E. J'aime beaucoup l'idée, pour émuler le carnage de la bataille finale et installer une succession frénétique de personnages, de mettre la mort de tes personnages successifs à la fois dans l'objectif et le contre-objectif du conflit.
J. Je n'ai aucun souvenir d'avoir suggéré le changement de nom des personnages dans le livre de base d'Inflorenza, dont je vais te créditer de cette idée :)
2. Tiens-nous au courant si tu veux nous exposer plus avant ton idée de gestion avec un jeu de carte traditionnel
3. / 10./ Moi aussi, je tiens une liste, et j'y jette un œil à chaque fois que j'ai une partie de planifiée. Souvent, je les fusionne entre elles pour avoir plus de chances de les exploiter. Dernier projet en cours, sur une suggestion d'Epiphanie : jouer trois théâtres en une seule session : on change de théâtre à chaque tour de table, mais les personnages et leurs relations restent les mêmes (avec juste le décalage nécessaire pour les incorporer au nouveau théâtre). C'est hyper-mindfuck et ça permet de tester trois théâtres d'un coup, j'ai hâte de voir ça.
I. Déjà , j'aime beaucoup ta variante de règles. Un groupe de joueurs avait fait une partie d'Inflorenza par forum, très belle, mais l'emploi des règles by the book les avaient épuisés, cette variante m'a l'air plus simple pour du jeu par forum (quitte à rajouter un jet de dé pour les thèmes si on le désire). En tout cas, l'aventure que ça a donné est très sympa, on voit que ça a nécessité une grande connivence entre les deux personnes (par exemple, dans sa dernière instance, Echo valide le fait que Massacre a gagné un conflit dans sa dernière instance pour la rejoindre), mais c'est souvent le cas dans le jeu asynchrone, et c'est aussi ce qui fait le plaisir de ce type de jeu.
J. Me permets-tu de renommer cette version Inflorenza scriptoria ?
K. Détail intéressant, le fait que tu téléportes Massacre de Métro, ville souterraine, à Feuillage, ville enneigée, fait écho à un point de détail d'univers que peut-être tu ignores : à la surface de Paris, la ville existe toujours, mais elle est en ruines, mais surtout réputée inhabitable car hantée par des fantômes, et il y neige en permanence (pas tout à fait de la vraie neige). Je m'amuse au jeu des correspondances, le côté pile/face, ça renvoie aussi aux doubles vies, qu'on retrouve par exemple dans le recueil Avatar de Théophile Gautier, et renvoie aussi à tous les jeux de doubles qu'il y a dans votre partie.
L. Je te propose, pour cette partie, que je considère hors de la campagne, un nouveau titre / sous-titre :
PIANO MASSACRE
kF et Marine nous relatent une partie par mail, émotive et imprégnée de fantastique romantique et mégalo, avec une variante système par kF, Inflorenza scriptoria !
M. Je relaye aujourd'hui les comptes-rendus de ta campagne sur mes réseaux, et pour l'occasion, j'ai pondu un petit photomontage. Dis-moi si tu acceptes que je le rajoute aussi dans ton premier message, celui-consacré à la session Les enfants disparus.
crédits Alexander Synaptic, amaury laporte, anyjazz65 licence cc-by-nc, claire munier, par courtoisie
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J. Quoi, vraiment ! Inflorenza est ton jeu et si tu as trouvé cette variante intéressante, vas-y, mais je pense qu'elle est bancale et je ne compte pas la développer - c'est, au mieux, une vague source d'inspiration pour d'autres joueurs qui pourraient être à la recherche d'un moyen de jouer à l'écrit.
L. Elle est effectivement hors de la campagne, son seul lien est d'avoir donné les deux noms d'Echo / Massacre.
Feu vert pour le titre, et M. pour le photomontage. Merci !
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J. Dans cet Inflorenza scriptoria, Je trouve qu'il y a une bonne revisite du système. J'ignore moi aussi si ça tiendrait le coup sur le long terme, mais il y a le début de quelque chose, qui pourra intéresser du monde, quitte à le retravailler si nécessaire.
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RÉVEILS
Dans ce compte-rendu par kF sous Inflorenza Sei, de la fantasy poétique, des rêves, des dieux, des cycles et des corbeaux.
crédits : ajmatthehiddenhouse, arbyreed, Kotomi,me'nthedogs, Mic the otter spotter,TwOsE, licence cc-by-nc, galerie sur flickr.com
Compte-rendu d'une partie courte (environ 1h30, je crois) entre Piouh (Romain) et moi-même (Felix). On s'est créé un petit théâtre avec une petite variation sur la méthode que j'avais utilisé pendant ma campagne : on veut 6 thèmes au total ; on en crée un chacun, qui sont des thèmes majeurs, inventés et qui colorent fortement le setting. On les complète ensuite en ajoutant chacun deux thèmes du tableau des inflorescences habituels. Voici le théâtre auquel on a abouti, dans l'ordre d'écriture (qui ne correspond pas exactement à leur place dans le théâtre, mais passons). Il y a donc six thèmes au total, on a joué sans complétion en jeu, avec des d6 au lieu des d12. A part ça, le système est Inflorenza standard.
Les quelques phrases qui décrivent le théâtre sont des ajouts de ma part qui rendent compte du brainstorm, mais n'ont pas été écrites pendant le jeu. Comme précédemment, le "je" de la fiction est celui de mes personnages, et mes instances sont plus développées que celles de Romain simplement parce que je m'en souviens mieux.
1. Rêve (dont Egregore)
Dans la zone de la forêt où l'on jouera, les rêves ont une importante particulière : ils sont le principal vecteur de l'égrégore et ils offrent aux meilleurs rêveurs toutes sortes de connaissances, dangereuses et peut-être corruptrices mais potentiellement puissantes.2. Oniris
Oniris - née d'une pure faute d'orthographe entre onirique et Osiris - est une entité locale, probablement un Horla, qui manipule les rêves. Elle a un lien étroit avec le phénomène qui empreint cette section de la forêt. Elle évoque quelque chose d'un peu égyptien.3. Religion
4. Corruption (dont Nature)
Peut-être sous l'influence d'Oniris, les plantes et la forêt elle-même se mettent à rêver. Les rêves végétaux sont différents de ceux des humains, mais racontent aussi des histoires ; on peut les distiller, les infuser, et préparer des potions de souvenirs avec elles si on a le savoir-faire requis.5. Amour
6. Chair
Tour 1
Felix - L'Exhumé
Je sors d'une cabane de bois miteuse, isolée, en pleine forêt. La nature autour de moi est terne, un peu grise, un peu froide, et envahie d'une légère brume. Dans la cabane que je viens de quitter, une vieille sorcière, tellement vieille et attachée à ce lieu qu'elle est comme fondue aux murs de son habitation ; elle fait corps avec le bois, ne peut plus bouger, est définitivement enfoncée dans son rôle. Je suis conscient de me réveiller d'un long, long sommeil qui m'a coûté l'essentiel de mes souvenirs. Ce qui reste : des souvenirs différents, qui ne m'appartiennent pas, que j'ai vu en rêve ; je me souviens que je suis venu la voir pour ses potions de rêve. Il me reste une idée fixe, une personne que j'ai vu de multiples fois en rêve et qui est d'une importance capitale pour moi. Je pars, un peu ébranlé, marche longtemps et, au sommet d'une colline, trouve la Forteresse : un gigantesque château médiéval, aux dimensions plus qu'imposantes (qui, même durant l'Age d'Or, aurait été capable de bâtir quelque chose d'aussi large et massif ?). Je sais que mon destin m'attends en ses murs, sans trop savoir de quoi il retourne ; j'entre.
