Un hack du jeu dans l'univers des Chroniques des FĂ©als, par Kirdinn !
LE CR original est sur Casus No (cf lien ci-dessus), mais en mesure de sauvegarde, je le recopie ici :
Bonjour Ă tous,
Hier soir, j'ai testé le système d'Inflorenza dans un univers qui m'est cher: Les Chroniques des Féals. Mon hack est très léger, mais je pense qu'il mériterait d'être complété: je vais voir avec Thomas Munier si je peux faire une version Féals de son Nanoflorenza.
En terme des Thèmes, j'ai mis Néant à la place d'Egrégore et Féals à la place de Religion. Je pense qu'il faudrait revoir les suggestions pour les lier un peu plus au monde des Féals, mais ça n'a pas été gênant.Les joueurs connaissent bien l'univers: on y joue depuis plus de 2 ans maintenant. La difficulté était à la fois le côté narrativiste (ils n'y sont pas habitués du tout) et le système de Phrases/Dés d'Inflorenza. Certaines choses sont encore un peu floues pour moi au niveau des règles:
- Si on est alliés sur un Conflit Duel: est ce qu'on écrit une Phrase (de Puissance ou de Souffrance) pour les dés jetés ?
- Lorsqu'on écrit sa Phrase (de souffrance ou de puissance), est-ce qu'on raconte des éléments en plus en fin d'Instance ou ça doit résumer ce qui s'est passé dans l'Instance ?
- Comment faire pour narrer un Sacrifice (phrase barrée) lorsque la Phrase qu'on barre n'a que peu à voir avec l'Instance jouée ?
- Le terme "Rationnement" n'est pas très explicite et on n'a donc pas joué cet phase de jeu peu claire pour nousLe jeu en lui-même s'est bien déroulé. J'ai été surpris de la pertinence des apports des joueurs: en tant que MJ habituel, j'ai adoré ce genre de surprises ! En quelques mots:
Aquilon, grifféen à la recherche de la Relique du Griffon des Origines en Basilice
Khariss, Basilique défendant la Forêt contre les intrusions telles que ce vieux grifféens
Oubli, un draguéen frappé par l'Oubli ayant participé au rituel d'Oros (cf Derniers Eons) et dont le dernier souvenir concerne Khariss
KerClaud, un chevalier draguéen carabin utilisant les targes, poursuivant un fou échappé des Royaumes Draguéens: Oubli, pour le soigner
Oros, le grand Dragon (faut des bollocks pour vouloir le jouer !!!), qui cherche à empêcher qu'Oubli retrouve la mémoire et que les 2 hommes qui ont survécu à son rituel ne soient dévorés par le NéantOros campe directement dans une cité draguéenne en ruine au coeur de la Basilice. Il émane un gaz hallucinogène anxiogène dans le labyrinthe de pierres.
Les autres se poursuivent les uns les autres dans les bois jusqu'à la cité renfermant le temple.
Les Basiliks, menés par Khariss, attaquent Aquilon, mais ce dernier utilise des fioles de Feu Sauvage (sorte de napalm) ... mais il s'enflamme lui même et l'exposion emporte ses jambes !
Oubli trouve le temps en premier, celui sous terre: il y trouve une Manticore momifié qui prend possession de lui
Le mĂŞme esprit de la Manticore s'empare d'Aquilon
Oros amène tout le monde dans son Enclave pour éviter la propagation du Néant, il sépare la Manticore d'Aquilon et force en lui la Relique du Griffon des Origines, le transformant en monstre mimétique Elu du Griffon
De retour dans le M'Onde, Aquilon attaque Oubli devenu Manticorin, secondé par Khariss et Oros sous forme humaine.
La momie manticore s'Ă©chappe du corps d'Oubli et s'envole.
Oros soigne Oubli mais garde secret son ancien rituel.Voilà , très très brièvement ce qu'il s'est passé.
Il y a eu quelques désaccord sur des descriptions, des choses qui avaient été évoquées mais qui n'avaient pas été clairement établi ou hors instance, ce qui n'aide pas forcément à la bonne ambiance mais ce sont des broutilles et on s'est quand même bien marré.Les Féals, de part l'implication du Néant, mais aussi de Nosgoth, de l'Onde et du Fiel, se prête très bien à Inflorenza, expliquant de manière proche les mécanismes de l'Egrégore et ayant aussi la même dimension importante de l'Oubli. Je pense qu'on réiterera l'expérience. Vraiment, ça m'a bien plu.
Evidemment, comme chacun raconte un peu ce qu'il se passe, certains choix s'éloignent du BG officiel des Féals mais c'est mineur et l'ambiance est très très bien rendue.Fun fact: on a quand même jouer dans un enfer forestier: celui de la Basilice !
En bonus, Kirdinn a réalisé une aide de jeu pour hacker Inflorenza dans l'univers des Chroniques des Féals. Merci à toi !
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L'ILE AUX POUPEES
Bonjour,
Je viens de m'inscrire, pour vous présenter ma première partie jouée la semaine dernière, en tant que confident - bien que je n’ai que tout juste lu les règle et pas mal d’exemple de partie sur ce forum justement. Les joueurs étaient tous expérimentés, même en jeux de rôles narratifs (ce qui n’est pas mon cas, je n’en avait jamais fait auparavant), sauf une qui était plutôt débutante (quelques parties à son actif). 4 joueurs, j’aurais préféré 3 pour ma première partie (et je pense toujours que c’est mieux pour la dynamique), mais on s’en est tiré (pas nos persos par contre :p). D’avance désolé pour le pavé…
Adam (journaliste qui tient la gazette du village, avec une vieille presse mécanique qui fonctionne encore)
- je veux renverser le pouvoir en place
- j'ai découvert qu'en torturant des poupées le chambellan en tirait de la magie
- je deviens paranoĂŻaque
- j'écris un papier choc plein de révélations sur le chambellan
- je deviens magicien de la nature par héritage de Sara. (rayée)
Sara (herboriste, fabrique aussi l’encre pour la reine et Adam)
- Je veux en savoir plus sur les Horlas (rayée)
- je suis fascinée par la nature
- je n’aime que la nature
- j’ai vu un Horla assis sur le trône quand je suis allée voir le chambellan
- je crois que l’inquisiteur est complice des Horlas (rayée)
L’Étranger (étranger au village receuilli il y a plusieurs mois, sans souvenir de sa vie d’avant)
- Je veux savoir d’où je suis parti et pourquoi
- je suis persuadé que les poupées sont mécaniques
- je me méfie des villageois
- je retrouve ma mission d’origine : brûler ce village et les gens qui m’ont sauvés (rayée)
- je pense qu’il faut brûler toute l’île (rayée)
- le chambellan a mes papiers officiels
- je veux retrouver mes papiers officiels pour retrouver ma confrérie (rayée)
- les villageois se méfient de moi à cause de la gazette
Marius, l’Inquisiteur (qui arrive dans le village au début de l’histoire, mandaté par l’Église pour enquêter sur cette île pleine de poupées d’aspect malsain)
- je veux découvrir l’origine de ces poupées et purifier le village (rayée)
- je viens d’arriver dans le village : la présence de toutes ces poupées est oppressante
- le chambellan est le chef d’une secte qui utilise les poupées à des fins maléfiques (rayée)
- le chambellan colporte des rumeurs négatives sur mon compte
- je remarque la bague de l’étranger : il était de ma confrérie, ce qui m’aide à la convaincre
- l’étranger est d’accord avec moi que la corruption doit être purgée de ce village (rayée)
- grâce aux plantes qu’elle a sur elle je sais que c’est Sara la sorcière qui a invoqué le Horla
- le village se soulève contre moi
Je n’ai plus trop les détails de l’histoire en tête (il faut que je m’achète de la mémoire…), mais globalement les soupçons de maléfices se sont très vite portés sur le chambellan de la reine, qui dirige réellement le petit royaume (de fait nous n’avons jamais vu la reine) ; Adam (le journaliste) s’est d’abord méfié de l’inquisiteur, parce qu’il pensait qu’il voulait renverser le pouvoir ne place pour instaurer celui de l’église en remplacement (ce qui n’est pas entièrement faux), puis s’est allié à lui puisqu’il pourrait l’aider à renverser le pouvoir du chambellan et de la reine.
Lors d’un entretien avec le chambellan (il lui avait demandé une potion de persuasion, qu’elle a remplacé par une potion de vérité, mais qui n’a pas été utilisée), Sara a vu un Horla sur le trône, rumeur qui s’est répandue après qu’elle en parle avec la boulangère il me semble - ce qui a confirmé les soupçons de l’inquisiteur - avant qu’il ne tombe sur Sara voulant faire un rituel de protection magique dans la forêt, ce qui l’a convaincu qu’elle était la sorcière contrôlant le chambellan et le Horla. Il l’a alors attrapée et emmenée en ville pour la condamner devant tout le village. L’histoire s’est finie sur un conflit de masse, où tout le monde a finalement été tué par les poupées animées par le chambellan – qui était bien le grand méchant finalement !
Le plus intéressant je trouve furent les hésitations de l’étranger, qui initialement hostile à l’étranger, s’est ensuite rappelé avoir été inquisiteur, et s’est donc joint à l’avis de l’inquisiteur de purger le village ; il a ensuite rechangé d’avis lorsque la mémoire du bon traitement que lui ont réservé les villageois (et le fait qu’ils l’aient sauvé) a reprise le dessus – lors du conflit de masse final il s’est opposé à l’inquisiteur.
En tant que confident j’ai proposé deux théâtres (l’île aux poupées a partir d’un lien proposé par l’auteur en inspiration, et une chasse à l’homme multipartite), puis endossé le rôle de l’inquisiteur. Ce n’est qu’au débriefing que j’ai compris que j’avais inconsciemment choisi un rôle central, qui pouvait me permettre de recadrer un peu l’histoire de temps à autre.
Par contre j’ai joué en premier – pour donner l’exemple – mais sur une prochaine partie de jouerai en dernier, pour justement lier un peu tout ce qui est fait par les autres, ou prendre un de leurs PNJ qui peut devenir central – ce qui a été le cas du chambellan. D’ailleurs j’ai régulièrement essayer d’encadrer toute l’île et ses habitants dans les conflits avec l’inquisiteur (d’où les brûler le village), parce que l’histoire tournait beaucoup autour du chambellan, et que j’avais peur que cela ne fasse beaucoup de conflits avec un PNJ.
J’ai eu quelques ratés au début (une victoire par sacrifice ne fait que rayer une phrase, et pas écrire une autre comme je l’ai fait deux ou trois fois, et sur ma première phrase après la phrase de création de perso j’ai oublié de lancer le dé pour le thème, d’où le côté un peu redondant avec la phrase de création).
Les joueurs ont apprécié le jeu, bien que certains aient préféré d’autres jeux de type narratifs comme Dogs in the vineyard ou bliss (le fait que je sois débutant confident sur ce jeu a pu jouer bien sûr) dans la mécanique.
D’après le sjoueurs, il faudrait qu’en tant que confident je sois plus directif sur les objectifs des conflits quand il y a hésitation, parce que là je ne voulait pas imposer et du coup l’ambiance était parfois coupées par les choix d’objectifs (mon côté newbie sur ce jeu m’a fait ne pas vouloir m’imposer, alors qu’il aurait fallu un peu sur certains points)
Un point que les joueurs voudraient changer pour une prochaine partie, c’est que lors du jet de dé pour le thème, on puisse faire +1 ou -1 sur le dé si le thème ne colle pas ou ne les inspire pas (par exemple la deuxième phrase de l’étranger sur les poupées mécaniques vient du tirage de science, ce qui l’a un peu laissé sec niveau inspiration vu l’environnement). Je pense néanmoins rester sur les règles strictement (ne serait-ce que pour les apprendre bien) sur mes quelques prochaines partie.
Parce que oui – pour conclure – je compte bien rejouer, vu que j’ai grandement apprécié le jeu et l’univers !
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Bonjour Requyem et merci beaucoup pour ce compte-rendu !
C'est très cool que tu aies utilisé le décor de l'ile aux poupées, tu es le premier à le faire à ma connaissance !
