange
Mon objectif: Rentrer chez moi
Thomas :
Donc si ton objectif de jonction, c'est "rentrer chez toi", est-ce que ça veut dire que le lieu de jonction, c'est chez toi, ou est-ce que ça veut dire que la jonction est une étape importante pour rentrer chez toi ?
Ange :
Pour le moment, je ne sais pas. On peut laisser le mystère
si ça te va
Thomas :
ok
Ange est un nom/prénom que je considère épicène. Comment faut-il genrer ton personnage ?
Ange :
C'est fait pour ?
Thomas :
OK, alors genre inconnu
Mon personnage : Misfit. Mon objectif : trouver un copain d'errance. je te laisse faire le premier msg ?
Ange :
La pluie s'abat sur mon lourd manteau de plume. J'avance dans un champ de blé sauvage que je caresse de mes mains. Depuis plusieurs mois déjà , j'envoie des messages comme des bouteilles à la mer.
ll Les nuages se sont-ils endormis ?
Le vent sait-il oĂą je suis ?
Mon errance est-elle infinie ?
Petite lune, montre-moi un abri... ll
Misfit :
Je trébuches dans les ronces sous la lune. Je suis tellement ivre que seul mon corps est conscient, mon esprit est comme anesthésié.
ll (date inconnue) Hey comme ça tu ne trouves plus ton chemin ? Moi je connais tous les chemins alors suis-moi... ll
Tu aperçois un gamin qui court, en hardes, torse nu, pieds nus, à travers le champ en direction de la forêt, il cherche à se réfugier de la pluie qui tourne à l'orage.
Ange :
Je m'accroupis et ouvre mes bras en croix malgré la lourdeur de mon manteau, dont les plumes dégoulinent d'eau de pluie. Dans un bref un flash lumineux, je ressemble à un oiseau déployant ses ailes pour s'envoler.
C'est la première fois qu'on me répond.
|| Qui es-tu ? ||
Misfit :
l'enfant vient se réfugier sous ton manteau. Il ouvre des grands yeux et ne semble pas pouvoir parler hormis d'étranges sifflements
et raclements de gorge
ll Je suis Misfit, j'ai roulé pas mal ma bosse dans la forêt. Je ne m'attarde jamais longtemps au même endroit, parce que les gens dans les communautés me tapent vite sur le système.ll
Hrp : n'oublie pas que tu dois aussi faire le décor et les figurants pour ma pomme ? ll
Ange :
J'embrasse l'enfant et le laisse réfugier sous mon manteau. Puis je le regarde, je l'inspecte sous toutes ses coutures. Qui est-il ? Que fait-il ici ? Cela fait si longtemps que je n'ai pas croiser d'être humain.
|| C'est la première fois qu'on me répond. Où es-tu ? Peux-tu m'aider ? Je veux rentrer chez moi... ||
Tu es tellement ivre que tu avances au hasard de tes pas. Chacun pas est d'ailleurs de plus en plus lourd et tu laisses de lourdes traces derrière toi. L'impact de tes pieds sur le sol résonne comme un tambour, jusqu'à ce dernier pas que tu fais dans le vide. Lorsque tu reprends conscience, tu réalises que tu as fait une chute au bord d'une falaise et que tu tiens en équilibre au dessus du vide.
Misfit :
L'enfant ne parle pas, il n'émet que des sons étranges. Il a des attitudes toutes aussi étranges, comme s'épouiller la peau avec les dents. Il te regarde avec de grands yeux comme une poule qui aurait trouvé un couteau. Qu'est-ce qui fait que tu as envie de le recueillir malgré son comportement étrange ? II Oui, je peux t'aider, j'ai dit que je connaissais tous les chemins. Coquin de sort, il faut d'abord qu'on se retrouve...ll Mon pas ivre me guide toujours où je dois aller. Je dois l'écouter et ne pas faire machine arrière. J'ouvre mes mains pour poursuivre ma chute.
Ange :
J'ai toujours passé ma vie dans la solitude. Un enfant. Peut être qu'un jour j'en ai voulu un. Je ne me souviens plus. La solitude, ça je m'en souviens. Les rares compagnons que j'ai eu dans mon périple n'ont pas été tendre avec moi. Un enfant. L'innocence. Qui sait, peut être réside en lui le dernier fragment d'innocence de ce monde pourrissant.
|| Il faudra que tu m'en dises plus sur toi. Je ne sais pas si j'ai envie qu'on se rencontre ||
Tu chutes. Tu voles même, l'espace d'un instant. Et la chute n'en est que plus violente. Tu es bientôt entrainé par dans un courant et tu commences à boire la tasse. Heureusement, tu es tombé dans un fleuve. Pourquoi es-tu sur la route finalement ?
Misfit :
Comme tu l'as aidé à se mettre à l'abri de l'orage, l'enfant semble attaché à toi et te suit ensuite. Mais vous arrivez devant un sentier façonné par le pas des hommes et des bêtes, et le gamin se met à le suivre, tant en tirant ta manche pour que tu l'accompagnes. Que fais-tu ?
ll Tu as beau jeu de me poser des questions ! Je suis juste un vagabond, un clochard forestier, je suis plus digne de confiance que ces pourris qui vivent confinés dans les enclaves, capable des pires choses pour préserver leur petite sécurité. Mais toi, tu ne m'en dis pas beaucoup sur toi ! ll
Je suis sur la route parce qu'au départ je suis un trimard, j'allais de communauté en communauté pour vendre mes bras. Mais une fois je suis arrivé dans une communauté et on avait pas de taf pour moi. Après, j'ai créché j'ai une femme qui disait être ma tante mais au bout d'un moment on s'est plus entendu elle m'a foutu à la porte. Après je suis reparti sur les chemins. Bon, y'a peut-être aussi que j'ai picolé deux ou trois fois, mais grosso modo je me plais plus au milieu des hommes.
Ange :
L'enfant m'emmène sur un chemin qui me fait peur: celui des hommes. Son innocence l'aveugle. Les hommes sont mauvais mais il ne le sais pas encore. Non, mon enfant, ne prend pas cette route. C'est celle qui dévoilera le pire de toi même... Je m'agenouille et lui lâche la main. D'un simple geste de la main, je lui dis non.
|| Pourtant tu es un homme. Tu connais les chemins de ce monde et moi je suis perdu. Mais rien ne me dis que tu n'es pas comme eux. Tu veux en savoir plus sur moi ? Qu'est-ce qui me dit que ce n'est pas pour faire ce qu'ils ont déjà fait ? Prouve-moi que tu es digne de confiance... ||
Quelles Ă©taient les relations que tu entretenais avec cette femme ? Amie ou Amante ? Tu ne t'entendais plus avec elle Ă cause de quelle genre de dispute ? A quoi ressemblait ce village et pourquoi n'y avait-il pas de taf ?
Misfit :
L'enfant te fait un signe en portant la main à sa bouche pour te faire comprendre qu'il a besoin d'aller chez les hommes pour trouver de la nourriture. II dis-moi où tu te trouves et je te dirai comment trouver un chemin plus sûr, si ça te convient comme test de confiance... ll Ben elle disait que c'était ma tante, alors peut-être qu'elle a essayé de me baiser mais j'ai dit non elle était trop vieille. Tu sais, le village c'était la carte postale habituelle. Des baraquements en tôle et en parpaings et avec ça ils se prenaient pour des milords, comme si j'étais pas assez bien pour eux parce que je dormais à la belle étoile plus souvent qu'à mon tour. C'est pas vraiment que ça manquait de taf, il y avait toujours à faire pour réparer leurs fichues baraques qui fuient de partout ou pour se battre contre la forêt pour cultiver trois betteraves; mais c'est juste que j'aimais pas leur façon de travailler. J'ai bossé pour un gars à réparer sa toiture mais une fois je suis arrivé en retard le matin, juste un peu bourré quoi il m'a viré et moi je lui ai dit d'aller se faire foutre.
Ange :
Je suis tourmenté. Non, je ne veux pas revoir d'humains, pâles pantins de chair dénués d'intelligence. Je fais signe à l'enfant que je lui trouverai de la nourriture et tente de le rassurer.
|| Le problème c'est que je ne sais pas où je suis. Il y a un champ de blé et un bois un peu plus loin. Peux-tu réellement savoir où je me trouve à partir de ces infos ? J'en doute ! ||
Tu continues donc sur le chemin, après ta chute. Tu t'éloignes de plus en plus de la dernière communauté dans laquelle tu as vécu. Un vent de liberté souffle sur tes traces. Bientôt, tu arrives devant une cahute, une sorte d'abri de fortune en tôle. Une bonne odeur de potée émane de l'habitation.