Romain - Ruines
Ruines est une personne âgée, probablement une femme mais son visage est difficile à identifier et seul son grand âge s'y lit aisément. Résident au coeur d'un immense château qu'elle a bâti avec ses pouvoirs, elle veille sur sa fille, Beauté. Celle-ci repose endormie dans le saints des saints, protégée derrière des épaisseurs de murs de brumes et de rêve ; elle a un lien étroit avec les rêves en ces lieux. A travers les rêves puissants de sa fille, Ruines perçoit des assauts plus ou moins fantomatiques contre son mausolée : elle sait qu'ils sont nombreux, à l'extérieur, à vouloir percer la Forteresse pour retrouver Beauté. A l'extérieur, elle est devenue un objet de culte, elle en a conscience - et elle s'opposera à quiconque tente de l'atteindre.
Tour 2
Felix - L'Exhumé
On me retrouve traversant le château. C'est un dédale d'escaliers, de couloirs et de portes dérobées, labyrinthique ; j'y suis probablement depuis des jours et des jours. Je manque me perdre définitivement plusieurs fois, mais je suis chaque fois sauvé par une sorte de silhouette, une figure que j'aperçois du coin de l'oeil, ou très loin, à plusieurs reprises : une tête noire, animale - oiseau, chat ? - et une robe blanche virginale. Dans mon coin, je la nomme Oniris, sans savoir d'où me vient ce nom. Ma guide discrète me mène finalement à une sorte d'immense cour intérieure : toute la forteresse que j'ai traversée n'étaient qu'une première couche, au centre se trouve une sorte de donjon au milieu de quelques kilomètres carrés de terrain vague, un peu forestueux. J'ai croisé plusieurs cadavres sur ma route, mais dans la cour intérieure, je trouve des hommes en vie : ils sont assez nombreux, hagards, hallucinés, pitoyables. Ils me regardent avec compassion et tristesse. Je les ignore, fonce vers le donjon où je pense trouver la femme qui apparaît dans mes rêves, Beauté. J'essaye d'entrer, me sentant élu - j'ai l'appui d'Oniris, après tout ! - mais j'échoue, après avoir passé des heures et des heures à m'acharner sur une porte fermée, tentant sans succès de l'enfoncer, l'arracher, la griffer, etc. Je finis par m'effondrer, brisé, ensanglanté, rompu. Pourtant, j'ai senti la douce aide d'Oniris et de l'inconnue gardienne des lieux.
Pendant ce temps, à l'opposé de moi, un homme parvient à entrer dans la tour, ouvrant la roche en y faisant croître des fougères et des ronces. C'est un héraut de Millevaux, un être qui n'a plus d'humain que le nom, et qui entre clairement pour corrompre et détruire Beauté. Voilà donc mon échec : je n'ai pas réussi à entrer le premier, moi qui a posteriori me révèle être en fait le champion de Ruines, le seul qu'elle considère digne de renconter sa fille.
Romain - Ruines
On découvre que Ruines est directement à l'origines de mes visions d'Oniris. Elle est la gardienne de Beauté mais aussi la sorcière que j'ai vue dans la forêt ; inquiète pour sa fille, elle a voulu trouver en moi son champion. Parallèlement, Ruines assiste, impuissante, à l'entrée du héraut de Millevaux dans le sanctuaire. Il s'appelle Ronce et est couvert de végétation corrompue. Catastrophée mais résolue, Ruines se retrouve au pied du mur et se convainc de faire ce qu'elle a tenté d'éviter jusque là : elle va s'approcher de Beauté pour espérer manipuler ses rêves et peut-être terrasser Ronce à travers eux. Péniblement, elle travers les multiples murs blancs de rêves tissés qui la protègent. Chaque pas est une épreuve, qui lui impose des flashs mémoriels, des visions plus ou moins cauchemardesques, des horreurs qu'elle ne veut pas voir. Au fur et à mesure qu'elle progresse, une image s'impose à elle, de plus en plus pesante : celle de sa fille Beauté, le visage mangé de ronces, cédant à la corruption. Le château, structuré par les rêves de Beauté, commence à s'effondrer.
Tour 3
Felix - L'Exhumé
On convient que ce combat silencieux de Ruines contre le rêve de Beauté a en fait pris plusieurs mois. Pendant ce temps, je suis resté dans l'enceinte du château, et je me suis mêlé aux autres hommes, j'ai rejoint leur communauté, condamné à rester ici, emprisonné par mon obsession pour Beauté. Ici, les locaux ont appris à brûler et cuire leurs rêves matérialisés pour les dévorer et tenir contre la faim. J'ai eu une phase de révélation mystique, pendant laquelle je suis resté inaccessible pendant plusieurs jours ; à mon réveil, j'avais retrouvé tous mes souvenirs. Je suis en fait un Corax, j'ai l'aspect d'un homme à tête de corbeau ; j'ai huit ans, et mon absence de souvenir à l'ouverture du scénario n'était pas la conséquence du syndrome de l'Oubli, mais des manipulations de Ruines pour m'imposer Beauté et Oniris. Qu'importe : je garde mon allégeance envers elles et, plus fort que jamais, je vais tenter de délivrer Beauté, qui m'évoque de plus en plus un amour profond et déraisonnable, bien qu'il me reste un doute étrange et un peu dérangeant à son sujet.