Si tes joueurs demandent que tu cadres un peu plus, le mieux à mon sens est de tenter de maitriser en mode Carte Blanche ou en Carte Rouge mais en rappelant aux joueurs qu'ils ne sont jamais obligés de controler le décor et les figurants pendant leur instance. L'avantage du mode Carte Blanche c'est que tu peux proposer des challenges à tes joueurs comme dans Dogs in the Vineyard, et aussi etre un poil plus directif sur l'intitule des conflits (ce qui ne devrait pas poser probleme, puisque c'est une demande de tes joueurs). ça reste très centré sur leurs personnages puisque tu es censé leur proposer des conflits liés à leurs phrases. Ou ton mix perso des modes Cartes Blanche et Carte Rouge
Sinon, concernant les thèmes, si les thèmes ne leur inspire pas, je te proposerais, plutôt que de patcher le système ce qui pourrait l'alourdir sans régler le problème, c'est de rappeler une des règles qui est écrite noire sur blanc : l'application du thème est facultative. Si le thème bloque un joueur, il l'ignore, point. C'est vraiment la façon la plus fluide que faire (et je te promets que j'ai mis du neurone sur le sujet). Ou jouer carrément sans les thèmes mais demande bien à tes joueurs avant : il se peut que les thèmes leurs plaisent, que ce soit juste le coté obligatoire tout le temps qui leur pose des problème de fluidité ou de cohérence.
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Pour l'ile aux poupées, quand j'ai vu les images de l'article que tu avais lié ça m'a tout de suite inspiré!
Pour la prochaine partie je pense rester en mode normal (pas de MJ proprement dit - je ne me rappelle jamais lequel est carte rouge/blanche), mais en étant plus directif sur les objectifs de conflits tout simplement, et voir si ça tourne mieux ainsi.
A propos des thèmes, j'avoue que j'avais oublié cette règle... qui effectivement est la plus simple et la plus fluide. Lors de notre débriefing on était arrivé à quelque chose de semblable, où on se disait que si un joueur sais déjà comment conclure son instance il peut ne pas jeter le dé, mais on avait peur qu'ainsi l'histoire finisse par devenir trop linéaire, sans les rebondissements que peuvent forcer les thèmes ; je pense que le mieux est comme tu dis (normal, vu que tu y as bien plus réfléchis que nous...), lancer le dé dans tous les cas et l'ignorer si ça bloque.
Merci de tes retours rapides sur les comptes-rendus en tout cas !
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pour la définition des objectifs, puisque les joueurs veulent te laisser un peu la main là -dessus, profites-en pour définir des objectifs qui claquent, et des contre-objectifs qui font froid dans le dos ! un conflit avec un objectif ou contre-objectif chargé d'enjeux peut rendre la partie mémorable. pense bien à définir les contre-objectifs à l'avance donc. et quand même, quand tu le peux, propose des choix multiples plutôt qu'un seul choix, il faut que tes joueurs aient quand même quelques libertés. Ou change ton objectif si tu vois bien que ce n'est pas ce que le joueur veut. (par ex : tu veux tuer le roi ? C'est ça que tu veux vraiment ? Je te préviens, en contre-objectif, si tu ne parviens pas à tuer le roi, il va te jeter en prison ! )
Evidemment, songe à monter en puissance au cours de la partie pour faire monter l'implication des joueurs, mais comme c'est plutôt un jeu de super-héros (dark), il peut y avoir des objectifs ambitieux assez tôt dans la partie.
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Un compte-rendu de partie par Nebal
Vous pouvez retrouver le CR original sur le blog Welcome to Nebalia (cf lien ci-dessus), mais je le recopie ici en mesure de sauvegarde :
Premier test d’Inflorenza.
Nous étions cinq joueurs (les retours à la ligne marquent les instances ; je n'étais pas Confident). Le théâtre choisi était celui des chemins de Compostelle.
Un petit homme laid (dont on apprendra plus tard qu'il se nomme Siméon) s'abrite de la pluie sous un dolmen ; il veut se racheter de la mort de son frère, qu'il a tué sur un mouvement de colère, et s'est pour cette raison lancé dans le pèlerinage de Compostelle.
La compagne de ce frère assassiné, Alexia, le suit avec trois heures de retard, et entend bien se venger.
Mais ledit frère sort de son caveau. Il trouve une lettre déchirée de Siméon, qui lui indique son intention de partir. Il se lance à son tour sur le chemin de Compostelle, désireux de retrouver « son amour ».
Un aubergiste, sur la route, entend bien dépouiller autant que possible les pèlerins.
Je suis un pseudo-druide des environs, je veux exercer mon emprise sur les pèlerins en faisant de faux miracles.
Le petit homme poursuit son chemin et atteint l'auberge. Satisfait de sa bonne fortune, il y entre. C'est la morte saison, mais l'aubergiste l'accueille avec un grand sourire, et compte bien le délester de son petit pécule.
Alexia rencontre le druide, elle prend le chemin de l'auberge qu'il lui a indiqué. Elle est à la merci des brigands, sur ces routes mal famées.
Le frère est-il en vie ? Il erre dans le village, dont on le chasse bien vite. Il prend deux pelotes, les lâche et les suit, afin de retrouver sa bien-aimée et son frère.
L'aubergiste pousse Siméon à dépenser son argent : il prend la suite la plus chère, et considère qu'il l'a bien mérité, après cette horrible journée dans la nature ; il est également prêt à recourir aux services du druide.
Un loup s'est approché du dolmen peu après le départ d'Alexia ; j'ai essayé de l'apprivoiser, afin d'en disposer pour impressionner les pèlerins, mais il m'a mordu.
Siméon s'éveille d'une semi torpeur après avoir beaucoup dépensé. Le remords l'assaille. Sa culpabilité a pris la forme d'un loup près du dolmen. Il geint au comptoir, se plaignant de son sort... tout en finissant son verre de bière. La porte s'ouvre.
Alexia s'approche de l'aubergiste. Elle jette son alliance en or sur le comptoir « pour le dédommagement ». Elle s'approche alors de Siméon. L'aubergiste s'interpose. Mais Alexia parvient à planter sa dague dans le dos de Siméon. Sa soif de vengeance est assouvie. Siméon, qui a perdu son argent et sombre dans l'inconscience, ne cherche plus à se racheter.
Son frère marche longtemps, le temps s'étire. Un loup prend la pelote noire dans sa gueule. Les deux pelotes se mélangent et l'emmêlent. Il arrive devant le dolmen, le druide est tout près. Il craint d'arriver trop tard.
L'aubergiste se réveille ; son auberge est désertée, l'homme et la femme ont disparu. L'aubergiste, sous le coup d'une illumination, pense se lancer à leur poursuite, mais la pluie lui fait faire demi-tour. Il se réfugie près du feu. Il est sous l'emprise d'un maléfice du druide, qui l'empêche de quitter cet endroit.
Quand je me réveille, je vois le frère et le loup. Je veux fuir. Le loup se jette sur moi, me plaque au sol, et me mord à l'autre bras, symétriquement. Il chemine aux côtés du frère. Siméon sent ce que le loup ressent. Mes blessures s'infectent trop vite.
Salement blessé, Siméon titube un moment. Il a compris son acte. Il se sent injuste envers son frère, qui l'a toujours protégé. Il essaye de retourner au dolmen. Alexia le regarde ramper. Il se couche sous le dolmen en demandant pardon. Mais son frère ne l'entend pas.
Alexia regarde Siméon se vider de son sang. Une caravane de pèlerins s'arrête alors près du dolmen. Trois gardes s'approchent d'eux. Alexia les baratine, mais elle est prise au dépourvu. Ils tentent de sauver Siméon. Elle pleure des larmes de boue.
Le frère a assisté à tout cela. La bobine noire a achevé de se dérouler. La bobine blanche est aspirée par la boue. Le druide, à côté, voit les lèvres du frère bouger, mais il ne l'entend pas parler. Il sait qu'il se manifeste quelque chose de surnaturel, mais il n'a pas peur.
L'aubergiste prend conscience de sa condition d'aliéné et de prisonnier qui lui est imposée par le druide. Sous le coup de la colère, il maudit ce dernier. Il veut qu'il le libère de son emprise. Il met le feu à l'auberge. Alexia ne laisse que des cendres derrière elle. Le druide apparaît, cède et tombe à genoux ; ses blessures, ses stigmates, saignent. Il est aux mains d'une justice qui le dépasse. Tout ce en quoi l'aubergiste croyait était un mensonge...
Je sors de l'auberge en rampant et en saignant. Je cherche à me racheter ; sans croire vraiment à l'existence d'une entité supérieure, je décide de ne plus escroquer les pèlerins... et prends le chemin de Compostelle.
Siméon est couvert de sang, la pluie a repris de plus belle. L'auberge s'enflamme, et les manifestations des Horlas sont puissantes. Les pèlerins effrayés s'en vont. Siméon découvre qu'une cordelette est attachée à sa jambe et voit le visage de son frère entouré d'une couronne de lierre. Il voudrait s'excuser, mais le loup gronde depuis le haut du dolmen. D'une pression, le frère défait la ficelle, qui s'enroule autour du loup et le muselle. « Pourquoi m'as-tu tué ? » Siméon est pathétique quand il profère ses excuses, et s'apitoie surtout sur lui-même. Le frère a coupé le lien qui les unissait. Siméon ne fera pas long feu sur le chemin du retour.
Alexia voit son bien-aimé, elle s'en approche en rampant difficilement. Son image se décompose peu à peu et il disparaît définitivement quand elle veut le toucher. Il n'y a plus, derrière, que Siméon, qui gémit comme il a toujours gémi... et elle sait qu'il ne rentrera pas au village.
Ben c'était très bien. Sous la forme de ce compte rendu, c'est très sec, et ça peut paraître confus (je vais peut-être essayer d’en tirer quelque chose de plus « écrit »), mais sur le moment, c'était assez magique... Pleinement convaincu (même si on n'a finalement presque pas utilisé le background...).
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Un compte-rendu de partie par Nebal
Vous pouvez retrouver le CR original sur le blog Welcome to Nebalia (cf lien ci-dessus), mais je le recopie ici en mesure de sauvegarde :
Nouvelle partie d’Inflorenza.
Nous étions quatre joueurs (les retours à la ligne marquent les instances ; je n'étais pas Confident, aucun n’a d’ailleurs été désigné formellement : première erreur qui a été suivie d’un certain nombre d’autres… j’aurais probablement dû endosser ce rôle). Même si nous avons évoqué la suggestion de théâtre de la « forêt de chair », nous l’avons largement mis de côté (il n’est réapparu que tardivement), et avons développé un décor lors d’un tour préalable.
Les « phrases » sont indiquées par le soulignement, avec le thème qui les a inspirées (je n’ai par contre pas relevé quelles phrases étaient rayées en cas de sacrifice).
DécorUn vieil hôpital dans la forêt, (plus ou moins) à l’abandon.
Près de l’hôpital, un jardin à la française étonnamment préservé, avec un labyrinthe en son cœur, et bordé par une falaise d’où tombe une cascade.
Des gens se promènent dans le jardin, d’autres se reposent sur la falaise.
Une caravane d’une vingtaine de trafiquants d’organes est venue voir ce qui pouvait être récupéré dans l’hôpital.
Premier tourLe premier personnage, dont on apprendra plus tard qu’il se nomme Gabriel, est peut-être un ancien patient. Il ne se souvient pas exactement, à cause du Syndrome de l’Oubli ; quant aux dossiers, ils ont brûlé… Il souffre d’une forme de putréfaction qui gagne l’ensemble de son corps, d’autres malades dans l’hôpital sont atteints, et certains ont disparu passé un certain stade. Il a un tiers du corps pourri. Chair : je veux échapper à la maladie.
Je suis un enfant d’environ douze ans ; je vis dans une pièce sombre avec mon frère aîné. Plus personne ne s’occupe de nous. Nous sommes malades, mais considérons que nous devons passer à un stade supérieur grâce à la maladie. Mais nous avons faim. Aussi mon frère suggère-t-il que nous nous mangions mutuellement. Chair : je veux user de la maladie pour dépasser mon frère.
Le troisième personnage est sain, et s’occupe des gens de l’hôpital. On le désignera vite comme étant le directeur. Mémoire : je veux que les malades se souviennent du passé.
Le dernier personnage, qu’on appellera plus tard Haroun, fait partie de la caravane arrivée il y a quelques jours. Cet homme de main se souvient vaguement d’être déjà venu là . Il le dit à Tarek, qui ne le croît pas, et prétend que c’est impossible à cause de l’itinéraire suivi par la caravane. Mais Tarek n’arrête pas de lui mentir… Ils interrogent les « fous » du jardin ; il y aurait un « chef », qui, lui, doit savoir ce qu’il en est. Mémoire : je veux obtenir des informations du directeur de l’hôpital.
