Bonsoir à tous, j'ai en effet pensé dès le départ à des thèmes. Ca donnerait quelque chose comme ça:
1. A folia /
La folie, la feuille, le vent, ce qui flotte, ce qui plane, ce qui vole.La brise de mer ramène la pestilence littorale. Le vent rend fou car il vrille les oreilles en montagne. Il porte les voix et les chants des morts. L’air est malade dans les marécages côtiers. Le souffle des vallées où soupirent les hommes et les bêtes. La pluie qui bat aux volets. Les avis de décès qui volent : ton nom est dessus.
La vieille m’a dit. « Il existait un homme, un fameux chasseur d’Aulène. Une fois, il reçut a folia di Mauru, une feuille de Mauru. Elle lui disait qu’il allait mourir. Alors plutôt que d’accepter, il tua tous les siens et ceux des villages voisins avec son fusil. Lorsqu’il eut fini, il partit chasser et abattit un sanglier. Mais celui que Mauru a notifié, celui-là , il doit mourir. Alors, le chasseur d’Aulène se blessa le pied sur les défenses du sanglier. Il ne pouvait trouver aucun secours car tous étaient morts. Alors il mourut de pourriture. A son tour. Celui que Mauru notifie, celui-là meurt ».
2. Vendetta /
La Vengeance, la mémoire, l’oubli. On se venge, on en veut aux autres, on se tue, tout le monde a oublié pourquoi. Les cadavres saignent lorsque le meurtrier se présente aux obsèques. Dans le maquis, on s’embusque et on attend celui dont on veut se venger. Celui qui injurie attire la vengeance, celui qui tolère l’insulte le mépris.
On m’a raconté une fois. « Une nuit, je me suis réveillé et ma femme était morte. Elle avait été poignardée. J’avais le couteau dans la main. Du sang. J’ai tout de suite su que c’était moi. Je ne sais pas pourquoi ... je l’aimais. Mais la lame, elle sait. Car si l’homme oublie, le fer a la mémoire longue. Je l’ai enterré comme il le fallait, et maintenant je suis monté au monastère pour prier pour elle ».
3. Macchia /
Le Maquis est partout, recouvre l’île jusqu’aux étages montagnards. A perte de vue, arbustes, arbousiers, chardons et ronces mutants. Sentiers étroits et courbés qui dévorent ceux qui les empruntent ou les emmènent dans des endroits fantastiques. Les arbres, des Chêne-lièges, des châtaigniers et des pins sont les seigneurs du maquis. Sur leurs troncs, parfois, un visage grimaçant. La sécheresse. Tout est jauni, rabougri. Sol couvert d’un tapis de feuilles sèches sous lesquelles grouillent des nuées d’insectes vénéneux et mutants. Des feux, parfois, écobuage, incendies fous.
Un soir à la veillée « Avant, on brûlait le Maquis pour y mener les porcs. Mais le maquis toujours revenait. Et ce qu’il prend, jamais ne le rend. Des porcs, il fit des sangliers, des chèvres, les mouflons noirs et du Christ il fit U Mauru ».
4. Mal’cunciliu /
La corruption. Les pierres qui saignent. Elles prennent la forme d’hommes qui portent des lames et tuent dans le dos ceux qui ne tournent pas dans le bon sens. Les gens de Malefazio s’accouplent avec des poissons dans leur cité maudite. Les Gio de Fortiveghju ne se marient qu’entre eux pour se prémunir de la malaria. Le figuier est un arbre vampire qui vole la semence de celui qui s’endort sous leur ombre. Le châtaigner porte un visage défiguré par la souffrance. Les Mazzeri parcourent le maquis pour se rendre au sabat auprès de Mauru. Les stragga ont un œil borgne. Malheur à celui qui croise leur regard. Les morts, les revenants, les ombres hantent les maquis et s’aventurent près des villages. Ils attendent les vivants pour les prendre.