D'une certaine manière, je me sens très proche d'Oniris, entité de rêves générée par Ruines, qui semble avoir fusionné avec moi. Je suis devenu le meneur des hommes du château, qui me voient comme une sorte de prophète. Quand le château s'écroule, c'est une de mes prophéties qui s'accomplit ; j'entre le premier dans la brèche, suivi par mes fidèles. Je porte une armure blanche et une grande lance portant un étendard, une simple bannière grise sans héraldique. Alors que j'entre, je prends conscience d'une vérité douloureuse : mes suiveurs me respectent et me vénèrent pour ma mission et ma position d'élu, mais se retourneront contre moi sitôt que j'aurais accompli ce que je viens faire. Inflexible, je continue néanmoins, trouve la grande salle bardée de murs blancs et laineux dans laquelle repose Beauté - dont le visage est partiellement envahi de ronces, la corruption a déjà commencé. Je ne m'approche pas, et descend au sous-sol, dans une large pièce circulaire exactement en-dessous d'elle ; y repose Ronce, alter ego masculin de Beauté, protégé par des murs d'épaisses ténèbres. Là où le visage de Beauté est marqué de ronces, celui de Ronce affiche une peau dessechée, cadavérique ; le reste de son corps est recouvert de végétation millevalienne.
Romain - Ruines
S'approcher si près de Beauté a profondément ravagé Ruines. Incapable de garder forme humaine, elle s'évapore doucement pour ne plus devenir que rêve et château tissés, intrinsèquement liés à la création de Beauté. Elle décide de se sacrifier pour tenter une ultime fois de sauver sa fille : rassemblant ce qui lui reste de pouvoir, elle emmure vivant Ronce, dans la chambre d'en-dessous, et l'emprisonne à jamais tout au fond du château. Cet effort lui coûte ses dernières bribes de conscience.
Tour 4
Felix - L'Exhumé
Je suis arrivé devant Ronce, et j'ai vu le château se déformer de lui-même autour de lui pour l'emmurer. Satisfait, je décroche l'étendard sans symbole de ma lance et l'accroche au mur, comme un ultime sceau, une glyphe contre le danger que représentait Ronce. Je me recueille un instant, reprend ma lance, me retourne : comme je m'y attendais, mon culte entier veut me tuer, me remplacer, me détruire maintenant que je ne suis rien de plus qu'un Corax désoeuvré. Mais je suis un guerrier puissant, armé et entrainé, et même seul contre la foule, je gagne. Le combat est long, a lieu tout autant au sous-sol que dans l'escalier puis en surface, mais j'en sors victorieux bien que blessé. Autour de moi, une mer de cadavres. Chose étrange, le sang a lavé et fondu mon armure, qui bien que toujours métallique prend la forme d'une robe blanche immaculée ; entre cette robe de métal et ma tête de corbeau, je ressemble désormais parfaitement aux premières visions que j'avais eues d'Oniris, cette entité de rêves qui m'avait guidée.
Romain - Beauté
Beauté s'éveille enfin de son carcan blanc. Autour d'elle, le château termine de s'effondrer, et il n'en restera bientôt plus rien. Ses premières pensées se tournent vers la forêt, qui l'appelle et l'attire irrépressiblement : elle veut quitter son corps, quitter cette enveloppe matérielle qui porte encore la trace du sacrifice de Ruines, et céder à cet appel insistant, hérité de Ronce. Elle comprend qu'elle a besoin d'un homme pour la délivrer, et se tourne vers moi, devenu Oniris incarnée ; à travers lui, elle pourra s'échapper, ou au contraire se perdre définitivement, car Oniris a été tissée à partir de son pouvoir et est plus à même que quiconque de la détruire. C'est un affrontement d'autant plus déchirant que Beauté elle-même perçoit mon amour et y répond, mais ne peut pas s'y abandonner, car je préférerai encore la tuer que la voir trahir sa mère et rejoindre la forêt. Je m'approche, la lance à la main, mais ne parvient pas à me résoudre à assassiner mon amour ; impuissant, je lui permets de partir, s'évaporer, rejoindre la Forêt. Cet échec sauve mon âme, qui n'aurait pas supporté le chagrin, mais condamne ce qui restait de mon sens moral.
Epilogue
Des années plus tard, je marche seul dans la forêt. J'ai largement dépassé l'âge de ma mort, et je ne suis guère qu'un cadavre encore doté de mouvement, une âme en peine qui a refusé sa propre mort. J'ai abandonné la lance, l'armure, je ne suis plus Oniris ; je porte une cape de feuillages et de ronces, j'ai abandonné mes anciennes allégeances, et je suis en quête de ma déesse, Beauté. Je ne sais pas où elle est, si elle "est" encore, dans un sens ou un autre ; mais je la cherche, désespérément, inexorablement. Peut-être un jour la retrouverai-je et lui vouerai-je le culte qu'elle mérite à mes yeux.
Feuilles de personnage
L'Exhumé / Oniris incarnée
[X] (Amour) Je veux clarifier ma relation envers la personne que mes rêves m'ont montrés
[X] (Rêve) Si ce château est fait de rêves, je peux y trouver tout ce que je veux
[ ] (Chair) Mon corps porte les stigmates de mon échec
[X] (Religion) Lorsque ma mission sera achevée, ils se retourneront contre moi
Ruines
[ ] (Corruption) La forêt voudrait me dérober Beauté, ma protégée. J'ai construit ce château pour l'en protéger.
[X] (Religion) Les gens de l'extérieur ont fait de Beauté un objet de culte. Je les empêcherai d'accéder à leur prophète.
[ ] (Corruption) La Forêt réussit à guider son champion mieux que moi
[ ] (Rêve) Je ne suis plus que rêves, et ma seule enveloppe physique est Ronce
Beauté
[ ] (Religion) Je veux rejoindre Millevaux pour y devenir une déité
[X] (Chair) Ma mère m'a enfermée, j'ai besoin d'un homme pour me délivrer de cette prison charnelle
Commentaires
1. Six thèmes, c'est bien pour des parties courtes. On n'a, de toute façon, pas le temps d'exploiter douze thèmes en une partie de moins de 2-3h ; les six choisis par contre ont été tous présents de façon assez équilibrée, même si paradoxalement les rêves n'étaient pas si importants que ça (enfin, omniprésents, mais on n'a pas décrit en détail un seul rêve, on les a plutôt traités comme une sorte de pure manifestation d'égrégore un peu abstraite).
2. A nouveau des hérauts et des dieux ! Pourtant, la déification de Beauté et l'intervention d'un héraut de Millevaux sont le fait de Romain, qui n'a pas joué la campagne d'Amaranthe. Rien à voir avec moi :o) Il est prévu de jouer un théâtre très chair et sang, proche des idées d'Arbre, d'ici peu (demain ?) ; ça nous changera.
