Ici, les comptes-rendus de partie jouées dans l'univers de Millevaux, sans règles :
comeonandorra, cc-by-nc, sur flickr
Comptes-rendus de partie par Thomas Munier :
(DLMV) : épisode du roman-feuilleton rôlistique Dans le mufle des Vosges
1. Le Repentir
Retrouver l'ambiance roots des premiers Millevaux en jouant en mode théâtre de l'esprit : un MJ, des joueurs, et aucune règle !
2. On se couche avec ses morts (DLMV)
Au lendemain du combat avec la Mère Truie, on compte les retombées.
3. À bon port (DLMV)
Enfin, c’est à l’arrivée à Xertigny ! Mais s’annonce-t-elle sous les meilleurs auspices ?
4. Les petites misères (DLMV)
Mille petites anecdotes et anicroches complètent le tableau d'une nouvelle menace qui se trame. (temps de lecture : 7 mn)
5. Quand les charrues pousseront dans les arbres (DLMV)
Trafic de confessions, fricot au ragondin, danse folklorique et vertige logique, voici le menu de l'épisode du jour ! (temps de lecture : 7 mn)
6. L’enfant-valise
Un remake de La Traversée de Paris version Millevaux avec une règle unique : dire oui à tout. Avec un atelier complètement sous acide ! (temps de lecture : 5 minutes)
7. Les choses intimes (DLMV)
L'introspection, les êtres et les sentiments qui couvent comme des pommes de terre sous la braise. (temps de lecture : 6 minutes)
8. Le carrefour de l’enfant Rollo (DLMV)
Les peines toutes simples sont les plus lourdes à porter. (temps de lecture : 7 minutes)
9. Dârou ! Dârou ! Vénet do mo so sac ! (DLMV)
Comment la chasse d’un animal imaginaire a mis le feu aux poudres. (temps de lecture : 5 mn)
10. Malvenue
Et si l’essence même du jeu de rôle, c’était la création de personnage ? Un exercice solo de création de perso avec interdiction de le jouer, pour le pur plaisir de la rédaction de background. (temps de lecture : 5 mn)
Comptes-rendus de partie par d'autres :
1. Le mystère des hommes
Quand une communauté féminine capture le dernier des hommes, l’emprise trace un étrange chemin… Un solo freestyle joué par Frédérique Lilas Da Silva. (temps de lecture : 7 minutes)
2. Seule en forêt
Une expérience hors-normes au-delà du genre et de l'humanité, guidée par quelques principes créatifs pour vivre des destins croisés. Le récit d'un solo par Frédérique Lilas Da Silva. (temps de lecture : 4 min)
3. La genèse de Lesly
Un homme crée une fille artificielle à partir d'un liquide noir, mais elle se transforme en une entité monstrueuse qui finit par détruire son créateur et altérer le monde. Alex nous livre l’historique d’un de ses personnages de Millevaux ! Temps de lecture : 4 mn
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L'ENFANT-VALISE
Un remake de La Traversée de Paris version Millevaux avec une règle unique : dire oui à tout. Avec un atelier complètement sous acide !
Le jeu : sans règles
Joué le 18/06/17 lors de la Tournée Paris est Millevaux 5
(temps de lecture : 5 minutes)
Paul, cc-by-nc-nd, sur flickr
Personnages : Marco, Janvier, Tas de Bois, Sale Gueule, Mémé Carabine, L'Enfant-Valise
L'histoire :
"Janvier !" Ce cri résonne dans la forêt, poussé par Marco, un homme buriné et bouffi en même temps. Il porte une valise, il y a un enfant dedans qu'il va vendre avec ses comparses, Janvier et Tas de Bois.
Ils se font arrêter par Sale Gueule, un mutant aux genoux bizarres et Mémé Carabine ; ils semblent convoiter l'enfant.
Tas de Bois se fait tirer dans le bras mais il repousse.
Le bruit fait venir une moissonneuse de la douane.
Janvier veut amadouer le douanier avec un registre mentionnant leurs noms mais ça ne suffit pas.
Sale Gueule donne un coup de coutelas au douanier et Marco lui savate la gueule.
Mémé s'empare de l'enfant et saute dans la moissonneuse. Tas de Bois veut les rattraper mais se fait moissonner le bras.
Dans la ville souterraine de Métro, le marché noir. Foule interlope. Cochons et topinambours.
La réserve d'enfants : il y a des pupitres où des écoliers enchaînés suivent les cours d'une maîtresse à lunettes.
Surgit Sale Gueule qui fait peur à tout le monde. Il appelle son contact Zourk qui dit que Mémé est sûrement à la guilde des voleurs.
Marco propose une collaboration à Sale Gueule.
Mémé Carabine entre dans la guilde des voleurs : la cour des miracles.
Elle va voir un homme à la fine moustache, et demande à voir le Rat : on la conduit jusqu'à un rat géant affalé sur des coussins, qui fume du Haschisch Jaune dans une chicha. Derrière lui, des foetus dans des bocaux de formol.
Elle lui vent l'enfant qui est l'élu de la Pièce.
Le Rat tire une grande bouffée de chicha. Il a une Vision du Roi en Jaune qui monte jusqu'à la pièce.
Enfant est prostré en chien de fusil. Il dégage de l'égrégore.
Marco et les autres arrivent devant la porte cour des miracles, bloquées par des gardes bodybuildés.
Sale gueule prétend qu'il détient l'enfant d'un des gardes. Ce dernier lui montre que ce n'est pas possible : il est castré.
Tas de Bois offre aux gardes du tabac de mémoire.
Sale Gueule ricane car il est vraiment l'enfant du garde.
Marco se dit : "Si j'étais lui, je me rappelerais du jour où j'avais encore des couilles."
Mouvement de foule dans la cour des miracles. Des tentacules jaunes apparaissent puis se résorbent. L'enfant a disparu.