Beaucoup de gens racontent l’histoire de Ghjuvani Paulu de Lumeto, le muletier. Ils disent tous « Alors, le muletier, il descendait de Lumeto après avoir passé cinq mois d’été au travail avec les troupeaux. Il avait dans son sac plein de besons blancs. Alors il croise une vieille qui fait la manche et qui lui dit « oh Ghjuvani Paulu de Lumeto, tu as grand bien, donne m’en ». Mais le muletier est un pingre. Il refuse et il dit « oh la vieille, si je te donne, ça sera un peu, ça ne t’aidera pas, alors je ne te donnerai pas ». Mais la vieille c’est une stragga, une borgne, elle lui donne son œil qui le suit partout. Ghjuvani partout où il va, l’œil le suit. Et alors, le monde entier devient amer. Les mules ne veulent plus de lui. Elles s’éloignent, ruent. Personne ne l’embauche. Ghjuvani se fait chapelier mais les hommes naissent sans tête. Veut-il travailler dans un champ que rien ne pousse, parce que celui qui est maudit, ni homme, ni bête, ni plante ne veut l’aider. Alors il se fait ramasseur de sel, mais le marais le noie, le tue. Depuis, il est mort ».
5. Mauru /
Le Maure, la mort. Ce qu’Il est, nul ne le Sait. C’est l’Etranger. Le Christ. Le pirate venu d’Orient. Il est Celui-Qui-Murmure-dans-le-Maquis. Frequenza Maura, sa voix, se fait entendre, elle appelle ceux qui vont mourir. La Peur de Mauru est ancrée chez les hommes depuis longtemps. Tout l’univers redoute Mauru. On le représente comme un homme noir, aveugle, portant un bandeau sur les yeux, car ses yeux sont de trous noirs. On porte son visage ou ses signes autour du cou pour s’en prémunir mais rien ne protège contre Lui. Crucifié dans les chapelles où brûlent les lumignons, on s’agenouille et on le prie. Mais aucun mot, aucune supplique, même les plus beaux, ne le touchent.
Quand j’ai perdu ma femme, les vieux m’ont dit « Ne la pleure pas. Va sur sa tombe et dis-lui « a oghje a te, a dumanu a me », « aujourd’hui c’est toi, demain c’est moi », sinon elle sera jalouse car ceux que Mauru prend, il ne leur explique rien. Alors les morts ne savent rien. Ils errent dans le maquis, mais un jour, ils reviennent. Laisse de l’eau dans un verre et du pain d’olive dans une assiette dans car celle que tu as perdu ne sait pas qu’elle est morte et elle revient à toi. Alors si elle ne trouve pas à se nourrir, c’est ton âme qu’elle consommera ».
6. U Populu /
Le Peuple. La féodalité des grands domaines des plaines. La terre des seigneurs, des villages, de l’habitat dispersé autour du bourg. La terre des communes et des châtaigners des villes fortifiées haut perchées sur leurs éperons. Villes, villages, hameaux, tous se murent car tous sont ennemis. Des hameaux disséminés dans le maquis où échouent ceux qui fuient. Gens d’armes, gens de guerre, gens de sac, gens de corde. Bergers, sorciers, muletiers. Bandits d’honneur, rebelles. Veuves en noir, vieux barbus. Moines, terre des morts et des vivants. Transhumance : des villes entières montent à l’estive avec les bêtes. Récolteurs de Sel portant des combinaisons NBC dans de putrides marais salants. Les Gio hautains vivant dans leurs bastides en ville entourés des hommes d’armes de leurs clans. Les forgerons, les artisans, un monde rustique qui se terre dans des caseddu sans fenêtres.
Il y avait cet homme qui m’a raconté « Il y avait ce Gio. Il régnait sur tout le Sud. C’était un homme cruel. On l’appelait Orsu, l’Ours. Il convoitait les femmes des hommes du village et couchait avec elles le soir où on les mariait. Alors, ils l’ont piégé. Ils lui ont donné un cheval au caractère si mauvais mais à l’aspect si admirable que le Gio n’a pas pu s’empêcher de l’essayer. Et il essaie le cheval comme il essaie une femme. Tu vois ? Il monte sur le cheval, lui lacère les flancs avec ses éperons. Le cheval devient fou, rue, part en avant et comme l’autre est pris par les rennes, le cheval le traîne dans toute la plaine. Alors le Gio, il meurt mais personne ne sait où. Mais moi, je l’ai vu. Son crâne. Une mouche en est sortie. C’est une mouche, mais en fait c’est l’âme du Gio, putride, cruelle. C’est elle qui a porté la maladie jusqu’à nous ».