3. Alors que Romain a divinisé Beauté, j'ai aimé jouer l'inverse : transformer Oniris, qu'on avait initialement définie comme une entité profondément mystique, et lui donner une réalisation charnelle à travers l'Exhumé ; ainsi, la tête animale habituelle dans la mythologie égyptienne m'a mené à faire de mon personnage un Corax, et mon armure a changé pendant la partie pour devenir la robe que portait Oniris dans mes visions. C'était rigolo comme twist !
Et voilà pour aujourd'hui. Peut-être un autre CR demain !
Dernière modification par kF (15 Jan 2016 21:23)
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A. Super, merci de nous faire encore profiter de tes parties !
B. Ce qui retient mon attention dans cette partie, c'est l'aspect cyclique. L'Exhumé rencontre Oniris puis devient Oniris puis devient quelque chose qui s'approche de Ronce...
C. Je te propose le sous-titre suivant :
Dans ce compte-rendu par kF sous Inflorenza Sei, de la fantasy poétique, des rêves, des dieux, des cycles et des corbeaux.
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C. Ca marche !
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CAVERNE CARNAGE
Le groupe de kF s'essaye au chair et sang dans ce huis-clos cavernicole sans tabou et sans pitié.
crédits : Alf Igel, Samovaari, sctatepdx, TiZ, Zoriah, licence cc-by-nc
Compte-rendu de la partie du jour ! Cinq joueurs : Alexandre, Rémy, Romain, Florine et moi. Les deux premiers ne connaissaient ni Inflorenza ni Millevaux.
On a écrit un petit théâtre à partir d'un embryon déjà prévu par Romain. Il a voulu nous proposer de jouer quelque chose de plus terre à terre, et notamment qui soit très glauque / chair et sang, qui se rapproche plus des intentions d'Arbre, en conservant une lueur d'espoir. Les thèmes qu'il a proposé initialement sont très précis, plus explicites que ceux du jeu de base ; "sexe", notamment, devait amener des thèmes qu'on ne voit pas trop dans Chair et Pulsion, précisément parce que ces thèmes permettent de faire autre chose si on le souhaite. Bref, il était un peu question de sortir de notre zone de confort. Je précise qu'on est presque tous joueurs d'une campagne d'Apocalypse World, avec ses fameux sex moves ; on a réitéré en début de séance un petit contrat social express, et on s'est mis d'accord pour ne pas décrire de scènes de viol en particulier. En fait, le sexe a été quasiment absent de la partie.
On a par ailleurs pas mal changé les thèmes proposés, en les étendant à 12 (mais ils fonctionnent deux par deux et ont chacun un rapport aigu avec le thème suivant ou précédent). Pour comparaison, voici les 6 thèmes initiaux :
1. Violence
2. Sexe
3. Obscurité
4. Drogues
5. Maladie
6. Lâcheté
et le théâtre qu'on a finalement choisi :
1. Violence
2. Cruauté
3. Perversion
4. Domination
5. Obscurité
6. Peur
7. Drogues
8. Dépendance
9. Maladie
10. Putréfaction
11. Humanité
12. Douceur
Le setting est plus ou moins prévu à l'avance par le thème Obscurité. On jouera dans des souterrains, quelque chose de sûrement très vaste, plutôt une grotte naturelle (il me semble !). On laisse Romain le préciser en commençant le jeu.
Tour 1
Romain - Carnage
Carnage est la leadeuse d'une sorte de gang de bikers. Bon, ils ne sont que quelques-uns, mais ils font peur. Ca fait un moment déjà qu'ils sont dans ces souterrains, sans plus trop savoir comment ils y sont arrivés ; ils ont trouvé ici une communauté qui vivait recluse, et ont largement abusé d'eux, se nourrissant à leurs dépends et massacrant ceux qui s'opposaient à eux. Pour l'instant, ça va bien, mais Carnage s'inquiète un peu de leur avenir commun. Elle a également peur de son propre gang, bande de vaurien auxquels elle ne veut pas ressembler.
Rémy - L'Asticot
Jeune enfant qui vit ici, l'Asticot a vu son père - important ici bas - se faire torturer à mort par les membres du gang de Carnage. Il vit parmi eux maintenant, servile et obéissant, mais rumine sa vengeance. Par contre, la soeur de Carnage l'aide un peu, lui apporte à manger de temps en temps et fait preuve envers lui d'un peu plus d'humanité que les autres.
Florine - Cortizone
Vieille doyenne vivant en marge, plus ou moins sorcière, Cortizone est la grand-mère de l'Asticot. Furieuse contre le gang de Carnage, elle concocte toutes sortes de drogues chez elle et a un plan : elle en met régulièrement dans ce que mangent les bikers pour les rendre accro et s'en servir contre eux, pour du chantage peut-être. Elle est particulièrement attachée à sa famille.
Alexandre - Perversion
Perversion est la soeur de Carnage, le genre wicked qui reste dans son ombre et profite de sa grandeur. Elle aimerait voir sa soeur s'abandonner à sa part d'inhumanité. Elle a remarqué le petit manège de Cortizone et ses drogues, mais n'en a pas parlé ; par contre, en donnant un peu de sa part chaque jour à l'Asticot, elle le drogue lui aussi à l'insu de sa grand-mère. Par ailleurs, Perversion est à l'aise avec la nécrophagie, et se sert régulièrement dans le tas de corps empilés par les bikers après leurs meurtres.
Félix - Couteau
Je me réveille dans un lit poisseux de sang frais, le mien. Je suis mutilé, défiguré, j'ai les cordes vocales arrachées ; je suis le père de l'Asticot, pas vraiment mort (ou si ?), en tout cas soigné et ramené à la conscience par l'ancêtre, Cortizone. Sitôt relevé, je m'empare d'un couteau et fonce vers les huttes de notre communauté, rejetant violemment Cortizone, que je laisse pleurant sur son sort et sur la deuxième perte probable de son fils ; j'ai du sang à faire couler.
Tour 2
Romain - Carnage
Carnage pense contrôler la situation, elle fait des plans sur l'avenir. Un "soir", rentrant d'une visite auprès de son amant, elle se fait alors violemment agresser par un inconnu sorti des ténèbres, Couteau ; avant qu'elle ait compris ce qui se passe, elle fuit et constate qu'elle n'est pas poursuivie. Elle se réfugie chez elle, cautérise douloureusement sa plaie avec une torche, et fait son possible pour ne pas crier et rester discrète : elle ne veut pas que cette agression, la faiblesse qu'on pourrait deviner d'elle, joue contre elle ; en particulier, elle ne veut pas que sa soeur l'apprenne. L'Asticot par contre, vit dans la même maison et l'a vue...