Mémé Carabine se carapate malgré la demande de Marco de les rejoindre. Il regrette de malmener l'enfant car c'est son fils mais il rêve de quitter Millevaux avec l'argent de la prime. Sale Gueule exerce un chantage avec la flûte des rats taillée dans la dent du rat. Ils évoquent l'idée de faire un enfant mutant (Sale Gueule ne demande qu'à avoir un môme, ce que Marco pourrait lui fournir.)
Le Rat offre un coffre de matériel. Marco prend du saucisson et une hache. Janvier voit plein d'enfants autour de lui - les enfants du registre -, les seuls souvenirs qui lui restent, qu'il espère transformer en autres souvenirs, sans pour autant s'y résoudre car il y est attaché et en même temps, il regrette ses actes. Il pense à la maîtresse qui le regardera enfin quand il ramènera l'enfant-valise.
Tas de Bois montre une bille où on voit une salle de théâtre des Hypogées. Marco partage son saucisson comme un dernier repas.
Le théâtre envahit tout.
Poussiéreux, froid polaire. Lustre couvert de toiles d'araignées. Spectateurs squelettes avec jumelles et programmes. "J'aime pas les théâtreux, tous ces gens qui font des phrases.". L'enfant est sur scène, terrorisé. Ils se retrouvent sur la scène, leurs corps attachés à des fils de marionnettes.
Entrée de la mère de l'enfant-valise.
"T'as de beaux yeux, tu sais.", lui dit Marco en récitant son texte.
Elle chante un opéra dans une langue inconnue. Les acteurs répètent la scène du début. Le souffleur les engueule. Filaments jaunes.
"Janvier !"
Commentaires :
Durée : 1h1/4 + 1/2 h debrief
Atelier [on fait une première partie en "oui-non", dans le but de tester les limites] :
Durée 1/2h + 1/4 h debrief
Un homme à tête d'ours, un arbre, une griffe. Des voix qui lui parlent. Il attaque l'Arbre, qui s'avère rempli de sperme. Tremblement de terre, attaque d'abeilles noires à tête d'ours. Une créature lui propose de faire un pacte mais ça lui coûtera son bras.
Flash-back : l'homme rencontre un ours qui lui donne sa tête, il l'embrasse chastement. À la recherche de sa femme, elle est loin.
Retour au temps présent : L'homme s'enfouit sous terre. Sa femme explose sous forme de papillons. Il recherche des photos et des souvenirs de sa femme, trouve une photo et un papillon, il les mange.
Dans le combat contre les abeilles à tête d'ours, un golem de bois invoque une pluie acide qui fait fondre les insectes.
Son oeil fond. Un homme arrive. Des fraises lui poussent sur le crâne. Il en mange et c'est délicieux. Il offre un oeil au golem de bois qui devient un parasite mental.
Le golem de bois se fait blesser, il rampe jusqu'Ã sa maison.
Il y a son enfant dans un berceau et sa femme morte dans le lit.
L'enfant a des fraises qui lui poussent sur le pied, il les mange, c'est aussi délicieux que douloureux. Le plafond lui tombe dessus et lui écrase le crâne tandis que son père s'accouple avec sa mère morte.
Retours de l'équipe après la partie principale :
A. : On a plus construit cette fois-ci. Moins de descriptions, de magie, de sauvagerie, de mutations. Mais au final ça fait avancer l'histoire et on a abouti à quelque chose qui visuellement avait de la gueule.
R. : Très bonne partie. Les "non" sont pas bloquants ou ressentis comme un mur. Quand j'avance que le fils du vigile a pas de couilles, ce n'est pas interprété comme un refus de jeu, on rebondit dessus.
Ce type de jeu provoque des sensations différentes. J'avais un perso mutant chat, j'attendais rien et quand Eugénie m'a fait arriver en faisant peur, du coup on l'a fait jouer différemment. [réponse d'Eugénie : je l'ai fait parce que c'était intéressant de twister le perso. J'aurais eu peur de faire à l'inverse. Ric : Mais non, car j'aime pas les persos badass.]
E. : J'ai adoré. L'atelier va vraiment avec : on a fait toutes les conneries possibles. On a dit "non" à Thomas plein de fois et du coup la "vraie" partie était cohérente.
Le rat, tout le monde l'a joué et l'a décoré. Les gens se sont emparé des PNJ.
On a eu de l'émotion, des moments drôles.
S. : J'ai vraiment adoré. C'était très cool. Y'avait l'histoire, le décor, l'ambiance, on faisait poper les PNJ, c'était fluide tout en étant un joyeux bordel.
Y'a eu des instants dans la partie ou il y a eu plusieurs conversations. ça me semble crucial de se borner à une seule conversation.
C'était agréable d'agir et de décrire.
C. : C'était très cool. C'était extrêmement focusé, y'a très peu de choses qui ont pas servi. [A. : on a vu le bénéfice de l'atelier. S. : le côté échauffement était bénéfique. E. : par exemple, dans l'atelier, on balance le mot "sperme", comme ça c'est dit, c'est évacué.]
L'esthétique était cool.
C'est difficile de créer un perso à la volée : Tas de Bois était un peu pâle.
R. / E. : C'était plus "non merci" que "non"
Thomas : J'ai "remeublé" Marco avec la vision de l'enfant.
S. : J'ai vraiment apprécié. Avec la question "Janvier", ça m'a invité à un monologue intérieur sur qui j'étais et pourquoi j'accompagnais Marco.
Thomas : En tant que spectateur, j'étais immergé dans l'histoire, c'était rythmé et fluide. Le background forestier a pas trop servi, mais j'étais en plein dans l'ambiance.
S. : difficile dans la partie, c'était d'identifier qule est le personnage qui prononce quelle phrase. Mais les deux phrases suivantes permettaient de se raccrocher.
[On se félicite mutuelllement sur les fils de marionnettes inventés par Clément à la fin, et le "oui" collectif à cette proposition]
E. : dès la première scène, on savait ce que vous vouliez faire.
A. : Je cherchais dans la mythologie de Millevaux les persos que je pouvais refiler.
C. : le mot-clé "non" peut quand même être cassant si tu sais pas comment réagir par dessus
Thomas : Pour mon personnage de Marco et sa tirade "Janvier !", je me suis inspiré de Jean Gabin dans le film "La traversée de Paris".