7. U Ceppu /
La souche. Le Clan. La famille, les cousins, les frères, les sœurs, le sang. On ne se mélange pas car tout est Honneur. Tu vengeras ton frère, sinon, c’est lui qui se vengera de toi. On est rien sans son clan, tout lui est soumis. A chaque foyer, son maître barbu, pensif et taiseux. A chaque clan son patriarche dans sa bastide. L’on se serre autour de l’âtre quand le Vent des Esprits souffle depuis le Nord. On bat le grain tous ensemble sur l’aire commune. On se déplace avec ses amis pour traverser le Maquis. On s’arme avec eux pour aller se venger. On se méfie des forains, des étrangers. Qui dit qu’ils ne sont pas des bandits, ou pire des Mazzeri qui ont pris forme d’hommes ? Qui peut savoir quel malheur amène l’Etranger ou celui qui sort de la Tradition du clan ? Dans les villes, on prête serment aux Fratelli du quartier qui savent quelles étoiles il faut honorer et qui savent comment s’écoule le temps. Malheur à celui qui en trahit les secrets.
Il y avait cette femme qui, un jour, m’a dit « Je suis une Lorenzi mais quand les frères Martinelli m’ont enlevée et emmené dans leur caseddu au dessus de la Fontaine, je suis devenue l’une d’eux. Maintenant je suis comme eux. Je tire du plomb et fume la pipe et la mère m’appelle « la fille ». Alors, quand Gui Lorenzi est venu avec ses gens pour nous assiéger et me reprendre, j’ai pris les armes et tiré sur les ennemis. J’en ai tué un et après la bataille on me l’a offert à manger. C’était mon frère, mais j’ai mangé son foie. C’est comme ça, j’appartiens à mon clan. »
8. Fa /
La Foi, la religion. Il y a dans les villes ceux qui adorent les étoiles. A Jaccio, ils allument de grands feux. A Bastille, ils brûlent l’effigie du Vieux Roi de France. Mais dans les villages et les bourgs, ils continuent à ne prier que Mauru. Ils font le signe de Croix, aspergent d’eau les enfants et portent à leur cou Sa tête ou Sa Croix. Ils gravent sur les pierres les formules sacrées, REP, PPE, PPL, PPNPP qui protègent des revenants. Il y a les méchants, ceux qui vivent dans les vallées les plus reculées et sculptent sur la roche d’étranges idoles sur la pierre. Ils sacrifient aux Guerriers de Pierre des animaux ou des hommes pour animer les statues.
Je ne le sais pas vraiment, mais c’est ce qu’on m’a raconté. Les gens disent que « Ceux de Carbini, ils sont vraiment détestables. Ils n’honorent ni Dieu, ni leurs Morts. Ils ont construit leur église sans y mettre de clocher et rien ne sonne dans leur village. Au début, ils pensaient que comme ils n’avaient pas de clocher, le glas ne sonnerait pas pour eux. Alors Mauru est venu et il a tué presque tout le monde. Dans ceux qui ont survécu, il y avait une Mazzera, mais ça les gens ne le savaient pas. Elle leur a dit qu’elle connaissait les formules et le soir du 15 août, elle leur a appris le secret. Elle l’a fait le 15 août parce que ce soir là , il y a trop d’étoiles et la nuit est trop claire. Alors on voit venir de loin tous ceux qui s’embusquent. Comme elle était sûre que personne n’écoutait, elle expliqua aux gens de Carbini qu’ils pouvaient tromper Mauru en tuant quelqu’un d’un autre village quand le glas sonnait. Alors dans la vallée, quand le glas sonne à Livi – parce que ceux de Carbini, ils sont trop fainéants et n’ont toujours pas construit de clocher- on sait que Mauru prendra deux âmes. Celle qui est morte et celle que les gens de Carbini descendront tuer ».
9. Signu /
Les signes. Tout est signe, tout est grave, tout est gravé. On observe la manière dont les fétus retombent sur l’aire pour savoir si ce soir soufflera le vent des Esprits. On lit dans l’huile d’olive mélangée d’eau bénite les tâches qui annoncent le sang versé. Tout est dit par le Maquis qui n’a pas de bouche, mais des yeux et des milliers de langue : l’araignée buffle présente ses pattes arrières quand elle quitte son terrier, méfie toi de ton cheval. Présente-t-elle ses crocs, méfie toi du serpent. Il y a les signes qu’on porte, les talismans, et les signes qu’on fait. Celui de la croix qui s’il est bien exécuté, exorcise et apaise et rend malade ou fou s’il est fait à l’envers. Il y a les signes des fratelli, le compas, les trois poings, l’anneau des Rois de France. Les signes s’enseignent, s’apprennent, on les répète les soirs du 15 août quand les démons se terrent dans le maquis parce que la nuit est trop claire. C’est là que l’on initie le signatoru, celui qui signe, celui qui sait lire les signes.