Rémy - L'Asticot
L'Asticot va immédiatement chercher Perversion, la soeur de Carnage, pour la prévenir de ce qui s'est passé. Il se fait nourrir en échange de son information.
(Note - pendant ce temps, mort non détaillée de Couteau sur un sacrifice obtenu dans un conflit partagé)
Florine - Cortizone
Consciente qu'il faudrait accélérer la procédure, Cortizone se rend dans une petite caverne à l'extérieur du village, qui n'est accessible qu'à elle, dans laquelle elle pratique les rites mortuaires au nom de la communauté. Elle se recueille auprès de ses ancêtres, qui vont l'aider à punir Carnage et son gang. Dans la caverne, elle fait pousser des herbes assez particulières, et récupère notamment une plante qui, infusée, permet de s'ouvrir aux esprits des ancêtres. Elle s'en sert pour fabriquer une drogue à donner aux bikers, qui les confrontera à tous les morts qu'ils ont causés et à l'hostilité du lieu lui-même, à travers des cauchemars oppressants voir directement des hallucinations horrifiques. C'est une réussite ; dans les jours qui suivent, en particulier, Carnage en vient à tuer son amant dans un moment de folie.
Alexandre - Perversion
Dans un flachebacque, on voit Alexandre retrouvant sa soeur blessée après que l'Asticot l'ait prévenue. Perversion se montre pleine de tendresse à son égard, et n'essaye pas de profiter de sa faiblesse ; au fond, elle tient fortement à sa soeur et aurait du mal à vivre seule : elle a besoin qu'elle soit là pour mener, prendre les décisions, briller.
Retour au présent : Perversion est hantée par toutes sortes de visions causées par Cortizone, elle revoit les hommes dont elle a dévoré le corps, relevés comme par magie, accusateurs.
Félix - Empire
Nous sommes les ancêtres de la communauté, invoqués par Cortizone, et nous venons reprendre notre dû : autrefois, nous étions grand, nous étions beaux, nous ne vivions pas comme des animaux. Nous avons la forme de figures blanches, faites de poudre d'os inexplicablement animée, portant des vêtements mortuaires. Nous voulons détruire Carnage et ses hommes, mais aussi le reste des vivants. Nous nous déployons autour de la ville, y établissons un discret blocus, et massacrons ceux qui tentent de partir - ils sont nombreux, ces derniers temps, à essayer de s'enfuir pour laisser la caverne derrière eux. Nous amassons de la puissance, passivement, tandis que les morts nous rejoignent un à un.
Tour 3
Romain - Carnage
Flachebacque. On voit Carnage s'éveillant dans le lit d'Ours, son amant, assaillie de violentes visions causées par Cortizone. Elle le regarde, et reconnait un instant le visage de Couteau plutôt que celui d'Ours ; terrorisée, elle fonce dans un coin de la pièce, prend son fusil et tue son amant, même après avoir reconnu son vrai visage. Elle sort, toujours nue, tue le pote d'Ours qui trainait dans le coin, et fonce chez sa soeur, la seule qui pourrait la protéger. Elle s'abandonne à elle : que Perversion lui vole, lui dévore cette humanité dont elle ne veut plus, et qui lui apparait de plus en plus comme un fardeau. Mystiquement, elle se purge auprès d'elle, et laisse Perversion manger une partie de ses chairs.
Rémy - L'Asticot
On retrouve l'Asticot encore chez Perversion, dont il commence à tomber amoureux. Il quémande, il veut à manger, toujours plus ; il ne rechigne pas devant la chair humaine que lui propose sa protectrice. Ils approfondissent leur lien.
Florine - Cortizone
Cortizone se sent profondément affectée à distance par l'inhumanité de la déshumanisation de Carnage. Inquiète pour son petit-fils qui semble trop tourner autour de Perversion, elle l'appelle, l'invoque dans ses rituels et dans l'égrégore. Mais c'est un échec, et elle comprend que son petit-fils lui est perdu à jamais ; c'est un coup dur pour elle.
Alexandre - Perversion
Après avoir mangé une partie de sa soeur, Perversion est devenue Carnarsion, a pris l'Asticot sous son aile, lui fait adopter son mode de vie. Elle lui explique que pour devenir plus fort, il doit manger d'autres humains, des vivants plutôt ; plus précisément, des vieillards, des ancêtres. Bref, elle veut donner à l'enfant l'envie de dévorer sa grand-mère.
Félix - Empire
Nous arrivons en ville. Personne n'a la force de nous résister, et nous ne sommes curieusement pas très vindicatifs pour le moment ; nous nous contentons d'arriver, de remplir les maisons, de dormir dans les lits, manger ce qui est prêt, nous réchauffer auprès des feux. Les morts rejoignent les vivants dans leur existence, et leur présence induit une tension palpable : chacun se sent indésirable, mal à l'aise. Nous nous lançons dans des travaux : nous déblayons des gravats, nous nettoyons le sol, nous faisons réapparaître des dalles de marbre enfouies sous la terre et le sang, et retrouvons des bâtiments de notre viel âge d'or. Enfin, moi, Empire, j'apparais devant la pile de cadavres, que je fais déplacer pour retrouver un obélisque monumental, devant lequel je m'installe. J'ai réuni la population ; je désigne quelques volontaires parmi les habitants, des hommes et femmes qui plutôt que de me tenir tête ont accepté de se soumettre, et les fait sortir de leurs rangs. J'ai décidé d'épargner ceux qui se feraient esclaves de ma volonté ; je leur fais planter dans le dos six pieux qui marquent leur condition d'esclaves et bloquent les mouvements de leur corps, les forçant à rester recourbés, incapables de se tenir droits. J'explique aux autres qu'à partir de maintenant, c'est la servitude ou la mort.
Tour 4
Romain - Carnage
Carnage en a assez ; elle doit mettre fin à tout ça. Munie de son fusil, elle abat froidement les quelques survivants de son gang, sa soeur exceptée. Puis sent qu'elle doit quelque chose à sa soeur, et qu'il est temps de me confronter. Elle m'attire dans la caverne mortuaire, et me parle, en négociatrice ; elle explique que sa soeur et elle-même ont compris que leur place n'est pas ici, et qu'en conquérantes qu'elles sont, elles devraient partir ; elle essaye d'obtenir de ma part le droit de partir. Mais je le lui refuse, et je la tue. Je la fais méticuleusement dépecer, découper, pièce par pièce ; puis son corps, ses organes, sa peau sont assemblées autour de mon squelette, et je deviens une version hideuse, réanimée, insupportable, de Carnage.