Deuxième tourQuand les malades ont vu la caravane, le directeur a dit aux patients de se cacher dans les caves de l’hôpital. Ils récupèrent des armes improvisées ; ils savent en effet que les caravaniers constituent une menace. Mais les patients n’aiment pas le sous-sol. Il y a une petite pièce au fond dont ils ont perdu la clef. Gabriel, dont la maladie n’est pas trop visible, a eu le droit de remonter pour assister à l’entretien entre le directeur et un groupe de caravaniers devant l’hôpital. Mémoire : je suis le témoin.
J’ai entendu du bruit non loin, c’est la première fois depuis des jours. Mon frère me dit de ne pas y prêter attention. Je ne lui fais plus confiance. Je frappe violemment la porte… qui s’ouvre. Elle donne sur un couloir faiblement éclairé, avec des traces de rouille sur les murs. Société : je suis prêt à quitter mon frère.
Le directeur a invité le chef de la caravane à venir discuter de ses objectifs. Il est avec son « secrétaire », Gabriel, qui est un des seuls à savoir encore écrire. Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas vu quelqu’un. Le directeur fait en sorte que les caravaniers ne se doutent de rien (Haroun, Science : je hais ces peuplades ignares). Mais Gabriel se rend compte que la pourriture a gagné son bras, et, du coup, ne note rien.
Haroun laisse parler ses préjugés. Il va devoir aller tout seul dans l’hôpital. Il attend la nuit, et fait le guet. Il s’approche enfin de l’hôpital, franchit le mur en ruine et le jardin. Il n’entend pas le moindre bruit. Il faut qu’il trouve le bureau du directeur ; il cherche des dossiers : peut-être a-t-il travaillé ici ? Chair : j’ai peur de la maladie.
Troisième tourGabriel est puni pour ne pas avoir été capable de retranscrire la prestation du docteur. Il doit passer toute la nuit à genoux dans la « salle des archives » (les étagères ont été démontées, mais l’histoire de l’hôpital est écrite sur les murs). Il passe la nuit à méditer. Quelqu’un pousse la porte : c’est Haroun. Gabriel recule : « Personne ne passe le labyrinthe, normalement ! » Le directeur l’a planté pour protéger les patients. Gabriel demande à Haroun s’il est sain. Celui-ci prend peur : « Ne t’approche pas de moi ! Je suis déjà venu ici ! » Gabriel dit que cela doit être vrai, puisque seuls les habitants de l’hôpital peuvent passer le labyrinthe. Gabriel et Haroun (qui n’est capable que de lire son nom) cherchent des informations sur les murs. Mais il ne faut pas allumer de lumière dans les archives. Haroun trouve enfin son nom, et arrache le bout de tapisserie où il figure. Le directeur se réveille. Nature : le labyrinthe nous protège-t-il ?
Je rôde dans les couloirs, à l’affût des bruits, mais ne rencontre personne. Mon frère me supplie de revenir en arrière, dit qu’on était mieux dans la pièce tous les deux, mais je ne l’écoute pas. De frustration, je finis par cogner un mur, et une tache de rouille se répand dans le couloir. Corruption : je propage la rouille.
Le directeur donne des instructions, il est entouré de gens à peu près sains qui maintiennent l’ordre dans l’hôpital. Ils mettent des cadenas sur les portes du sous-sol. Durant la nuit, il se réveille brutalement, et se rend dans la salle des archives. Il voit tout de suite que l’endroit est dégradé. Mais il ne se souvient pas de ce qui était écrit sur la tapisserie arrachée. (Corruption : ne pas se souvenir propage la rouille ; Haroun, Science : j’ai peur de perdre le savoir contenu sur ce tissu ; moi, Religion : il n’y aura de Dieu ni pour moi, ni pour personne).
Haroun se faufile hors de l’hôpital, par le labyrinthe. Il rejoint la caravane sans se faire voir. Au matin, le chef de la caravane discute de ce qu’il faut faire de cet endroit. Haroun va voir Fatma l’ancienne. Il lui montre le tissu ; mais il est impossible de lire ce qui y est écrit à cause de la rouille qui l’imprègne. Fatma demande à Haroun où il a trouvé ce tissu… mais la rouille se propage sur ses mains.
Quatrième tourGabriel se défend auprès du directeur, mais celui-ci ne veut rien entendre. Il le fouette. La chair pourrie ne résiste pas. Le directeur laisse Gabriel dans la salle des archives pour qu’il médite sur sa faute, et l’oblige à graver son péché sur le plancher. Mais il doit sans cesse recommencer, car tout s’efface. Religion : le plancher ne veut pas de ma faute.
J’ai pris conscience de mon pouvoir en frappant le mur. Cela va contre mon habitude de soumission. Je me mets à penser que, pour que quelqu’un me remarque, il faut que je continue sur cette voie. C’est pourquoi j’essaye de tuer mon frère, sans y parvenir. Au moment où je tente de l’étrangler, sa propre rouille se répand sur moi, et je me souviens que nous sommes indissolublement liés, ainsi qu’au directeur. Mémoire : je suis lié au directeur.
Le directeur souhaite faire partir les caravaniers. La nuit, il cherche avec ses hommes « sains » à tuer des malades et à les dépecer pour que l’atrocité fasse peur aux caravaniers. Mais il va trop loin, ses hommes ne veulent pas lui obéir. Mémoire : ils vont se souvenir de ce soir-là .
Haroun est pris de panique, il sort sa lame, et cherche à poignarder Fatma, sur qui la maladie se répand. Mais il a peur de la maladie, et n’y arrive pas. Elle hurle. Société : j’ai trahi le clan.
Cinquième tourLa nuit est tombée. Gabriel entend des bruits de course dans les couloirs. On lui dit de venir, que le directeur est allé trop loin. Il descend dans les sous-sols. Deux des bras-droits du directeur le maintiennent. Personne ne comprend bien ce qui se passe… mais tout le monde se souvient des coups de fouet. « Mettez-le dans la petite pièce du fond ! » Elle est ouverte… Mais dans la pièce, tout est moisi ou rouillé. Le directeur a un sursaut d’autorité, et sermonne ses patients avec une ferveur jamais atteinte auparavant. Tout le monde se sent penaud (le directeur, Clan : ils me doivent leur survie). Gabriel voit les silhouettes des enfants, qui sont complètement putréfiés, à part leurs yeux. Égrégore : je vois les malades au-delà du Seuil (ceux qui avaient disparu) ; Gabriel s’enfuit dans le labyrinthe (Nature : je suis perdu) ; je me rends compte du caractère foncièrement maléfique du directeur (Égrégore : il y a plus démoniaque que moi dans cet endroit).
Après ma tentative de tuer mon frère, il y a eu beaucoup d’agitation dans le sous-sol, et j’ai enfin vu des gens. J’ai notamment vu le directeur, et le mal en lui. Je trouve insupportable que ce mal dont il suinte littéralement ne se traduise pas par la pourriture de son corps. Je veux le contaminer de ma rouille, et y parviens. Égrégore : je peux corrompre ce qui a toujours résisté. Le directeur s’en ressent dans son corps (dont la moitié pourrit) et dans son âme (Égrégore : la rouille a touché mon âme). Haroun a peur des conséquences (Mémoire : j’ai peur que la mémoire du directeur ne s’éteigne). Gabriel est terrorisé à la vue de la rouille qui se répand sur l’ensemble de l’hôpital (Religion : cet endroit est maudit).
Le directeur fait un discours à sa communauté et à moi, il propose de s’allier avec moi. Je lui demande qui il est. Pour le directeur, je suis le premier malade. Mes parents sont morts peu de temps après notre arrivée. Il a nourri les enfants et les a protégés. Religion : nous sommes les enfants de la rouille.
Haroun s’enfuit du camp en hurlant que Fatma est malade. Profitant de l’agitation, il court vers l’hôpital pour retrouver le directeur. Il demande à un malade où est le directeur. Le malade ne répond pas. Haroun descend au sous-sol, où il voit le directeur haranguer sa communauté et réclamer la mort des caravaniers. Mais le directeur le repère. Je me mets à le vénérer. Haroun panique alors que les patients s’approchent de lui (Pulsions : j’ai agi sans réfléchir).
Sixième tourGabriel s’est enfoncé dans le labyrinthe, il en cherche vainement la sortie. L’hôpital se dégrade à vue d’œil, la rouille se répand partout. Gabriel se blesse aux buissons, il est couvert d’un sang couleur rouille. Il se rend compte que les arbres sont de chair, que les branches sont des membres, et il reconnaît des visages de disparus dans les fleurs. Il se rend sur un promontoire jamais vu auparavant. De là haut, il voit la caravane : des gens sains ! Il leur hurle de fuir cet enfer (Clan : fuyez, pauvres fous !)
Je m’approche d’Haroun, je lui demande pourquoi il est revenu, lui dis que je me souviens vaguement de son visage. J’essaie de lui prendre la main (parce qu’il est sain), mais mon frère m’arrête, me dit que « c’est mal ». Je lui demande s’il l’a reconnu. Société : mon frère me fait la morale.
Le directeur dit à ses hommes d’arrêter Haroun, lequel essaye de s’enfuir, et y parvient finalement. Société : ce que je veux construire n’a pas de bases solides.
Haroun sort de l’hôpital, il entend le bruit de la cascade, dont il se souvient, et s’en approche. Mémoire : la cascade est bienveillante.
Septième tourGabriel voit la caravane plier bagage et partir à grande vitesse. La rouille s’étend dans le jardin, et les caravaniers s’en sont rendu compte. Ils abandonnent Fatma. Gabriel, depuis son promontoire, voit Haroun courir vers la cascade, suivi par les malades avec à leur tête le directeur et moi (mon frère est à l’arrière, rétif). Ils encerclent Haroun à distance, mais ne peuvent s’approcher de la cascade. Égrégore : je fonds et deviens le labyrinthe.
Je suis tétanisé par le monde extérieur qui m’entoure, mais j’ai le sentiment que la rouille me protège. Je vois des visages dans le labyrinthe, qui éveillent le même souvenir que celui d’Haroun. Et parmi ces visages, je vois ceux de mes parents. Leurs bras putréfiés se tendent vers moi. J’ai peur, je veux m’enfuir, mais ils m’attrapent et m’arrachent la peau. Pulsions : la souffrance me rend ma colère.
Le directeur considère que, les caravaniers étant partis, il n’y a plus de danger pour menacer la communauté. Il cherche à persuader mon frère d’agir sur nos parents pour qu’ils me relâchent. Chair : nous sommes un seul corps.
Haroun constate qu’il ne peut pas s’échapper, il est à la merci des malades et ne peut rejoindre la caravane. Il se jette dans la cascade.
DébriefingDisons-le tout net : cette session de jeu nous a tous laissé en définitive un goût plutôt amer en bouche, aussi avons-nous ressenti le besoin d’en faire longuement le bilan… Pourtant, tout n’était pas mauvais, loin de là (impression renforcée, je trouve, à la rédaction de ce compte rendu, en dépit de ses nombreuses incohérences – inévitables, sans doute), et je me suis pour ma part beaucoup amusé pendant la majeure partie du jeu (probablement plus encore que la fois précédente). Mais je tends à penser que nous n’avons pas su nous arrêter à temps, et que les derniers tours ont été laborieux (j’avais proposé, mais sans insister – j’aurais peut-être dû… –, de nous arrêter à la fin du cinquième tour ; rétrospectivement, un des joueurs a considéré que c’était surtout le dernier tour qui était de trop). Beaucoup de fils d’intrigue avaient été lancés, que nous n’avons pas su résoudre, en particulier celui concernant l’identité d’Haroun…
Je dois en partie faire mon mea culpa (c’est mon compte rendu personnel, après tout). Ainsi que je l’avais dit plus haut, j’aurais sans doute dû endosser la fonction de Confident (quelqu’un aurait dû le faire, en tout cas), notamment pour décider de la fin (donc), mais aussi pour trancher certains désaccords sur la tournure du récit, les motivations des personnages, et même les points de règle (que je ne connaissais pas si bien que ça, toutefois…), qui ont phagocyté la narration dans les derniers tours, et nui à l’ambiance et à l'immersion à force d’interruptions. J’ajouterais, pour me jeter encore quelques cailloux, que mon interprétation de mon rôle a peut-être, d’une part abusé du grand-guignol (tendance difficile à réfréner…), d’autre part – et c’est sans doute lié – abusé du surnaturel.Mais il y a eu incontestablement des points positifs. Le fait d’élaborer ensemble le décor au préalable, notamment, a parfaitement rempli son office : le début était ainsi plus clair, et les personnages mieux posés, que dans la partie précédente. De plus, les instances étaient plus longues, riches et complexes, avec davantage d’interactions entre les joueurs. Enfin, tous les personnages ont été le plus souvent impliqués, et aucun en tout cas ne s’est trouvé « isolé » trop longtemps, la répartition étant assez équitable.