Un signatoru m’a dit « Alors, moi, quand je signe, je ressens souvent quelque chose. Par exemple, lorsque je signe le mauvais œil, j’ai du mal à voir pendant un certain temps. Lorsque c’est une Mazzera qui possède celui que je signe, c’est moi qu'elle attaque. Mais grâce aux formules que m'a appris Zia Batistina, je gagne toujours. Mais parfois, c'est difficile. Une fois, un Gio m’a fait venir. Il voulait que je signe une lame. Alors, moi, je prononce les paroles et verse l’eau bénite. Et je sens Sa présence, là , devant moi, je le vois, comme je te vois. Il souffle, il est en colère, les chandelles s’éteignent car il ne veut pas quitter la lame. Alors il me transperce, moi, à la main et depuis il habite dans la main. Tu vois cette plaie? toujours elle saigne. »
10. Core /
Le Cœur. Il est comme le Maquis, sombre, mystérieux et insondable. Il est préférable qu’il ressemble à la terre en été, qu’il soit ingrat, jaune, pierreux et sec. Il est plus dangereux que la main qui tient l’arme et le coeur amoureux est plus dangereux que vipère. Lorsqu’il voit par tes yeux, alors tu ne comprends plus rien et tu ne fais plus qu’envier. Aimer, désirer, baiser, le cœur est dans le corps comme oiseau dans sa prison. Lorsque tu es triste, il est lourd et gros comme si tu partais en mer. Celui qui contrôle le cœur des hommes, contrôle le monde.
J’ai appris ça sur Jaccio : « Il y a un homme à Jaccio, un génois. Il est si beau et plait tant aux femmes et aux hommes que tous ceux qui le regardent sentent leur cœur battre très fort. Alors le Gio de la ville, Don Simeoni, il dit à tout le monde de l’éviter et, là , puisque le Gio le veut, personne ne lui parle. Mais lui, le bel homme, il n’en pouvait plus de tout ce silence, alors il a pris la robe de bure et part au monastère. Lorsqu’il rejoint les fratelli, il trouble leurs pieuses pensées car ils le regardent et ne disent plus la messe. Finalement, ils se réunissent, sans lui. Quand ils ont discuté, l’abbé leur fait le signe et ils comprennent quoi faire. Alors, la nuit, ils entrent dans sa chambre avec de longs couteaux. Ils le défigurent et maintenant, le bel homme ne trouble plus personne et le monastère a regagné son calme. ».
11. A rabia /
La rage, les pulsions, la colère, le désir qui n’attend pas pour être assouvi. Le soir souffle parfois le vent des esprits, le vent d'autan. Il charrie l’air empoisonné, toxique, des fonds marins, désormais asséchés, mais couverts de pesticides. Il souffle, hurle, vrille les tympans et rend enragés hommes et bêtes. Le Vertige que procure le péché, l’orgueil, la luxure, l’envie, l’acédie. La furie qui s’empare des guerriers et des gens d’armes.
Tout le monde connaît l’histoire de Dumenicu Viaggatore mais je vais la raconter. « C’est un chasseur habile. Il part chasser et suit pendant des jours un gros sanglier. Alors, souffle le vent d’autan et Dumenicu devient enragé. Alors il continue, ses chiens meurent, son fusil prend le torrent, mais lui, il marche dans le maquis, il suit les sentiers. Comme le ferait un chien, il sent la terre, se baisse et fouille les fourrés. Il aboie pour provoquer le sanglier. Il érafle ses vêtements sur tout ce qui pique, grince et râpe. Alors, il est couvert de sang. Et puis, enfin, il voit le sanglier. Il se rue et le tue à mains nues. Malheur ! C’est son père qui s’inquiétait et était parti à sa recherche. Alors, il devient un mazzeru, un homme et un chien. Et celui qu'il mord, celui-là , il devient un chien enragé ».
12. Lamentu /
La lamentation, la peine, le sacrifice. Il y a celles qui s’arrachent la peau du visage aux enterrements et ceux qui chantent les complaintes. Il y a ceux qui ont les yeux tristes, rouges et gonflés. Il y a la complainte lugubre des revenants qui en veulent à ceux qui vivent. Les chants des moines et leurs harmonies sombres lors des messes des morts. Les confrères qui se flagellent pour appaiser Mauru ou par simple plaisir. Il y a Mauru qui est crucifié pour apprendre au monde la souffrance. Les stigmates, les mains qui saignent, les yeux qui pleurent, le sexe des femmes qui se vide rouge. La mélancolie de celui qui a tout perdu, même son clan.