Rémy - L'Asticot
Sur l'injonction de Carnarsion, l'Asticot va trouver sa grand-mère. Insensible, il la tue et découpe son foie avec lequel il revient vers sa protectrice. Celle-ci a été touchée par la mort de sa soeur, et fait désormais reposer sur lui beaucoup de choses : il devient son nouveau partenaire de vie. Elle redevient simplement Perversion et oublie sa soeur.
Florine - Couteau
Revenu des morts, Couteau est un esclave qui travaille à mes chantiers fous. Apercevant son fils Asticot de loin, il est victime d'une violente remontée mémorielle et se souvient de qui il est, et de ce qui s'est passé. Il s'extrait de sa condition et retrouve le corps de sa mère, tuée par l'Asticot. Il pratique sur elle les rites mortuaires qu'elle lui a enseignés, et porte sa dépouille dans la cavernes aux ancêtres. Puis il s'arme, et s'attaque à l'unique but qui motive le reste de son existence :
tuer son fils Asticot, pour le délivrer de l'horrible condition inhumaine dans laquelle il s'est enfoncé ; ce sera un acte de bonté, de charité que de l'accompagner dans la mort et la fin de l'horreur.
Alexandre - Perversion
Il est temps de partir. Perversion trouve l'Asticot, et à deux, ils s'enfuient pour espérer continuer leur vie ailleurs. Ils parviennent à traverser le barrage de mes serviteurs et s'en sortent, bien que le voyage leur coûte beaucoup.
Félix - Empire
Depuis que j'ai pris le corps de Carnage, je suis en proie à des émotions humaines qui me font souffrir. Quelques mois sont passés, les travaux que j'ai entrepris sont dans une bonne partie terminés : la caverne est devenue une ville de marbre, magnifique, mais froide et inhabitée ; je réalise à quel point tout ce vide me pèse, et je vois que ntore grandeur passée ne reviendra pas. Je donne à mes serviteurs leur ultime tâche : effondrer la caverne, nous ensevelir sous des masses de terre et de roche, et disparaître en oubliant tout.
Epilogue
Romain - Ours
Mort-vivant, Ours est devenu l'un de mes lieutenants ; c'est un être servile, soumis et cruel, heureux de suivre mes ordres les plus abjects. Il se sent très lié à moi ; ma tragédie le touche et il finit ensevelit avec moi, sûr de se réveiller à mes côtés si je venais à me réincarner un jour en ce monde.
Alexandre - Perversion
Perversion et l'Asticot sont parvenus à retrouver la surface ; l'enfant découvre le ciel pour la première fois. Ils ont tout perdu en fuyant, mais également abandonné les horreurs qu'ils ont causées et les pires parts d'eux-mêmes ; ils sont prêts à recommencer une vie ensemble, liés par une affection mutuelle, à la recherche de leur humanité.
Florine - Couteau
Couteau s'en est sorti, et il n'a pas oublié sa mission : mettre fin à la vie de l'être contre-nature qu'est devenu son fils. Lui-même cadavre décomposé, ouvert de toute part, il poursuit les survivants, le couteau à la main...
Feuilles de personnage
Carnage, découpée par Empire
[X] Je ne veux surtout pas perdre mon humanité
[ ] La pile de corps pourrissant menace mon nouveau refuge
[ ] Je suis totalement dépendante de ma soeur pour ma sécurité
[ ] A cause de ce qu'on me sert, j'y vois de moins en moins clair
[ ] J'ai dû tuer Ours, mon amant, durant une nuit de cauchemars
[ ] L'esprit de Couteau nécrose mon corps
[ ] Même si mon corps est nécrosé, je peux le dominer
L'Asticot
[X] Je veux venger la mort de mon père, torturé à mort
[X] La soeur de Carnage m'apporte un peu de nourriture
[X] Je suis dépendant de la nourriture de Perversion
[ ] Je suis amoureux de Perversion
[X] La nourriture que me donne Perversion ne me satisfait pas tout à fait
[X] Je veux tuer ma grand-mère
[X] J'ai peur d'être rejeté par Perversion
Cortizone, mangée par son petit-fils
[X] (Drogues) Je veux tous les rendre accro
[X] (Dépendance) Je ne sais pas ce que je ferais si je n'avais pas ma famille à laquelle me raccrocher
[X] (Violence) J'attends mon heure, mais je serai sans pitié
[ ] (Obscurité) Les esprits des morts réclament le respect qui leur est dû
[ ] (Obscurité) Je ne laisserai personne sombrer comme mon petit-fils
[X] (Domination) Je détiens une partie du pouvoir d'Empire
[ ] (Humanité) Le règne cruel d'Empire me chagrine
Perversion / Carnarsion / Perversion
[X] (Perversion) Je veux libérer ma soeur de son humanité
[X] (Putréfaction) Me nourrir de cadavres me rend plus forte
[ ] (Violence) Quand nous sommes deux, même Millevaux ne peut nous arrêter
[X] (Putréfaction) Si les morts se relèvent, quelle différence y a-t-il à manger un vivant ?
[X] (Peur) Je suis poursuivie par tous ceux auxquels j'ai goûté
[X] (Putréfaction) La pourriture de l'esprit est plus profonde que celle du corps
[X] (Peur) Je me raccroche désespérément aux souvenirs de ma soeur
Couteau
[X] (Domination) Je veux laver l'affront qu'ils ont infligé à mon fils, sans qu'il ne me reconnaisse
Empire, enseveli sous les décombres de son univers
[X] (Domination) Nous voulons reprendre aux vivants notre sanctuaire ancien
[ ] (Domination) Il faut s'abandonner à la domination des anciens, et vivre dans l'esclavage de notre grandeur passée
[ ] (Cruauté) Parmi les vivants, ceux que nous marquons servent mes intérêts
[ ] (Dépendance) Je lis dans l'âme de ceux qui dépendent des drogues de Cortizone
[ ] (Humanité) Au fond, je suis fait d'humain, et mes actes me dégoûtent
Couteau, joué par Florine, parti à la poursuite de son fils
[ ] (Domination) Empire ne me contrôle pas complètement
[ ] (Humanité) Je dois délivrer mon fils
[ ] (Obscurité) Je suis cette voix dans l'ombre
[ ] (Domination) L'équilibre entre les morts et les vivants doit être rétabli
[ ] (Dépendance) Je ne peux exister sans Empire
Commentaires :
1. A nouveau, les débutants sont très rapidement rentrés dedans et ont tout de suite joué des choses très raccord avec Inflorenza et ce setting. La première instance d'Alexandre était particulièrement réussie : son personnage assez crade se connecte à Carnage (c'est sa soeur), à l'Asticot (elle lui donne sa pitance) et indirectement à Cortizone (via ses collations, elle empoisonne l'enfant avec les drogues de la grand-mère). Joli !