Misfit :
l'enfant te suit en traînant des pattes. Il va dédaigner toute la nourriture que tu lui proposeras par la suite, bien qu'il semble littéralement mourir de faim.
ll J'ai pas mal roulé ma bosse et y'a pas trente-six communautés qui arrivent à faire pousser du blé dans les essarts. T'es à côté du village des Défricheurs. T'as dû voir un sentier marqué d'une borne à tête de loir qui y conduisait. Si tu veux me rejoindre, il faut au contraire t'enfoncer dans la forêt à l'exact opposé. Fais pas gaffe aux ronces. T'arriveras à un vieil orme frappé par la foudre, on refera un point à ce moment là . ll
Une soupe... Moi qui suis déjà trempé comme une soupe. Je frappe à la porte pour demander aux tauliers l'aumône de leur potée.
Ange :
L'enfant me fait de la peine. Je décide d'ignorer pour le moment son état. Il faut que j'avance. Je me dirige donc à l'opposé du sentier de terre pour m'enfoncer dans la forêt et suivre les indications de mon compagnon éthéré. J'espère qu'il n'est pas comme les autres...
|| Merci. Je vais faire comme tu m'as dit. Je t'accorde ma confiance. Ne me déçoit pas. ||
Avant même que tu ne frappes à la porte, une jeune femme frêle et pâle ouvre la porte. Elle est vêtue de belles soieries et sent le parfum de rose. A ta grande surprise, ses cheveux sont de fins filaments d'or qui ondulent sur ses épaules au gré de sa respiration timide. "Je t'attendais voyageur. Entre. Réchauffe toi, nourris-toi et prend du repos."
Misfit :
Tu arrives au vieil orme frappé par la foudre, mais il y a une surprise. Il y a un homme en haillons, occupé à veiller un petit bébé dans un lange noir. Le nourrisson a l'air souffrant. L'enfant te fait de gros yeux comme s'il insistait pour que tu prennes le temps de les aider.
Cette donzelle sent le piège à plein nez. Mais j'ai deux problèmes : j'ai la dalle, et je suis accro au sexe. HRP : Si ça t'ennuie qu'il y ait des scènes sexuelles, je t'invite à faire Revisitation ou tout simplement à me notifier les lignes et les voiles en la matière. Dejà de base, j'ai pas prévu que mon perso soit un agresseur sexuelle, bien qu'il soit mal dégrossi FIN HRP Du coup, je sais que je vais avoir des problèmes, mais après tout c'est pas moi qui vais devoir les gérer mais le Misfit de demain. Du coup, je me fais pas prier pour entrer dans le cabanon d'un si joli petit lot et de sa potée odorante.
Ange :
Aidez les gens, très peu pour moi. Je laisse les hommes à leurs problèmes en général. Mais là , il y a un bébé. Une être peut être encore pur, immaculé des horreurs de ce monde. Je serre la main de l'enfant et me dirige vers le vieil homme
|| Tu avais raison. Il y a bien un vieil orme... Reste Ă me prouver que c'est le bon chemin l'ami. ||
La jeune femme te laisse entrer sans un mot et t'invite à t’asseoir. La table est dressée, un bol de soupe t'attend. Si tu en manges, tu te rendras vite compte qu'elle remplit l'estomac et a un arrière de goût de viande bouille, chose rare dans la région. Après un court instant, ton esprit s'embrume. Les vapeurs d'encens et le parfum de rose te prennent à la gorge. La jeune femme aux cheveux d'or s'allonge lascivement sur sa couche et défait sa robe.
Misfit :
L'enfant a l'air très heureux que tu ailles les aider. Tu inspectes le bébé et si en effet il a l'air souffrant, tu connais les herbes qui pourraient le soulager. Est-ce que tu prodigues tes savoirs médicinaux ?
ll C'est le bon chemin, mais je te donnerai de nouvelles instructions plus tard, là je suis un peu occupé hé hé. Mais tu n'as qu'à m'en dire plus sur toi de ton côté, en attendant. ll
Bon, le piège se referme, mais je vais pas me laisser piéger sans en profiter. Je me désape aussi, révélant mon corps crasseux et grêlé de maladies de peau. Je suis prêt à faire la bête à deux dos.
Ange :
Sans un mot, je me dirige vers la forêt où j'espère trouver de quoi soigner le bébé. Puis, je prépare ma concoction sans chercher à en savoir plus sur ces gens. Je ne veux pas m'attacher, me laisser distraire.
|| Je cherche à rentrer chez moi. Seulement, je ne sais pas où c'est. J'ai la sensation que ce n'est pas loin, que c'est quelque part à l'horizon. Je veux fuir les hommes et leur méchanceté. Je veux rentrer chez moi où je serai à l'abri... Voilà tout ce que tu as besoin de savoir l'ami. ||
Le piège se referme en effet comme tu l'avais prévu. Mais est-ce que savoir est suffisant pour vaincre ? Dans la volupté de l'instant, tu te perds dans les arômes parfumées de la jeune femme. Bientôt, tu n'as plus envie de repartir. Se poser, fonder une famille, vivre en heureux sédentaire... Tiens, ça sonne pas mal après tout, n'est-ce pas ? Finalement, qu'est ce qui te donnerait encore la force de continuer à voyager ?
Misfit :
Le vieil homme, perclus de fatigue, s'est endormi contre l'orme. Pendant que tu étais concentré sur la préparation de la décoction, tu as laissé l'enfant veiller sur le bébé. Tu entendais juste des petits bruits mais tu ne t'es pas inquiété. Puis un hurlement. Tu t'es retourné, mais le mal était fait. L'enfant avait développé une tête de corbeau et avec son bec il avait extirpé les yeux du bébé de ses orbites et les avaient dévoré ! Cet enfant, en fait, c'est une stryge, un Corax sans intelligence !
Je ne m'attendais pas à ce genre de piège. je pensais qu'en plein acte, elle se transformerait en horla pour tenter de me bouffer. mais quand je la vois sitôt la chose consommée commencer à faire des plans sur la comète et m'emprisonner dans ces bras, là je comprends le vrai piège. Ce qui me donnerait la force de continuer à voyager ? mais si je voyage, c'est par faiblesse, par facilité. Pour échapper à toutes les chianteries qu'implique la vie de couple : devoir bosser, être fidèle, s'occuper de quelqu'un, rester sobre... Ce n'est pas mû par le courage et la force morale que je vais me barrer, mais par la plus grande lâcheté, en pillant son garde-manger au passage.
Ange :
Voilà pourquoi je ne me mêle pas des affaires des hommes: cela finit toujours mal. D'une manière ou d'une autre, je fais du mal à quelqu'un en fin de compte. Je me lève donc et m'enfuis. Je veux rentrer chez moi. J'ai envie de laisser derrière moi les horreurs de ce monde. Tant pis pour les enfants, les femmes et les hommes. Qu'ils aillent tous en enfer. Je ne veux plus rien de tout cela.
Comment résistes-tu à cette tentation ? Comment te défais-tu de cette emprise ?
Misfit :
Puisque tu es si blasé.e des hommes, pourquoi veux-tu rentrer chez toi ? Et comment réagis-tu quand tu vois la stryge te filer le train, visiblement inconsciente d'avoir fait quelque chose de mal ?
Je me cogne la tête sur le bois du lit, jusqu'à littéralement pisser le sang. En général, la douleur permet de faire passer ce sentiment d'euphorie qui est le signe que je suis en train de m'attacher comme un chien s'attache à ses chaînes. Je ne vaux pas mieux qu'un clebs, d'ailleurs personne ne vaut mieux, mais au moins je suis libre.
Ange :
A vrai dire je ne sais pas ce qu'il y a chez moi. Je ne sais pas où c'est non plus. Je ne sais pas qui y habite. Je ne sais pas à quoi ça ressemble. "Chez moi" est une essence, deux mots qui portent une charge énorme. J'ai l'intuition que "chez moi" est un lieu pur, sans méchanceté, sans horreur, sans souffrance. J'en ai assez de ce monde de merde et je veux rentrer chez moi. Je sais que "Chez moi" existe, je l'ai intuité dans mon sommeil. Maintenant, il faut que je souffre pour l'atteindre.