La vieille dit « A Essarti, ils ne font rien comme les autres. Quand tout le monde fête les étoiles du 15 août et la Dona di Strelli, les Fratelli de la ville, eux, ils prennent un air lugubre, se mettent des capuches rouges sur la tête et vont en se fouettant à travers la ville avec des ronces dures comme le métal, comme il en pousse là bas. L’un d’entre eux porte une capuche blanche. Celui-là , il grimpe partout avec des poids attachés aux pieds et il porte la Croix jusqu’au plus haut point de la ville. En chemin, les gens le battent, le piquent de leurs pointes et l'injurient. Alors, quand il est arrivé en haut, il est bien content quand on le cloue à la croix … c’est presque la fin de son calvaire ».
Dernière modification par Orlov (30 Aug 2014 21:11)
Hors ligne
La vache, c'est super bien écrit ! Je vais me démener pour que ton travail soit visible.
Je ne crois pas avoir grand-chose à t'apprendre pour améliorer ton théâtre maintenant.
Je me contenterai donc de conseils de mise en place, puisqu'un excellent théâtre peut être ruiné par un Confident ou des joueurs maladroits.
Première chose, comprendre qu'il est illusoire de pouvoir faire jouer tous les éléments d'un théâtre en une seule fois. Si tu fais une campagne peut-être, mais pas en séance isolée.
Deuxième chose, le conseil de lire tout le théâtre aux joueurs ne s'explique plus si le théâtre est trop long. J'ai peur que tes joueurs décrochent si tu leur lis tout.
Proposition : démarre par la création de personnage. Puisque tu joues en Carte Blanche sans instance, on peut faire les choses en groupées. Chacun tire un thème pour écrire sa première phrase, et tu lis les trois thèmes à haute voix. Quand les joueurs commencent à faire des propositions, propose-leur des amendements pour que ça utilise vraiment des éléments du théâtre. ("Tu dis que ta fille a été enlevée ? Tu ne serais pas le père de cette Lorenzi ?"). Quand les joueurs semblent être à mi-chemin d'avoir créé leurs personnages, commence à cogiter sur une scène d'intro, mais jamais ne cogite plus loin, laisse-toi toujours guider par les joueurs pour bâtir la suite, vraiment tu dois te contenter de répondre aux questions des joueurs mais fais des réponses perfides ("Je cherche une arme" : "Il y a cette Mazzera qui vend des couteaux"). Tu vas voir que la fiction elle va se monter toute seule, terrible, parce que tout ce que les joueurs vont toucher va se transformer en sang. Mais dès que ça devient mou, invente un nouveau figurant, une trahison, un décor, mais toujours quelque chose qui réponde aux phrases des joueurs.
Si toi ou tes joueurs avez besoin de matière pour démarrer, fais-leur écrire trois phrases au lieu d'une. Une avec le verbe vouloir, une avec un lien avec un autre personnage, une qui parle de leur matériel ou de leurs ressources.
Y'a une autre option, c'est d'imaginer une scène d'intro, très ouverte, et tu permets aux joueurs d'incarner les personnages de leur choix dans cette scène d'intro : "il y a ce bateau qui accoste près d'un marais salant, et des hommes en descendent. il y a d'autres personnes dans le marais qui semblent les attendre, et il y a ces corbeaux dans le ciel. Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Que faites-vous ?"
Hors ligne
Merci pour le retour, Thomas.
On joue ce soir. Je vais appliquer quelques un de tes conseils
- Trois phrases pour se définir, comme tu le suggères
- La situation initiale est "Au loin, dans le détroit, la tempête fait rage ; la flamme du bivouac se courbe sous la rafale ; et une barque danse au pied des roches en faisant crier son amarre" (soit la dernière phrase de l'agonie de la Sémillante, d'Alphonse Daudet, mise au présent et privée de son narrateur).
- La présentation du théâtre sera simplifiée du fait que mes joueurs et moi sommes partis en vacances cet été. J'ai donc fait des listes d'adjectifs, de mots et d'adverbes pour chaque thème.
Hors ligne
Il est vraiment classe ton théâtre. J'adore Signu ! C'est super malin, dans le cadre d'Inflorenza, de créer une inflorescence qui s'insère dans le processus de création de la fiction.
Hors ligne
Je poste demain pour vous raconter tout ça. D'ici là , il faut que je remette un peu en ordre mes notes.