2. Finalement, pas de sexe. On l'a inclus dans Domination et Perversion, deux aspects qui évoquaient volontairement plus de choses, mais du coup on n'en a pas amené.
3. La partie était très fun et assez réussie, mais je me suis déçu : rétrospectivement, je pense que le personnage d'Empire était une erreur. Il détonne beaucoup trop avec le reste du cast bien plus orienté drama et n'apportait pas trop de "chair et sang", étant lui-même bien plus qu'un humain. C'était mieux sur la fin, une fois que j'ai récupéré les traits de Carnage, mais je pense quand même que le personnage provient plus de mes autres parties d'Inflorenza (mes personnages sont souvent des mégalo enfermés dans leur égotrip) que du setting présent. Tant pis, je ferai gaffe la prochaine fois.
4. La fin était un super moment de jeu ! Dans le conflit jouant la fuite des survivants, l'Asticot et Perversion ont perdu toutes leurs phrases sauf une chacun : les phrases qui les reliaient l'un à l'autre. Ce qui a mené à broder un épilogue plein d'espoir autour du fait qu'ils ont laissé dans la caverne leurs penchants les plus vicieux pour se concentrer sur leur humanité et leur tendresse. Du coup, la mission de délivrance de Couteau perd tout son sens, et Couteau devient un mort réanimé qui veut massacrer un petit garçon pour des raisons terriblement fausses... Très stylé !
5. Au final, le théâtre glauque marchait pas mal, même si ça ne ressemblait pas à ce qu'on pensait (et Empire en est assez responsable, d'ailleurs). Le thème le plus utilisé a été Putréfaction ; Maladie n'est jamais tombé et est le seul à n'avoir pas du tout intervenu, Peur a un peu trop manqué à l'appel aussi. Domination est devenu en jeu le thème-phrare d'Empire, Dépendances a été utilisé de plein de façon amusantes (pas que pour les drogues : Carnage était dépendante de sa soeur, et ça s'est avéré très réciproque). Humanité et Douceur ont fait des merveilles à la fin. Obscurité était un thème un peu bizarre. Il colorait évidemment le setting - on voulait jouer dans un endroit plongé dans les ténèbres, où on n'y voit rien à trois mètres - mais ce n'est pas un si bon thème de jeu. Finalement, il fait juste sortir des choses du noir. C'est surtout Florine qui l'a utilisé, et a décrit les spectres et les esprits des ancêtres qui lui apparaissaient dans le noir.
Et voilà pour aujourd'hui ! Au passage, pour les titres / sous-titres / photomontages que tu proposes, le mieux serait que tu les ajoutes d'office, et je me permettrai de te prévenir dans la journée s'ils ne me conviennent ; je repasse toujours sur le forum dans les jours qui suivent un compte-rendu, donc un ou deux jours de mutisme constituent une acceptation tacite.
Dernière modification par kF (17 Jan 2016 03:07)
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A. C'est très sympa que votre groupe se soit essayé au chair et sang ! Enfin, plus encore que ce que j'appelle du chair et sang (c'est-à -dire du jeu survivaliste, gore et street level), j'ai l'impression d'avoir affaire ici avec ce qu'Eugénie appelle jouer avec du gravier, c'est-à -dire une forme de jeu où on évite de se fixer des tabous, et en l'occurence on s'autorise, en tant que joueur.se.s, à aller loin. C'est une façon de jouer que j'ai vu à son paroxysme dans Psychopathe Land !, ce rapport de partie d'un jeu de Frédéric Sintes et de son épouse Mélanie, qu'on retrouve aussi dans S'échapper des Faubourgs, par exemple avec ce rapport de partie : La mort en ronde.
J'ai tendance à penser que le jeu avec du gravier, ou le jeu défouloir se prête bien à Inflorenza parce que c'est un jeu assez safe du fait que ce sont les joueur.se.s qui décrivent les puissances, souffrances et sacrifices de leurs personnages, et qu'en règle générale, chaque joueur a le dernier mot sur ce qui concerne son personnage, et aussi parce que c'est un jeu esthétique, pour en témoigner il y a les rapports de partie La Cité de la Chair et Zone Cancer (avec, tiens donc, Eugénie au casting). Jouer avec du gravier dans un jeu moral, c'est nettement plus "risky business" du point de vue de la sensibilité des joueurs parce qu'il y a une identification plus forte à son personnage et ce type de jeu protège volontairement moins le personnage, sinon les dilemmes moraux sont impossibles. J'en ai fait l'expérience à Apocalypse Word, cf ce rapport de partie : Comment jouer avec le feu ?
B. J'aime beaucoup le théâtre cavernicole ! C'est finalement assez rare à Millevaux. J'ai fait une séance dans des galeries souterraines mais c'était au début de l'univers, il n'en subsiste pas de compte-rendu. Sinon, il y a Glaise, la cité troglodyte dans le compte-rendu Glaise.
1. Je suis très content de voir que des néophytes s'installent dans le jeu avec aisance. Félicitations à eux, et à vous pour le cadrage !
2. C'est sans doute assez logique que le sexe ait disparu de l'aventure jouée à partir du moment où vous l'avez retiré des symboles, ou pour le moins absorbé dans des symboles plus larges.
3. Au final, Empire comme Titan, Mangrove ou Amaranthe dans la campagne d'Amaranthe, ce sont des Horlas : ils sont au-delà de la condition humaine, et en effet ils amènent la partie vers autre chose que du chair et sang ou du jeu-gravier. Que penses-tu de tenter de jouer avec la règle suivante : "Personne ne joue un horla" ? Dans le livre de base, il y a aussi la variante : "Réalisme magique", où on interdit aux personnages d'avoir des pouvoirs surnaturels.
5. Avec un théâtre à douze symboles, on a beaucoup de matière, et donc au final beaucoup de symboles passeront à la trappe. On resserre plus les thématiques si on joue en Inflorenza sei.