A voir aussi :
Le retour personnel d'Eugénie sur cette partie dans son article Les Ateliers 1 sur le blog JenesuispasMJmais
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LE MYSTÈRE DES HOMMES
Quand une communauté féminine capture le dernier des hommes, l'emprise trace un étrange chemin... Un solo freestyle joué par Frédérique Lilas Da Silva.
(temps de lecture : 7 minutes)
Joué en septembre 2020
Le jeu utilisé : aucun
AirmanMagazine, michel de graaf, cc-by-nc
L'histoire :
1.J'ai toussé longtemps pendant mon sommeil. Un moment j'ai même cru que mes poumons allaient sortir de mon corps, agacée que je leur fasse subir autant. J'ai commencé a fumer jeune et d'ailleurs je n'ai pas souvenir d'un moment où je ne fumais pas. Le lit est couvert de glaires, de sang et de... De vomi peut être ? Ou d'une étrange matière sorti de je ne sais quelle vilaine bête. J'ai les mains caleuses d'avoir trop travaillé la terre. Cette terre noire finira par me tuer. Quelle heure est-il déjà ? Combien de temps ai je dormi cette fois ?
2. J'entends. J'entends le cheval crier au loin. On dit que l'homme au cheval de brume viendra nous chercher bientôt. Il nous emmènera ailleurs dans un monde en guérison, un monde sans chagrin, ni haine, ni peur, sans joie, ni jouissance, ni réconfort... Un monde calme où nous pourrons enfin goûter au repos. Ou nous ne devons pas chaque jour travailler cette terre qui nous appelle sans cesse et qui en veut toujours plus. J'ai froid. J'ai froid mais le feu refuse de brûler ces jours-ci. Il faut attendre que la forêt lui accorde un peu de ce droit d'exister que nous recherchons toutes.
3. J'ai saigné aujourd'hui. C'était très abondant. J'ai cru un moment que tout mon corps allait se vider de son sang. On m'a dit que c'était normal, que quand la lune devenait rouge, la terre demandait de quoi boire en assez grande quantité. J'espère qu'elle me laissera tranquille quelques temps; je tiens a peine debout. Demain je dois passer le rituel pour peut être devenir une mère. J'espère être choisie.
4. J'ai mal. En fait c'est amusant mais jusque là , je ne pensais pas concevable de pouvoir ressentir une douleur comme celle-ci. Pourtant, on m'en avait parlé. On m'avait dit que ce pouvoir qui tressaillait dans le creux de nos veines se rappelait à nous sans cesse. Que c'est pour cela que beaucoup de mères en venaient à mettre fin à leurs jours. Juste pour que la douleur s'arrête... Mais moi je ne céderai pas. Je ne retournerai pas travailler cette terre qui absorbe ma substance jour après jour. Non désormais je suis une mère et je vais en assumer la charge.
5. Elles l'ont amené devant moi. Il était enchaîné à des lianes et le visage brûlé par le fer. Un homme. Je ne me souviens pas d'en avoir déjà vu un avant. Juste des contes qui me les dépeignaient comme des bêtes sauvages qui avaient dévoré le monde juste parce qu'ils avaient faim. Celui-ci pleurait et sanglotait, il appelait un nom sans cesse : « Mathias ». On m'a demandé de le tuer mais je me suis contentée de lui enlever la raison. Il me servira jusqu'à que je n'ai plus besoin de lui. J'aimerais en savoir plus sur ce « Mathias ». Est-ce qu'il y aurait d'autres hommes qui auraient survécu ?
6. Je me suis mise en quête de l'arbre-bibliothèque. Tout le monde dit que ce n'est qu'un songe diabolique dont il ne faut jamais s'approcher mais ma foi le diable m'a toujours été sympathique. Il ne s'est jamais pris pour plus grand qu'il n'était comme les dieux de marbre et d'émeraude. Les choses sont transparentes avec lui à ce qu'on dit, tout se paye et tout s'obtient du moment qu'on est prête à offrir le prix équivalent. L'homme grogne au travers de sa muselière, il a peur je dirais. Je pense que ça me plaît qu'il ait peur mais je ne saurais pas encore dire pourquoi.
7. La forêt est hostile aujourd'hui, elle ne souhaite pas m'accueillir. Je n'ai aucune envie d'aller contre elle mais j'ai le sentiment que ce que je cherche pourrait bientôt disparaître. Comme tant d'autres choses ici, tout finit par muter, changer ou s'éteindre. Alors j'essaie de me faire discrète même si je dois parfois corriger l'homme avec ces gémissements d'inquiétude qu'il ne peut s'empêcher de pousser. Je veille sur lui, je lui ai déjà dit pourtant. J'ai épargné sa vie quand tant d'autres auraient fait autrement. Que lui faut-il de plus ?
8. Il y a des livres qui jalonnent le sol, comme des cailloux traçant un chemin. Même si je ne saurais pas dire s'ils tentent de nous accueillir ou de nous prévenir. Ils sont vierges, des deux côtés, même si je n'ai pas osé en ouvrir pour en observer le contenu. Ils font un peu comme un nuage de couleur dans cette forêt de gris et de vert. C'est comme si la réalité se craquelait autour de nous au fur et a mesure que nous avançons.
9. La nuit est tombée. Il faisait très sombre jusque là et puis le ciel s'est mis a s'illuminer de plein d'étoiles que je n'avais jamais vues et qui brûlaient d'un feu étrangement proche. L'homme a de plus en plus de mal a domestiquer sa peur. Il a fallu que je tire sur sa laisse à plusieurs reprises. J'entends un cours d'eau, je vais très certainement aller l'y faire boire.