Quant à la Stryge, je fais tout pour la semer. Je l'ignore tant bien que mal. Si elle me gène, je devrais m'en débarrasser.
Tu reprends donc peu à peu conscience. La jeune femme aux cheveux d'or est toujours sur toi mais elle n'est plus aussi belle, ni aussi jeune. Le parfum se dissipe et tu commences à voir que la hutte dans laquelle tu te trouves est un vrai capharnaüm, sales et en désordre, où rampent des insectes et des rats. Le festin n'était rien d'autre que des restes de viandes avariées. Bref, le charme se dissipe avec le doux parfum de rose.
Misfit :
La Stryge te file le train, elle connaît mieux la forêt que toi, et donc même quand tu t'aventures dans des maquis perclus de ronces et d'orties et de souches renversées, tu n'arrives jamais à la semer, juste à te perdre davantage. L'enfant a repris sa forme humaine, il te suit la gueule pleine de sang et a pas l'air de comprendre en quoi il t'a déçu.
ll Désolé pour mon silence, j'étais un peu occupé... Mais je commence à bien voir où se trouve ton chez toi... Je peux vraiment m'y amener. Depuis l'orme, tu dois longer la rivière aux ordures, suis toujours l'affluent qui a le plus d'ordures à sa surface et tu me trouveras. Si t'es plus à l'orme, il faut d'abord que tu y reviennes.ll
Je dis à la femme : "Tu sais, si tu voulais me donner à bouffer et te prendre un coup de rein en échange, t'étais pas obligée de faire toutes ces manières, j'suis pas difficile... Mais bon, tu me facilites la tâche. T'as voulu m'embrouiller, comme toutes les autres, comme tous les autres. Alors, c'est plus facile pour moi de te dire bye bye. je t'embarque ces bouteilles de vieux pinard. Compensation pour ta tromperie.
Ange :
Je ne sais pas si je dois faire confiance à à Misfit. Et si il était comme tous les autres ? Et si il essayait de me berner ? Et si il était violent, sauvage, dégoûtant, ... humain ? Je m'assoie un instant et je médite. Je pèse les pour et les contre. Cette personne ne m'a pas menti pour l'orme. Mais j'ai peur d'être encore déçue. D'une voix sans expression, je lance à la Stryge: "T'en penses quoi toi ?"
La femme te regarde avec un sourire. "Dommage, tu aurais été délicieux..." Tu réalises alors ce que tu viens de manger. La viande avariée n'était certainement pas du porc.
Misfit :
La Stryge te jette un regard plein de confiance... de confiance en toi. Qu'est-ce qui fait que tu ressens le besoin d'avoir quelqu'un sur qui te fier, malgré ton dégoût de l'humanité ?
"OK, là c'est marre, je dis". Je descend la moitié de la boutanche d'un cou, puis je la brise sur une table et je la lui plante dans la gorge, tout en lui gerbant à la gueule.
Ange :
Certainement un vieux réflexe conditionné. Je suis perdu alors je demande mon chemin. L'humanité me dégoûte mais au fond de moi, cette part de naïveté qui n'a pas encore été écrabouillé par la méchanceté humaine espère encore que les autres sont dignes de confiance. Cette part de moi se rapetisse de jour en jour. Le jour où elle disparaîtra complètement, le jour où cette naïveté primitive sera anéantie, je ne sais pas si je serai capable de vivre encore. Je me tourne vers la Stryge. Si cette bête me fait confiance à moi, je peux faire confiance à un homme. Une dernière fois ?
|| OK, je vais me diriger vers l'orme. J'attends tes instructions lĂ bas ||
La tension redescend. Le parfum se dissipe. La scène se fige. Que ressens-tu ?
Misfit :
La stryge est fatiguée. Il faut que tu la prennes dans tes bras pour la ramener jusqu'à l'orme à travers le fouillis de végétation
ll Je t'ai déjà donné mes instructions : suis la rivière de déchets. Je serai au bout s'il m'arrive pas de pépin en chemin. ll
Je me sens... dégoûté. Une grosse gueule de bois physique et morale. Je pisse sur les restes de la cabane et je me casse. Ce soir je dormirai à la belle étoile et même si on se gèle les couilles et qu'on est à la merci des prédateurs on est mieux que dans le giron d'une vieille folle, qu'elle se prétende belle ou tante ou toutes ces personnes qui disent savoir ce qui est bon pour moi alors qu'elles feraient mieux de s'occuper de leurs fesses.
HRP pardon pour le niveau de langage je sentais le personnage comme ça, j'espère que ça te gêne pas trop, sinon je peux faire un effort pour le faire évoluer FIN HRP
Joueur d'Ange :
HRP: je ne sais pas ce que tu en penses, mais on peut faire la jonction non ?
Thomas :
oui si tu veux. On voit ça lundi ?
Joueur d'Ange :
tu me diras comment ça marche ?
Misfit :
Et bien d'abord, on va se retrouver, on va peut-être échanger un peu et après il y aura quelques questions cruciales
(je démarre, histoire de gagner du temps)
Arrivé au bout de la rivière de déchets, tu trouves en effet Misfit qui t'attend, en train de cuver dans les feuilles mortes. "Et bien te voilà . On va pouvoir se mettre en route. Du moins si ton dégoût de l'humanité te pousse à me mettre un coup de couteau entre les omoplates au moindre faux pas"
Ange :
Je suis surpris par ce ton direct et cette franchise. Je tiens toujours la stryge endormie dans mes bras. "Je te fais confiance jusqu'Ă ton prochain faux pas, en effet..."
Misfit :
alors je vais être cash et t'en dire plus sur ta destination. Je vais t'amener chez toi comme promis mais ça ne veut pas dire t'amener quelque part, au contraire. Ton chez toi ce sera la route, c'est le seul endroit où tu seras bien, et ton seul foyer ce sera un copain.
HRP : A moins que tu ressentes le besoin de dialoguer plus avant avec Misfit d'abord, tu dois répondre à ces questions :
+ Quitte-tu Misfit ou continuez-vous la route ensemble ?
+ Essaie-tu de tuer Misfit ?
+ Maintiens-tu l'objectif que tu t'étais fixé pour votre jonction ? Si non, quel est
ton nouvel objectif ? FIN HRP
Ange :
Je regarde l'homme en face de moi avec surprise. On peut voir que je suis très déstabilisé par cette réponse. Je ne m'attendais pas du tout à cela. Tout en gardant le garçon dans les bras, je m'avance vers Misfit et je m'assoie à côté de lui. "J'ai bien peur de ne pas comprendre... Eclaire-moi."
Misfit :
chez toi, c'est nulle part. N'espère retourner d'où tu viens et retrouver les tiens. Tu n'y trouveras que ruine et désolation, que la mesquinerie et les atrocités des sédentaires, ceux là -bas qui se prétendaient ta famille et tes amis, tu n'y verras que des monstres, aussi humains soient-ils. Ton vrai chez toi, c'est pas ton ancien chez toi que tu as oublié et que tu idéalise, mais c'est ton nouveau chez toi, la route, à toujours fuir cette humanité qui nous débecte tous les deux. C'est pour que ça que je suis ton guide idéal : parce qu'on va au seul endroit qui sera bien : nulle part
Ange :
Je regarde le ciel avec mélancolie et soupire. Petit à petit, cette illusion que je m'étais fabriqué de toute pièce sur mon "chez moi" se détricote. Et si Misfit avait raison ?
"Et toi ? Tu cherches un chez-toi aussi ?"
Misfit :
Ben non, je cherche juste un copain, et peut-ĂŞtre un chien.
Ange :
Je m'attendais à quelque de plus profond et je regarde maintenant Misfit avec méfiance. Je pensais que nous allions être sur la même longueur d'onde, mais ce qu'il dit fait l'effet d'un coup de fouet sur mon esprit. Comment ai-je pu me laisser berner ne serait-ce qu'une seconde par ce type qui ne comprend définitivement pas ce que je ressens.