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A. Ah oui, j'ai commencé à lire le blog d'Eugénie depuis que tu me l'as linké, et j'avais d'ailleurs envoyé le lien de cet article à notre table AW (qui est, pour le coup, assez soft - mais les autres joueurs ont plus d'expérience sur le jeu et ont fait des trucs plus crades dessus par le passé, je crois). En pratique, on s'interdisait quand même de détailler du viol et des scènes du style, mais ça pouvait bien avoir lu, juste off-screen. J'ai envie d'explorer plus avant dans cette direction, pour voir jusqu'où je peux aller dans le dégoût et le dérangeant ; le problème, c'est que j'ai peur d'entrer dans la surenchère et de perdre de vue l'objectif rôliste. Je ne vais pas rentrer dans les détails à propos de ce point, pour le moment en tout cas - ce n'est pas mon objectif le plus urgent aujourd'hui, j'attends d'avoir une occasion vraiment adaptée où je n'aie pas peur de faire une connerie avec ma table.
Cette séance était plutôt crade, mais "ça allait" : je n'ai pas l'impression d'être sorti de notre zone de confort. En comparaison, la mort de Brindille dans ma campagne du nouvel an reste la scène la plus hardcore que j'ai jouée sous Inflorenza : du cannibalisme encore une fois, mais qui détonnait parce qu'il ressortait pour être désespérément humain (on a décrit Zeus incapable de finir de manger le corps, vomissant pour manger plus, incapable de broyer les os avec ses dents, etc) au milieu d'un évènement hyper fantastique. Ici, on était préparés à jouer du glauque, et si on avait voulu appuyer à fond sur l'horreur de ce qu'on a fait, il aurait peut-être fallu en jouer moins, et se donner plus de points de repère "normaux" pour mieux faire ressortir l'immoralité. D'ailleurs, Eugénie aussi évoquait cette nécessité de garder des points de repère dans le glauque (mais avec un autre objectif, celui de ne pas perdre le nord et ne pas sombrer dans le défouloir gratuit).
B. La source d'inspiration de Romain pour la caverne, c'est pourtant un compte-rendu que tu as posté ! Je disais qu'on avait voulu jouer quelque chose de plus proche d'Arbre dans l'idée (ça n'était peut-être pas si chair et sang que ça, mais c'est un peu parce que la partie n'a pas suivi les rails prévus) ; en fait, on avait initialement en tête la partie dans le tunnel sous la Manche, pas naturel mais résolument souterrain.
Il y a un mois ou deux, on avait joué à deux une partie qui avait finie dans une immense caverne aussi. En explorant un bunker à la recherche d'un missile pour détruire le Mur de la honte, j'avais découvert l'accès à une société souterraine, des sortes d'humains qui vivaient suffisamment profond pour échapper à l'essentiel de la corruption et de l'égrégore. A leur contact, j'avais retrouvé des automatismes d'ancien tyran, j'étais devenu leur nouveau maître et j'avais complètement corrompu leur société en la refondant autour de la terreur. Quand je disais jouer généralement des mégalos...
2. Oui, c'est d'ailleurs un mouvement qui s'est fait dans les deux sens : Romain proposait un thème "Sexe" plutôt que Pulsion ou Chair parce que ces derneirs thèmes permettent précisément de prendre autre chose si on veut évite de parler de cul, ce qu'on fait généralement ; mais finalement, on l'a transformé en Perversion et Domination, et il s'est passé exactement la même chose. Il reste toujours à tester un jour un théâtre qui parle vraiment explicitement de sexe, pour voir ce qu'on arrive à faire avec - je suis convaincu que ce serait intéressant / enrichissant, mais je ne sais toujours pas si j'arriverai à créer du bon jeu avec une telle matière. Après coup, je pense que j'ai besoin de lire et réfléchir un peu plus sur le sujet.
3. Oui, et d'ailleurs, je pense que c'était peut-être quelque chose qu'on attendait implicitement à cette table. C'était aussi l'esprit dans lequel je jouais au début, mais passé un certain point, je me suis dit que ça pourrait relancer efficacement le setting d'ajouter des thématiques plus "grandes" ; ça a surtout bridé la partie drame plus "intime" de la partie (les histoires de famille et de déshumanisation) en apportant une histoire de vieille civilisation qui arrivait comme un cheveu dans la soupe.
En pratique, rester à bas niveau jusqu'à la fin est certainement la bonne chose à faire, par contre je n'irai pas forcément interdire les horlas : un truc dans le style de l'Araignée aurait eu sa place, par exemple. D'ailleurs, pour moi, Couteau était déjà pratiquement un horla, vu qu'il était censé être explicitement mort (j'avais décrit le personnage avec le crâne ouvert et un bout de cerveau visible, et j'avais dit que sa survie était inexplicable).
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B. Oui, pour le coup, le Tunnel sous la Manche, c'est en effet souterrain, si l'on inclut les souterrains artificiels. Tout comme toutes les parties ayant eu lieu dans Metro, par exemple Styx, toujours sous Arbre. En tout cas, je suis content d'apprendre que ces "vieux" comptes-rendus sont lus !
Je dis que les souterrains sont représentatifs de Millevaux, parce que déjà avec le couvert permanent des arbres, et même le ciel lui-même opaque et épais, il y a une dimension d'enfermement et de ténèbres dans l'univers.
B'. J'aime beaucoup votre aventure où vous découvrez une population préservée de l'emprise et de l'égrégore au fond des souterraine (c'était une sorte de peuple premier candide ?), et que le personnage les corrompt et les tyrannise.
2. Pour créer du bon jeu avec le thème du sexe, peut-être que juste en faire un thème est insuffisant. Peut-être que tu peux demander à ce que la première phrase de chaque personnage définisse son rapport au sexe ou les liens sexuels qu'il a avec les autres personnages. Peut-être que tu peux envisager de faire du sexe un véritable enjeu ludique, par exemple avec un système de magie sexuelle (et si l'orgasme permettait de revisiter un souvenir perdu ? Est-ce qu'on échange des souvenirs avec son partenaire sexuel ? Est-ce qu'on absorbe son égrégore ? Est-ce que l'orgasme produit de l'égrégore ? Est-ce qu'on est dans une société ou le sexe remplace le combat ? etc...).
3. Oui, Couteau ça passe encore. C'est certes un horla du fait que c'est un mort-vivant, mais il a des liens avec les autres personnages (Empire c'est vraiment un concept, et ses motivations sont conceptuelles, il n'est pas lié aux autres personnages) et il se comporte de façon humaine : la vengeance, l'amour filial, la colère... avec des moyens à peu près humains. C'est sans doute jouer un personnage trop puissant ou l'absence de liens forts avec les autres personnages qui tue le jeu intimiste. Je voudrais éviter d'émettre un jugement péremptoire, le jeu intimiste, ou pour le moins "centré sur les personnages", c'est avant tout une feuille de route qu'on doit avoir en tête plus qu'un ensemble de contraintes.
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