10. L'eau est rouge sous la lumière de la lune. Et la joue de l'homme semble brûler dans l'eau. Il boit, il boit encore, et encore, je suis obligé de l'en arracher de force. Sa poitrine est toute gonflé et il respire difficilement. Je vais le faire dormir un peu, le temps qu'il se calme. Son front est chaud mais j'y ai placé une gourde d'eau fraîche et je lui raconte une histoire un peu tendre en espérant le calmer.
11. Nous y sommes enfin. On m'avais dit que quand j'y serais, je le saurais, je comprend mieux pourquoi aujourd'hui. Les feuilles de l'arbre claquent comme les pages d'un livre, son écorce est recouverte d'une calligraphie mystérieuse et son odeur même évoque un ouvrage un peu ancien qu'on aurait oublié sur un rayonnage ou dans une vieille malle. Enfin les réponses à mes questions ? Je l'espère en tout cas.
12. L'intérieur de l'arbre creux a quelque chose de vraiment poussiéreux. On tousse et on hoquette en progressant dans ces marches de vieux papiers. L'homme que je maintiens toujours assez proche de moi semble avoir changé. À première vue comme ça il n'a rien de différent mais quand je le sens dans l'atmosphère il ne résonne pas pareil.
13. Il y a des créatures à la morphologie atypique ici, dans le grand hall au pied de l'escalier. Elles ont des grandes bosses sur le dos et des mains griffus qui manipulent plumes et encriers. Elles écrivent sans relâche, sans faire le moindre bruit, ni respiration, ni souffle, seul résonne dans l'arbre le bruit de l'encre sur le papier. J'ai essayé de leur parler mais je n'ai eu que le vide pour réponse. J'ai essayé de les toucher mais le contact de leur peau a fini par me donner une sensation de froid assez désagréable. Je réfléchis en passant mes mains dans les boucles blondes de l'homme, comme ses cheveux sont doux au contact.
14. Il y a tant d'ouvrages à lire ici, c'était comme si Millevaux avait récolté tout ce qui se lisait et l'avait camouflé en ces lieux. Livres, notes sur des bouts de papiers, modes d'emploi, inscriptions gravées sur des morceaux de bois, parchemins, tissus cousus les uns aux autres... J'ai dit à l'homme de rassembler les objets qui se ressemblaient. En attendant je lis des choses au hasard en espérant trouver ce que je cherche.
15. Je n'y avais pas porté attention mais le visage de l'homme est différent. Il semble plus doux et plus arrondi. Je ne sais ce qui l'a changé mais le contact de sa peau laiteuse me réconforte quand la douleur qui coule dans mes veines se fait plus insupportable qu'à l'accoutumée. Il a un regard étrange avec sa muselière, ça le rend relativement intéressant à observer.
16. Je crois que j'ai trouvé quelque chose. Une série de poèmes écrits à la main dans un gros carnet qui semblait être de prime d'abord un recueil de recettes de cuisine. On y parle des hommes et d'un mal qui les a changés définitivement. En quoi ? Pourquoi ? Cela reste assez mystérieux. En quelles bêtes étranges les hommes ont-il été changés ?
17. L'homme s'est mis à chanter. C'est la première fois que j’entends sa voix en dehors de quelques cris rauques, parfois plaintifs et gémissants. En le regardant ramper au sol comme un animal je n'aurais pas imaginé une voix aussi mélodieuse. Je ne comprend pas la langue dans lequel il chante mais ça a quelque chose qui vous saisit tout de suite. Une sorte de chanson d'amour très nostalgique. Quelqu'un qui pleure quelque chose de perdu sans regret ni rancœur mais avec tristesse.
18. J'en sais un peu plus désormais sur ce qui s'est passé avec les hommes. Il est dit ici qu'un village de femmes a souhaité vivre en dehors du monde des hommes, sans eux. Et que certains hommes qui en ont appris l'existence sont tombés dans une rage folle et se sont mis en tête de détruire ce village.
19. Nous somme là depuis longtemps. Combien de temps ? Je ne sais plus. Je continue à lire. Ça parle d'une plante : l'orgone. Elle aurait été utilisée et diffusée dans les cours d'eau pour détruire les hommes. Mais je ne comprend pas ce sens de « détruire » cela semble incohérent avec une partie du texte.
20. Il se passe quelque chose de bizarre ici. L'homme qui me suivait jusqu'à présent, l'homme que je tiens en laisse en muselière pour me préserver de sa sauvagerie. On dirait que sa poitrine a poussé dans des proportions assez conséquentes. Il me regarde avec des yeux interrogatifs et je ne sais pas trop quoi dire. J'ai envie de retirer sa muselière mais j'ai peur de ce que je pourrais découvrir.
21. J'ai beau réfléchir, je n'arrive pas à me souvenir d'un détail d'enfance même insignifiant. Pas de jeux, ni d'ami.e.s, ni d'adultes autour de moi.... Comment peut-on grandir si on a oublié l'enfance ? Comment vieillir si on a oublié ce que c'était que l'insouciance et l'apprentissage de la mort ?
22. J'y vois enfin plus clair. Les hommes n'ont pas disparu, ils ont muté. Évolué ? Évolué serait le bon terme ? Les textes parlent d'un envol comme celui d'oiseaux et j'ai un temps pensé qu'ils s'étaient changé en animaux mais c'était juste une image…
23. Je me suis enfin décidée à retirer la muselière de l'homme. Il n'a plus rien d'un homme... Je ne vois qu'une femme effrayée par un corps qu'elle ne comprend pas. Je l'ai déshabillée et lavé son corps longuement d'une fange qui a imprégné sa peau et lui a servi de coquille pour renaître sous cette nouvelle forme. Demain, je la présenterai aux autres mères et leur détaillerai le résultat de mes recherches. Les hommes s'ils en restent n'en ont plus pour très longtemps et finiront par nous rejoindre. Je ne sais si c'est une pensée rassurante ou effrayante...
Commentaires de Thomas :
Salut Frédérique !