Cette partie a néanmoins soulevé beaucoup d’interrogations ; elle a pu donner un sentiment de « semi-échec », mais offre du coup une base de réflexion pour éviter de reproduire certaines erreurs à l’avenir. Le défaut majeur, donc, a été que nous n’avons pas su trouver une fin satisfaisante pour tous ; la session a été indûment prolongée ; les personnages de Gabriel et d’Haroun ont été un peu laissés en plan, et des questions importantes n’ont pas eu de réponse (notamment, donc, celle de l’identité d’Haroun). Je tends à penser que l’ordre des instances, ici, a pu jouer ; mais, au-delà , l’enchaînement mécanique des tableaux a nui à l’unité du récit en laissant des éléments importants à l’arrière trop longtemps, dont on ne savait plus ensuite quoi faire. Au-delà , nous avons été amenés à nous poser la question de la conception des personnages et de leurs motivations, qui a clairement opposé les joueurs entre eux, et généré une certaine tension, sous forme d’incompréhension mutuelle, dans les derniers tours…
Tous les commentaires, toutes les remarques, sont bienvenus. Si ce débriefing repose sur des éléments que nous avons tous ensemble évoqué au cours de la discussion qui a suivi la partie, il n’engage cependant que moi, ne fait que traduire mes impressions personnelles.
Malgré cette vague amertume finale, je reste très amateur du jeu de Thomas Munier, et souhaite renouveler prochainement l’expérience. Je veux croire que nous aurons appris de nos erreurs, et ne reproduirons pas certains des travers de cette session en particulier.
Et je me suis bien amusé quand même, non mais.
Hors ligne
Un compte-rendu de partie par Nebal
Vous pouvez retrouver le CR original sur le blog Welcome to Nebalia (cf lien ci-dessus), mais je le recopie ici en mesure de sauvegarde :
Nouvelle partie d’Inflorenza.
Nous étions trois joueurs (les retours à la ligne marquent les instances ; les thèmes tirés aux dés sont indiqués en italiques et entre crochets ; je n'étais pas Confident). Nous avons repris le théâtre des chemins de Compostelle, désireux de voir si on pouvait en tirer autre chose que lors de la première partie. Nous nous sommes mis d’accord pour constituer un groupe de pèlerins dès le départ ; enfin, nous avons développé des éléments de décor lors d’un tour préalable.
Les « phrases » sont indiquées par le soulignement (j’ai cette fois également relevé quelles phrases étaient rayées en cas de sacrifice).
DécorLa forêt longe la côte, elle s’éclaircit avant d’aboutir à une falaise ; on y trouve une petite église érodée avec un cimetière attenant. Impression de bout du monde.
Moi : dans des montagnes, un vieux pont de pierre au dessus d’un ravin au fond duquel coule un torrent ; il y a un péage.
Le vent est très violent en ces lieux ; est-il propice aux manifestations de l’Egrégore ?
Premier tourIl fait chaud, c’est une journée de septembre évoquant l’été indien. La forêt est humide, l’expédition (composée d’une dizaine de personnes) est épuisée et veut faire une pause, alors qu’un vent léger apporte un peu de réconfort. Le premier personnage s’appelle Childe. De forte carrure, il a pris tout naturellement la tête du groupe : on ne le fait pas chier, mais ceux qui l’accompagnent non plus. Il bouscule un gringalet : « On n’est pas là pour se reposer ! Lève-toi, chiffe molle ! » Ces derniers jours, il tend de plus en plus à passer ses nerfs sur les pèlerins, en commençant par les plus faibles… C’est néanmoins un bon compagnon et quelqu’un de serviable. Il vient d’un pays lointain à l’est et obéit à son seigneur. [Société] Je veux aller à Compostelle parce que mon seigneur m’a dit d’y aller. Il montre une coquille sur une borne indiquant un relais tout proche, et avance sans attendre les autres.
Gritte a entendu Childe beugler sur le gringalet, mais elle est à la traîne. Elle sait qu’elle ne tiendra pas jusqu’à la fin du jour, ni, à ce rythme-là , jusqu’à Compostelle. Elle a un bébé dans les bras ; ce n’est pas le sien, et elle ne sait pas vraiment comment s’en occuper. Le village l’a chargée d’emmener ce bébé à Compostelle. Un homme avait été désigné pour l’accompagner, mais il est mort. Je veux aller à Compostelle pour y déposer un enfant qui n’est pas le mien.
Mon nom est Tak, et j’accompagne Childe, que j’envie et admire, en méprisant quelque peu le reste du groupe qui traîne la patte. Nous arrivons à un pont, au-dessus d’un torrent jaunâtre et boueux. J’y lâche une pierre, qui s’enfonce lentement dans un bruit répugnant et un panache de fumée ; l’odeur est infecte. Cela me rend curieux, car je suspecte quelque chose de surnaturel (j’ai entendu parler des sources de mémoire, et d’eaux qui produisent des effets étranges ; serait-ce cela ?) [Horlas] Je veux impressionner Childe par ma connaissance du terrain.
Deuxième tourLe reste du groupe finit par rejoindre Childe et Tak. Childe moleste le Baveux, étrange personnage qui marche à côté de Gritte et ne cesse de lorgner le bébé. [Pèlerins] C’est mon groupe, tout le monde ira au bout.
Quand les pèlerins sont sortis du couvert de la forêt, la lumière (ou le souffre ?) a brûlé les yeux de Gritte et du bébé. Elle est la dernière. Childe multiplie les allers-retours pour filer des taloches aux traînards. Le groupe passe progressivement le pont, qui vibre un peu. Dans la guérite de l’autre côté, on trouve de l’eau claire, de la nourriture, dont du pain frais… mais il n’y a personne. Chacun mange jusqu’à être repu, tout le monde est parfaitement rassasié quand les plats sont terminés. La nuit est tombée, et le groupe loge (tout juste) dans le bâtiment. Le bébé ne crie pas ; il ne crie plus depuis des jours. [Société] Au milieu de la nuit, le groupe est réveillé par des coups frappés à la porte. Le Douanier vient réclamer le prix du passage, de la nourriture et du gîte. On s’en doutait : Il faut bien payer.
Je décide de prendre l’initiative pendant que Childe dort en ronflant. Je discute avec le Douanier, vieil homme bourru qui suinte l’autorité. Je prétends être le chef du groupe, mais devoir en référer à la communauté avant de prendre une décision concernant le paiement. J’affirme que nous sommes fiables… mais interromps brutalement le Douanier quand je le pense distrait en essayant de lui planter un couteau dans le ventre. Mais il m’intercepte, me tord le poignet, et je laisse tomber la lame. [Pèlerins] Je n’ai pas le charisme d’un chef. J’essaye de me justifier en prétendant que le supposé Douanier est un escroc et un brigand, mais personne ne m’écoute… [Mémoire] Ce n’est pas la première fois que mon ambition me nuit.
Troisième tourLe Douanier ramasse le couteau : « J’accepte ton paiement. » Childe se réveille enfin. Il a un peu peur, comme tout le monde, règne un profond sentiment de malaise. Il regarde autour de lui pour voir si quelque chose pourrait lui servir d’arme, au moins pour intimider le Douanier. Ce dernier se tourne vers Gritte : « C’est pour moi ce que tu as dans les bras ? » dit-il en évoquant le bébé. Gritte ne répond pas. Le sang de Childe ne fait qu’un tour. Il se redresse et défie le Douanier, retrouvant son statut de chef. Le Douanier s’approche de lui à demi amusé : « C’est toi le représentant maintenant que l’autre a payé son écot ? » « Je ne suis pas un représentant, je suis le chef ! » Childe refuse de payer quoi que ce soit. Le Douanier dit qu’il ne peut pas le laisser passer, dans ce cas. Childe cherche à le frapper. Mais le Douanier attrape son poing, le tire dehors et le pousse dans le ravin. Le Douanier se retourne vers le reste du groupe : « Ça a valeur de paiement pour tout le monde. » Childe raye ses deux phrases et est éliminé. Gritte raye Il faut bien payer. Je raye Je veux impressionner Childe par ma connaissance du terrain.
Le corps de Childe a fait un bruit répugnant quand la rivière l’a englouti. Il n’a presque pas crié. Le jour allait se lever. Tout le monde refait les paquetages et reprend la route… à la suite de Tak, qui « mime » ce que faisait Childe. Tout le monde a la trouille et obéit. Certains voulaient faire une prière pour Childe, mais on se contente d’édifier un petit cairn. Le groupe marche pendant quelques jours, et le sentier redescend dans la forêt. Le Baveux fait un peu trop souvent des risettes au bébé. Gritte a peur qu’il ne le lui prenne pendant la nuit… pour le manger. [Horlas] Le chemin longe de loin en loin la rivière. Elle remarque que cela produit un effet bizarre sur le Baveux, qui en a peur. On ne me prendra pas l’enfant.
Je suis assez content de moi : mon échec face au Douanier s’est retourné en ma faveur. Je suis devenu chef un peu malgré moi, mais je l’assume, et me montre plus conciliant que Childe. Le fait de longer toujours la rivière attise ma curiosité. S’agit-il d’une source de mémoire ? Ou a-t-elle des effets dangereux ? Je veux en avoir le cœur net : il faut essayer… mais pas sur moi. J’essaye d’envoyer le Baveux y goûter. (Le joueur de Childe incarne désormais le Baveux : ses première phrases sont [Folie] Je vais à Compostelle parce que j’ai tout le temps faim et [Science] Je développe des théories fumeuses sur tout.) Je baratine le Baveux, lui disant que l’eau de la rivière est semblable à de la soupe et pourrait apaiser sa faim. Je parviens à le persuader de boire, mais Je fais un compromis terrible… En effet, le Baveux me réclame l’enfant ([Société] Je crois que le bébé représente la solution à mes problèmes).
Quatrième tourLe Baveux descend au bord de la rivière. Il est franchement dégoûté, mais plonge la main dans l’eau jaunâtre, et en ramène un liquide filandreux qu’il porte à sa bouche, et recommence par trois fois. Il regarde Tak, qui lui jette des coups d’œil intéressés, mais rien ne semble se produire. Le Baveux remonte, son estomac gargouille et il a un goût répugnant en bouche. Il dit à Tak que ça ne lui a rien fait. Quelques jours plus tard : la troupe continue de suivre la rivière de loin en loin ; d’autres cours d’eau s’y mêlent, mais elle garde sa teinte et son odeur infecte, aussi monte-t-on le campement aussi loin que possible. Mais le vent marin finit par couvrir les remugles. Le Baveux, plus vif, prend la tête du groupe, et attend le moment propice pour réclamer son dû à Tak. Les arbres s’écartent à nouveau. La route se perd dans une lande grisâtre qui donne sur une falaise. La rivière se jette dans la mer qui s’étend sur tout l’horizon et est couverte de nuages. Une église se dresse non loin, érodée par le vent très violent. Le groupe avance en file indienne. L’herbe est plus verte autour de l’église. C’est un signe positif, le premier depuis longtemps. Le cerveau du Baveux s’est mis à tourner à toute vitesse. Des choses lui reviennent en tête, une ritournelle, des couleurs, une vieille fable, des visages… Il a de terribles migraines. Il ouvre la porte de l’église et pénètre à l’intérieur pour s’abriter du vent. Il n’entend pas que ça bouge dans l’église. Il fait un signe de croix, apostrophe abstraite pour lui-même. [Brigands] Le Baveux se voit souvent lui-même dans ses « rêves », mais plus épais, moins affamé ; ses rêves s’organisent : il était un bandit trop gourmand dans ses méthodes de pillage. Cette église (pas celle-ci précisément, mais le fait que ce soit une église) lui rappelle quelque chose. Les églises me rappellent mes mauvais actes passés.