"OK... Montre moi le chemin alors !" dis-je avec un ton neutre. Ma frustration est visible et mon humeur changeante est suspecte. Dès que Misfit a le dos tourné, je lâche l'enfant et tente de le poignarder. Je terminerai mon voyage seule: nos destinations ne sont pas compatibles.
Misfit :
Est-ce que je maintiens mon objectif (trouver un copain d'errance) : oui, du moins je crois que j'y suis parvenu, ne sachant pas ce qui se trame. Alors que je te tourne le dos, je dis juste une chose : "Par contre, il faudra tuer la stryge. On peut pas se coltiner une créature qui bouffe les yeux des bébés"
Est-ce que j'essaye de te tuer : Non, j'ai confiance en toi.
Tu dois maintenant répondre à cette dernière série de questions :
Misfit accomplit-t-il son objectif (trouver un copain d'errance) ? Je pense que non, vu ce que tu viens de dire, mais je dois quand mĂŞme te demander.
Si Misfit essaye de te tuer, y survis-tu ? Question caducque, puisque Misfit n'essaye pas de te tuer
Ange :
D'accord avec toi: Misfit ne trouve pas son copain d'errance
Je continuerai de voyager avec la Stryge
Misfit :
Est-ce que ton personnage accomplit son objectif ? Non, il ne trouvera jamais son chez-lui. Il quitte Misfit alors que son corps est à peine froid, entraînant la Stryge avec lui. Peut-être créeront-ils un nouveau chez eux, l'ancien est sûrement perdu.
Misfit est mort comme il a vécu, sans fleurs ni couronne
Discussion après-jeu :
Thomas :
Merci beaucoup d'avoir joué !
As-tu des commentaires ?
Joueur d'Ange :
Merci pour la partie.
Je te ferai quelques commentaires quand je trouverai le temps de mettre tout cela Ă plat
qu'en as tu pensé ?
Thomas :
Et bien c'était la première fois que je faisais pas réseau sociaux, donc les échanges sont plus développés que par sms, c'est intéressant (mais en revanche c'est plus décousu vu que ni l'un ni l'autre on avait les dispos de répondre tous les jours). Je pense que toi et moi on est parti sur une pente plus noire qu'à l'accoutumée, moi ça m'intéresse pour changer, j'espère juste que ça ne t'a pas dérangé
Joueur d'Ange :
Concernant la partie:
- J'ai bien aimé dans l'ensemble. J'ai retrouvé avec plaisir l'univers de Millevaux
- J'ai eu beaucoup mal à me positionner dans la narration. J'ai beaucoup joué par forum quand j'étais plus jeune et cette expérience s'en rapproche pas mal. Ceci dit, le format facebook ne permet ni l'immersion (confort de lecture, image, mis en forme de texte) ni le plaisir littéraire (messages en général court, pas spécialement fouillé)
- J'ai eu du mal à trouver des accroches pour ton personnage. Les quelques obstacles que j'ai tenté de mettre en oeuvre ne me satisfont pas à 100%, d'une part parce que Misfit n'avait pas d'attache à part la route, d'autre part peut être parce que j'avais du mal à me mettre dans le jeu à cause du format. J'aurai aimé trouver mieux, plus poignant, plus percutant, plus pertinent.
- J'ai un peu de regret de ne pas avoir réussi à exploiter à 100% mon personnage, surement pour les mêmes raisons que pour Misfit
- In fine, j'ai dû déployer des outils à moi pour tenter de trouver de quoi avancer: poser des questions, trouver des attaches, poser un choix moral, ect. Bref, j'avais l'impression de jouer un version bâtarde de Terres de Sang et Inflorenza Minima. Cela ne veut pas dire que c'était pas cool, au contraire. Une simple sensation de flottement en jeu, de difficulté de positionnement de ma part.
VoilĂ voilĂ !
Merci pour la partie en tout cas. C'était très cool ?
Thomas :
Merci beaucoup pour ton retour ! Pour la petite info, Mycorhizes est plus ou moins un hack de Inflorenza Minima, donc c'est en effet utile d'y réincorporer des notions de Minima. Par ailleurs, je pense que Les Forêts Mentales, spécialement étudié pour le format forum, t'aurait peut-être davantage convenu au vu de ton retour.
Mon choix de personnage a pu en effet poser problème, je m'en rends compte. j'ai fait un personnage de clochard inspiré de Bukowski, et du coup, c'est presque littéralement un murder hobo. ça n'est pas impossible de trouver des attaques morales pour un tel perso, mais ça prend du temps, c'est plus difficile que, par exemple, mon précédent perso de Mycorhizes qui était un père de famille
Hors ligne
LES TROIS MAINS DE LA PORTE
Une partie de Mycorhizes à trois personnes pour une convergence de mort et de spiritualité. Un rapport par Damien Lagauzère.
(temps de lecture : 20 min)
Joué en ligne en textuel, en septembre 2019
Le jeu : Mycorhizes, jeu de rôle textuel (SMS ou réseaux sociaux) à deux dans l'univers de Millevaux
Andrea Kirkby, cc-by-sa
Prémisses :
Je propose une partie d'une dizaine de message avec maximum un message par jour. Pas la peine de se mettre la pression pour répondre du tac au tac. Vaut mieux, je pense, se laisser aussi le temps de la réflexion. On peut répondre dans l'immédiateté et se rendre compte quelques heures qu'on vient d'avoir une idée géniale mais qu'il est trop tard. Donc, je propose qu'on prenne son temps. En plus, en ce qui me concerne, je n'exclues pas de jouer l'errance de mon personnage avec Bois-Saule.
Je pense qu'on peut comprendre le principe des Mycorhizes de différentes façon. Toutefois, je vous propose de considérer que ces Mycorhizes qui se trouvent sur les arbres, d'une certaine façon, « captent » les pensées de certaines personnes et les « redistribuent » sous forme d'ondes électriques que d'autres reçoivent et traduisent en mots.
Ainsi, nos messages peuvent contenir une communication directement adressée à un autre personnage (en espérant que celui-ci passe à proximité d'un arbre et capte l'onde) mais aussi seulement les « pensées » du personnage, soit une description de ses actions ou de ce qui se passe autour de lui (action du décor).
On décrit les actions de son personnage, pas de celui des autres.
Quand on décrit l’environnement, on peut confronter son personnage à un problème (une question difficile) voire à un réel danger (monstre...). Si on décrit notre personnage s’en sortant avec trop de facilité, les autres ont la possibilité de nous répondre en nous infligeant une conséquence négative. Par exemple : certes mon personnage a battu ce horla dans la grotte mais... est-ce que cette petite plaie sur mon bras n'est pas en train de s'infecter ou bien n'ai-je pas perdu un objet précieux dans la lutte ?
Nos messages peuvent contenir une description des actions de notre personnage ET/OU une description de ce qui se passe autour de nous (les autres captent les pensées) ET/OU une communication (le personnage s'adresse aux autres). Pour distinguer les pensées du message consciemment et volontairement transmis, le texte de la communication est placé entre 2 ll.
Si un message devait contenir quelque chose qui vraiment ne nous convient pas, on peut le réécrire avec l'option « Revisitation ». Il s'agit de commencer son message par le mot « Revisitation » et de le faire par la version du message qui nous convient mieux. Ensuite, on enchaîne avec notre propre message. Dans l'histoire cela peut se justifier par une action étrange de l'Emprise ou de l’Égrégore qui auraient modifié la réalité ou altéré les perceptions de l'un ou l'autre des personnages, d'où la différence de message.
Sans jouer le rôle de MJ les uns pour les autres, je propose qu'on puisse éventuellement mettre les autres personnages en « difficulté » ou en tout cas les confronter à des situations qui nous paraissent intéressante en leur posant la question. Exemple : ll Je crois que tu es passé près d'une zone avec des grottes. As-tu rencontré des ours ? ll Là , le joueur peut rebondir, répondre que oui et expliquer comment il a vaincu ses ours. Et s'il s'en est sorti un peu trop facilement, les autres pourront lui imposer une conséquence négative. ll Certes, tu as tué cet ours mais... tu as perdu beaucoup de temps. Il va falloir courir si tu veux être à l'heure à notre rendez-vous... ll
Concernant l'action du décor et des figurants, la règle dit « Au cours de cette phase, tu dois amener une situation dangereuse pour l'autre personnage ou lui poser une question gênante. » Peut-être peut-on considérer que nos personnages, pour des raisons inconnues et peut-être à découvrir sont liés plus profondément qu'on ne pourrait le penser par les Mycorhizes. Aussi, peut-être qu'il peut aussi nous arriver d'avoir des visions, des flashs, de ce qui peut leur arriver. Mais, ces flashs décrivent-ils le passé, le présent ou l'avenir ? Ça, on ne le sait pas. Il faudra le demander au personnage concerné.