Un grand merci pour ce compte-rendu ! J'ai plusieurs questions et commentaires :
A. As-tu utilisé un jeu précis ou as-tu fait du freestyle ?
B. J'aime bien que tu décrives l'orgone comme une plante :)
Réponse de Frédérique :
A. Je suis juste partie du principe d'écrire une entrée par jour mais j'aimerais bien utiliser des systèmes minimalistes à l'avenir comme tirage de thème ou séries de questions (mais très simple je pense que le RP écrit est peu soluble dans les processus trop élaboré)
B. Marrant je l'ai souvent joué comme ça en mode « fruit du jardin d’Éden » ou quelque chose de proche
Thomas :
A. Je crois que j'ai ce qu'il te faut : la collection Nervure sur Chartopia
Frédérique :
A. Cool pour Nervure, je note pour mon prochain RP. Je cogite à un délire d'être hybride entre humain et horlas. Après avoir abordé l'idée du genre je me dis que parler de la figure du métis ce serais cool.
Commentaire de Claude Féry:
Nervure est vraiment chouette
Thomas :
Je viens de compléter la collection Nervure avec une table aléatoire de portraits. Je dois encore finaliser la version jeu de cartes, mais déjà le jeu est complet au web sur chartopia :) [note du 07/06/22 : depuis le jeu a été finalisé, dispo en jeu de cartes au format PDF et en format numérique sur Chartopia : la page de Nervure]
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SEULE EN FORÊT
Une expérience hors-normes au-delà du genre et de l'humanité, guidée par quelques principes créatifs pour vivre des destins croisés. Le récit d'un solo par Frédérique Lilas Da Silva.
(temps de lecture : 4 min)
(C) Holy Mane www.holymane.com
Joué le 28/11/2020
Le jeu : Héritage (jeu solo à deux personnages sur le thème du rêve et du métissage)
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Instruction : chaque personnage à droit à 10 entrée pour des scènes individuelles après quoi on se concentre sur des scènes collectives. Dans ce jeu on parle de sexe de manière explicite et des scènes d'incestes ou d'abus sexuels peuvent se produire.
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Traumavertissement : inceste, viol, violences parentales
Instructions additionnelles : Les personnages ne peuvent communiquer que dans leurs rêves. Si iels parviennent à se retrouver dans le monde physique, l'histoire prend fin. Si iels meurent, l'histoire prend fin. Si quelqu'un mange l'autre, l'histoire prend fin. Si quelqu'un pardonne à l'autre, l'histoire prend fin.
Inspiration : Quatorze d’Outre, tirée de L’Almanach, une compilation de 366 historiettes pour Millevaux
Fruits de la forêt
De l'emprise et de la peur
Horlas
Souillés, sublimes
Nouvelle chair
Créatures à fleur de pus
Monstrueux, humains
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Scène individuelles de la métis
1. Je ne suis pas née, j'ai poussé. J'ai poussé comme ces arbres qui s'étendent toujours un peu plus loin. Comme cette mousse qui corrode les choses en rêvant du vide à remplir qu'elle laissera. Je ne suis ni de la rive, ni du fossé, ni même de l'eau qui court ou de la flotte qui pourrit sous nos pieds. Non, je suis tout ça à la fois. Je suis le tout et le rien, le vide et le plein. Parce que je ne me reconnais dans rien et j'appartiens à tant de choses différentes. Je suis un monstre au sens littéral. Celui qui montre la voie et qui ne sait pas lui même ou il va.
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2. J'ai le sang noir, noir de cendre. Je l'ai remarqué la première fois quand je me suis lavée sous une cascade. Le sol était tranchant et je me suis entaillée les pieds en tentant de trouver l'équilibre. On aurait dit une éruption de terre noire qui jaillissait de l'intérieur du sol. Mais c'était de mon intérieur que cela provenait. J'ai pleuré en le réalisant et j'ai couru longtemps de peur que quelqu'un ne me découvre.
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3. Parfois j'aimerais étreindre quelqu'un. Tellement fort que mon cœur se fissurerait. Mais mes adelphes humains et horlas ne sauraient l'envisager. Iels ne voient en moi que la peur d'elleux-mêmes, que le reflet de l'autre. Alors je reste seule, en compagnie des arbres et des lucioles. Leurs lumières tendres et délicates me rassure.
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4. Je me suis prise d'amitié pour un rouge gorge avec de grosses taches vertes, je l'ai appelé Olive. C'est la teinte exacte du tronc qui m'a vu naître. Olive me suit partout. Peut être parce qu'il est seul lui aussi. Je me demande si les autres oiseaux lui disent bonjour parfois.
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6. Un jour ma mère m'a dit : « Tu n'es pas comme les autres » mais je n'ai pas compris ce qu'elle voulait dire par la. Puis plus tard j'ai vu de mes yeux l'un de mes amours brûlé par des humains et là j'ai compris. Oui, je ne suis pas comme les autres. J'ai longtemps pensé que je trouverais ma place chez les enfants de la forêt et des ruines mais je me trompais.
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7. Olive, mon rouge-gorge, discute avec moi souvent, je crois qu'il est amoureux. Il s'excite toujours quand le soleil se lève et chante à tue-tête. Il me redonne l'espoir en l'avenir, il est toujours tellement doux dans sa manière d'approcher les choses.
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8. J'aime bien me masturber dans les buissons d'orties, ça endort ma peau comme si des lianes de chairs m'entouraient. Quand je me sens triste et un peu ailleurs ça me redonne envie d'aimer les choses autour de moi.
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9. Il y a un songe qui me revient très souvent en ce moment. Un enfant dont les membres s'enfoncent dans la terre. Qui se plonge très loin dans le sol pour y trouver de l'eau sans jamais y parvenir. Je me réveille toujours avec une très grande soif quand mon sommeil se brise sous la force de cette image.
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10. Je ne sais pas pourquoi mais je ne cesse de penser à cet enfant et à vouloir rêver sans cesse pour le retrouver et observer ce qui lui arrive. Peut être est-ce juste la solitude ou peut être est-ce autre chose ?