Par ailleurs, c'est offishal: Inflo, jeu du mois sur le grog.
"Inflorenza: En mai, oublie les ballades en forêt !"
C'est ici
PS: je me dénonce, c'est moi qui ait écrit la notice. Je suis pas sûr de la comparaison avec bXn mais il faut s'attendre à cela quand on intitule un fil de son forum "l'arrière cuisine du Bûcheron"
Warning: Millevaux Inside !
Hors ligne
Mal'Cunciliu, une séance par Orlov prenant pour cadre le théâtre corse.
Hors ligne
Au fait à l'occaze, tu pourrais en dire un peu sur la Baltique dans l'Atlas (régions Lituanie / Courlande / Kaliningrad) ? j'ai des choses qui trottent dans ma tête.
Alors, j'aurais beaucoup voulu t'impressionner en prétendant que j'ai prévu un setting pour tous les coins plus reculés d'Europe, mais sur la Baltique, en fait j'ai que ça :
ÃŽle : Dragov
Nation de tous les pirates
En pleine Mer Baltique, battu par les vents glacés qui portent des balles de spores corrompues, un rocher noir, réputé dans les légendes pour être l'Île des Morts. Comme à Millevaux il y a toujours une vérité dans les légendes, l'île de Dragov est bel et bien une des portes de l'Enfer. Cette vouivre de cailloux porte sur son dos des échafaudages branlants et dans ses replis des navires hideux. Dragov est un siphon qui attire à elle tout ce que la Baltique compte de flibustiers, de schismatiques et de horsains. Dragov est l'île des pirates. C'est une Tortuga du froid garnie de drakkars visqueux et de submersibles à vapeur, presque entièrement faite de carcasses de Tupolev rafistolées.
À rejeter toute patrie, les pirates s'en sont créée une à leur image. Ici comme ailleurs, il n'y a de loi sinon celle du plus fort. Mais cette fois-ci, c'est complètement assumé. Dragov a interdit tout règlement. L'anarchie n'y connaît pas de limite. Il est permis de tuer un homme en pleine rue et c'est chose fréquente.
Ici, les hommes des navires pirates viennent oublier un temps la tyrannie de leur capitaine, ou tenter leur chance dans un autre rafiot, ou simplement se vider les bourses dans des bordels frigorifiques où œuvrent des femmes raflées lors d’abordages.
Les capitaines se rendent à Dragov pour faire affaire avec d'autres capitaines, négocier des territoires de chasse, acheter des vétérans.
Mais quelque part, si les navires pirates reviennent toujours à Dragov, c'est parce que ce pandémonium leur permet de ne pas regretter de passer le reste de l'année en mer et que cette bouche d'Enfer au souffle de blizzard les revigore dans leur haine de l'humanité si nécessaire à la mission de pirate.
Hors ligne
Alors, j'aurais beaucoup voulu t'impressionner en prétendant que j'ai prévu un setting pour tous les coins plus reculés d'Europe, mais sur la Baltique, en fait j'ai que ça :
Je suis déjà très impressionné par ta cuisine, msieur Tom.
J'ai pas réussi à refaire mon u inflorenzu ce week end mais un créneau se dégage pour après.
Je vais essayer d'avancer sur un théâtre courlandais. L'idée est de retrouver les charmes de la Lituanie païenne, ses forêts, ses fées, ses saules arracheurs d'enfants, ses horsains amphibies et ses magnifiques forêts de pin perdues au milieu des landes. Sans oublier ses cruels barons, leurs tantes barges et les maisons de maître en brique, sinistres manoirs surgissant au milieu des brumes fétides. L'inspi littéraire est Le coup de grâce de Marguerite Yourcenar et la magnifique adaptation par Schlöndorf.
PS: Inflorenza est le premier JDR que je connais dont j'arrive à parler et qui intéresse des gens qui ne connaissent rien au JdR, ne savent pas ce qu'est un ordinateur, ignorent tout de Games of Thrones. Ce jeu est vraiment une réussite !
Dernière modification par Orlov (13 May 2014 06:56)
Hors ligne
PS: Inflorenza est le premier JDR que je connais dont j'arrive à parler et qui intéresse des gens qui ne connaissent rien au JdR, ne savent pas ce qu'est un ordinateur, ignorent tout de Games of Thrones. Ce jeu est vraiment une réussite !
Je crois que la patte que tu lui donnes n'est pas étrangère à ton succès !
Hors ligne