Mon personnage s'appelle NoAnde. C'est l'ancien shaman du Clan des Arbres. Il est devenu fou après que son peuple fut exterminé par des fanatiques religieux. Dans sa fuite, il a vécu une expérience des plus traumatisantes au terme de laquelle il a voué son âme à Shub-Niggurath. NoAnde est fou, au point qu'il ne sait plus si la tête de sanglier qu'il a sur les épaules est un masque ou sa véritable tête. Il cherche le point de jonction car il est convaincu qu'il s'agit d'un portail vers un autre monde qu'il veut contaminer avec la pestilence de Shub-Niggurath et Millevaux.
Maintenant, à nous de nous mettre d'accord sur la durée, la fréquence, le lieux et l'heure de la jonction. Y trouvera-t-on ce que nous sommes venus y chercher ? On verra bien...
XxXxX
NoAnde :
Voici le premier jour des dix derniers jours. Dans dix jours exactement, je serai à la Porte. La Mauvaise Mère, la Chèvre Noire des Bois aux mille Chevreaux me l'a dit. Dans dix jours, je pourrai passer de l'autre côté. Et avec moi, j'apporterai la Mauvaise Mère, la Chèvre Noire des Bois aux mille Chevreaux. Ce sera mon cadeau à cette nouvelle Terre.
La nuit est brune. Je sors tout juste des Forêts Limbiques où la Mauvaise Mère, la Chèvre Noire des Bois aux mille Chevreaux m'a délivré son message, m'a confié ma mission. Je ne sais ni où je suis, ni quand je suis. Je me rappelle ces hommes tuant méthodiquement et avec acharnement ceux de mon clan. Je me rappelle ma chute et mon errance sous terre. Je me rappelle avoir vu et subi l'influence de la Mauvaise Mère, la Chèvre Noire des Bois aux mille Chevreaux. Je me rappelle avoir accepté mon sort et mon destin. Et puis... Et puis...
Il n'y a aucun bruit ici et cela ne me rassure pas. L'air est saturé d’Égrégore. C'est certainement cela qui a chassé toute vie. Ou plutôt, qui a chassé toute vie capable de s'enfuir. Les arbres, eux, sont toujours là . Avant, ils me parlaient et je rapportais leurs mots à ceux de mon clan. Aujourd'hui, voudront-ils encore me parler ? Je m'approche de l'un d'eux, un vieux Noyer. Je lève le bras et me saisis d'une branche et je sens. Je les sens. Deux présences. Leurs pensées me restent incompréhensibles pour le moment mais je sais qu'elles sont là quelque part et qu'elles aussi sont en route pour la Porte. Qui sont ces présences ? Qui êtes-vous ? M'entendez-vous ? Parlez-moi !
Et dans la nuit brune la lumière se fait. La lumière de la Révélation...
ll Entendez-moi ! Nous sommes liés ! Nous devons nous retrouver à la Porte. Nous avons dix jours. Pas un de moins, pas un de plus. Je me nomme NoAnde. Et vous ? ll
J'espère que ces deux « présences » ne verront pas les images qui défilent maintenant dans ma tête. La grotte souterraine, celle où j'ai été traqué par ce monstre, ce Horla ? Là où pour sauver ma vie j'ai voué allégeance à la Mauvaise Mère, la Chèvre Noire des Bois aux mille Chevreaux. Et pour me récompenser, elle a fait de moi ce que je suis. Elle m'a fait perdre la tête et elle m'a fait perdre la vie...
ll Hey, vous deux ? J'espère que vous n'avez pas vu ça ! Sinon... ll
ZÂ :
Voici le premier jour des dix derniers jours. Dans dix jours exactement, je serai à la Porte. Dans dix jours, je pourrai passer de l'autre côté. Je ne sais pas qui me l’a dit, mais j’y crois, je suis certain qu’il s’agit de la vérité. Je ne sais par contre pas quelle est ma mission… Quoique. Ma mission principale est la suivante : survivre. Survivre dans cet environnement hostile. Survivre de ma maladie. Car, oui, tout ce que je sais de moi, c’est que je suis malade. Aucun souvenir sur mon prénom, mon nom, mon statut, mon origine, mon passé dans son entièreté… Je me sens vide, je me sens seul. J’ai perdu la notion du temps, mes repères géographiques. Je suis perdu… Mais j’ai envie de me battre jusqu’au bout. De rejoindre cette porte et de pouvoir mourir en paix à cause de ma maladie qui me ronge un peu plus chaque seconde.
Je m’approche d’un arbre, je m’y adosse, ferme les yeux, soupire, puis glisse le long du tronc pour me retrouver assis, toujours dos à l’arbre. Je soupire une seconde fois, exténué par ma marche de la journée… Et alors que je suis en train de me blottir dans les bras de Morphée, une voix arrive gentiment à mes oreilles… Ou à mon esprit. Je fronce légèrement les sourcils et tente de me concentrer davantage malgré ma fatigue. Au fil des mots, je me sens de plus en plus confus. Qui est-ce ? S’adresse-t-il vraiment à moi ? Ou alors… S’agit-il simplement de mon imagination qui me joue des tours ?
Malgré ça, je ne peux m’empêcher de ressasser ces paroles… Liés ? La fameuse porte ? Dix jours… Trop d’aspects coïncident. C’est vraiment très étrange. Ensuite, son prénom résonne dans ma tête. NoAnde. Et… Il espère qu’on n’a pas vu quoi ? Et sinon quoi ?!
Mon pouls s’accélère… J’ai peur, je ne comprends pas ce qu’il se passe. Je suis ensuite sujet d’une quinte de toux qui me fait perdre ma concentration et donc ce contact avec l’étranger… Je me rattrape pourtant rapidement.
- Hey !! Moi c’est… Moi c’est…
Quel est mon prénom déjà ?... Mince ! Pourtant, je me souviens de la première lettre, heureusement!
• Je… Appelle-moi « Z »… Qu’est-ce qu’on ne devait pas voir ?
Voici le premier jour des dix derniers jours. Dans 10 jours exactement, je serai Ă la porte.
La forêt communique et je la ressens, moi, son humble serviteur. Nous ne faisons qu’un, une union parfaite et puissante !
C’est d’ailleurs elle qui me l’a demandé : la protéger coûte que coûte. Des intrus, dans MA forêt ! Que veulent donc ces envahisseurs ?
Je redoute mon arrivée à la porte, aurai-je le temps de remplir ma mission ?Blotti au creux d’un arbre, mon corps vibre et mes sens sont en éveil : encore une autre voix…
Ces êtres ne me paraissent pas hostiles, mais ce sont justement les plus sournois.ll Mon identité vous importe peu. Que souhaites-tu cacher à ma forêt, NoAnde ? ll
L’engourdissement me prend, je lutte, me remue un peu, mais mon esprit s’embrume. Qu’étais-je donc en train de faire ?
NoAnde :
ll Moi ? Je n'ai rien à cacher bien sûr ! Là n'est pas la question. Et tu peux parler, toi qui ne veut même pas dire ton nom. Mais peu importe. Si tu m'entends, le malade, décris-moi tes symptômes. J'étais le shaman du Clan des Arbres avant et je peux peut-être quelque chose pour toi. Et puis, vous deux, dites-moi aussi où vous êtes. Nous ne sommes peut-être pas si éloignés les uns des autres. ll
Et c'est tremblant, appuyé à un arbre, que je capte et réponds à ces messages. Je viens à peine de ressortir de cet ancien château. Il fait nuit et il y a toujours ce quelque chose de bizarre dans l'air. Je sens très fortement la présence de la Mauvaise Mère. Je pense que ce lieu est chargé d’Égrégore. Moi, cela ne m'inquiète pas mais, pour d'autres, ça peut être synonyme de danger. Le château d'eau, l'intérieur était envahi par des cafards, des cloportes et autres insectes rampants. Il y en avait partout. Mais je devais aller plus en avant car quelque chose m'attendait, au fond. Je devais aller au delà du dégoût que m'inspiraient ces insectes. Là , je le savais, il y avait du Pétrol'Magie ! Je devais le prendre. Mais ces insectes m'en empêchaient. Pas parce qu'ils sont hostiles ou dangereux. Parce qu'ils sont... repoussants ! J'y suis parvenu évidemment. J'ai surmonté le dégoût. Mais maintenant, tout le monde va savoir que pour me fondre parmi les rampants, j'ai dû devenir moi-même un rampant, devenir moi-même un cafard, un cloporte... Je suis repoussant, encore plus qu'avant…
ZÂ :
J’entends une seconde voix ! Nous sommes donc trois ? Ou même peut-être plus… Je sens une vague d’espoir s’emparer de tout mon être ! Je me colle davantage contre le tronc, de peur de perdre le contact si précieux !