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Scène individuelles de l'enfant
1. Ma maman me faisait des gâteaux à la cardamone quand j'étais plus jeune. Je réalise aujourd'hui que je n'ai jamais compris ou elle trouvait sa farine... C'était vraiment une magicienne quelque part.
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2. Cela fait déjà un moment que je n'arrive plus à dormir, pourtant mes paupières sont tellement lourdes... Qu'est-ce que je donnerais pas pour un bon dodo.
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3. J'ai trouvé une vieille toupie aujourd'hui, je l'ai appelé Hafida. Quand je m'ennuie, je la fais tourner dans tous les sens comme quand on dansait ensemble avec ma maman.
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4. Je crois que je me suis endormie. En plein cœur de la forêt des vélos immergés. Personne ne m'a fait du mal j'ai eu de la chance.
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5. Hafida m'aide à rêver. Je la fais tourner très fort et je ne tarde de pas à devenir comme du coton.
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6. Mes rêves me calment Je vois un oiseau couvert de tâches comme des champignons. Il me fait sourire avec ses petits bruits.
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7. L'eau a quelque chose, j'arrive pas à la boire. Elle coule dans la bouche comme un caillou bizarre. Je vais mourir de soif si je ne trouve pas à boire.
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8. J'ai gratté la terre avec mes mains nues jusqu'à les faire saigner. J'ai trop soif. Ma maman, je veux ma maman...
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9. Je sens la présence d'une personne. Je sais qu'elle est là , tout prêt. Je ne sais pas si elle me veut du bien ou du mal et ça m'inquiète un peu. Mais j'ai soif. Peut être qu'elle aura quelque chose à boire ?
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10. Dans mes rêves tout est chaud et beau. Et même quand c'est froid, cela reste doux. Je vais y rester un peu peut être, le temps de trouver mon chemin. Et il y a quelqu'un qui m'attend, ici, quelque part, alors je vais l'attendre aussi.
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MALVENUE
Et si l'essence même du jeu de rôle, c'était la création de personnage ? Un exercice solo de création de perso avec interdiction de le jouer, pour le pur plaisir de la rédaction de background.
(temps de lecture : 5 mn)
Traumavertissement : dysmorphophobie, body horror, enlèvement
Joué en solo le 19/03/2024
Le jeu : diverses tables aléatoires de Millevaux
L'histoire :
Cela fait un moment où, observant les jeux de world building, je me demande si on pourrait pas s'amuser à passer une soirée entière à faire des créations de personnage sans les jouer.
J'avoue je n'ai pas encore sauté le pas de tenter l'expérience en multi, mais au moins je teste pour vous l'expérience en solo.
L'idée est que je vais créer un personnage pour Millevaux en cumulant les différentes aides de jeu en la matière, jusqu'à ce que je m'en lasse ou que j'atteigne une masse critique de contenu. La contrainte est la suivante : je ne fais qu'augmenter le background de ce personnage, je ne le joue pas, je ne lui fais pas vivre de péripéties. L'idée est que la création de personnage soit un jeu en soi. Je ne vous reproduis pas le texte du personnage à l'identique, je synthétise un peu, préférant plutôt vous livrer mon commentaire. Je choisis de procéder par tirage aléatoire et de ne pas refaire mes tirages.
Je commence avec un des générateurs de personnage de Millevaux, je choisis volontairement le plus touffu / l https://chartopia.d12dev.com/collection/3106/
Je m'appelle Malvenue, je suis une changeforme mais paradoxalement, je ne suis pas à l'aise dans mon corps (magie du hasard) :) Je vais l'interpréter comme suit : ce n'est pas que je n'aime pas mon corps puisque ce dernier peut changer à volonté, mais c'est en fait ma nature de changeforme qui me met mal à l'aise, je suis en quête d'identité, je voudrais savoir si j'ai un "vrai" corps, et toutes mes tentatives de changement se sont sont toujours soldée par un malaise. Peut-être ai-je carrément un malaise du fait d'avoir un corps ?
Mes générateurs de personnage comportent des portraits tirés de Nervure mais je vais plutôt générer des portraits avec Dall-E parce que j'ai envie de varier, j'ai énormément utilisé les portraits de Nervure. Il y a beau en avoir 150, j'en ai quand même fait le tour plusieurs fois.
J'ai besoin de combattre une personne ou de faire l'amour avec elle et que ça la rende accro. OK, personnage un peu edgy :)
Je sors un instant de ce générateur de personnage parce que je veux générer ce figurant qui est l'objet de ma quête. On va vers le générateur de figurant le plus simple.
Ce figurant est Message, une personne qui transmet des messages pour la communauté. Pour le moment, j'ai du mal comment je pourrais avoir une relation aussi intense avec un pur messager. Je laisse cette question en suspens et tenterai d'y répondre plus tard. Je vais au moins partir du principe que ce message a un rôle vraiment crucial pour la communauté, parce que j'ai besoin d'intensifier ce figurant.
En terme de penchant, je suis de côté de l'ordre. C'est assez paradoxal pour une changeforme qui serait plutôt ambivalence. Mais à la rigueur comme je refuse ma nature de changeforme, c'est un cohérent avec un penchant vers l'ordre et la stabilité.
En terme de classe, je suis une mystique, plus précisément je pratique la sarcomantie, c'est-à -dire la manipulation des corps. C'est hyper drôle vu le côté changeforme contrarié de mon perso, mais ça c'est la magie de Millevaux avec son nombre de thèmes volontairement réduits qui permet de générer des coïncidences et des convergences. Concrètement, je fais partie d'une communauté d'Ecorchâtres, c'est-à -dire des bandits sans foi ni loi, et ils sont très friands de sarcomantie, soit parce qu'ils ont besoin de changer d'apparence pour commettre leurs crimes ou échapper aux recherches, soit parce que ça fait partie de leur culture edgy. Moi ça me surprend qu'ils fassent autant appel à mes services alors que moi même j'ai des soucis avec le changement de corps. Mais peut-être que j'envisagerai un jour de recourir moi-même à la sarcomantie sur mon propre corps pour le fixer à jamais.