Gritte n’a ni vu ni entendu le pacte entre Tak et le Baveux. Mais elle a vu le Baveux descendre à la rivière et boire. Il est remonté et Tak a ordonné le départ. Le Baveux a depuis des espèces de longs regards sur le bébé, qui la mettent mal à l’aise, mais pas de la même manière qu’auparavant. Quand le groupe voit enfin l’église, celui lui fait du bien (il n’y avait pas d’abri depuis des jours). Gritte est loin derrière les autres quand ils entrent. Quand elle arrive à son tour, tout le monde est abattu et prostré par terre dans une profonde léthargie. Il n’y a pas de place pour elle à l’intérieur, l’église est trop petite. Elle s’abrite sous un caveau qui la protège quand même du vent. Elle voit ressortir huit personnes, qui ressemblent à celles du groupe mais sans être les mêmes : le Baveux, un grand gars bien bâti avec des armes à la ceinture, le gringalet qui compte des pièces, Tak l’air d’avoir trouvé la paix… Ils repartent tous en sens inverse. L’église fait quelque chose aux souvenirs des gens ou à ce qui les pousse à faire le pèlerinage. [Pulsions] Gritte serre le bébé contre elle, elle entre à son tour dans l’église, elle trébuche sur les gens qui dorment jusqu’à l’autel, où elle pose le bébé avant de s’endormir à son tour. Suis-je arrivé au bout ?
C’était trop beau pour durer : le Baveux est devenu plus vif et a pris la tête du groupe ces derniers jours. Je suis intrigué par l’eau de la rivière, j’aimerais procéder à d’autres tests, mais les gens veulent que l’on s’en éloigne autant que possible à cause de l’odeur et je ne trouve pas d’arguments à leur opposer. Quand on arrive à l’église, refuge bienvenu, tout le monde s’endort très vite. Je suis cependant réveillé par Gritte qui me trébuche dessus avant de poser le bébé sur l’autel. Cette vision me rappelle mon pacte avec le Baveux et, comme il s’agit d’un lieu saint, je m’en veux, suis pris de remords, mais me sens désarmé… [Mémoire] Le plus troublant, cependant, c’est que j’ai déjà vu cette scène, dans cette église précisément. Je suis déjà venu ici.
Cinquième tourLa nuit s’est avancée. Le Baveux se réveille avec une forte migraine. Il a vu en rêve les membres de l’expédition : il se souvient de leurs noms, de les avoir vus dans d’autres endroits, moins maigres, il revoit Childe… Il se souvient de la motivation première du pèlerinage : un prédicateur était arrivé, qui disait qu’il fallait envoyer des marcheurs à Compostelle, mais il ne se souvient plus pour quelle raison. C’est néanmoins à cause de ce prêche que tous se sont mis en route. Le Baveux, quand il ouvre les yeux, voit trois silhouettes penchées sur l’enfant. Il les fait fuir : « Laissez cet enfant ! Il est à moi ! » Il ne distingue pas les visages des silhouettes qui sortent de l’église en courant. Il se rend à l’autel, mais, au moment d’approcher la main du bébé, est pris d’une sorte de regret et de doute. Manger l’enfant n’est peut-être pas ce qu’il faut en faire… Il observe son visage calme, et voit quelques gouttes de liquide perler au coin de sa bouche ; il reconnaît l’eau de la rivière. Bravant le mal de tête, il se lance dans le noir à la poursuite des trois silhouettes. Au bord de la rivière, un chemin descend : ils ont dû passer par là . Il y a des vasques aménagées dans lesquelles on trouve de l’eau à différents stades. Un filet d’eau claire ruisselle, qui se mêle à l’eau jaunâtre de la rivière. Il y a du bruit en bas des marches. [Société] Je dois trouver ma place au sein du groupe.
En s’endormant, Gritte pensait avoir atteint quelque chose, mais dans ses rêves elle ne sort pas de l’église, contrairement à ceux qu’elle avait vus. Elle voit trois silhouettes penchées sur le bébé, et en reconnaît les visages : le juge qui l’avait accusée de sorcellerie, le prédicateur qui lui a ordonné de partir en pèlerinage, le père de l’enfant qui la rendait responsable de la mort en couches de la mère (Gritte était sage-femme). Le Baveux fait peur aux silhouettes, puis part à leur suite. Gritte s’approche de l’autel, voit le liquide aux lèvres de l’enfant, trempe son doigt et lui fait une bénédiction sur le front. Elle laisse l’enfant là et part derrière le Baveux. [Science] L’obscurantisme m’a chassée de mon village.
[Pèlerins] Je me suis rendormi après ma vision de l’enfant sur l’autel. Mon sommeil est perturbé par des images issues de la mystique chrétienne : trinité, sacrifice… Je me méfie du Baveux, et ne fais pas confiance à Gritte pour protéger l’enfant : c’est à moi de le faire… mais je ne sais pas comment. Quand je me réveille, tous deux sont partis, ce qui ne fait que renforcer ma conviction. Je vais voir l’enfant sur l’autel, m’humecte les lèvres du liquide sur son front. J’acquiers la conviction que nous tournons en rond : nous n’allons pas à Compostelle, mais nous en venons. Je veux comprendre ce qui se passe, j’ai le sentiment d’être manipulé. Je veux comprendre où nous allons.
Sixième tourLe vent colle le Baveux à la paroi. Il descend au bord de la rivière. Il entend des chuchotements. En tournant le dos à la chute, il arrive à des cavités dans la pierre : les silhouettes ont dû se réfugier là . Il se sent très léger, mais son estomac recommence à se faire entendre. Dans la caverne, il y a une demi-douzaine de personnes en robes de bure, recroquevillées les unes sur les autres. Il entre, Gritte n’est pas loin derrière lui. Le Baveux a l’impression de connaître les lieux. Il avance vite, de crainte de « tomber » s’il s’arrête. Les six vieillards le regardent. Il sent l’eau de la rivière, mêlée à du sel, de la fumée… Il demande aux vieillards qui ils sont, ce qu’ils ont fait à l’enfant, ce qu’est cette eau (d’autant qu’il en a mis dans les gourdes des autres ! Il avait bien compris ce que Tak voulait faire…) Les vieillards sont effrayés. Le Baveux crache un jet de bile par terre. Ils ont l’air un peu plus rassurés. Gritte arrive dans son dos. Les vieillards disent qu’ils voulaient offrir la mémoire à l’enfant. [Science] L’eau de la rivière me rend la mémoire.
Gritte connaît bien la douleur des autres, et se rend compte de ce que le Baveux souffre et est devenu fou : il beugle dans le vide, il dit qu’il a mis de l’eau jaunâtre dans les gourdes… Or on sait que cette eau est un poison. Pendant qu’il parle à des personnes qu’elle ne voit pas, elle passe derrière lui… et le pousse dans la vasque. Elle veut le noyer ; ça n’est pas difficile de lui maintenir la nuque sous l’eau. Elle attend qu’il ne bouge plus, et ressent une sorte de délivrance après tout ce temps où elle avait souffert pour un crime qu’elle n’avait pas commis ; cette fois, c’est bien un crime qu’elle a commis, et il ne faut pas s’arrêter là : elle retourne vers l’église… (Elle raye Je veux aller à Compostelle pour y déposer un enfant qui n’est pas le mien.) Le Baveux, la tête sous l’eau, ne comprend pas ce qui lui arrive. Il est assailli par des images. Il se souvient du prédicateur de Compostelle, de l’accusation portée contre la sage-femme, dont il était amoureux, et du départ du pèlerinage. Il revoit sa vie défiler, les pillages auxquels il s’est livré, le meurtre d’un prêtre… Childe était le seigneur de la ville. Le Baveux perd conscience. [Chair] Je suis sujet à des douleurs terribles depuis que j’ai bu de l’eau. [Science, puissance] Je connais un remède temporaire à l’oubli.
Je suis le Baveux et Gritte, me doutant qu’ils sont allés vers la rivière. J’assiste au « meurtre » du Baveux par Gritte. Je me cache pour ne pas être vu d’elle. Je me rends ensuite près de la vasque, en sors le Baveux : il est inconscient mais toujours vivant. Je me dis qu’il est vraiment temps que je goûte moi-même à cette eau et, poussé par une intuition mystique, procède à une sorte de baptême par immersion totale. Je me souviens : j’étais le prédicateur, conseiller du seigneur Childe de Compostelle. J’ai lancé l’idée d’un pèlerinage perpétuel pour expier nos péchés et « guérir » l’Europe, en jouant sur le syndrome de l’oubli. Mais j’avais moi-même oublié tout cela…Dois-je perpétuer mon dessein ? En cas de réussite, je considère que ce passage à l’église est obligatoire dans la boucle… et la relance pour un tour ; sinon, je me dis que cette entreprise est un échec, surtout depuis la mort de Childe, et décide de rompre la boucle. [Société] Je me suis fourvoyé. J’ai péché en manipulant les gens, et suis tombé dans mon propre piège… Je ne peux pas exercer mon ministère par la manipulation.
Une partie fort sympathique dans l’ensemble. Si tout ne colle pas parfaitement et si des éléments ont été laissés en plan – mais sans doute est-ce inévitable ? –, le récit nous a tous parlé de son départ à sa conclusion, en gros. Les personnages ont probablement été un peu plus élaborés que dans les parties précédentes, et leurs interactions assez riches. En n’usant pas (ou peu) de l’Egrégore, notamment, nous avons évité d’en faire trop dans la surenchère surnaturelle, et surtout dans le final « pyrotechnique ». Je ferais bien un petit mea culpa très personnel : j’ai peut-être un peu trop essayé d’orienter l’intrigue de mon côté (souvenir de la partie précédente où on avait connu des difficultés en ne prenant pas assez de décisions ?) Nous avons peu fait intervenir les PNJ, par ailleurs, en dehors du Douanier… Mais le cadre était assez riche et, même si on avait tendance à se focaliser sur la perception de son propre personnage, on a davantage utilisé d’éléments « extérieurs » que précédemment. Dernier point, enfin : j’étais sceptique sur la possibilité de jouer en campagne ; je le reste un peu, mais cette histoire devrait pouvoir appeler une suite, et on va sans doute tester ça prochainement…
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Un compte-rendu de partie par Nebal
Vous pouvez retrouver le CR original sur le blog Welcome to Nebalia (cf lien ci-dessus), mais je le recopie ici en mesure de sauvegarde :
(Photo : église monolithe d’Aubeterre.)Nouvelle partie d’Inflorenza, qui fait directement suite à la précédente.
Nous étions les trois mêmes joueurs (les retours à la ligne marquent les instances ; les thèmes tirés aux dés sont indiqués en italiques et entre crochets ; je n'étais pas Confident). Nous avons employé un théâtre spécialement créé par le Confident : Glaise, une halte sur les chemins de Compostelle (la description suit). Nous avons repris les mêmes personnages (Gritte, Tak et le Baveux).
Les « phrases » sont indiquées par le soulignement (j’ai également relevé quelles phrases étaient rayées en cas de sacrifice).
ThéâtreGlaise se situe quelque part au nord de Rift, sur une importante route menant à Compostelle. C’est un havre pour les pèlerins au milieu d’une région particulièrement désertée. La cité est troglodyte, creusée dans des caves d’argile. Quelques rares bâtiments subsistent en surface où s’organise un commerce intense entre pouilleux parcourant les routes et habitants du coin.
FOLIE : Vertige des profondeurs, la vie troglodyte provoque toutes sortes de dérangements et de maladies : maladies de peau, hypersensibilité à la lumière, agoraphobie ou claustrophobie, désir ou peur de la solitude.