-Je… J’ai mal, j’ai froid. Mais mes poumons me font le plus souffrir. Je peine à respirer et le moindre effort m’est extrêmement désagréable… D’ailleurs, lorsque je force mon organisme un peu plus que ce qu’il ne faudrait, je suis pris de quintes de toux plus ou moins violentes… Comment pourrais-tu éventuellement m’aider ?...
En réalité… Cette idée ne me paraît pas vraiment réalisable… J’ai peur de ce que je pourrais avoir. Et la simple idée de me battre pour sortir d’ici, pour survivre, est toujours désillusionnée lorsque j’ai autant mal et que j’ai l’impression que ma vie me quitte petit à petit… Je reprends pourtant la « parole » pour répondre à sa question.
- Je crois que je me trouve dans une zone avec quelques cerisiers en fleurs… Mais je ne connais pas cet endroit. Il est peut-être plus vaste qu’on ne le pense…
Je finis par ouvrir les yeux pour contempler l’environnement qui m’entoure. Mais la nuit est déjà bien tombée et j’ai du mal à distinguer les formes autour de moi. La peur s’empare à nouveau de moi et je me mets à frissonner sans arrêt. Je reporte mes jambes contre moi et referme les yeux pour revenir prendre ce précieux contact avec les deux autres.
- Je ne sais pas quoi faire… J’ai tellement peur. Qu’est-ce qu’on doit faire ? Savez-vous où est cette fameuse porte ?...
Je sens des larmes couler le long de mes joues. Par pitié, faite que ce cauchemar cesse !…
Enfin, je gagne la lutte pour récupérer mes sens. Je suis bien trop proche de cette nature, et l’égrégore me submerge.
Un vent de panique m’envahit alors : - Forêt ! Laisse-moi accomplir ma mission, et arrête d’encombrer ma voie ! ». Je sais que mes cris se perdront dans l’immensité du lieu, et ma supplication restera vaine.
Que le Shub-Niggurath m’en soit témoin, je suis son émissaire, son allié. Il lui faut des yeux et des oreilles parmi ses présences indésirables.ll Dis moi, NoAnde, tu es bien sur tes gardes pour quelqu’un qui ne cache rien… N’as-tu pas peur que la forêt te punisse si tu omets la vérité ? Prends garde aux racines. ll
Il ne m’inspire pas le moins du monde. Mon esprit ne sera pas en paix tant qu’il ne se sera pas dévoilé. J’arrive, Shaman…
ll Z, sois prudente. Cette terre peut t’offrir le meilleur comme pour le pire. Sache qu’ici, tout peut basculer en un rien de temps alors fais très attention à ce que tu approches. Un être dans ces bois peut t’être utile, on dit que les Ramedjeru, des belettes aux allures de serpents, peuvent guérir tous les maux. ll Son angoisse est palpable et me parvient, j’ai de la peine pour cette personne. À moins qu’elle ne cache son jeu, elle me semble juste perdue.
J’écarte les feuillages de mon arbre tatoué et j’observe. Le monde sous mes pieds est rempli de ronces, mais elles ne me font pas peur.
Je me laisse glisser le long du tronc pour en descendre, il est temps que je me mette en route.
NoAnde :
Bah ! Pas besoin d'avoir quelque chose à cacher pour être prudent ! Qu'est-ce qui n'est pas dangereux ici ? Je vous le demande ? D'ailleurs...
ll Tu sais ? Nul besoin d'avoir quelque chose à cacher pour être sur ses gardes. Même en tant qu'ancien shaman, je sais bien que la forêt recèle bien des dangers. D'ailleurs, certains d'entre eux m'ont l'air de t'être bien familiers. Ne seraient-ils pas tes amis ? Ne serais-tu pas l'amie des Horlas? ll
Raaah ! Que ces provocations sont vaines. Je suis en train de me laisser détourner de mon but. Je ne dois pas oublier la Porte. La Porte et Shub-Niggurath. Et cette Z, dans quel état est-elle ?
ll Dis-moi, comment tu te sens ? Tu as parlé de cerisiers. Y en a-t-il toujours autour de toi ? Nous ne sommes peut-être pas si éloignés que ça l'un de l'autre. Si tu as besoin d'aide... En tout cas, si tu veux atteindre le Portail rapidement, je te conseille de marcher vers l'Est. ll
ZÂ :
Je hoche la tĂŞte lorsque l'une des voix me dit de rester prudente et je me recroqueville un peu plus sur moi-mĂŞme. Cette voix est chaude, douce, rassurante... Elle me donne le courage et l'envie de me battre.
Je hoche une seconde fois la tête lorsqu'elle me parle de ces animaux fabuleux, prête à aller découvrir davantage le monde pour avoir une chance de trouver et, ainsi, d'augmenter mes chances de guérir.
L'autre voix parvient ensuite à mes oreilles et je décide de répondre.
- J'ai mal et je suis épuisée... Mais il faut que je trouve un Ramedjeru. Je vais me remettre en route, vers l'est, marcher quelques heures. Je verrai bien jusqu'où je peux aller avant que je m'arrête pour faire une pause, pour reposer mes jambes. Et oui, il y a encore quelques cerisiers là où je me trouve. Je vais marcher quelques temps vers l'est et je vous redirai ce qu'il s'y trouve. À plus tard...
J'ouvre les yeux et soupire avant de me lever en grognant un peu. Mes jambes me font encore mal, mais il faut y aller. Je n'ai pas le choix. Alors, en repensant aux sages paroles des deux individus, je me gonfle de courage et reprends la marche.
NoAnde :
Je poursuis mon chemin. Mes pas me mènent jusqu'à des marais. Il fait presque nuit et il règne un silence absolu. J'y vois le signe de l'influence d'un Horla. Je me méfie. Je continue ma route. Je n'ose pas m'arrêter. Prendre un peu de repos serait risquer de m'endormir. Et là , je serais une proie des plus faciles. Alors, j'avance. Je suis fatigué mais j'avance. Je veux quitter cette zone au plus vite. Je m'enfonce au cœur du marais. Je ne veux pas perdre de temps à essayer de le contourner. Je préfère tracer ma route tout droit, quitte à me retrouver en plein cœur de cette région. Le danger est plus grand mais j'y serai exposé moins longtemps. Autour de moi, à mesure que je m'enfonce dans les marécages, jusqu'aux chevilles puis jusqu'au genoux, je vois les plantes autour de moi changer de forme. Plus j'approche du cœur du marais et plus elles sont marquées par l'influence de Shub-Niggurath. J'ai renoncé à la raison et même à la vie. Je me suis voué à la Mauvaise Mère, à la Chèvre Noire. Et pourtant, je la crains toujours. Pour autant, je me rapproche de ma destination. Là , non seulement je trouverai cette porte mais j'y trouverai aussi ces deux autres voyageurs. Eux aussi doivent se rendre à la Porte. L'un d'entre eux pense y trouver un remède à son mal. L'autre a l'air d'avoir une mission envers la forêt. Ça fait un bon moment que je n'ai plus de leurs nouvelles. Je m'approche d'un arbre et pense aussi fort que je le peux :
ll Hé ! Vous deux ! Vous êtes toujours là  ? Que devenez-vous ? J'approche de la Porte. Et vous ? Comment se passe votre voyage ? Et toi, l'amie, ta santé ? Tu te sens mieux ? ll
Je pose la question mais je sais que sa santé décline. Je le sens. De toutes façons, comment ne pas décliner dans cette forêt ? Tout décline. La vie n'est qu'un lent déclin vers la mort. La maladie est un voyage plus rapide vers cette dernière. Finalement, la forêt n'est peut-être rien d'autre que la vie en plus rapide ? Même si parfois la route paraît longue.