Donc oui, je travaille pour les écorchâtres, donc des brigands de la pire espèce. Une partie d'entre eux préfèrent la non-violence, d'autres pratiquent la violence extrême. Je dirais que je suis un peu entre les deux, je suis capable de tuer sans ressentir trop de remords, juste je le fais parce que je m'y sens contrainte, j'ai été abandonnée par mes parents et ma famille à cause de ma nature de changeforme (d'ailleurs c'est pour cela qu'à ma naissance ils m'ont appelée Malvenue) et eux ils m'ont recueilli mais clairement ils se servent de moi comme d'un outil, me confiant notamment des missions d'espionnage, de tromperie, d'assassinat, ce qui n'arrange pas mon dégoût pour ma nature de changeforme.
J'ai trouvé ce qui me lie à Message. En fait, Message a pour rôle essentiel de distribuer des FAUX messages, afin de dérouter des marchands, des diligences, des parents à la recherche de leur enfant kidnappé, etc. Donc en gros ces missives servent à entraîner des gens dans des traquenards. Mais Message a aussi une beauté en lui, c'est un grand écrivain qui sait se mettre dans la peau de fausses identités afin d'écrire des missives crédibles, donc je sens une résonance avec mon parcours, et je sais pas si je veux avoir une relation passionnelle avec lui ou si je veux le tuer parce qu'il me dégoûte.
Je vois aussi que j'ai des disciplines de survivalisme, je suppose que je tiens ça de mon parcours de vie cabossé. On va cependant utiliser le scénario-monde de Biomasse À tout prix pour avoir un peu plus de détail sur mes techniques de survie.
Je note déjà que je ne participe jamais à aucune forme de jeu. C'est très triste mais ça va renforcer la rudesse du concept de personnage.
Apparemment c'est également moi qui coordonne les traversées de rivière en se faisant des gilets de sauvetage de fortune avec des sacs plastiques et de l'adhésif. Mais un gars me les a fauchés, pour faire je sais quoi (peut-être qu'il vaut mieux pas savoir), il va falloir que je les lui récupère avant qu'on en ait besoin.
Enfin, j'ai un PNJ qui m'accompagne, Linguae, qui en gros veille à ce que le langage de la communauté soit conservé, donc elle consigne nos mots d'argot, etc. Je ne sais pas comment je pourrais être liée à ce personnage ni comment on peut maintenir ce genre de rôle dans la communauté. Je vais donc faire appel à L'Ensourcellement, qui est une aide de jeu pour développer son personnage, donc ça aurait de toute façon été un crime de faire l'impasse dessus.
Sur une idée de Chewba, je vais justifier de Linguae par le fait que c'est une otage qui est tombée dans nos filets suite à une fausse missive de Message. C'est une fille d'aristo, un peu intello, un peu lettrée, et on espère la revendre à bon prix, et en attendant elle trompe l'ennui en étudiant notre argot, et peut-être qu'elle cherche à s'encanailler auprès de nous ou qu'elle a un syndrome de Stockholm. Cela ne me dit pas pourquoi je suis liée à elle, mais ça tombe bien car dans L'Ensourcellement on peut justement tirer des liens. J'obtiens un dilemme d'allégeance, je pense que Linguae essaye de me séduire ou de me convaincre que je serai grandement récompensée si je l'aide à s'évader, et j'hésite beaucoup parce que d'un côté j'en ai marre d'être chez les écorchâtres et que Linguae ne m'est pas indifférente, mais de l'autre j'ai peur des représailles et de l'autre j'ai un arc enemy to lover avec Message en cours. Ah la dark romaaaance...
Je pense que cette création de personnage serait incomplète sans une projection dans le futur (autre que mes arcs relationnels avec Message et Linguae) donc je fais un tirage de Destin avec Les Sentes et donc j'obtiens un deuil. Je vais considérer que je viens de perdre mon amante, ce qui peut expliquer que je suis restée jusqu'à présent parmi les écorchâtres, et que maintenant qu'elle soit morte, la situation soit plus ouverte, mais en même temps j'ai toutes les étapes du deuil à franchir, donc forcément, ça va être compliqué, et aussi, mécanismes d'oubli et de remémorance aidant, j'aurai l'occasion que revisiter ma relation passée avec cette personne.
Je n'ai pas d'autre choix que de refaire un tirage de figurant pour développer mon amante et j'obtiens Narcose, une liseuse de rêves. On va dire qu'elle faisait partie des écorchâtres, elle lisait les rêves des gens pour préparer des attaques, et elle est morte lors d'une de ces attaques. Du fait de sa mission de vie, elle revient bien sûr me hanter dans mes rêves.
Je vais en rester là , je trouve que c'est un bon départ, y'a plein d'approches de dark romance comme je les aime, et c'est le genre de personnage que j'aimerais bien poursuivre en JDR solo.
Je pourrais continuer indéfiniment, mais j'ai déjà vu ce que je voulais voir. L'éthique de conserver le premier tirage a amené des choses intéressantes, et des types d'histoire que je n'aurais pas osées sans cela. Il y a notamment un arc autour de l'écriture (avec Message et Linguae) qui est assez étonnant dans un contexte de brigands mais qui mériterait d'être creusé.
J'ai fait cette création avec des amis en vocal et ça avait l'air de les intéresser, c'était cool de réfléchir tout haut et d'échanger avec eux, donc ça me prouve l'intérêt de la démarche et maintenant j'ai très envie de me caler trois heures avec deux ou trois personnes pour qu'on se fasse une aprem de créa de personnage purement gratuite !
Conclusion, créer un personnage sans le jouer est bel et bien un plaisir en soi, je confirme !
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LA GENÈSE DE LESLY
Un homme crée une fille artificielle à partir d'un liquide noir, mais elle se transforme en une entité monstrueuse qui finit par détruire son créateur et altérer le monde. Alex nous livre l’historique d’un de ses personnages de Millevaux !