MEMOIRE : Les pèlerins sont-ils déjà passés par là ? Y ont-ils laissé des traces, des messages, des rencontres ? Un homme stocke des messages que les gens se laissent à eux-mêmes, mais la plupart oublient qu’ils existent
SOUTERRAINS : on creuse toujours plus bas à mesure que les gens affluent dans la ville. A moins que certains ne remontent des profondeurs ? Certains passages sont à peine creusés, d’autres sont usés par le temps. Parfois on débouche dans une grotte immense, un lac y stagne, parfois la rue redevient une chatière où il faut se faufiler
HORLAS : Ce qui se cache au sein de la terre, esprits chthoniens prenant vie dans la boue et dans l’ombre, ombres effrayantes, vers gigantesques creusant leurs propres galeries, plus profonde est la strate, plus présentes les aberrations nées des peurs de l’homme
RELIGION : cultes concurrents, controverses religieuses sont fréquentes. De nombreux pèlerins se retrouvent ici pour faire une halte et sont la victime d’imposteurs et de cultes dévoyés. Plus profond sous terre, on adore les puissances souterraines et la terre-mère dans des chapelles-utérus. Parmi les marchands, le culte du roi en jaune se répand. Cérémonies impies côtoient les variantes personnelles du rite chrétien. Docteurs de la foi installés de longue date luttent contre les influences sombres. Qui adore ces idoles tordues que l’on croise ici et là ?
SOCIETE : comment régir une ville pareille ? Confréries, instances municipales, infiltration des cultes et puissance de l’argent…
BRIGANDS : Commerce abondant amène son lot de brigands : dépouillement des pèlerins, arnaques aux reliques saintes, disparitions des plus faibles et des plus solitaires, caches secrètes dans les galeries reculées, l’ombre est propice à l’action
PELERINS : Nombreux, égarés, parfois organisés en confrérie, les pèlerins pullulent à ce nœud auquel débouchent plusieurs routes. C’est aussi l’occasion de se retrouver après s’être égarés le long de la route ; ou de se faire de nouveaux ennemis. Transformation du pèlerinage en compétition : qui ira le plus vite ?
COMMERCE : Ici les pèlerins abandonnent leurs affaires. On revend ce qui a été ramassé au long de la route, ce qu’on extrait de sous terre : mines et fouilles dans des dépotoirs ensevelis : tout ce que la terre donne on le vend dans un gigantesque marché de tentes, à la surface, non loin des béances qui permettent d’accéder à la ville et dans les étages supérieurs
URBANISME DELIRANT : Chacun construit de son côté, tout le monde fait sa galerie, se taille son habitat. Parfois on tombe sur de vieux couloirs abandonnés ou une construction pérenne, après de longues errances, des passages en toboggan, là où l’air est plus rare, des catacombes ou une champignonnière. Dans les étages du dessus, luxe et abondance : tentures cachant les parois ruisselantes, chatoiement de nombreuses lampes et odeurs très fortes de la foule agglomérée. On est soit à l’étroit (trop de monde, petits passages) soit tout seuls.
PULSIONS : envie de revenir à la surface ou de s’enfouir au plus profond des mines, désirs de luxure, ou envies fabuleuses des richesses accumulées. Comportements morbides, faims dévorantes, engloutissement de la terre.
CHAIR : la promiscuité est permanente : on vit avec les autres, corps serrés contre corps, dans les relents corporels et excrémentiels, hygiène précaire dans les profondeurs. Maladies de peau nombreuses, albinisme et hypersensibilité.
Thèmes :
1- Folie
Hallucinations, claustrophobie, angoisse des profondeurs, peur de l’ensevelissement, désorientation, hantise, peur de la lumière, des ombres prennent vie, fusionner avec la ville, solitude totale, des échos menaçants profèrent de sombres menaces, sens perturbés
2- MĂ©moire
Route du retour, divination, Syndrome de l’oubli, souvenirs partagés, sensation de déjà -vu, attaches anciennes, liens, généalogie, amnésie totale, vengeance, témoignage, faux espoirs, mensonge,
3- Souterrains
Glaise, ténèbres, bruits dans les profondeurs, enchevêtrements labyrinthiques, source souterraine, escaliers raides, boyaux étroits, carrefours improbables, champignons luminescents, animaux aveugles, albinos, étendue d’eau silencieuse, creuser toujours plus profond, odeurs très fortes
4- Horlas
Métamorphose, golems, Horsaint, créatures de boues, habitants de lacs silencieux, populations mutantes, ombres vivantes, suppurations, superstitions, possessions, tortures mentales, pactes indicibles
5- Religion
Extase, résurrection, foi déplaçant les montagnes, faux miracles, culte du roi en jaune, chapelles souterraines, idoles biscornues, signes cabalistiques, sectes concurrentes, chapelles-utérus, cérémonies chthoniennes, cultes dévoyés
6- Société
Ville, état, morale, féodalité, lois, guerre, anarchie, extérieur, autorité, voyage, philosophie, peuple
7- Brigands
Faux pèlerins, peuple forestier, habitants des profondeurs, tire-laines, kidnappeurs, enlèvements rituels, arnaqueurs, estropieurs d’enfants, prédicateurs fous, disparitions, sévices gratuits, sadiques, dépouillés
8- Pèlerins
Egarés, confrérie de pèlerins, moines et nonnes, perte de la foi, poursuite d’un amant, pèlerin épicurien, rupture de vœu, réminiscence d’un précédent passage, acte de foi, groupes adverses, signes de passage, messages et communications au long de la route
9- Commerce
Point de passage, commerce de fausses reliques, marchandises exotiques, abondance, monnaies, troc, officines reluisantes, marchands à la sauvette, péage, charlatans et bonimenteurs, tout s’achète et tout se vend, nourriture, marché permanent, matières-premières extraites de sous terre
10- Urbanisme délirant
Foule nombreuse en des lieux resserrés, escaliers, couloirs étroits, caverne urbanisée, éclairages chatoyants, cimetière souterrain, lieux publics bondés, habitations improbables, labyrinthe de passages, raccourcis creusés à la main, perte des repères, marché géant de la surface
11- Pulsions
Orgueil, avarice, luxure, envie, paresse, gourmandise, colère, prudence, tempérance, justice, courage, inconscient
12- Chair
Combat, sexe, beauté, promiscuité, maladies de peau, putréfaction, mort, bestialité, athlétisme, faim, douleur, mutilation
Tour préliminaire : PNJCette fois, au lieu de créer un décor – le théâtre y pourvoyant –, nous avons, sur la suggestion du Confident, créé chacun un PNJ pour l’animer.
Un prêtre dans les galeries intermédiaires de Glaise. Il a une petite chapelle, fréquentée par des simples d’esprit. On le surnomme le Lapin mystique, car il a élaboré une doctrine selon laquelle l’homme n’est pas central, mais Dieu a créé le lapin à son image…
Lizard, un tatoueur « à la Memento », qui tatoue ce dont les gens veulent se souvenir ; mais, si on ne le paye pas assez, il utilise une encre pourrie qui s’efface progressivement…
Moi : Victor Champagne est un inquisiteur itinérant auto-proclamé, obsédé par les cultes dévoyés du Roi en Jaune et de Shub-Niggurath. Il se lie avec les patriciens et les marchands grâce à sa richesse et à ses connaissances (il est arrivé assez récemment à Glaise, mais suffisamment pour cela) ; il appelle à une croisade dans les profondeurs.
Premier tour (transition)(On reprend exactement là où la précédente partie s’était arrêtée.)
Dans l’église, tout le monde est somnolent quand Gritte rentre. Elle dénoue le lacet de cuir qui lui sert de ceinture et étrangle le Gringalet. Le bébé, sur l’autel, se met à pleurer, et les autres pèlerins commencent à réagir. Quelques-uns arrivent à attraper Gritte, et essayent de lui faire lâcher prise. Ils y parviennent. Elle raye Suis-je arrivée au bout ? et L’obscurantisme m’a chassée de mon village. Elle s’effondre en sanglots pendant que les pèlerins la traînent dans un coin de l’église. « Mon Dieu, mais qu’ai-je fait ? » Je raye Je fais un compromis terrible : je protègerai l’enfant contre tout le monde. Le Baveux raye Je vais à Compostelle parce que j’ai tout le temps faim.
Je rentre un peu plus tard dans l’église, après m’être assuré que le Baveux était bien vivant. Je redoute ce que Gritte peut faire. Mais quand j’entre, les pèlerins s’en prennent violemment à elle ; j’essaye de les en empêcher, voulant croire à la possibilité de la rédemption pour tous (moi y compris…), mais je n’y parviens pas. [Mémoire] Mes actions font souffrir les autres. Gritte [Religion] Mes pulsions sont un péché, je dois les restreindre. Les pèlerins disent que je suis complice de Gritte, et que je n’ai fait que prendre des mauvaises décisions depuis le départ : ils me passent également à tabac…
Le Baveux achève de se réveiller, sous l’effet du vent. Le ciel commence à s’éclaircir. Il se souvient de tout… puis de plus rien, et vomit tout ce qu’il a avalé quand Gritte a essayé de le tuer. Les souvenirs reviennent ensuite de manière plus ordonnée (ses sentiments pour Gritte, la venue de Tak le prédicateur…). La tête lui tourne, sa migraine est terrible. Il reste une dizaine de minutes à réfléchir, puis décide de remonter vers l’église : il y rentre au moment où les pèlerins sont le plus violents. Il crie, mais la clameur est telle qu’on ne l’entend pas. Il brise alors le dernier vitrail de l’église avec une pierre, ce qui calme tout le monde. « Arrêtez ! Ce n’est pas le moment ! Nous ne savons pas où aller, ni même ou nous sommes ! Les tuer ne servirait à rien ! » Ses souvenirs lui ont rappelé qu’une ville se trouve un peu plus au sud, peut-être peut-on commencer par s’y rendre ? Il insiste pour qu’on ne tue pas des gens dans une église (il se souvient qu’il l’avait lui-même fait autrefois…). « On s’en va ! » [Folie] J’ai tendance à confondre mes souvenirs lointains avec la réalité.
Deuxième tourLe discours du Baveux – qui veut qu’on l’appelle Romuald, désormais – finit par produire son effet. Le groupe est reparti ; Gritte a mécaniquement suivi, en prenant le bébé. Pendant quelques semaines, tout le monde suit le Baveux, Gritte et Tak en fin de cortège. On croise régulièrement des bornes arborant la coquille Saint-Jacques, ainsi que d’autres pèlerins, dans les deux sens, mais tous persuadés de se rendre à Compostelle. On arrive enfin à la ville de Glaise. [Folie] Tous les chemins mènent à Compostelle.
Je suis le groupe avec Gritte. Je suis très déprimé tout au long du voyage, accablé tant par ce qui s’est passé que par le poids de ma culpabilité. Mais quand nous arrivons à Glaise, une scène me rend le sourire. Le Lapin mystique réprimande en effet gentiment des pèlerins de passage qui font cuire un lapin, mais qui n’y mettent pas les formes, ce qui est indigne du corps du Seigneur. L’atmosphère est bon enfant. Mais l’Inquisiteur Victor Champagne observe la scène, et demande bientôt de cesser ces blasphèmes. J’interviens, prenant la défense du Lapin mystique, arguant que ceci n’est pas bien grave, que le pardon est au cœur de la religion, et que de toute évidence le pauvre homme n’a pas toute sa tête et n’est pas dangereux ; Romuald me soutient. Je raye Mes actions font souffrir les autres. Je me concilie l’assistance, en tournant tout ça à la blague, et fais ainsi comprendre indirectement à l’Inquisiteur qu’il ne pourra rien faire tant nous sommes nombreux. Il s’en va en se drapant dans sa toge, après avoir adressé des remarques perfides au Lapin mystique et à « ces pèlerins qui ne savent ni ce qu’ils font, ni pourquoi ».
Romuald est impressionné par l’Inquisiteur. Le Lapin mystique propose de partager le corps du Seigneur dans sa chapelle. Tak joue l’invité qui se plie aux coutumes locales, et, même s’il ne pratique pas le culte du Lapin, accepte volontiers de suivre les rites de leur hôte. Le bébé tend la main pour attraper la croix (avec un lapin) du prêtre. Tout le groupe se met à suivre le Lapin mystique dans les entrailles de la ville. On croise en chemin de nombreux cultes bigarrés. On passe par de nombreuses galeries. Romuald essaye d’éviter que le groupe, séduit par l’opulence de la ville, ne se disperse. C’est difficile… Les pèlerins veulent en effet oublier les terribles révélations qui leur ont été faites, et ne comptent pas attendre trois ans que le syndrome de l’oubli fasse son effet : ils veulent boire ! Le Gringalet veut rester ici. Il entre dans un bâtiment d’où s’échappent musique et fumées délicieuses. Les douleurs reprennent Romuald. Il raye L’eau de la rivière me rend la mémoire. Le groupe ne se disperse pas ; Romuald rattrape le Gringalet ; dans la pièce, il y a une huitaine de personnes dans des burqas, autour d’une pipe, qui ont l’air interloquées. Romuald et le Gringalet, ramené à la raison, ressortent, et suivent de nouveau le Lapin mystique, qui dit que ces fumées sont mauvaises, et que l’air est bien meilleur dans sa chapelle. On finit par y arriver. Un grill se trouve à la place de l’autel ; une vieille femme y fait cuire un lapin. Le prêtre nous dit de nous asseoir.