J'approche du cœur du marais. Il n'y a toujours aucun bruit mais je vois une lueur dans la brume. Je distingue une silhouette également. Elle est maigre et tremblante. La lueur, comme la vie, semble la quitter. La silhouette tombe à genoux dans la boue et la lueur qui était en elle se jette elle aussi dans la boue. Il n'y a toujours aucun bruit. Pourtant, on s'agite sous l'eau. Émerge alors ce que je sais être un nouveau Horla. Issu du mariage de la lueur, du cadavre et de la boue, le nouveau maître des lieux est prêt à prendre possession de son domaine. J'en ai assez vu.
Je m'éloigne, d'abord à pas lents, prudemment, puis je me mets à courir. Je ne m'arrête pour reprendre mon souffle qu'une fois certain d'être sorti du marais. Je crois entendre une voix... dans ma tête ou derrière ?
Comme il me semblait, j’ai passé la zone de ronces sans la moindre égratignure… Mais je ne sais pas combien de temps s’est écoulé. Mes phases d’oubli se font de plus en plus fortes, et je me fatigue vite. Au fond de mon esprit à résonné la voix du Shaman, mais j’étais trop épuisé que pour répondre. Je me force néanmoins à enregistrer ses paroles, il me faudra lui répondre plus tard.
Me voici face à une nouvelle zone, des ruines. Un cimetière, je crois. La contourner me prendrait tellement de temps…Assez pour rater mon rendez-vous avec les intrus et je ne peux me le permettre ! Alors, pas le choix. Je caresse une dernière fois les plantes avant de m’engouffrer dans ce terrain sans vie.
Je suis complètement perdu dans cet immense lieu. Les ombres me survolent sans cesse, et je n’ai aucune nature auprès de laquelle tirer un peu de force et de courage… Cet éloignement me fait du mal, je suis seul pour lutter contre le mal de cette terre.Une voix me sort de ma torpeur, c’est Z. Je me surprends alors à être content de sa détermination : -Quel imbécile, tu n’es pas là pour te réjouir ! Allez, concentre-toi un peu… Je me secoue vivement et reprends ma marche éreintante.
La fatigue me reprend alors que le mal rode, je le sens… les kilomètres se ressemblent et je ne vois pas le bout. Bientôt, je vais craquer. Mon pied se prend dans les restes d’une tombe et je m’écroule. L’égrégore est là , et je n’ai rien pour m’aider. Je lutte, mais c’est plus fort que moi, je sombre alors dans le néant…
Une Voix ? Oh, ce shaman… J’ouvre doucement les yeux et prends conscience de mon état. Je fais peine à voir, écroulé dans le sable et la poussière. Je me force pour retrouver mes esprits et répondre à tous ces messages que j’ai ignorés :
II Shaman, n’oublie jamais que les horlas vivent à travers chacune de nos peurs. Ils n’ont pas d’amis ! Ne confonds jamais la camaraderie avec une alliance, et je vous transmets la seule chose nécessaire. À savoir, de trouver cet animal pour aider Z. Il me semble qu’elle a besoin de toi, non ?
Je suis tout proche de ta position, je t’entends tellement distinctement…
Z, continues ainsi et la forêt sera ton guide. IIAssis au milieu de ce cimetière et pour la première fois, je commence à craindre cette expérience.
ZÂ :
Chaque pas me blesse les pieds. Chaque pas me fatigue un peu plus. Chaque respiration devient de plus en plus douloureuse... Je gémis, fais un pas de plus, puis un autre, puis... Je m'écroule à genoux dans la boue… Mes oreilles se mettent à siffler. Je prends ma tête entre mes mains, hurle de douleur, me recroqueville sur moi-même... Et je pleure. Le souffle commence sérieusement à me manquer, mes forces me quittent... L'angoisse s'empare de tout mon être, ne faisant qu'aggraver la situation. J'entends finalement les voix des deux autres, mais je n'ai pas la force de leur répondre. J'ai mal. Je suis éreintée. Je n'en peux plus. Je ne peux plus supporter cela... Mes paupières, lourdes, se ferment, je me mets à tousser encore et encore... Le souffle me manque. Je suffoque. Je tente de le reprendre, en vain. Je sombre dans les néants de l'inconscience...
Je ne sais combien de temps je suis resté dans cet état de torpeur, assis dans les crasses à regarder dans le vide. Me suis-je endormi ? Suis-je d'ailleurs toujours au même endroit ? Pas moyen de récupérer la notion du temps.
Ça fait longtemps que je n'entends plus personne, c'est étrange.
Je dois vite retrouver de la verdure, elle pourra me dire, me faire sentir ce qu'il en est deux.Ma décision prise, je me lève et observe. La fatigue est tellement intense qu'elle me bouffe, je vois flou. Quoi qu'il en soit, je dois continuer.
La reprise de la marche est tellement Ă©puisante ! Qu'importe, je continue Ă placer un pied devant l'autre.
Les heures passent, et je crois voir enfin une zone plus familière...
Z! Je reconnais sa voix, mais pourquoi ce hurlement ?
Attendez... Était il dans ma tête ou l’ai-je vraiment entendu...?
NoAnde :
ll Oui, tu as bien entendu. Et notre ami va mal. Mais je ne suis pas inquiet. En effet, je viens d'arriver à la Porte et il sera guéri. Ça ne ressemble pas du tout à ce que je croyais. Laissez-moi vous décrire cet endroit. Vous allez bientôt arriver là où trois arbres forment un triangle. Leurs troncs sont reliés par une sorte de voile aux reflets iridescents. Au centre, il y a une femme assise en tailleur. C'est elle la Porte. C'est elle que nous devrons traverser pour quitter cette forêt. C'est elle que tu devras traverser pour être guéri. Elle a les yeux fermés. Je ne sais pas si elle dort ou si elle médite. Son ventre est gros. Il y a quelque chose qui bouge dedans. Ça grouille. Pour l'instant, je reste à l'écart. Je vous attends. Ll
ZÂ :
Je m'éveille enfin... Combien d'heures se sont écoulées? Ou combien de jours?... Oh non... Je n'en sais rien...
Je me lève péniblement et tousse puis je regarde autour de moi... Il faut que je me batte. Allez, encore un petit peu... Un tout petit peu...
Je me remets alors en route et, au bout de plusieurs minutes, je vois enfin quelqu'un. Je ne perds pas une seconde et je me mets à courir vers lui aussi vite que je le peux. Enfin quelqu'un... Enfin...…
Mhhh… J’entends presque physiquement la réponse du shaman, cela veut-il dire que nous sommes tout proches !
Quel tour nous joue donc la nature, pour que la porte soit représentée ainsi ? Je n’y comprends décidément plus rien, elle se joue de nous. La déception m’envahit : comment puis-je vouer mon existence à une vie qui se dit mon partenaire mais me complique la route ?! Bref. Je garde en ligne de vue les arbres et me dépêche d’y arriver.Je fixe mon but, et vois du mouvement à l’entrée des bois, à quelques centaines de mètres de mon arrivée. C’est rapide, quelqu’un qui court peut-être ? Je prie pour que ce ne soit pas de nouveau une mauvaise chose, mes poils se hérissent.
Je presse le pas, et j’arrive enfin. Je les vois de loin, ces arbres… Et cette personne debout devant. Je m’approche lentement. Mes mains caressent les branches qui m’entourent :II Shaman ? C’est bien toi. Je suis là , juste derrière. Mais j’ai vu du mouvement, un peu plus loin. Prions pour que soit Z et non un caprice de la forêt…II
J’avance pour être à sa hauteur, mais ce que je vois me stupéfie. Quel est donc ce sentiment que j’éprouve ? Mais surtout, qu’est ce qui bouge là -dedans ?
NoAnde :
Alors les voilà . C’est eux ? Le premier a l’air encore plus mal en point que je ne le pensais. Et l’autre, je ne sais pas quoi en penser justement…
Mais peu importe, ils ne sont là que pour servir les buts que m’a fixé la Mauvaise Mère. Ils serviront de viande afin d’ouvrir le Portail vers cet autre monde que la Mauvaise Mère pourra s’en aller corrompre.