Temps de lecture : 4 mn
(C) Alex Begyn
Joué le : 09/08/2020
Le jeu : sans règles
Le contexte : La Forêt aux Chimères, par Alex Begyn
Univers : la forêt de Millevaux
L'histoire :
Elle fut créée par un homme qui ne pouvait plus voir sa fille, car sa femme le lui refusait, considérant
qu’il était fou.
Pour la créer, il recourut aux services d’une entreprise, BellTroX, qui a conçu un liquide noir qui modélise le vivant, voire le crée. Il l’emporta à son travail.
Dès qu'il fut seul dans son laboratoire, il initia le processus. Il mêla le liquide noir à son propre sang et plaça le mélange dans une machine molle, un incubateur.
De la machine à orgones émergea une boule de liquide noir. Elle commença à s'agiter et à rouler en tous sens pour former finalement un maelstrom. De celui-ci surgit alors un torse, puis une tête se
dégagea et alors tout s'arrêta. Effrayé et fasciné, il s'approcha et la toucha.
La chose bougea à son contact. L'homme prit peur et s'enfuit chez lui.
Le lendemain, il retourna à son bureau et il vit une petite fille assise sur sa chaise. Elle avait les cheveux noirs ondulés et des yeux mi-rouges.
Il lui demanda ce qu’elle faisait ici, mais la petite fille ne lui répondit pas et juste avant qu'il repose la question, elle l’appela « Papa ».
L'homme comprit alors que c'était sa création. Elle ressemblait beaucoup à sa fille. Elle n'avait juste pas la même couleur de cheveux et d'yeux. Il s'en occupa comme la fille qu'il ne pouvait plus voir.
Un jour, la petite fille se comporta bizarrement. Elle était dégoulinante du liquide noir. Il paniqua et appela les créateurs du liquide qui lui indiquèrent qu'il ne fallait pas s’inquiéter, qu'elle ne pouvait
pas fondre, ni mourir, il fallait juste lui donner à manger et la nourriture était dans un des sacs qu’ils lui avaient donnés. Il la chercha et trouva des boites de conserve qui contenaient une espèce de soupe
noire. Il lui en donna. La petite fille se calma et repris sa forme normale.
Cependant des cornes et une queue lui poussèrent, et ses yeux étaient encore plus rouges. Il lui interdit de sortir de peur que les enfants ne se moquent d'elle, ou pire encore. Il lui dit de demeurer dans sa
chambre, une pièce dont il interdit l'accès à ses employés, sinon à l’un d’entre eux, à qui il ordonna même de venir là s'occuper d'elle pendant qu'il travaillait à son bureau.
Les années passaient. Lesly se fit un ami du fils de l'employé et eut une sœur et un frère, créés par son « père » : Laura et Simon. Laura avait les cheveux blancs avec une mèche noire, et elle avait les yeux bleus, (elle avait des cornes et une auréole) et Simon était blond avec les yeux noirs, (lui avait juste des cornes).
Mais un jour tout a basculé. La femme de Joey, (le "père" de Lesly), accepta enfin de lui laisser rencontrer sa fille. Alors Joey s'occupa moins de Lesly.
Puis Joey revint voir Lesly et lui fit croire qu'il voulait jouer avec elle pour l’enfermer dans un placard et l'y abandonner.
Il enferma son frère et sa sœur dans des pièces séparées.
(C) Alex Begyn
Après cette trahison, ses employés étaient plus angoissés, (ils se sentaient observés, entendaient une espèce de bruit de battements de cœur, mais très étrange, et des fois, ...dès fois, du liquide noir
suintait sur les murs.
Beaucoup de membres du personnel démissionnèrent et ceux qui restaient devinrent bizarres.
La semaine suivante, cela empira. Les objets changeaient de place, la machine qui créait le liquide noir s'activait toute seule et ça provoquait des inondations.
Joey décida d'agir, et donc de se débarrasser de Lesly, Laura et de Simon.
Il se rendit devant la porte de la pièce où il avait enfermé Simon puis entra. Il le défigura à coups de hache jusqu'à qu'il ne bouge plus.
Il entra dans la pièce de Laura et lui asséna un coup de hache au visage. Elle se défendit, mais elle n'était pas assez forte. Il lui donna un coup dans le ventre, puis une dernière fois à la tête.
Puis ce fut enfin le tour de Lesly.
Devant la porte de la salle, il entendit le même de battement de cœur que ses employés, mais plus nettement encore. Il entra et vit la petite fille assise à même le sol, les yeux embués de larmes. Le
battement était encore plus intense…
Joey leva sa hache prêt à achever la petite fille, mais juste avant que la hache n’atteigne Lesly, son ami s’interposa et retint la hache.
Joey le poussa sauvagement contre le mur. Le jeune garçon fut étourdi par le choc. Après avoir assisté à ce sinistre spectacle, Lesly lui donna un coup, mais Joey la saisit par le cou et l'étrangla.
Alors que Lesly allait rendre un son dernière souffle, la hache se ficha raide plantée dans l'épaule de Joey.
C'était Laura qui avait survécu et se tenait derrière lui. Elle lui avait bel et bien rendu son coup de hache.
Joey lâcha Lesly sous l’intensité de la douleur. Lesly, furieuse, l'immobilisa et lui injecta une dose de son liquide noir. Joey se tordit de douleur car le liquide le rongeait de l'intérieur. Il tomba dans la
machine molle et la cassa. La machine déborda, répandit son humeur au dehors et altéra le monde entier, formant chœur avec toutes ses sœurs, vomissant leurs entrailles sur le monde.
Ainsi, Iel créa les ?????, les KSsa'h, les chimères et la zone cimetière. Iel modifia et renforça les cordyceps. Enfin, l’Institut qui la « créa », cette lumière noire, en perdit définitivement le contrôle, même s’il ne put se résoudre à interrompre son programme d’expérimentations en cours…
Depuis rien n’est tout à fait comme avant. Et j’ai oublié, nous avons oublié...
photo par Claude Féry, par courtoisie
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