Troisième tourLes pèlerins se sont assis en cercle autour du grill. Le Lapin mystique fait des signes rituels, et la Vieille distribue les morceaux. Tout le monde a faim, et personne n’écoute les élucubrations du prêtre. Gritte est assise un peu à l’écart. La Vieille vient lui apporter un morceau de lapin. Gritte fait suçoter un os au bébé. « C’est ton gamin ? » lui demande la Vieille. Gritte le sert contre elle. La Vieille lui raconte qu’elle avait deux enfants, mais qu’elle les a étranglés un jour avec ses propres cheveux ; c’est pourquoi elle les attache désormais en chignon, et sert le Lapin mystique. Romuald est écœuré par ce récit. Gritte en a une peur bleue, et s’enfuit en courant avec le bébé. Elle rebondit contre des étals, renverse des paniers, aussi des gens essayent-ils de l’arrêter. [Brigands] Gritte prend ensuite les galeries les moins bondées, et finit par prendre un tunnel désert, qui déboule sur une place où sont rassemblés des enfants estropiés. Elle tombe à genoux. Mon chemin croise celui des criminels.
J’ai vu Gritte partir. Poussé par un sentiment paternaliste de responsabilité à son égard et à celui de l’enfant, j’essaye d’inciter Romuald à la poursuivre, mais il fait la sourde oreille, et me renvoie à mes propres erreurs. J’accuse le coup, et décide de suivre Gritte seul. En me repérant aux attroupements suscités par son passage, je parviens à retracer son itinéraire, jusqu’au tunnel déserté, dont je me doute qu’elle l’a emprunté. Je me rends sur la place alors que les enfants estropiés sortent des couteaux et s’avancent l’air menaçant vers Gritte et le bébé. J’essaye de les inciter à partir, mais rien n’y fait. [Horlas] Alors que je leur parle, de plus en plus paniqué, la boue se met à glouglouter au centre de la place ; quand les enfants s’en rendent compte, ils fuient terrifiés ; un golem se matérialise dans la boue, qui nous fixe, autant qu’il est possible de le faire avec un visage sans yeux… Le tatoueur Lizard arrive derrière nous ; il nous demande un paiement contre sa protection. Des puissances supérieures nous protègent.
Le lapin passe mal, Romuald ne se sent pas très bien… Il a dédramatisé quand les deux parias sont partis, alors que le Lapin mystique poursuivait ses rites. Peut-être connaît-il le chemin de Compostelle ? Tout le monde est très fatigué. La « nuit », artificielle – on souffle les flambeaux –, tombe. Romuald rêve de Gritte, il repense à ses sentiments pour elle, et s’en veut de l’avoir laissée partir. Il se dit qu’il faut faire quelque chose. Il va réveiller le Lapin mystique, qui dort avec la Vieille. Mais celui-ci dit qu’il ne peut pas faire grand-chose : « Il y a peu de chances pour qu’ils reviennent, ils peuvent être partout… » Romuald sait qu’il ne pourra pas compter sur le reste du groupe, qui en veut toujours à Gritte et Tak. Désemparé, il part à leur recherche. Mais la peur le saisit vite, et il retourne dans la chapelle. Le Lapin mystique a l’air inquiet : des gens sont venus lui parler ; Gritte et Tak auraient été pris par le gang de Lizard, tatoueur qui fabrique ses encres avec les ombres des souterrains, ce qui lui donne des pouvoirs magiques. Il vivrait loin en dessous, où il créerait un peuple à son image. Quand les gens ne peuvent pas le payer, il les emmène chez lui dans les profondeurs, et personne ne sait ce qu’il leur fait. Romuald s’en veut terriblement, alors que son mal de tête le reprend. [Souterrains] Il y a des choses là -dessous, et elles ne sont pas amicales.
Quatrième tourGritte voit Lizard qui réclame son paiement. Depuis l’épisode de Childe, elle sait qu’on peut payer autrement qu’en pièces… Tak et elle se laissent guider sans résister dans un escalier en colimaçon. Le golem apparaît de loin en loin dans la paroi. On arrive dans une grande pièce très encombrée d’étranges sculptures de glaise. Il y a un fauteuil en glaise au milieu de la salle, avec tout un attirail de tatoueur à côté. Lizard demande à nouveau son paiement. Gritte s’assoit sur le fauteuil, et lui dit qu’elle lui donnera son talent pour voir la vie chez les femmes et la favoriser, et ses pulsions de meurtre. Le Tatoueur sort un flacon qui a l’air vide, y trempe une aiguille, et la tatoue sur chaque bras (on ne voit pas les motifs). Quand il en a fini avec le premier bras, une silhouette de Gritte bienveillante sort du mur ; quand il en a fini avec le deuxième bras, c’est une silhouette de Gritte avec quelque chose de dur et de violent dan les traits. Les deux silhouettes s’éloignent. [Chair] On a posé deux tatouages d’ombres sur mes bras.
Je reste paralysé pendant l’opération sur Gritte. Ce n’est que quand le Tatoueur a achevé sa tâche que je me mets à réagir, très violemment. Je lui dis qu’il est un hérétique, qui, par son opération, a privé Gritte de toute possibilité de rédemption. Le tatoueur dit qu’il s’agit là d’un paiement, qu’il vaudra pour nous deux même s’il aurait sans doute mieux valu pour tout le monde que ce soit moi, avec toute ma rancœur, qui y passe, et nous laisse partir, après avoir regardé le bébé, songeur. Je ramène Gritte dans les étages supérieurs, en faisant bien attention de ne pas toucher ses bras. Le golem nous conduit en apparaissant régulièrement, et nous laisse sur une place où se trouve le tribunal de l’Inquisiteur, dans lequel je reconnais une sorte de double, qui me fascine d’autant plus (Romuald est également présent). [Pulsions] La justice arme mon bras vengeur ! Je dénonce Lizard et ses pratiques impies à l’Inquisiteur, et réclame justice.
Romuald a poursuivi ses recherches en l’absence de Gritte et de Tak. Le Lapin mystique n’a pas pu faire grand-chose. Il a sorti une cage à lapins, qui sont partis dans tous les sens. Romuald s’en va sous le coup de la colère, et cherche quelqu’un de plus expérimenté et compétent ; c’est pourquoi il se rend auprès de l’Inquisiteur. Il allait s’avancer vers lui quand Tak l’a doublé pour plaider sa cause. L’Inquisiteur réclame, en guise de préalable, la repentance de Tak, qui dit expier ses péchés. Il appelle alors à une sorte de croisade. Tandis que Romuald se perd dans ses souvenirs, la foule se masse, et les échoppes ferment de peur que ça ne dégénère. Après une prière, la foule me suit, je pense pouvoir retrouver Lizard. Je raye Je ne peux pas exercer mon ministère par la manipulation. Romuald cherche Gritte, il est persuadé que cette foule s’est assemblée pour la brûler comme sorcière. Mais, alors qu’il tombe inconscient, il a le temps de la voir ainsi que l’enfant, ce qui le soulage quelque peu.
Cinquième tourGritte, qui était hébétée depuis le tatouage, a repris conscience quand Tak est monté sur l’estrade du tribunal. Au cours du prêche, des bribes de son propre procès lui sont revenues, aussi s’est-elle reculée. Finalement Tak a indiqué une direction, et tout le monde est parti à sa suite. Il ne reste plus que Romuald, sonné. Quand elle s’approche de lui, il s’effondre. Elle reste à ses côtés jusqu’à ce qu’il revienne à lui. Quand c’est le cas, il s’étonne qu’on n’ait pas brûlé Gritte : « Ils croient que tu as tué la mère de l’enfant ! » Mais Gritte lui rappelle que c’était ailleurs et autrefois. La foule est partie s’en prendre à Lizard. Mais « Tu sais ce qui se passe quand on suit Tak… » Gritte est persuadée que, s’il arrive du mal au Tatoueur, il lui arrivera également quelque chose à elle. Gritte et Romuald veulent revoir le Lapin mystique, pensant qu’il pourra peut-être les aider. Ils ne sont pas sûrs du chemin. Ils se retrouvent à un embranchement où les attendent les deux silhouettes de Gritte en boue, chacune indiquant une direction différente. Gritte suit machinalement la silhouette douce et bienveillante, qui, petit à petit, se dissout dans un coin d’ombre. Gritte et Romuald se retrouvent devant la chapelle du Lapin mystique ; il est absent, de même que ses ouailles. Ils sont seuls dans le sanctuaire vide, où la boue n’a pas l’air de pouvoir prendre vie. [Souterrains] Il y a un motif que je ne comprends pas dans le labyrinthe. Romuald [Société] J’ai failli à mes responsabilités.
Je suis persuadé de connaître le chemin qui nous mènera à Lizard. Je suis poussé par une forme d’exaltation religieuse, qui me rappelle ma charge d’antan. Au bout d’un moment, cependant, nous arrivons devant un embranchement qui ne me dit rien, et je ne sais plus quoi faire. C’est à ce moment que surgisse, des deux chemins qui s’ouvrent à nous, deux lapins. Ils nous regardent l’air étonné un instant, puis détalent ensemble dans la même direction. L’Inquisiteur en profite aussitôt, et dit à la foule de suivre ce signe d’activités impies. Craignant que la situation ne tourne mal (une fois de plus à cause de moi…), j’essaye de les en dissuader. Cependant, quand la foule arrive à la chapelle du Lapin mystique, elle la saccage, détruisant ou volant tous les objets du culte, à la grande joie de l’Inquisiteur. Je finis cependant par reprendre l’ascendant, disant que ce n’est pas là que réside le vrai mal qui pourrit Glaise, et reprenant la direction des profondeurs. Je ne sais pas où je vais, mais ma seule intention est d’éloigner autant que possible la foule de la chapelle du Lapin mystique… Je raye Je n’ai pas le charisme d’un chef. Le groupe me suit un moment, et, quand je me mets à hésiter une nouvelle fois sur la route à prendre, ce qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences, le golem sort du mur.
Romuald reste dans la chapelle saccagée. Les gens sont partis avec les cages et les outils du sacrement. Le Lapin mystique arrive dans un grand silence. Il tombe à genoux devant le désastre, et se met à pleurer comme un petit garçon. Il se demande pourquoi son dieu l’a abandonné. S’est-il détourné du chemin ? N’a-t-il pas choisi le bon animal ? L’enfant gémit légèrement. Romuald se tourne vers Gritte, et voit qu’elle ne ressemble pas à ses souvenirs d’avant la venue de Tak dans le village. Cela fait des mois qu’ils avancent en haillons dans la forêt. Tak et lui ont été de piètres chefs depuis la mort de Childe. Ses illusions sont anéanties, comme celles du Lapin mystique. Une chose qui le réconforte, pourtant, c’est que le regard que Gritte porte sur lui a changé… Il faut retrouver les autres, et régler les choses dans les profondeurs. Un lapin vient poser sa tête contre le genou du Lapin mystique. [Urbanisme délirant] Les voies modestes mènent au but.
Sixième tourGritte a eu un geste pour réconforter le Lapin mystique, mais ne l’a pas achevé, le bébé réclamant son attention. Elle s’est figée dans une image de vierge à l’enfant. Elle fait le constat de l’étendue des dégâts, de ces spirales de folie qui n’en finissent pas. Mais c’est comme si elle commençait à oublier ce que cela fait d’être entière, elle se sent légère mais pas vide. Le petit lapin a-t-il parlé au prêtre ? Toujours est-il qu’il relève la tête avec un air déterminé. Il part dans un couloir étroit et sombre que personne n’avait encore remarqué. Ses ouailles le suivent bêtement. Gritte de même, en entraînant Romuald. La troupe marche longtemps sans éclairage, presque à tâtons. Ils finissent par entendre une clameur et par voir des flammes qui dansent sur les murs. [Commerce] Le Tatoueur ne m’a pas volée.