La malade ne posera pas de grandes difficultés, vu son état. Alors, je m’empare de ma lame de pierre et saute sur l’autre ! Il sera le 1er à tomber, pour la gloire de Shub-Niggurath !!
ZÂ :
Je souris mais suis essoufflée comme jamais... Je suis si heureuse de les avoir retrouvés! Enfin...... Ils vont me sauver, je vais survivre grâce à eux... Je veux rester avec eux et sortir de ce cauchemar... Pas question que l'un d'entre nous meure ! Ou que je tue quelqu'un avec ma maladie qui est peut-être transmissible....... Pourtant, je vois l'un des deux sauter sur l'autre pour le tuer... Surprise et sous le choc, je lâche un cri terrifié…
J’entends un hurlement strident et me retourne pour voir ce qu’il se passe. Trop tard, le shaman est déjà sur moi et m’entaille le bras avec son arme de fortune. Je me débats, le repousse du mieux que je peux, mon dernier assaut le fait reculer et trébucher sur une tombe. Ah forêt, merci ! Il s’écroule en criant.
Quel imbécile ! Je vis seul dans des environnements hostiles depuis si longtemps… Je n’ai pas peur d’un misérable pareil, ce traître. Mais, ce fou est tenace. En quelques secondes, il se redresse et me saute dessus plus enragé que jamais.
J’avais raison de me méfier de lui, ma mission n’était donc pas vaine ! Mère Nature, moi, ton fidèle serviteur, je te défendrai au péril de ma vie ! Mais j’en suis certain, je le tuerai !
NoAnde :
Je ne comprends pas. Pourquoi l'autre se défend ainsi ? Il dit devoir protéger la forêt mais... la Forêt est la Mauvaise Mère ! Alors pourquoi se retourner contre moi, son fidèle serviteur qui a tenté de lui ouvrir la Porte vers un autre monde ?
Est-ce que tout cela ne serait qu'une épreuve ? La Chèvre Noire aurait voulu tester ma loyauté et ma détermination ? Mais maintenant, que dois-je faire ? Le sang a coulé. Mais l'autre se jette sur moi. Les voies de Shub-Niggurath sont impénétrables, comme le sont les plus sombres profondeurs de la forêt, là où je m'enfuis afin de panser mes blessures et... penser...
ZÂ :
Mon cri me déchire la gorge à un tel point que je finis par venir saisir mon cou à deux mains, comme pour calmer la douleur... Ma vision commence à se brouiller, mes oreilles à siffler douloureusement, mon équilibre devient précaire... Je veux hurler encore, mais ma gorge me fait tellement, tellement mal. Je finis par tousser de plus en plus fort tandis que mon estomac se noue... Je pensais que nous étions là pour nous entraider, nous sortir d'ici... Mais non... Et si tout cela n'était qu'une illusion?... Je manque de souffle, je tombe à genoux... Je sens une force s'emparer de tout mon être comme une moisissure envahit un fruit ou comme une colonie d'insectes envahit une vieille souche d'arbre... Ma gorge se serre, je ne vois plus rien, n'entends plus rien... J'ai, à cet instant précis, l'impression d'être le néant, mais aussi l'infini... Tout est si proche, mais aussi si lointain...
La mort s'empare un peu plus de mon corps... J'ai l'impression de saigner de l'intérieur... J'ai mal... J'ai tellement mal... Je veux regarder les deux autres, mais j'en suis tout bonnement incapable... J'ai mal. Je suis aveugle. Sourd. Puis... Mort. Je lévite dans un espace d'un noir profond... Aussi vide que plein, aussi petit que grand... Plus rien. Plus aucun son. Plus aucune lueur. Plus rien. Le néant. L'infini... J'ai échoué.... La forêt, la mort, m'a englobé.....…
La bataille continue, mais j’ai mal. Très mal. Mais d’un coup, le shaman s’enfuit. Je veux le poursuivre, mais me rappelle que je ne suis pas seul dans ce lieu. Plus un bruit autour de moi, pas même les cris presque hystériques de Z. Ma vision se trouble, je ne pense pas être en état de chercher. Appuyé contre un morceau de roche, je réfléchis et regarde le sang s’écouler de mon ventre. Et bien, j’avais raison de me méfier de lui… Mais une question pointe alors le bout de son nez : avais-je réellement raison, où tout cela est encore une manipulation à laquelle je n’ai pas été convié.. ? Mère Nature est tellement Grande, jamais elle ne me révélera ses secrets, quel idiot je fais. Qu’importe, j’ai fait ce que j’ai pu. Je crois que mère nature me joue un drôle de tour pour la dernière fois. Alors que je m’enfonce doucement dans le néant, je souris.
Commentaires de Thomas :
A. « Mon personnage s'appelle NoAnde. C'est l'ancien shaman du Clan des Arbres. Il est devenu fou après que son peuple fut exterminé par des fanatiques religieux. [...]. Il cherche le point de jonction car il est convaincu qu'il s'agit d'un portail vers un autre monde qu'il veut contaminer avec la pestilence de Shub-Niggurath et Millevaux. »
Sympa ton perso :)
B. Vous faites des posts nettement plus longs que ce que j'avais en tête quand j'ai conçu le jeu, vu qu'il était avant tout conçu pour du jeu par SMS / smartphone, mais c'est cool :)
C. « j'ai dû devenir moi-même un rampant, devenir moi-même un cafard, un cloporte... Je suis repoussant, encore plus qu'avant... »
Oh, un cafard Ă tĂŞte de sanglier, mignon :)
D. Finalement, as-tu utilisé du Bois-Saule pour meubler tes RP ?
E. Sans-nom : « II Shaman ? C’est bien toi. Je suis là , juste derrière. Mais j’ai vu du mouvement, un peu plus loin. Prions pour que soit Z et non un caprice de la forêt…II
J’avance pour être à sa hauteur, mais ce que je vois me stupéfie. Quel est donc ce sentiment que j’éprouve ? Mais surtout, qu’est ce qui bouge là -dedans ? »
Je trouve très élégant comment le joueur de Sans-nom introduit, sans sortir de son personnage, une adversité ou un mystère dans le climax de fin, en vous laissant rattraper la balle au bond.
F. La particularité de votre partie c'est que vous faites jamais le MJ pour les autres, alors que c'est ce que prévoit le jeu. Mais l'important, c'est que ça fonctionne pour vous. Le résultat est plus immersif : on lit juste des journaux de bord et des monologues.
G. En lisant la confrontation finale, j'avais un peu peur, parce que vous restez en RP pour résoudre les résultats des attaques, alors que selon les procédures, on pose des questions, on s'assure que c'est bien clair que chaque joueuse décide de soi-même si son perso survit aux attaques. Mais vous vous en sortez bien, donc c'est cool.
H. J'aime bien la fin en cliffhanger :)
I. J'ai trouvé que tes partenaires de RP s'en sortaient bien ! Comment ils/elles ont vécu l'expérience ?
Réponses de Damien Lagauzère :
A. hé hé, j'ai repris le tout premier NoAnde que j'ai joué pour Millevaux ? il avait mal fini…
B-la longueur doit tenir à ce qu'on a joué via la messagerie de FB et puis, par expérience, je sais qu'Allicia aimant beaucoup le RP textuel, elle a du mal à faire court XD. pour le D, je ne sais plus mais c'est fort probable car je le ressors souvent pour mes partis « en forêt ».
n
F. Je crois que ça tient là encore à nos expériences passé de RP textuel qui ressemble plus, je trouve à de l'écriture à 4 mains ou du cadavre exquis. j'avais fourni les règles aux deux autres joueuses mais en partant du principe que les règles ne devaient pas être un carcan non plus et que le plus important restait l'histoire. et pour le dernier points… et bien je ne sais pas trop en vérité ^^ c'est vrai qu'on a pas spécialement débriefé. dans un autre genre, quoi que, j'ai testé La Sorcière de l’écorce, et… c'est vrai que ça rend carrément pour du Millevaux. Ses tables de rencontres aléatoires sont intéressantes et pourraient bien se mixer avec celles de Bois-Saule, justement. et il y a tout un bestiaire qui me plaît bien aussi. bref, je l'ai inclue à ma campagne actuelle ^^
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