Nous sommes dans une immense salle, dans laquelle je reconnais une église monolithe. J’affirme que le golem est une créature impie, témoignage des maléfices de Lizard. La foule en a peur, mais des mineurs finissent par en sortir, qui s’attaquent à la créature à coups de pioche. Mais cela ne lui fait absolument rien… C’est alors que le Lapin mystique arrive avec ses ouailles… et bientôt Lizard se retrouve également de la partie, qui arrive le sourire aux lèvres. Je lui dis qu’il va payer pour le mal qu’il a fait, notamment en corrompant ce lieu sacré. Le Lapin mystique intervient… et l’on se retrouve à avoir une sorte de débat théologique farfelu. Poussé par mon exaltation religieuse et un sursaut de confiance en moi, je finis par me jeter sur Lizard. Je raye Ce n’est pas la première fois que mon ambition me nuit. Je frappe le Tatoueur avec une vigueur et une violence peu dignes d’un homme d’Eglise… Je l’ai surpris en agissant ainsi, ce qui l’empêche d’user de ses pouvoirs surnaturels.
Les créatures d’argile de la salle cessent de bouger. Tout le monde regarde la bagarre. Les fidèles du Lapin mystique – qui connaît une véritable extase dans ce lieu saint – se dispersent dans l’église. Romuald regarde sans trop comprendre. Il s’approche de l’Inquisiteur, et lui demande ce qui lui tient par-dessus tout à cœur : où est Compostelle ? C’est pour le bébé… L’Inquisiteur demande s’il a été baptisé ; devant la réponse positive de Romuald, il affirme que Compostelle se trouve au sud et à l’ouest de Glaise. [Société] Il faut croire ceux qui savent. Pendant ce temps, le combat s’éternise. Le sol sous le Tatoueur se teinte de l’encre de ses flacons brisés.
Septième tour
L’encre s’est écoulée, a serpenté par terre, puis est remontée sur les créatures de glaise, comme des larmes qui coulent à l’envers. Les golems se sont animés, ont repoussé délicatement Tak, et emporté le corps de Lizard. Une des silhouettes de Gritte, également présentes, s’est retournée, et a fait un geste à la sage-femme. Un serpent d’ombre est tombé de sa main et s’est mis à ramper vers Gritte. Romuald raye Je dois trouver ma place au sein du groupe. Il écarte violemment Gritte du passage du serpent ; elle s’écrase contre un pilier, son bras craque. Le serpent se perd en direction du groupe qui s’enfuit ; s’est-il enroulé autour de la jambe de l’Inquisiteur ? Gritte, sous le choc, lâche le bébé, mais Romuald le rattrape. « Faut pas traîner ici ! Remontons Tak, il a l’air d’avoir souffert… » Gritte [Pèlerins] Romuald m’a empêchée d’atteindre la rédemption.
(Nous avons décidé d’arrêter là pour l’instant.)
Hors ligne
COMMENT LE GRAND MECHANT LOUP EST DEVENU DIEU...
(Compte-rendu de partie de Inflorenza dans le monde de Millevaux)
Je regrette de ne pas avoir noté les phrases barrées, c’est un des aspects les plus intéressants de ce jeu remarquable !
Les phrases de la feuille de perso sont en italiques pour A, en souligné pour B, en souligné italiques pour C
A
Nous sommes trois enfants dans la forêt. Ça fait plusieurs jours que nous n’avons pas mangé. J’ai faim… Je voudrais manger mes compagnons. Je me jette sur le plus proche de moi. Ne serais-je pas le Grand Méchant Loup ?
B
Je vois mon ami Robert se jeter sur moi… J’ai peur ! Il n’y a que de la moisissure ici… J’ai une idée ! Je vais manger de la moisissure pour devenir corrompu ; ainsi, je ne serai plus comestible ! Je veux être corrompu, pour ne pas être mangé et pouvoir me nourrir. Aussitôt dit, aussitôt fait… J’ai mangé le lichen noir
C
Qu’est-ce qui se passe ? Je voudrais un monde de confiance ! Je me jette entre mes deux compagnons pour m’interposer. Je l’emporte : Je fais face à mes ennemis. Celui qui se prend pour un loup réplique : Le Petit Chaperon Rouge est-il plus fort que le Grand Méchant Loup ?. Puis il se retourne vers notre autre compagnon. Mon autre compagnon vomit son ignoble repas. Sous le choc, le « Grand Méchant Loup » revient à lui : De le voir vomir m’a fait revenir à moi. Mais qu’ai-je fait ?. Je me réjouis : Je remercie Dieu de l’avoir ramené à la raison
A
Si j’ai pu être ainsi halluciné, c’est sûrement dû à une influence maléfique… Je suis prêt à affronter ce horla qui m’a envoûté. Nous partons à sa recherche, nous dirigeant systématiquement dans la direction où la forêt nous semble la plus sombre, la plus maléfique…
B
Nous nous mettons en route, dans la forêt. Nous arrivons à l’orée d’une grotte, d’où semble venir le mal. Nous nous équipons de piques et de torches, puis nous y entrons… l’impression de pourriture y est encore plus forte que dehors, mais qu’importe ? La pourriture autour de moi ne me fait plus peur.
C
Nous arrivons à un embranchement. Nous suivons toujours la direction de la corruption la plus forte… L’ex Grand Méchant Loup, qui marche en tête, tombe dans un piège, une fosse cachée par des branchages recouverts de sable ! Nous l’en tirons avec nos piques… Mais il s’est foulé la cheville, il est incapable de sauter de l’autre côté du trou ! Il redescend à l’aide de nos piques, nous sautons de l’autre côté et nous le remontons de l’autre côté, toujours avec nos piques…
Nous entendons chacun, très distinctement dans notre tête, la voie de notre mère, pourtant morte et oubliée depuis longtemps, qui nous appelle… Serait-ce de la sorcellerie ?
A
Après un instant d’hésitation, nous courrons tous vers cette voix ! Nous nous battons pour arriver les premiers… Je jubile : J’ai fait tomber mon ami. J’ai fait tomber mon amie ! Ça les fait revenir à eux : Je me souviens que ma mère est morte Cette entité n’est pas ma mère Je crains d’avoir perdu toute ma famille ! ; pour ma part toujours envoûté, je fonce me jeter dans les bras de ma « mère » : Qu’il est doux d’être bercé dans les bras de sa mère !
B
Atterrés, maintenant que nous sommes désenvoûtés, nous voyons notre ami s’enfoncer, de plus en plus, entre les tentacules d’une forme informe, comme un coussin de vapeur noire épaisse… Nous essayons d’attaquer la créature, mais sans succès, elle est intangible… Je hais ce monstre qui m’a trompé Je suis incapable de protéger mes compagnons ! Avec de vrais armes, ce ne serait pas arrivé !. Je me lamente : Aucun Dieu ne peut permettre ça !
C
Nous décidons alors de changer de tactique, et de taper sur la tête de notre ami pour le faire revenir à lui… Ça marche ! Il faut faire abstraction de toute morale ! Je me vengerai de ce monstre ! Je sais guérir de la folie ! J’ai vu le vrai visage de ce qui m’emprisonne !
A
Ayant repris mes esprits, je vois avec horreur où je suis ; je me retourne vers le monstre, et lui croque son cœur. Je sens toute sa puissance affluer en moi… Il me donne le pouvoir d’être Roi ! Cependant, mon corps se dissout et devient semblable au sien, fait de brume noire… Je suis devenu intangible
B
Avec le Petit Chaperon Rouge, nous essayons d’attaquer le monstre qu’est devenu notre ami, en vain, il est intangible… Ces monstres sont-ils nos nouveaux dieux ? Tout ceci n’est que sorcellerie ! Il nous rassure, nous dit que c’est bien lui, sa personnalité, mais qu’il a absorbé la puissance du monstre et que, maintenant nous allons régner sur Millevaux ; comme preuve de sa puissance, il invoque pour nous un festin de steak tartare… Ça fait si longtemps que nous n’avons pas mangé, nous nous régalons ! Nous marchons plusieurs jours, jusqu’au prochain village… En avançant, comme preuve de sa puissance, il laisse derrière lui une traînée complètement vide de toute végétation, sur plusieurs centaines de mètres de large… J’abattrai la forêt avec mon nouveau Dieu.
C
Nous arrivons en vue du village, crasseux, misérable et famélique. Je sers de prophète à mon nouveau Dieu (quand même, Robert, c’est pas un nom pour un dieu !) et je dis à tout le village qu’un nouveau Dieu arrive, et que s’ils lui obéissent, ils régneront sur Millevaux, mais que quiconque le défie subira son courroux. Un druide relève le défi ; rendez-vous demain à l’aube, sur la place à côté du village. – Mais il n’y a pas de place à côté du village ! – il y en aura une !
À l’aube, mon nouveau dieu arrive et détruit un large pan de forêt à côté du village, pour créer la place promise. Le druide s’avance, il comprend que nous avons réveillé le démon de la grotte… Et se fait balayer ! Mon autre ami (B) essaie de attaquer mon Dieu par derrière… et se fait absorber par lui ! Je suis une partie du Dieu-Démon. Je suis complètement subjuguée : Qui a besoin des sciences quand Dieu est là ?
B
Mon personnage étant mort, je me crée un nouveau personnage : Je veux voir les limites de ce nouveau Dieu. Je suis l’apprentie du druide
C
Dieu harangue les villageois, leur faisant miroiter un avenir de puissance et d’abondance, sous réserve de leur obéissance absolue ; il les convie à un grand festin, le soir. Après qu’ils se soient empiffrés sous son œil bienveillant, comme ça ne leur était jamais arrivé depuis des années, je leur demande, en gage d’obéissance, de m’offrir la dernière jeune fille à être devenue jeune fille dans ce village ! Une jeune fille s’avance, disant : C’est moi, me voici ! (C’est le nouveau personnage de B !). Il la vainc en rayant la phrase Je suis devenu intangible : Il la chasse de son corps, qu’il possède. L’âme de B ne peut que constater : Je me suis fait dévorer par mon Dieu. Voici que mon dieu Robert a maintenant un corps de jeune femme, mais avec une voix de basse pouvant porter à des kilomètres… Le lendemain, nous partons tous en expédition vers Noirmont-Ferrand. Pour ma part, je me réjouis de la survie de ce peuple…
B
Je me crée un nouveau personnage, à Noirmont-Ferrand : Je veux pouvoir oublier ces heures sombres Je veux protéger la cité de mes ancêtres
C
Nous approchons donc de Noirmont-Ferrand, en laissant derrière nous une traînée de terres désolées, ou rien ne repoussera… En arrivant en vue des hauts remparts de la ville – mais hors de portée de leur voix – Dieu exhorte les habitants : « Croyez en moi, ou vous périrez tous ! Trois jours durant, avec mes fidèles, nous allons faire le tour de cette ville ; si à la fin du troisième tour vous ne nous avez pas ouvert les portes, les remparts s’effondreront et vous serez tous massacrés ! Mais si vous croyez en moi, ensemble nous régnerons sur Millevaux !
Le premier jour, nous faisons le tour du rempart en chantant. La populace, sur les remparts, se moque de nous… Certains toutefois sont impressionnés de voir la traînée de terre stérile que nous laissons derrière nous. Nous rentrons au camp, et nous festoyons…
Le deuxième jour, une délégation armée sort des remparts pour nous attaquer. Dieu invoque une tornade qui les détruit. En colère, il tend le doigt vers le Puits de Dôme, qui se réveille. Une coulée de lave commence à descendre vers la ville… Une jeune fille (B) sort des remparts pour nous supplier d’épargner la ville, que ces mécréants qui ont osé le défier ne sont pas la totalité de la population… Dieu accepte de faire preuve de clémence, a condition que, à l’aube, les têtes de tous les mécréants soient plantées sur des piques au rempart avant l’aube. Elle promet ; Dieu tend le doigt vers le volcan, qui se rendort. À l’aube, les remparts sont couverts de têtes fichées sur des piques. Grâce à mon dévouement j’ai posé la première pierre d’un nouvel ordre. Mon personnage a accompli son destin (douze phrases non rayées), fin de la séance…
Une partie géniale ! Vraiment, Inflorenza est un jeu d'une intensité rare, bravo et merci, Thomas !
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